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L’histoire du roi Ézéchias
(716-687 avant Jésus-Christ)

Le roi Ézéchias, fils d’Achaz devint roi de Juda en 716 avant Jésus-Christ : il avait 25 ans et régna 29 ans à Jérusalem. Le prophète Isaïe resta longtemps près de lui et le conseillait. Ézéchias écoutait son prophète et faisait ce qui était juste aux yeux du Seigneur... Il observa les commandements de Yahvé, et jamais ne se détourna de Lui. Malheureusement, il n’en fut pas de même pour Israël. La 4^e année du règne d’Ézéchias, en 712, Samarie fut prise par les Assyriens, et les Israélites déportés en Assyrie, parce qu’ils n’avaient pas obéi à la parole de Yahvé leur Dieu et avaient violé son alliance...

4-1-L’attaque des Assyriens

4-1-1-Les années ont passé: les Assyriens attaquent de nouveau

“En la quatorzième année du roi Ézéchias, Sennakérib, roi d’Assyrie vint attaquer toutes les villes fortifiées de Juda et s’en empara... (2 Rois XVIII, 13) Alors Ézéchias, très inquiet désira négocier avec le roi d’Assyrie qui tentait de corrompre le peuple. C’est alors qu’Ézéchiel vint trouver Isaïe.“

Alors Isaïe, fils d'Amos, envoya dire à Ézéchias : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : “J'ai entendu la prière que tu m'as adressée au sujet de Sennakérib, roi d'Assyrie. Voici la parole que l'Éternel prononce contre lui : elle te méprise, elle se moque de toi, la vierge, fille de Sion; elle hoche la tête après toi, la fille de Jérusalem.” (Is XXXVII, 21 et 2 Rois XIX 20)

4-1-2-Isaïe s’adresse au roi assyrien qui s’est attaqué à l’Éternel:

Oh ! quelle rumeur de peuples nombreux ! Ils mugissent comme mugit la mer. Quel tumulte de nations ! Elles grondent comme grondent les eaux puissantes. Les nations grondent comme grondent les grandes eaux... Yahvé les menace, et elles fuient au loin, chassées comme la balle des montagnes au souffle du vent, comme la poussière par un tourbillon. Quand vient le soir, voici, c'est une ruine soudaine : avant le matin, ils ne sont plus ! Voilà le partage de ceux qui dépouillent le peuple de Dieu, le sort de ceux qui le pillent. (IS XVII, 12 à 14)

En effet, qui as-tu insulté et outragé ? Contre qui as-tu élevé la voix? Tu as porté tes yeux en haut sur le Saint d'Israël !... Par tes messagers tu as insulté le Seigneur, et tu as dit: avec la multitude de mes chars, j'ai gravi le sommet des montagnes, les extrémités du Liban ; je couperai les plus élevés de ses cèdres, les plus beaux de ses cyprès, et j'atteindrai sa dernière cime, sa forêt semblable à un verger... (2 Rois XIX, 22 et 23)

4-2-La victoire de Yahvé

4-2-1-Le prophète Isaïe raconte aussi ces mêmes événements et prévoit la victoire de Yahvé : (Isaïe, chapitres XXXVI et XXXVII)

La quatorzième année du roi Ézéchias, Sennakérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara. De Lakis, le roi d'Assyrie envoya à Jérusalem, auprès du roi Ézéchias, Rabschaké avec une puissante armée. Rabschaké s'arrêta à l'aqueduc de l'étang supérieur, sur le chemin du champ du Foulon. Alors Éliakim, fils de Hilkija, gouverneur de la maison du roi, se rendit auprès de lui, avec Schebna, le secrétaire, et Joach, fils d'Asaph, l'archiviste.

Rabschaké leur dit: dites à Ézéchias, ainsi parle le grand roi, le roi d'Assyrie : sur quoi appuies-tu ta confiance ? Sur des paroles en l'air : il faut pour la guerre de la prudence et de la force. En qui donc as-tu placé ta confiance, pour t'être révolté contre moi ? Voici, tu l'as placée dans l'Égypte, tu as pris pour soutien ce roseau cassé, qui pénètre et perce la main de quiconque s'appuie dessus : tel est Pharaon, roi d'Égypte, pour tous ceux qui se confient en lui.

Peut-être me diras-tu : c'est en l'Éternel, notre Dieu, que nous nous confions. Mais n'est-ce pas lui dont Ézéchias a fait disparaître les hauts lieux et les autels, en disant à Juda et à Jérusalem : vous ne vous prosternerez qu’à Jérusalem et devant cet autel ? Maintenant, fais une convention avec mon maître, le roi d'Assyrie, et je te donnerai deux mille chevaux, si tu peux fournir des cavaliers pour les monter. Tu mets ta confiance dans l'Égypte pour les chars et pour les cavaliers. Mais moi, c’est par la volonté de l'Éternel que je suis monté contre ce pays pour le détruire ? L'Éternel m'a dit: Monte contre ce pays, et détruis-le.

4-2-2-Un discours trompeur

Éliakim, Schebna et Joach dirent à Rabschaké : parle à tes serviteurs en araméen, car nous le comprenons, mais ne nous parle pas en langue judaïque devant le peuple qui est sur la muraille. Rabschaké répondit : est-ce à ton maître et à toi que mon maître m'a envoyé dire ces paroles ? N'est-ce pas à ces hommes assis sur la muraille et qui, bientôt, mangeront leurs excréments et boiront leur urine avec vous ?

Alors Rabschaké s'avança et cria de toute sa force en langue judaïque : écoutez les paroles du grand roi, du roi d'Assyrie! Ainsi parle le roi : qu'Ézéchias ne vous abuse point, car il ne pourra vous délivrer. Qu'Ézéchias ne vous amène point à vous confier en l'Éternel, en disant : l'Éternel nous délivrera, cette ville ne sera pas livrée entre les mains du roi d'Assyrie. N'écoutez point Ézéchias, car ainsi parle le roi d'Assyrie: faites la paix avec moi, rendez-vous à moi, et chacun de vous mangera de sa vigne et de son figuier, et chacun boira de l'eau de sa citerne, jusqu'à ce que je vienne, et que je vous emmène dans un pays comme le vôtre, dans un pays de blé et de vin, un pays de pain et de vignes.

Qu'Ézéchias ne vous séduise point, en disant: l'Éternel nous délivrera. Les dieux des nations ont-ils délivré chacun son pays de la main du roi d'Assyrie ? Où sont les dieux de Hamath et d'Arpad ? Où sont les dieux de Sepharvaïm ? Ont-ils délivré Samarie de ma main? Parmi tous les dieux de ces pays, quels sont ceux qui ont délivré leur pays de ma main, pour que l'Éternel délivre Jérusalem de ma main ?

Mais le peuple se taisait et ne lui répondit pas un mot, car le roi avait donné cet ordre: vous ne lui répondrez pas.

Alors Éliakim, fils de Hilkija, chef de la maison du roi, Schebna, le secrétaire, et Joach, fils d'Asaph, l'archiviste, vinrent auprès d'Ézéchias, les vêtements déchirés, et lui rapportèrent les paroles de Rabschaké. (Is XXXVI, 1 à 22)

4-3-Miraculeuse délivrance de Jérusalem

4-3-1-La réaction d’Isaïe

Lorsque le roi Ézéchias eut entendu cela, il déchira ses vêtements, se couvrit d'un sac, et alla dans la maison de l'Éternel. Il envoya Éliakim, gouverneur de la maison du roi, Schebna, le secrétaire, et les plus anciens des sacrificateurs, couverts de sacs, vers Isaïe, le prophète, fils d'Amots, et ils lui dirent : ainsi parle Ézéchias : Ce jour est un jour d'angoisse, de châtiment et d'opprobre. L’enfant [1] est près de sortir du sein maternel, mais la force manque pour l'enfantement. Que l’Éternel, ton Dieu, entende les paroles de Rabschaké que le roi d'Assyrie, son maître, a envoyé pour insulter le Dieu vivant. Que l'Éternel, ton Dieu, punisse les paroles qu'il a entendues. Et toi, fais monter une prière en faveur du reste qui subsiste encore.

Isaïe leur dit : voici ce que vous direz à votre maître: ainsi parle l'Éternel : “Ne vous effrayez point des paroles que vous  avez entendues ni des blasphèmes que les serviteurs du roi d'Assyrie ont prononcés contre moi. Je vais mettre en lui un esprit tel que, sur une nouvelle qu'il recevra, il retournera dans son pays. Et je le ferai tomber par l'épée dans son pays.”

Rabschaké, s'étant retiré, trouva le roi d'Assyrie qui attaquait Libna, car il avait appris son départ de Lakis. Alors le roi d'Assyrie reçut une nouvelle au sujet de Tirhaka, roi d'Éthiopie. On lui dit: il s'est mis en marche pour te faire la guerre. Dès qu'il eut entendu cela, le roi envoya des messagers à Ézéchias, en disant : vous parlerez ainsi à Ézéchias, roi de Juda : Que ton Dieu, auquel tu te confies, ne t'abuse point en disant : Jérusalem ne sera pas livrée entre les mains du roi d'Assyrie. Tu as appris ce qu'ont fait les rois d'Assyrie à tous les pays, et comment ils les ont détruits ; et toi, tu serais délivré! Les dieux des nations que mes pères ont détruites les ont-ils délivrées, Gozan, Charan, Retseph, ainsi que les fils d'Éden qui sont à Telassar ? Où sont le roi de Hamath, le roi d'Arpad, et le roi de la ville de Sepharvaïm, d'Héna et d'Ivva ?

Ézéchias prit la lettre de la main des messagers, et la lut. Puis il monta à la maison de l'Éternel, et la déploya devant l'Éternel, à qui il adressa cette prière : Éternel des armées, Dieu d'Israël, assis sur les chérubins! C'est toi qui es le seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait les cieux et la terre. Éternel, incline ton oreille, et écoute! Éternel, ouvre tes yeux, et regarde! Entends toutes les paroles que Sanchérib a envoyées pour insulter le Dieu vivant ! Il est vrai, ô Éternel! que les rois d'Assyrie ont ravagé tous les pays et leur propre pays, et qu'ils ont jeté leurs dieux dans le feu. Mais ce n'étaient point des dieux, c'étaient des ouvrages de mains d'homme, du bois et de la pierre qu’ils ont anéantis. Maintenant, Éternel, notre Dieu, délivre-nous de la main de Sénnakérib, et que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul es l'Éternel !

4-3-2-L’Éternel annonce la libération de Jérusalem

Isaïe, fils d’Amos envoya dire à Ézéchias : voici la parole de Yahvé, le Dieu d’Israël : “J’ai entendu la prière que tu m’as adressée au sujet de Sennakerib le roi d’Assyrie.” Écoute la parole que Yahvé a prononcée contre lui : “Elle te méprise, elle se moque de toi, la vierge, fille de Sion, elle hoche la tête en te regardant, la fille de Jérusalem. Qui as-tu insulté et outragé ? Contre qui as-tu élevé la voix ? Tu as porté tes yeux sur le Saint d'Israël. Par tes serviteurs tu as insulté le Seigneur, et tu as dit : avec la multitude de mes chars, j'ai gravi le sommet des montagnes, les extrémités du Liban. Je couperai les plus élevés de ses cèdres, les plus beaux de ses cyprès, et j'atteindrai le plus lointain de ses repaires et sa forêt semblable à un verger. J'ai creusé des sources, et j'en ai bu les eaux, et j’ai tari avec la plante de mes pieds tous les fleuves de l'Égypte. N'as-tu pas appris que j'ai préparé ces choses depuis longtemps, depuis le commencement? Maintenant je les accomplis. Tu devais transformer des villes fortifiées en monceaux de ruines. Leurs habitants étaient impuissants, épouvantés et confus. Ils étaient comme l'herbe des champs et la tendre verdure, comme le gazon qui pousse sur les toits, et comme le blé qui sèche avant la formation de sa tige.

Mais je sais quand tu t'assieds, quand tu sors et quand tu entres, et quand tu es furieux contre moi. Parce que tu es furieux contre moi, et ton arrogance est montée jusqu’à mes oreilles. Aussi vais-je passer mon anneau à tes narines et mon mors entre tes lèvres, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu.“ (Is XXXVII 1 à 29)

4-3-3-Et voici un signe pour Ézéchias. Encore une annonce du Petit Reste. Dieu combattra pour son peuple

Que ceci soit un signe pour toi, Ézéchias : cette année, on mangera le produit du grain tombé ; l’an prochain, on mangera le grain qui pousse tout seul; mais la troisième année, vous sèmerez, vous moissonnerez, vous planterez des vignes, et vous en mangerez le fruit. Les rescapés de la maison de Juda, un petit reste poussera encore des racines par-dessous, et portera du fruit par-dessus. Car de Jérusalem il sortira un reste, et de la montagne de Sion des survivants.

Voilà ce que fera le zèle de l'Éternel des armées. C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel au sujet du roi d'Assyrie : “Il n'entrera point dans cette ville, il n'y lancera point de traits, il ne lui présentera point de boucliers, et il n'élèvera point de retranchements contre elle. Il s'en retournera par le chemin par lequel il est venu, et il n'entrera point dans cette ville, dit l'Éternel. Je protégerai cette ville pour la sauver, à cause de moi, et à cause de David, mon serviteur.”

L'ange de l'Éternel sortit, et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Et quand on se leva le matin, il n’y avait que des cadavres: ils étaient tous morts.

Alors Sennachérib, roi d'Assyrie, leva son camp, partit et s'en retourna séjourner à Ninive. Or, comme il était prosterné dans la maison de Nisroc, son dieu, Adrammélec et Scharetser, ses fils, le frappèrent par l'épée, et s'enfuirent au pays d'Ararat. Et Ésar Haddon, son fils, régna à sa place. (Is XXXVII 30 à 37)

Remarques :

– nous verrons plus loin comment le 2^e Livre des Rois, en des termes quasiment identiques, raconte ces événements.

– On peut se poser la question : ces événements étaient-ils la réalisation de la terrible vision rapportée ci-dessous ?

4-4-Le châtiment des ennemis

4-4-1-La vision d’Isaïe contre Babylone (Is XXI, 1 à 10)

Oracle sur le désert proche de la mer : comme s'avance l'ouragan du midi, il vient du désert, du pays redoutable, une vision terrible qui m'a été révélée. L'oppresseur opprime, le dévastateur dévaste. “Vas-y, Élam ! À l’assaut, Médie! Je fais cesser tous les gémissements.”

C'est pourquoi mes reins sont remplis d'angoisses; des douleurs me saisissent, comme les douleurs d'une femme en travail. Les spasmes m'empêchent d'entendre, le tremblement m'empêche de voir. Mon coeur est troublé, la terreur s'empare de moi, la nuit de mes plaisirs devient une nuit d'épouvante.

On dresse la table, la garde veille, on mange, on boit... Debout, princes ! préparez vos boucliers ! Oui, ainsi parle le Seigneur : “Va, place la sentinelle : qu'elle annonce ce qu'elle verra. Si elle voit un char, des cavaliers deux à deux, des cavaliers sur des ânes, des hommes sur des chameaux, qu’elle fasse attention, très attention.”

Voici que la sentinelle s’écrie : Seigneur, je me tiens sur la tour de guet toute la journée, et je suis à mon poste toute la nuit : voici, il vient de la cavalerie, des cavaliers deux à deux! La sentinelle prit encore la parole, et dit : elle est tombée, elle est tombée, Babylone, avec toutes les statues de ses dieux qui sont brisées à terre !

Voici ce que j'ai appris de l'Éternel des armées, Dieu d'Israël, et que j’annonce à mon peuple qui as été battu comme du grain sur son aire.

4-4-2-La vision se poursuit contre Edom et contre l’Arabie

Oracle contre Duma

On me crie de Séir : Sentinelle, que dis-tu de la nuit? Sentinelle, que dis-tu de la nuit? La sentinelle répond : “Le matin vient, et la nuit aussi. Si vous voulez interroger, interrogez, convertissez-vous, et revenez une autre fois !”

Oracle sur l'Arabie

Vous passerez la nuit dans les steppes de l'Arabie, caravanes de Dedan! Portez de l'eau à ceux qui ont soif. Allez avec du pain  au-devant des fugitifs. Car ils fuient devant les épées, devant l'épée nue, devant l'arc tendu, devant la violence des combats. Ainsi m'a parlé le Seigneur : “Encore une année, comme les années d'un mercenaire, et c'en sera fait de toute la gloire de Kédar. Il ne restera qu'un petit nombre des vaillants archers, fils de Kédar.” L'Éternel, le Dieu d'Israël, a parlé. (Is XXI 1 à 17)

4-5-Le peuple de Dieu a-t-il enfin compris ?

Le roi Ézéchias a remporté un succès contre les Assyriens ? Peut-être, mais ce succès facile sera sans lendemain, car l’Éternel ne voulait pas que son peuple entreprenne des luttes inutiles, mais qu’il soit fidèle à son Dieu en renonçant aux idoles, et qu’il promeuve la justice. Hélas ! Les hommes refuseront d’entendre l’appel de Yahvé. Isaïe prévoit déjà le désastre qu’ils subiront, ainsi que le laisse entendre “l’Oracle contre la Vallée de la Vision”, prophétie dont le sens n’est pas toujours évident.

Prophétie sur la vallée des visions [2]. Qu'as-tu donc, pour que tout ton peuple monte sur les toits, ville bruyante, pleine de tumulte, cité joyeuse ? Tes morts ne périront pas par l'épée, ils ne mourront pas en combattant. Tous tes chefs fuient ensemble, ils sont faits prisonniers par les archers. Tous tes habitants deviennent soit des captifs, soit des fuyards. C'est pourquoi je dis : détournez de moi les regards, laissez-moi pleurer amèrement ; n'insistez pas pour me consoler du désastre de la fille de mon peuple.

Car c'est un jour de défaite, d'écrasement et de confusion, envoyé par le Seigneur, l'Éternel des armées, dans la vallée des visions. On démolit les murailles, et les cris de détresse retentissent vers la montagne. Élam porte le carquois. Des chars de combattants, des cavaliers, s'avancent. Kir a pris son bouclier. Tes plus belles vallées sont remplies de chars, et les cavaliers se rangent en bataille à tes portes. Les derniers retranchements de Juda sont forcés... Vous regardez les brèches nombreuses faites à la ville de David, et vous retenez les eaux de l'étang inférieur. Vous comptez les maisons de Jérusalem, et vous les abattez pour fortifier la muraille. Vous creusez un réservoir entre les deux murs, pour les eaux de l'ancienne piscine. Mais vous ne regardez pas vers celui qui a voulu ces choses, vous ne voyez pas celui qui les a préparées de loin.

Le Seigneur, l'Éternel des armées, vous appelait à pleurer et à vous frapper la poitrine, à vous raser la tête et à ceindre le sac. Mais au lieu de cela c’est la fête, la gaîté et de la joie! On égorge des boeufs et l'on tue des brebis, on mange de la viande et l'on boit du vin: mangeons et buvons, car demain nous mourrons! L'Éternel des armées me l'a révélé: Non, ce crime ne vous sera point pardonné que vous ne soyez morts... (Is XXII, 1 à 14)

Suit une longue diatribe contre le ministre Schebna, gouverneur du palais, qui a jeté l'opprobre sur la maison de son maître. (Is XXII, 15 à 19). Ce mauvais gouverneur sera remplacé par Éliakim, fils de Hilkija. Yahvé dit : “Je le revêtirai de ta tunique (celle de Schebna), je le ceindrai de ta ceinture, et je remettrai ton pouvoir entre ses mains. Il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clé de la maison de David: quand il ouvrira, nul ne fermera; quand il fermera, nul n'ouvrira. Je l'enfoncerai comme un clou dans un lieu sûr, et il sera un siège de gloire pour la maison de son père. Il sera le soutien de toute la gloire de la maison de son père.” (Is XXII, 20 à 23)

4-6-Malgré tout l’Éternel n’abandonnera pas son peuple. Il le comblera même de grâces.

4-6-1-Tout d’abord Isaïe, rassure Ézéchias[3] 

En dépit de ses paroles souvent terribles, Dieu, en parfait éducateur laisse parfois deviner sa tendresse. Malgré toutes les infidélités de son peuple, l’Éternel ne l’abandonnera pas. Non jamais! Déjà Yahvé révèle les grâces qu’Il accordera à son peuple. Découvrir la bonté du Seigneur devait être très important pour Israël, car, ce qui est excessivement rare, la Bible, dans le 2^e Livre des Rois, reprend, pour raconter l’histoire d’Israël, les termes mêmes du prophète Isaïe.

Que ceci soit un signe pour toi : cette année on a mangé le produit du grain tombé, l’an prochain, vous mangerez ce qui croît de soi-même ; mais la troisième année, vous sèmerez, vous moissonnerez, vous planterez des vignes, et vous en mangerez le fruit. Les rescapés de la maison de Juda, donneront de nouveau des racines par-dessous, et portera du fruit par-dessus.

4-6-2-Une annonce d’un Petit Reste

Car de Jérusalem il sortira un reste, et de la montagne de Sion des réchappés. Voilà ce que fera le zèle de l'Éternel des armées. C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel au sujet du roi d'Assyrie: “Il n'entrera point dans cette ville, il n'y lancera point de traits, il ne lui présentera point de boucliers, et il n'élèvera point de retranchements contre elle. Il s'en retournera par le chemin par lequel il est venu, et il n'entrera point dans cette ville,” dit l'Éternel.

La parole de Yahvé dit encore : “Je protégerai cette ville pour la sauver, à cause de moi, et à cause de David, mon serviteur.” Et cette nuit-là, l'ange de l'Éternel sortit, et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Et quand on se leva le matin, voici, c'étaient tous des corps morts. Alors Sennakérib, roi d'Assyrie, leva son camp, partit et s'en retourna à Ninive. Or, comme il était prosterné dans la maison de Nisroc, son dieu, Adrammélec et Scharetser, ses fils, le frappèrent avec l'épée, et s'enfuirent au pays d'Ararat. Et Ésar Haddon, son fils, régna à sa place. (2 Rois XIX, 29 à 34)

4-7-Les dernières années du règne d’Ézéchias

4-7-1-Ézéchias est très malade : il va mourir... Mais Yahvé va prolonger sa vie de 15 ans.

En ce temps-là, Ézéchias fut malade à la mort. Le prophète Isaïe, fils d'Amos, vint auprès de lui, et lui dit : ainsi parle l'Éternel : “Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus.” Ézéchias tourna son visage contre le mur, et fit cette prière à l'Éternel : Ô Éternel ! souviens-toi que j'ai marché devant ta face avec fidélité et intégrité de cœur, et que j'ai fait ce qui est bien à tes yeux ! Et Ézéchias répandit d'abondantes larmes.

Puis la parole de l'Éternel fut adressée à Isaïe, en ces mots : “Va, et dis à Ézéchias : ainsi parle l'Éternel, le Dieu de David, ton père. J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Voici, j'ajouterai à tes jours quinze années. Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d'Assyrie ; je protégerai cette ville.” Et voici, de la part de l'Éternel, le signe auquel tu connaîtras que l'Éternel accomplira la parole qu'il a prononcée :

“Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l'ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d'Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu.”

4-7-2-Maladie et guérison d’Ézéchias

Cantique d'Ézéchias, roi de Juda, sur sa maladie et sur son rétablissement.

Je disais : Quand mes jours sont en repos, je dois m'en aller aux portes du séjour des morts. Je suis privé du reste de mes années! Je disais : je ne verrai plus l'Éternel, l'Éternel, sur la terre des vivants; je ne verrai plus aucun homme parmi les habitants du monde! Ma demeure est enlevée et transportée loin de moi, comme une tente de berger. Je sens le fil de ma vie coupé comme par un tisserand qui me retrancherait de sa trame. Du jour à la nuit tu m'auras achevé !... Mes yeux s'élevaient languissants vers le ciel: O Éternel ! je suis dans l'angoisse, secours-moi !

L’Éternel a entendu la prière d’Ézéchias et l’a guéri. Ézéchias remercie son Dieu

Isaïe avait dit: “Qu'on apporte une masse de figues, et qu'on les étende sur l'ulcère, et Ézéchias vivra.” Et Ézéchias vécut... et Ézéchias se souvient et rend grâce.

Que dirai-je ? L’Éternel m'a répondu, et il m'a exaucé. Je marcherai humblement jusqu'au terme de mes années, après avoir été ainsi affligé. Seigneur, c'est par tes bontés qu'on jouit de la vie, c'est par elles que je respire encore. Tu me rétablis, tu me rends à la vie. Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut. Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse du néant, car tu as jeté derrière toi tous mes péchés.

Ce n'est pas le séjour des morts qui te loue, ce n'est pas la mort qui te célèbre. Ceux qui sont descendus dans la fosse n'espèrent plus en ta fidélité. Le vivant, le vivant, c'est celui-là qui te loue, comme moi aujourd'hui. Le père fait connaître à ses enfants ta fidélité. L'Éternel m'a sauvé! Nous ferons résonner les cordes de nos instruments tous les jours de notre vie, dans la maison de l'Éternel. (Is XXXVIII, 1 à 13 et 15 à 21)

4-7-3-Ézéchias reçoit des félicitations du monde entier

Le monde avait appris la guérison d’Ézéchias ; même le roi de Babylone le félicita.

En ce même temps, Merodac Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya une lettre et un présent à Ézéchias, parce qu'il avait appris sa maladie et son rétablissement. Ézéchias en eut de la joie, et il montra aux envoyés le lieu où étaient ses choses de prix, l'argent et l'or, les aromates et l'huile précieuse, tout son arsenal, et tout ce qui se trouvait dans ses trésors: il n'y eut rien qu'Ézéchias ne leur fît voir dans sa maison et dans tous ses domaines. Isaïe, le prophète, vint ensuite auprès du roi Ézéchias, et lui dit: Qu'ont dit ces gens-là, et d'où sont-ils venus vers toi ? Ézéchias répondit: Ils sont venus vers moi d'un pays éloigné, de Babylone.

Isaïe dit encore : Qu'ont-ils vu dans ta maison ? Ézéchias répondit : Ils ont vu tout ce qui est dans ma maison : il n'y a rien dans mes trésors que je ne leur aie fait voir.

4-8-Nouvelles infidélités du peuple “à la tête dure”

4-8-1-Malgré les avertissements réitérés du prophète, Israël ne réussira pas à demeurer fidèle :

Le Seigneur envoie une parole à Jacob : elle tombe sur Israël. Tout le peuple en aura connaissance, Éphraïm et les habitants de Samarie qui disent avec orgueil et fierté : des briques sont tombées ? Eh ! bien ! nous bâtirons en pierres de taille. Des sycomores ont été coupés ? Nous les remplacerons par des cèdres.

Mais L'Éternel élèvera contre eux les ennemis de Retsin, et il armera leurs ennemis : les Syriens à l'orient, les Philistins à l'occident. Et ils dévoreront Israël à pleine bouche. Malgré tout cela, sa colère ne s'apaise point, et sa main est encore étendue. Car le peuple ne revient pas à celui qui le frappe, et il ne cherche pas l'Éternel des armées. Aussi l'Éternel arrachera-t-il d'Israël la tête et la queue, la branche de palmier et le roseau, en un seul jour.

4-8-2-Si Israël s’est égaré, c’est parce que ses chefs l’ont mal conduit

Les guides de ce peuple, ceux qui le conduisent l'égarent, et ceux qui se laissent conduire se perdent. C'est pourquoi le Seigneur ne saurait se réjouir de leurs jeunes hommes, ni avoir pitié de leurs orphelins et de leurs veuves, car tous sont des impies et méchants, et toutes les bouches profèrent des infamies. C’est pourquoi la colère de l’Éternel ne s'apaise point, et sa main est encore étendue. En effet la méchanceté consume comme un feu qui dévore ronces et épines, et qui embrase l'épaisseur de la forêt d'où s'élèvent des colonnes de fumée.

Par la colère de l'Éternel des armées le pays est embrasé, et le peuple est comme la proie du feu : nul n'épargne son frère. On pille à droite, et l'on a faim ; on dévore à gauche, et l'on n'est pas rassasié. Chacun dévore la chair de son bras. Manassé dévore Éphraïm, Éphraïm Manassé, et ensemble ils se dressent contre Juda. Malgré tout cela, sa colère ne s'apaise point, et sa main menace encore. (Is IX, 9 à 21)

Oracle sur Damas. Voici, Damas ne sera plus une ville, elle ne sera qu'un monceau de ruines. Les villes d'Aroër sont abandonnées, elles sont livrées aux troupeaux ; ils s'y couchent, et personne ne les effraie. C'en est fait de la forteresse d'Éphraïm, et du royaume de Damas, et du reste de la Syrie : il en sera comme de la gloire des enfants d'Israël, dit l'Éternel des armées. (Is XVII, 1 à 4)