

Nous
savons déjà que, dès l’âge de neuf ans, Jean Bosco fut comme guidé par des
songes qui se réaliseraient plus tard. Ainsi, une nuit de mars 1846, don Bosco
fit un rêve dont le souvenir confortera plus tard sa foi et son espérance,
spécialement pendant les périodes particulièrement difficiles. Dans son rêve,
don Bosco se sentait inquiet: il devait être bientôt mis à la porte du lieu
qu’il occupait. Où conduire ses enfants? C’est alors que, le rêve se
poursuivant, il vit, sur une grande plaine, des troupes d’enfants qui se
battaient, blasphémaient, se lapidaient. Don Bosco allait fuir, mais une voix de
femme lui dit :
— Va vers eux, et mets-toi à
l’œuvre.
Don Bosco s’avança vers ces
jeunes, mais que faire ?
— C’est un local que tu veux ?
dit la Dame mystérieuse. Tiens, en voici un.
— Mais ce n’est qu’un pré !
— Mon Fils et les apôtres
n’avaient pas une pierre où reposer leur tête.
Don Bosco se mit alors au travail,
mais sans résultat. Alors la Dame le fit avancer et lui montra une chapelle au
toit très bas, avec dans une cour voisine, de nombreux enfants. Hélas! Ces
locaux devinrent vite trop étroits. Alors la Dame prit don Bosco par la main et
le conduisit face à une église:
— Ici, trois martyrs de Turin
subirent leur supplice. C’est là que je veux que Dieu soit honoré.
Et Jean se vit entouré d’une
multitude de jeunes gens. Et il vit aussi d’imposants bâtiments proches d’un
immense monument.
Plus tard, Jean Bosco comprit: la
chapelle au toit bas, c’était le hangar Pinardi qu’il avait fallu bientôt
remplacer par une petite mais véritable église: celle de Saint-François de
Sales, au milieu des cours de l’Oratoire, et bénie le 30 juin 1852, par le curé
de la paroisse.
Don Bosco avait construit l’église
Saint-François de Sales quand la chapelle Pinardi était devenue trop petite. Le
8 décembre 1862, après avoir confessé toute la journée, fatigué et comme rêveur,
il déclara à l’abbé Cagliero:
– ... la Sainte Vierge veut
maintenant que nous l’honorions sous le titre d’Auxiliatrice. Les temps sont
mauvais; nous avons vraiment besoin que son secours puissant nous aide à
conserver et à défendre la foi. C’est donc à Elle, invoquée sous ce titre, que
je compte élever un temple. Et puis, j’ai encore une autre raison: devine
laquelle:
– Ce sera l’église-mère de notre
congrégation, celle d’où rayonnera toute l’action bienfaisante de vos fils en
faveur de la jeunesse, répondit don Cagliero.
– Tu as trouvé. Notre-Dame
Auxiliatrice sera la fondatrice et le soutien permanent de nos œuvres.
– Mais où la bâtirez-vous, cette
église, demanda à son tour l’abbé Anfossi ?
– Ici, tout proche, devant la
chapelle Saint-François de Sales.
Et, d’un geste très large, don
Bosco désigna l’espace devant lui. Puis, il ajouta :
– C’est la Sainte Vierge qui
veut ce temple. Elle pensera à l’argent nécessaire.
Six ans plus tard, le 9 juin 1868,
l’église de Notre-Dame Auxiliatrice était consacrée par l’archevêque de Turin.
Mais avant d’en arriver là, que d’obstacles il avait fallu vaincre! Aussi quelle
joie pour don Bosco qui l’avait si souvent vue en rêve! Ce soir-là toutes les
fenêtres de l’Oratoire étaient éclairées:
— Vous souvenez-vous dit un
ancien à don Bosco: voilà vingt ans que vous nous la montriez déjà du doigt.
— C’est vrai ! dit don Bosco. Ce
que je voyais alors, vous le contemplez maintenant. Sainte Madone, comme vous
nous aimez!
Dès 1868, à peine le gros œuvre de
l’église dédiée à Notre-Dame Auxiliatrice était-il achevé, que Jean Bosco
songeait déjà à une autre construction, proche du temple des Vaudois. Les
difficultés furent énormes, et ce n’est que le 6 février 1876 qu’un décret royal
déclarait d’utilité publique la construction de l’église projetée. Enfin, le 24
octobre 1882, don Bosco, entouré de ses amis et de ses enfants, assistait à la
consécration de cette autre église de Turin, dédiée à Saint Jean l’Évangéliste,
en l’honneur du pape Pie IX qui avait tellement encouragé don Bosco, et qui,
avant d’être pape, avait été le Cardinal Jean Mastaï Ferretti.
La tâche de Jean Bosco constructeur
n’était pas achevée. Bientôt le pape, Léon XIII, lui confiait la charge
d’achever la construction de l’église du Sacré-Cœur de Rome. C’est pour obtenir
l’argent nécessaire que don Bosco entreprit un long voyage triomphal à travers
la France et Paris.

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