

Quatrième partie
La
spiritualité de don Bosco
Le 6 août 1863, don Bosco écrit à
ses fils étudiants, depuis le très fréquenté sanctuaire marial d’Oropa, situé
dans la région montagneuse de Biella: “... Au milieu de tant de gens, mon cœur
éprouvait un vif regret. Lequel ? Celui de ne pas voir les chers étudiants. Oh!
oui, pourquoi ne puis-je avoir ici mes fils, les conduire tous aux pieds de
Marie, les lui offrir, les mettre tous sous sa puissante protection, faire d’eux
tous autant de Dominique Savio ou de Louis de Gonzague ?
Pour donner réconfort à mon cœur,
je suis allé devant l’autel miraculeux de Marie, et je lui ai promis que, de
retour à Turin, je ferai tout ce qui serait en mon pouvoir pour faire pénétrer
dans vos cœurs la dévotion à Marie, et, en vous recommandant à elle, je lui ai
demandé pour vous ces grâces particulières: ‘Marie, lui dis-je, bénissez notre
maison tout entière, éloignez du cœur de nos jeunes jusqu’à l’ombre du péché;
soyez le guide des étudiants, soyez pour eux le siège de la vraie sagesse.
Qu’ils soient tous vôtres, toujours vôtres; regardez-les toujours comme vos
chers fils, et conservez-les toujours parmi ceux qui vous sont dévoués.’ Je
crois que la Sainte Vierge m’aura exaucé, et j’espère que vous me donnerez votre
aide pour que nous puissions correspondre à la voix de Marie, à la grâce du
Seigneur...”
5-1-Marie est la Mère qui nous conduit
à son Fils
Dans le cadre des prédications du
mois de Marie de 1858, don Bosco indiquait trois motifs qui devaient nous
conduire à avoir confiance en Marie: Marie est la plus sainte des créatures;
Marie est la Mère de Dieu; Marie est notre Mère. En effet:
“Marie a été exempte de toute tache
de péché originel et actuel, ornée de toutes les vertus que nous pouvons
imaginer, comblée de grâce par Dieu plus que toute autre créature: toutes ces
prérogatives expliquent qu’elle ait été choisie parmi toutes les femmes pour
être élevée à la dignité de Mère de Dieu... Devant ce nom glorieux de ‘Mère de
Dieu’, l’esprit humain perd pied... Aucune créature ne peut être élevée à une
dignité plus sublime...
Mais si le titre de Mère de Dieu
est glorieux pour Marie, il est aussi glorieux et utile pour nous-mêmes qui,
ayant été rachetés par Jésus-Christ, devenons les fils de Marie et les frères de
son divin Fils. Car en devenant la Mère de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, elle
devint aussi notre mère. Jésus-Christ dans sa grande miséricorde a voulu nous
appeler ses frères, et par ce nom il nous a tous constitués les fils adoptifs de
Marie...” Au disciple bien-aimé Jésus donna sa Mère: ‘Voici ta Mère!’ Les Pères
De l’Église unanimement reconnaissent en fait une volonté du divin Sauveur:
avant de quitter le monde, nous donner Marie comme notre mère pleine de d’amour,
et nous constituer tous ses enfants... Voilà, chrétiens, la personne que je
propose à votre vénération au cours de ce mois...”
Il faut avoir confiance en Marie
À un prêtre, le 25 mai 1887, don
Bosco écrivait :
“Vous vous plaignez que la Ste
Vierge n’a pas exaucé vos prières; rappelez-vous bien, mon bon ami, que la
Sainte Vierge n’exauce jamais les prières quand elles sont contraires au bonheur
des âmes. D’ailleurs la grâce demandée vous a été accordée, mais vous vous
affaiblissez dans vos doutes, sans aider le commencement de la grâce...”
Don Bosco avait une grande
vénération envers la Sainte Vierge Marie invoquée sous le titre de Notre-Dame
Auxiliatrice: “La Sainte Vierge invoquée comme Auxiliatrice des chrétiens
accorde des grâces non ordinaires; prions-la, espérons en elle: elle nous
donnera un avenir meilleur.”
Le 29 septembre 1866, alors que
sévissait l’épidémie de choléra, il écrit à la comtesse Anna Bentivoglio: “Ayez
grande confiance dans la bonté et dans la puissance de la grande Mère de Dieu...
Vous-même, ne craignez rien du choléra. De tous ceux qui aident à la
construction de l’église de Marie-Auxiliatrice, personne ne sera victime de
cette maladie mortelle.”
Pour des chrétiens adultes, don
Bosco écrivit, en 1856, un petit livre intitulé: La Clef du Paradis est dans les
mains du catholique qui pratique les devoirs du bon chrétien. Dans ce manuel on
peut lire ce que doit faire tout bon chrétien pour être heureux: “Copier
Jésus-Christ”. Car personne ne peut se vanter de suivre Jésus-Christ s’il ne
cherche pas à l’imiter. Ainsi, “dans sa vie et dans ses actions, un chrétien
doit retrouver la vie et les actions de Jésus-Christ lui-même. Le chrétien doit
prier comme Jésus a prié sur la montagne, c’est-à-dire avec recueillement,
humilité et confiance. Le chrétien doit être comme l’était Jésus-Christ,
accessible aux pauvres, aux ignorants, aux enfants. Il ne doit pas être
orgueilleux, prétentieux ni arrogant. Il se fait tout à tous pour les gagner à
Jésus-Christ.”
Le chrétien doit traiter avec son
prochain comme Jésus traitait ses disciples: ses entretiens doivent donc être
édifiants, charitables, pleins de gravité, de douceur et de simplicité.
Le chrétien doit être humble comme
le fut Jésus-Christ qui lava à genoux les pieds de ses apôtres, même ceux de
Judas, alors qu’il savait que ce perfide devait le trahir. Le vrai chrétien se
considère comme le plus petit et comme le serviteur de tous.
Le chrétien doit obéir comme obéit
Jésus-Christ qui fut soumis à Marie et à Saint Joseph, et obéit à son Père
céleste jusqu’à la mort et à la mort de la croix. Le vrai chrétien obéit à ses
parents, à ses patrons, à ses supérieurs, parce qu’il reconnaît en eux Dieu
lui-même, dont ils tiennent la place.
Quand il boit et mange, le vrai
chrétien doit être comme Jésus-Christ aux noces de Cana de Galilée ou à
Béthanie, c’est-à-dire sobre, tempérant, attentif aux besoins d’autrui, et plus
préoccupé de la nourriture spirituelle que des aliments dont il nourrit son
corps.
Le bon Chrétien doit être avec ses
amis comme était Jésus-Christ avec saint Jean et saint Lazare.. Il doit les
aimer dans le Seigneur et par amour de Dieu. Il leur confie cordialement les
secrets de son cœur, et, s’ils tombent dans le mal, met en œuvre toute sa
sollicitude pour leur faire retrouver l’état de grâce.
Le vrai chrétien doit souffrir avec
résignation les privations et la pauvreté comme Jésus-Christ les a souffertes,
lui qui n’avait pas où reposer sa tête. Il sait supporter les contradictions et
les calomnies, comme Jésus-Christ a supporté celles des scribes et des
pharisiens, en laissant à Dieu le soin de le justifier. Il sait supporter les
affronts et les outrages, comme fit Jésus-Christ quand on lui donna un soufflet,
qu’on lui cracha au visage et qu’on l’insulta de mille manières dans le
prétoire. Le vrai chrétien doit être prêt à endurer les peines de l’esprit comme
Jésus-Christ, quand il fut trahi par l’un de ses disciples, renié par un autre
et abandonné par tous.
Le bon chrétien doit être disposé à
accueillir avec patience toutes les persécutions, les maladies, et même la mort,
comme le fit Jésus-Christ qui, la tête couronnée d’épines acérées, le corps
strié de meurtrissures, les pieds et les mains transpercés par les clous, remit
son âme en paix entre les mains de son Père céleste.
En sorte que le vrai chrétien doit
dire, avec l’apôtre saint Paul: “Ce n’est plus moi qui vis, mais c’est
Jésus-Christ qui vit en moi.” Celui qui suivra Jésus-Christ selon le modèle ici
décrit, est certain d’être un jour glorifié avec lui dans le ciel et de régner
avec lui pour l’éternité.

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