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Lettre de saint Paul aux Romains
Paul désire
ardemment rencontrer les Chrétiens de Rome, mais ce n'est
pas encore l'heure de Dieu. Il doit encore
prêcher
"l'Évangile aux Grecs et aux Barbares, aux savants et aux
ignorants... car en lui est révélée une justice de Dieu qui
vient de la foi et est destinée à la foi, selon qu'il est
écrit: 'Le juste vivra par la foi'." (Romains 1, 13 à
17) Malheureusement, beaucoup de païens ou de juifs se
livrent "à des passions d'ignominie", Paul veut leur
donner les vérités de foi, dans toute leur vérité. Il
commence par les mettre en garde, car, dit-il, "nous
savons que le jugement de Dieu est selon la vérité
contre ceux qui commettent de telles choses. Et tu penses, ô
homme, toi qui juges ceux qui les commettent, et qui les
fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu?...
Ne sais-tu pas que la bonté de Dieu t'invite à la pénitence?
Par ton endurcissement et ton cœur impénitent, tu t'amasses
un trésor de colère pour le jour de la colère et de
la manifestation du juste jugement de Dieu, qui
rendra à chacun selon ses œuvres..." En particulier
"tribulation et angoisse sur tout homme qui fait le mal, sur
le Juif premièrement, puis sur le Grec; gloire, honneur et
paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement,
puis pour le Grec... Tous ceux qui ont péché sans loi
périront aussi sans loi, et tous ceux qui ont péché
avec une loi seront jugés par cette loi... C'est ce qui
paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera
par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes." (Rom.
2, 2 à 6, et 9 à 16)
Paul aborde le
problème de l'utilité de la circoncision que beaucoup de
juifs voudraient imposer aux païens qui reçoivent
l'Évangile. Paul indique que "la vraie circoncision,
c'est celle du cœur, dans l'esprit, et non dans la
lettre..." (Romains 2, 29) "Or, une loi ne fait que
donner la connaissance du péché..." (Romains 3,
20) "Tous les hommes ont péché et sont privés de
la gloire de Dieu", affirme saint Paul qui ajoute:
"nous tenons pour certain que l'homme est justifié par la
foi, à l'exclusion des œuvres de la Loi. Ou bien Dieu
n'est-il que le Dieu des Juifs? et n'est-il pas aussi le
Dieu des Gentils? Oui, il est aussi le Dieu des Gentils,
puisqu'il y a un seul Dieu qui justifiera les circoncis par
principe de foi et les incirconcis par la foi.
Détruisons-nous donc la Loi par la foi? Loin de là! Nous la
confirmons au contraire. (Rom. 3, 23, 28 à 31)
Après avoir
montré l'importance de la foi, Paul s'écrie, reprenant une
parole de David: "Heureux ceux dont les iniquités sont
pardonnées, et dont les péchés ont été couverts!
Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché!"
(Romains 4, 7 et 8) Et, après avoir montré comment Jésus
nous a réconciliés avec Dieu, il poursuit: "Ainsi donc,
comme par un seul homme le péché est entré dans le
monde, et par le péché la mort… Et ainsi la mort a
passé dans tous les hommes parce que tous ont péché.
Car jusqu'à la Loi le péché était dans le monde; or
le péché n'est pas imputé lorsqu'il n'y a point de
loi. Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse,
même sur ceux qui n'avaient pas péché, par une
transgression semblable à celle d'Adam, lequel est la figure
de celui qui devait venir. Mais il n'en est pas du don
gratuit comme de la faute; car si, par la faute
d'un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte
raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d'un
seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les
hommes. Et il n'en est pas du don comme des suites du
péché d'un seul; car le jugement a été porté à
cause d'une seule faute pour la condamnation,
tandis que le don amène la justification de beaucoup de
fautes. En effet, si, par la faute d'un seul, la
mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui
reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justice
régneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ.
Ainsi donc,
comme par la faute d'un seul la condamnation
est venue sur tous les hommes, ainsi, par la justice d'un
seul, vient à tous les hommes la justification qui donne la
vie. De même en effet, que par la désobéissance d'un seul
homme, tous ont été constitués pécheurs, de même par
l'obéissance d'un seul tous seront constitués justes. La loi
est intervenue pour faire abonder la faute; mais
là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, afin que,
comme le péché a régné par la mort, la grâce régnât
par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ
Notre-Seigneur." (Romains 5, 12 à 21)
Paul pose la
question: "Demeurerons-nous dans le péché, afin
que la grâce abonde? Loin de là! Nous qui sommes morts au
péché, comment vivrons-nous encore dans le péché?"
(Romains 6, 1 et 2) et il y répond: "Sachant que notre
vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du
péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les
esclaves du péché; car celui qui est mort est
affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le
Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, sachant que
le Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la mort n'a
plus sur lui d'empire. Car sa mort fut une mort au péché
une fois pour toutes, et sa vie est une vie pour Dieu. Ainsi
vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et
comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Que le
péché ne règne donc point dans votre corps mortel, de
sorte que vous obéissiez à ses convoitises. Ne livrez pas
vos membres au péché pour être des instruments
d'iniquité, mais offrez-vous vous-mêmes à Dieu comme étant
vivants, de morts que vous étiez, et offrez-lui vos membres
pour être des instruments de justice. Car le péché
n'aura pas d'empire sur vous, parce que vous n'êtes pas sous
la Loi, mais sous la grâce.
Quoi donc!
Pécherons-nous, parce que nous ne sommes pas sous la
Loi mais sous la grâce? Loin de là! Ne savez-vous pas que,
si vous vous livrez à quelqu'un comme esclaves pour lui
obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit
du péché pour la mort, soit de l'obéissance à Dieu
pour la justice? Mais grâces soient rendues à Dieu de ce
que, après avoir été les esclaves du péché, vous avez
obéi de cœur à la règle de doctrine qui vous a été
enseignée. Ainsi, ayant été affranchis du péché, vous
êtes devenus les esclaves de la justice.
Je parle à
la manière des hommes, à cause de la faiblesse de votre
chair. De même que vous avez livré vos membres comme
esclaves à l'impureté et à l'injustice, pour arriver à
l'injustice, de même livrez maintenant vos membres comme
esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. Car,
lorsque vous étiez les esclaves du péché, vous étiez
libres à l'égard de la justice. Quel fruit aviez-vous alors
des choses dont vous rougissez aujourd'hui? Car la fin de
ces choses, c'est la mort. Mais maintenant, affranchis du
péché et devenus les esclaves de Dieu, vous avez pour
fruit la sainteté, et pour fin la vie éternelle. Car le
salaire du péché, c'est la mort; mais le don de Dieu
c'est la vie éternelle en Jésus-Christ Notre-Seigneur."
(Rom. 6, 6 à 23)
Ces
raisonnements de Paul sont compliqués, aussi va-t-il
s'expliquer longuement. En effet, ceux qui appartiennent à
Jésus-Christ ressuscité sont morts à la Loi et servent Dieu
avec un esprit nouveau. La Loi serait-elle péché?
"Loin de là! Mais, poursuit saint Paul, je n'ai connu
le péché que par la Loi; par exemple, je n'aurais pas
connu la convoitise, si la Loi ne disait: Tu ne convoiteras
point. Puis le péché, saisissant l'occasion, a fait
naître en moi, par le commandement, toutes sortes de
convoitises; car, sans la Loi, le péché est mort.
Pour moi, je vivais autrefois sans la Loi; mais le
commandement étant venu, le péché a pris vie, et moi,
je suis mort. Ainsi le commandement qui devait
conduire à la vie, s'est trouvé pour moi conduire à la mort.
Car le péché, saisissant l'occasion qu'offrait le
commandement, m'a séduit et par lui m'a donné la mort.
Ainsi donc la Loi est sainte, et le commandement est
saint, juste et bon. Une chose bonne a donc été pour moi une
cause de mort? Loin de là! Mais c'est le péché qui
m'a donné la mort, afin de se montrer péché en me
donnant la mort par le moyen du commandement
Nous savons,
en effet, que la Loi est spirituelle; mais moi, je suis
charnel, vendu au péché. Car je ne sais pas ce que je
fais: je ne fais pas ce que je veux, et je fais ce que je
hais. Or, si je fais ce que je ne voudrais pas, je reconnais
par là que la Loi est bonne. Mais alors ce n'est plus moi
qui le fais, c'est le péché qui habite en moi. Car je
sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma
chair; le vouloir est à ma portée, mais non le pouvoir de
l'accomplir. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je
fais le mal que je ne veux pas. Or, si je fais ce que je ne
veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché
qui habite en moi. Je trouve donc cette loi en moi: quand je
veux faire le bien, le mal est près de moi. Car je
prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur;
mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre
la loi de ma raison, et qui me rend captif de la loi du
péché qui est dans mes membres. Malheureux que je suis!
Qui me délivrera de ce corps de mort? Grâces soient rendues
à Dieu par Jésus-Christ Notre Seigneur! Ainsi donc moi-même,
par l'esprit, je suis l'esclave de la loi de Dieu, et par la
chair l'esclave de la loi du péché..." (Rom. 7, 7
à 25)
"En effet,
la loi de l'Esprit de la vie m'a affranchi en Jésus-Christ
de la loi du péché et de la mort. Car, ce qui était
impossible à la Loi parce qu'elle était sans force à cause
de la chair, Dieu l'a fait: en envoyant, pour le péché,
son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché,
et il a condamné le péché dans la chair, afin que la
justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non
selon la chair, mais selon l'Esprit..." (Romains 8, 2 à
4) Et "si le Christ est en vous, le corps, il est vrai,
est mort à cause du péché, mais l'esprit est vie à
cause de la justice." (Rom. 8, 10)
Paul est triste
car tous les descendants d'Israël ne sont pas le véritable
Israël. Dieu serait-Il injuste? Non, car Il est le Dieu qui
fait miséricorde, "et quiconque croit en lui ne sera pas
confondu..." (Romains 9, 33) Mais, à la fin,
"tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit: Le
libérateur viendra de Sion, et il éloignera de Jacob toute
impiété; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque
j'aurai ôté leurs péchés." (Romains11, 26
et 27) Paul peut alors énoncer sa nouvelle Loi de charité:
"Que votre charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal
en horreur; attachez-vous fortement au bien..." (Rom.
12, 9)
Toute autorité
vient de Dieu, donc Paul insiste pour "que l'âme soit
soumise aux autorités supérieures... C'est pourquoi celui
qui résiste à l'autorité, résiste à l'ordre que Dieu a
établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes
une condamnation..." (Romains 13, 1 et 2) Paul
redonne les dix commandements de Dieu et précise:
"Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres et
revêtons les armes de la lumière." (Romains 13, 12) Paul
conclut son long raisonnement par ces mots, à propos des
hésitations de certains sur la pureté ou non des aliments:
"Tout ce qui ne procède pas d'une conviction est péché."
(Rom. 14, 23) |