
Jésus s’en va vers sa mission de Rédempteur
Jésus Tu sais que maintenant ton Heure approche et que Tu
dois commencer ta mission... Nous Te contemplons, Jésus, au moment où Tu vas
quitter Nazareth, où Tu vas quitter ta Mère, ta douce et sainte Maman, Servante
du Seigneur...
Jésus! Tu dois T’en aller vers ta Mission de Rédempteur... et
maintenant Tu dis adieu à ta Mère. Marie se tait. Elle Te regarde, elle
T’embrasse, mais très vite elle Te libère de ses bras maternels. Marie souffre,
elle essuie les quelques larmes qui s’échappent de ses yeux, mais elle ne dit
rien: elle est toujours la Servante du Seigneur. Le saint vieillard Siméon lui
avait dit, il y a bien longtemps, qu’un glaive transpercerait son cœur. Elle
n’avait pas compris à ce moment, mais elle avait conservé ces choses dans son
cœur. Et voilà qu’aujourd’hui le glaive, de nouveau, s’enfonce dans son cœur,
plus profondément encore que lors de la présentation au Temple de son fils
premier-né... Plus profondément encore que pendant les jours d’angoisse où,
avec Joseph, elle cherchait Jésus devenu majeur...
Marie ne sait pas qu’elle est la FEMME qui écrasera la tête
du serpent. Elle sait seulement qu’elle est ta Mère, Jésus, et que Tu pars vers
ta Mission, une mission terrible dont elle ne connaît pas les détails, mais que
les Écritures laissent douloureusement entrevoir. Marie pleure doucement, mais
elle Te laisse aller, car Marie T’aime et elle fait toujours la volonté de
Dieu...
Toi aussi, Jésus, Tu souffres, car Toi, Tu sais. Tu sais que
Tu es le Rédempteur. Tu sais aussi quelle sera l’intensité et l’immensité de la
douleur de ta Mère, la Co-Rédemptrice. Tu sais combien Marie a déjà souffert
dans sa vie. Tu sais combien le départ de Joseph l’a éprouvée. Tu sais qu’elle
va maintenant rester seule, et de ton temps, il n’était pas facile pour une
femme de rester et de vivre seule. Mais Tu sais aussi que Marie est la FEMME, et
qu’elle doit devenir la Mère et la Reine de ton Église...
Jésus, Tu sais déjà que Tu vas vers ta Passion, Tu sais que
Marie Te rencontreras sur ton Chemin de Croix. Tu sais que ta Mère sera avec
Toi, au pied de ta Croix. Ton Cœur souffre, Jésus, mais Tu dois aller, car c’est
maintenant pour Toi l’Heure de commencer ta Mission publique, ta Mission de
Rédempteur.
Toi, Fils de Dieu, Parole Créatrice du Père, Verbe de Dieu,
Tu sais. L’Homme que Tu es, l’Homme-Jésus dont la nature humaine est unie
hypostatiquement au Verbe de Dieu n’a peut-être pas la vision totale que le Fils
a dans le Ciel, mais confusément Tu sais. Tu sais, car Toi, Tu sais lire et
comprendre les Écritures et tout ce qu’elles révèlent et enseignent. Tu sais que
Marie est la FEMME, la toute pure, la toute sainte, l’Immaculée. Tu sais qu’elle
est la Sagesse de Dieu qui présida à la Création, Tu sais qu’elle est Sede
Sapientiæ, le siège de la Sagesse, et la Fille Bien-Aimée du Père. Jésus, Tu
sais, Tu regardes Marie, et Tu l’aimes... Tu sais qu’elle sera toujours la
Servante de Dieu et qu’elle fera sa volonté. Tu peux partir...
Tu peux partir, Jésus. Oui, Tu as fait ce qu’il fallait pour
que la Maman ait le nécessaire pour vivre. Matériellement, elle ne manquera de
rien. D’ailleurs, elle a si peu de besoins... Elle ne manquera de rien, sauf de
Toi, et Te perdre, Toi, c’est la pire des douleurs. Et Toi, Jésus, Tu connais la
douleur de ta douce Maman, et cette douleur est pour Toi une grande souffrance,
mais une souffrance rédemptrice. Tu sais, Jésus, que ta Grande Passion est déjà
commencée. Tu sais, Jésus, que ta Passion est nécessaire, que seule ta Passion
sauvera le monde et nous rendra l’amour. Tu sais, mais cela ne soulage pas ta
douleur.
Jésus, Tu prends de nouveau Marie dans tes bras, Tu lui
donnes un long baiser et Tu la caresses doucement. Jésus, Toi aussi Tu essuies
quelques larmes que Tu caches, car Tu ne veux pas ajouter au chagrin de Marie.
Pourtant, Tu pars, Jésus: c’est maintenant la volonté du Père. C’est l’heure...
Alors, tendrement Tu prends Marie par un bras et Tu la conduis jusque sur le
banc où elle s’assoit.
Jésus, c’est l’Heure!... Un dernier baiser et un long sourire
à Marie qui Te sourit aussi, malgré ses larmes. Jésus, Tu pars...


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