Deuxième partie

Méditations sur la Passion de Jésus
pendant sa vie publique

5
La tentation de Jésus dans le désert

 

Jésus, il y a presque quarante jours, Tu as rencontré Le Baptiste, et Tu as voulu être baptisé par lui dans le Jourdain, car il fallait qu’il en fût ainsi. Tu as entendu la grande Voix du Père qui disait: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui Je Me complais. Écoutez-Le!”  Puis Tu as accueilli Jean et André, tes futurs apôtres, qui appelaient l’Agneau de Dieu, et Tu les emmenas avec Toi, pour qu’ils voient où Tu demeurais. Ensuite Tu fus poussé, par l’Esprit, au désert, nous dit l’Évangile, pour y être tenté par le diable.

Maintenant, Jésus, Tu dois commencer ta prédication, Tu es venu pour cela: annoncer au monde la venue du Royaume de Dieu. C’est aujourd’hui que Tu dois prendre les grandes orientations qui guideront toute ta vie publique, jusqu’à la Croix. Aujourd’hui Tu dois choisir ton Chemin, et tes armes. Et déjà Tu pressens la venue du démon et les trois grandes tentations qu’il osera Te présenter.

Oui, il Te faut rencontrer Satan. Jésus, Tu dois aujourd’hui être tenté par le diable, car Tu es un homme, et Tu dois prendre sur Toi toutes les souffrances des hommes, toutes leurs angoisses et connaître aussi toutes leurs tentations pour leur enseigner comment y résister.

Jésus, Tu viens de jeûner, quarante longs jours. Tu as faim, la faim  atroce qui précède la mort. Il Te serait facile de changer les pierres en pain... Mais Tu sais que l’homme ne vit pas seulement de pain, c’est évident. Pourtant, le pain c’est bien utile, et Tu dois être en bonne santé pour commencer ta mission...

Comment vas-Tu commencer ta prédication? Comment feras-Tu pour attirer au moins les premières foules? Quelle manifestation grandiose pourrait les attirer? Les foules ont besoin de grands effets spectaculaires... Mais Tu sais aussi que les grands événements extraordinaires n’apportent rien de vraiment convaincant: des terreurs ou, au contraire, des enthousiasmes passagers bientôt remplacés par des doutes, des explications fallacieuses... Et souvent par la faute des responsables qui, hélas! se croient savants: ils savent expliquer ces grands événements extraordinaires  ou les nier, les contester, raisonner, et enfin les combattre, et vite les oublier. Que faire?

Il reste les situations très haut placées politiquement: les rois, les empereurs imposent leurs opinions à leurs peuples. Oui, mais que de compromissions il faut accepter pour arriver à ces postes-là. Toi, Jésus, Tu sais que Dieu seul doit être adoré: Tu es Roi, Tu le sais, mais pas un roi de ce monde...

Il y a aussi l’argent, l’argent qui donne tout, qui donne accès à tout. Quand on a l’argent, on peut faire n’importe quoi, même réussir en religion... Mais “l’homme ne peut servir deux maîtres.”

Jésus, Tu continues à réfléchir, longuement, douloureusement. Aujourd’hui Tu achèves ta longue retraite, et avant de retourner chez les hommes, Tu dois maintenant vivre une station de ton Chemin vers la Croix, une halte dramatique, la halte du combat avec Lucifer, la halte de la tentation.

Jésus, Tu n’as rien mangé depuis quarante jours, et Tu as faim, une faim terrible, une faim primitive car vitale. Si Tu ne manges pas tout de suite, Tu mourras; cela Tu le sais, c’est une des lois de la nature, de la vie sur la terre. Tu le sais d’autant mieux que c’est Toi le Créateur. Mais pour l’instant, Tu es un homme comme tous les autres, et Tu as faim. Et Tu dois manger, impérativement... Déjà Tu sens que la tête Te tourne...

Alors, Satan arrive, cauteleux :

– Change ces pierres en pain ! Change ces pierres en petits pains moelleux, et mange. Tu as besoin de forces pour mener à bien ta mission. Mange, c’est ton devoir. Mange donc et vite, avant que Tu ne Te trouves mal... D’ailleurs, pour Toi, changer quelques pierres en pain, ce n’est pas bien difficile! Tu sais faire !

Oui, Jésus, cela Tu sais faire; d’ailleurs Tu le feras plus tard, en multipliant les pains pour nourrir une foule... Mais aujourd’hui, dans ce désert, Tu es seul, et ce n’est pas le moment, ce n’est pas l’heure; et Tu ne fais pas de miracle pour Toi-même...

Alors le diable Te conduisit sur le pinacle du Temple et dit:

– Si Tu es le Fils de Dieu, jette-Toi en bas; car il est écrit que Dieu ordonnera à ses anges de Te porter dans leurs mains pour que ton pied ne heurte la pierre.  Ainsi, Tu attireras les foules, Tu leur feras comprendre, à tous ces hommes à la tête dure et au coeur encore plus dur, Tu leur feras comprendre que le Messie de Dieu, ce Messie qu’ils attendent depuis des siècles, c’est Toi... Ce serait une scène magnifique; des anges Te porteraient sur leurs ailes, ce serait vraiment bien, stupéfiant! Là au moins, il y aurait du monde pour assister au spectacle...

Jésus, Tu s’insurges. Et après ? Après, Tu sais que toutes les passions enfouies dans les coeurs grâce à une éducation rigoureuse se réveilleraient sans pitié. Non, le spectaculaire inutile ne sera pas pour Toi, Toi qui es doux et humble de coeur, et qui ne saisis les âmes que par l’Amour. Alors, Jésus, Tu éloignes la tentation, Tu ne sauveras pas les hommes avec des prodiges. Satan ne tentera pas davantage le Seigneur son Dieu. Tu ne Te jetteras pas du haut d’une falaise, cela ne servirait à rien.

Mais Satan avait plus subtil... Car Tu dois prêcher, attirer les foules qui recevront la parole de Dieu. Mais comment attirer et surtout retenir ces foules? Alors Satan Te montre les gouvernements et ceux qui conduisent les peuples. Les grands hommes, les petits rois, les empereurs glorieux imposent leurs lois. Ce sont des maîtres absolus que l’on adore, des idoles adulées...

Mais, Dieu seul peut être adoré...

– Arrière, Satan ! C’est le Seigneur seul que tu adoreras !”

Jésus, Tu es doux et humble de Cœur. Tu ne feras pas de prodige, Tu ne régneras pas sur la terre: ton Royaume n’est pas de ce monde...

Alors Jésus, Tu es parti vers ta mission, Tu as accueilli tous ceux qui cherchaient Dieu et qui savaient ouvrir leur cœur. Tu as travaillé doucement, Tu as préparé les coeurs avant de les changer, et, quand ce fut l’Heure, Tu es allé sur le chemin de ton Calvaire...

Jésus, Tu as commencé par ouvrir le cœur des hommes malades du péché et Tu nous as demandé de nous aimer les uns les autres. Tu nous as demandé de prier sans cesse, de prier pour ne pas entrer en tentation...  Toi aussi Tu as pleuré sur la souffrance des hommes et Tu as eu pitié d’eux... Mais Tu les as avertis, très souvent, de se garder d’abord du mauvais et de ses mirages. 

Jésus, cette station vers ton Chemin vers la Croix fut terrible. Mais ton Cœur doux et humble fut plus fort que Satan. Seigneur, en cet instant nous Te le demandons: rends nos coeurs humbles et doux comme le tien... Cela Jésus, Tu sais le faire aussi, et... ce n’est pas du spectaculaire...

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