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Les missions
9-1-Les premières missions
Bientôt, fidèle aux desseins de Dieu sur
sa personne, Paul de la Croix commença à aller régulièrement à
Orbetello
et à Portercole pour enseigner la doctrine chrétienne et le
catéchisme. Jean-Baptiste allait au port Saint-Etienne donner des
instructions au peuple. Mgr Christophore Palmieri, évêque de Soana,
conféra aux deux frères le pouvoir de confesser. Tous ceux qui les
voyaient reconnaissaient en eux de véritables serviteurs de Dieu,
capables, pour le salut des âmes, de ne tenir aucun compte des
fatigues et des mépris. En effet, ils ne sortaient de la solitude
que pour annoncer le Royaume de Dieu et inviter les pécheurs à se
réconcilier avec leur Seigneur et leur Père. Tout le littoral de
Toscane fut ainsi évangélisé.
Des foules
considérables allaient à leur rencontre et les conversions étaient
très nombreuses; même les malfaiteurs et les bandits, et ils étaient
nombreux alors, étaient assistés. Parfois des miracles
accompagnaient les prédications de Paul. Par exemple,
"un jour qu'on était menacé d'un orage, dont la vigne eût pu
souffrir beaucoup, le Père Paul, sur les instances du peuple, fit le
signe de la Croix avec le crucifix, et la grêle qui tombait avec
force, laissa le raisin intact, tout en fouettant et en criblant les
feuilles de la vigne."
Les fatigues et les pénitences des deux
apôtres devinrent telles qu'elles ruinèrent leur santé, et, plus
tard, le Père Jean-Baptiste fut obligé d'avouer: "Je me suis
ruiné l'estomac dans les missions que nous avons données au
voisinage de la mer. Les besoins étaient extrêmes, et je ne voulais
rien prendre le matin avant le dîner, mais je m'appliquais à
entendre les confessions; et c'est ainsi que j'ai ruiné ma santé".
Il en était de même pour le Père Paul qui
eut l'estomac tellement affaibli, "qu'il finit par ne plus
pouvoir incorporer la nourriture; à grande peine pouvait-il absorber
un peu d'eau panée..."
Les missions terminées après une
campagne de quatre ou cinq mois, les serviteurs de Dieu regagnaient
leur solitude. Plus tard Paul de la Croix désira "que
les Retraites
fussent établies, autant que possible, dans des lieux écartés, afin
que les missionnaires, de retour de leurs travaux, puissent, en
silence et loin du tumulte du monde, se refaire une santé, physique
et spirituelle."
9-2-La dernière mission de Paul de la
Croix
L'état de santé de Paul, de plus en plus
précaire, ne lui permettait plus de prêcher des missions. Toutefois,
"un jubilé extraordinaire ayant été publié à Rome en 1769, le
Saint-Père voulut qu'on donnât des missions aux habitants de la
ville sainte pour les exciter à une ferveur nouvelle..." Le Père
Paul fut désigné pour accomplir cette lourde tâche; la basilique de
Sainte-Marie au-delà du Tibre lui fut assignée. Malgré son état de
santé déplorable, il "prêcha avec une liberté tout apostolique,
sans ombre de respect humain. Animé d'un zèle ardent pour la gloire
de Dieu, il s'élevait avec vigueur contre les vices et les abus
dominants... Son zèle lui fournissait des forces..."
Le dernier jour de la mission,
l'affluence, déjà nombreuse les jours précédents, s'accrut
tellement, que la basilique et la grande place qui lui est contigüe,
étaient pleines de monde. "Et plusieurs milliers de personnes
durent retourner chez elles sans avoir eu la consolation de
l'entendre..." (Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint
Vincent-Marie Strambi – Chapitre 38)
Après la mission, en octobre 1769, pour
remercier plus parfaitement le Seigneur de la confirmation de
l'institut, "excité d'ailleurs par un sentiment particulier de
dévotion, il voulut visiter la basilique de Saint-Paul, son patron,
qu'il alla aussi vénérer à l'endroit de son martyre, aux
Trois-Fontaines..." (Chapitre 38) Puis il quitta Rome, le 27
mars 1770, pour visiter quelques retraites: Tarquinia, Corneto,
Argentario, notamment. Il passa à Ortebello et à Montalte dont la
population se pressa autour de lui; et il rentra à Rome où "le
Seigneur le visita de nouveau par la maladie: goutte, sciatique,
douleurs articulaires, et une fluxion dans les yeux... Le Père Paul
qui avait appris depuis longtemps, à l'école de l'oraison, à
recevoir tout de la main de Dieu, souffrit patiemment tous ces maux
et trouva sa paix et son repos dans le bon plaisir de Dieu."
(Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie
Strambi – Chapitre 39)
Nous sommes en juillet 1770. Paul se rend
chez le Saint-Père. L'accueil est si chaleureux qu'il se hasarde
"à dire humblement au Saint-Père, qu'il lui semblait expédient et
nécessaire d'introduire quelque réforme dans le clergé surtout
régulier. Il lui exposa en peu de mots son plan à cet égard, plan
entièrement conforme aux règles de la prudence chrétienne... Le
Saint Pontife approuva son intention d'engager efficacement les
prêtres, les prélats et surtout les évêques nouvellement ordonnés
qui recourraient à ses conseils, à être fidèles à la pratique de
l'oraison et de la vigilance, ainsi qu'au ministère de la
prédication qui est un des grands devoirs des évêques..."
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