SAINT PAUL DE LA CROIX
 1694-1775

 SA VIE ET SA SPIRITUALITÉ

9
Les missions

9-1-Les premières missions

Bientôt, fidèle aux desseins de Dieu sur sa personne, Paul de la Croix commença à aller régulièrement à Orbetello et à Portercole pour enseigner la doctrine chrétienne et le catéchisme. Jean-Baptiste allait au port Saint-Etienne donner des instructions au peuple. Mgr Christophore Palmieri, évêque de Soana, conféra aux deux frères le pouvoir de confesser. Tous ceux qui les voyaient reconnaissaient en eux de véritables serviteurs de Dieu, capables, pour le salut des âmes, de ne tenir aucun compte des fatigues et des mépris. En effet, ils ne sortaient de la solitude que pour annoncer le Royaume de Dieu et inviter les pécheurs à se réconcilier avec leur Seigneur et leur Père. Tout le littoral de Toscane fut ainsi évangélisé.

Des foules considérables allaient à leur rencontre et les conversions étaient très nombreuses; même les malfaiteurs et les bandits, et ils étaient nombreux alors, étaient assistés. Parfois des miracles accompagnaient les prédications de Paul. Par exemple[1], "un jour qu'on était menacé d'un orage, dont la vigne eût pu souffrir beaucoup, le Père Paul, sur les instances du peuple, fit le signe de la Croix avec le crucifix, et la grêle qui tombait avec force, laissa le raisin intact, tout en fouettant et en criblant les feuilles de la vigne."

Les fatigues et les pénitences des deux apôtres devinrent telles qu'elles ruinèrent leur santé, et, plus tard, le Père Jean-Baptiste fut obligé d'avouer: "Je me suis ruiné l'estomac dans les missions que nous avons données au voisinage de la mer. Les besoins étaient extrêmes, et je ne voulais rien prendre le matin avant le dîner, mais je m'appliquais à entendre les confessions; et c'est ainsi que j'ai ruiné ma santé".

Il en était de même pour le Père Paul qui eut l'estomac tellement affaibli, "qu'il finit par ne plus pouvoir incorporer la nourriture; à grande peine pouvait-il absorber un peu d'eau panée..."

Les missions terminées après une campagne de quatre ou cinq mois, les serviteurs de Dieu regagnaient leur solitude. Plus tard Paul de la Croix désira "que les Retraites[2] fussent établies, autant que possible, dans des lieux écartés, afin que les missionnaires, de retour de leurs travaux, puissent, en silence et loin du tumulte du monde, se refaire une santé, physique et spirituelle."

9-2-La dernière mission de Paul de la Croix

L'état de santé de Paul, de plus en plus précaire, ne lui permettait plus de prêcher des missions. Toutefois, "un jubilé extraordinaire ayant été publié à Rome en 1769, le Saint-Père voulut qu'on donnât des missions aux habitants de la ville sainte pour les exciter à une ferveur nouvelle..." Le Père Paul fut désigné pour accomplir cette lourde tâche; la basilique de Sainte-Marie au-delà du Tibre lui fut assignée. Malgré son état de santé déplorable, il "prêcha avec une liberté tout apostolique, sans ombre de respect humain. Animé d'un zèle ardent pour la gloire de Dieu, il s'élevait avec vigueur contre les vices et les abus dominants... Son zèle lui fournissait des forces..."

Le dernier jour de la mission, l'affluence, déjà nombreuse les jours précédents, s'accrut tellement, que la basilique et la grande place qui lui est contigüe, étaient pleines de monde. "Et plusieurs milliers de personnes durent retourner chez elles sans avoir eu la consolation de l'entendre..." (Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi – Chapitre 38)

Après la mission, en octobre 1769, pour remercier plus parfaitement le Seigneur de la confirmation de l'institut, "excité d'ailleurs par un sentiment particulier de dévotion, il voulut visiter la basilique de Saint-Paul, son patron, qu'il alla aussi vénérer à l'endroit de son martyre, aux Trois-Fontaines..." (Chapitre 38) Puis il quitta Rome, le 27 mars 1770, pour visiter quelques retraites: Tarquinia, Corneto, Argentario, notamment. Il passa à Ortebello et à Montalte dont la population se pressa autour de lui; et il rentra à Rome où "le Seigneur le visita de nouveau par la maladie: goutte, sciatique, douleurs articulaires, et une fluxion dans les yeux... Le Père Paul qui avait appris depuis longtemps, à l'école de l'oraison, à recevoir tout de la main de Dieu, souffrit patiemment tous ces maux et trouva sa paix et son repos dans le bon plaisir de Dieu." (Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi – Chapitre 39)

Nous sommes en juillet 1770. Paul se rend chez le Saint-Père. L'accueil est si chaleureux qu'il se hasarde "à dire humblement au Saint-Père, qu'il lui semblait expédient et nécessaire d'introduire quelque réforme dans le clergé surtout régulier. Il lui exposa en peu de mots son plan à cet égard, plan entièrement conforme aux règles de la prudence chrétienne... Le Saint Pontife approuva son intention d'engager efficacement les prêtres, les prélats et surtout les évêques nouvellement ordonnés qui recourraient à ses conseils, à être fidèles à la pratique de l'oraison et de la vigilance, ainsi qu'au ministère de la prédication qui est un des grands devoirs des évêques..."


[1] Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi - Chapitre 19.
[2] C'est-à-dire les maisons des Passionistes.

   

  

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