10
La mort du Père Jean-Baptiste Danei
Le Père Jean-Baptiste, frère de Paul et
son fidèle compagnon, avait été un extraordinaire collaborateur pour
l'établissement de l'œuvre des Passionistes. Exténué de travaux et
de pénitences, vivant dans une peine constante en raison des
désordres qui régnaient à l'époque dans le christianisme, dévoré par
son zèle, il tomba malade et rendit paisiblement son âme à Dieu, le
30 août 1765.
La douleur du Père Paul fut immense:
il perdait en lui le saint qui dès les premiers temps,
"avait
été le compagnon de ses prières, de ses veilles et de ses
austérité... un homme d'une magnanimité extraordinaire, un homme qui
était tout feu et toute ardeur dans l'exécution des desseins de
Dieu, un homme qui, initié à tous les secrets de son frère chéri,
partageait avec lui les sollicitudes inséparables de l'établissement
et du gouvernement de la congrégation. Mais, ce qui mettait le
comble à l'affliction du serviteur de Dieu, c'est que dans le Père
Jean-Baptiste, il perdait encore un ami qui l'avertissait avec
liberté et le reprenait chaque fois qu'il le croyait à propos...
Quelque grande cependant que fût sa
douleur, le Père Paul se résigna entièrement à la volonté divine.
Toutefois, bien différent de ceux qui s'imaginent que la vertu doit
être insensible, il ne prétendit pas dissimuler qu'il était homme,
ni refuser un tribut de larmes à son frère... Dans le cours de la
maladie... il resta près du lit de son frère malade, l'aidant et le
servant de ses propres mains. Comme il l'aimait en Jésus-Christ, il
était encore plus attentif à lui donner des secours spirituels et à
l'exciter au saint amour, le disposant ainsi à aller au-devant des
embrassements du divin Rédempteur, dont la maladie faisait sentir
l'approche...
Souvent, aussi, afin de purifier toujours
davantage dans le sang de l'Agneau immaculé cette âme bénie, il lui
donnait l'absolution sacramentelle... Enfin, quand il le vit à
l'agonie et près de sa fin, tous les religieux étant réunis dans la
chambre du moribond, il entonna à haute voix et avec un redoublement
de ferveur, le Salve Regina..."
(Vie du bienheureux Paul de la Croix, par
Saint Vincent-Marie Strambi – Chap. 36)
|