Introduction I

Les personnes qui lisent les psaumes pour la première fois sont généralement scandalisées: en effet, dans les psaumes il est trop souvent question de guerres, de combats inexpiables, de haines et de désirs de vengeance. Certes, les tout derniers versets des psaumes sont généralement un cri de louange envers Dieu, mais uniquement pour Le louer de sa Justice qui juge la terre, avec justice, certes, mais sans aucune pitié. Le psaume qui met le mieux en évidence ce que nous venons de dire est incontestablement le psaume 57[1].

Ce psaume est attribué à David, mais, faisant suite au psaume 56, également attribué à David lorsqu'il se réfugia dans une caverne, quand il était poursuivi par Saül, on peut supposer qu'ayant cherché refuge auprès de Dieu, et ayant imploré sa pitié, disant: "Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi! Car en toi mon âme cherche un refuge; je cherche un refuge à l'ombre de tes ailes, jusqu'à ce que les calamités soient passées…" (Ps 56, 1 et 2)[2], il ait ensuite, dans sa colère, laissé passer sa rancœur contre les hommes injustes: "Vraiment, vous bâillonnez la justice, vous qui jugez! Est-ce le droit que vous suivez, fils des hommes? Mais non, dans vos cœurs vous commettez le crime; sur la terre vos mains font régner la violence." (Ps 57, 2 et 3)

Puis, le psalmiste fait le portrait des méchants dont s'inspirent les fils des hommes: "Les méchants sont dévoyés dès le sein maternel, menteurs, égarés depuis leur naissance; ils ont du venin, un venin de vipère, ils se bouchent les oreilles, comme des serpents qui refusent d'écouter la voix de l'enchanteur, du charmeur le plus habile aux charmes." (Ps 57, 4 à 6) D'où un appel au Dieu juste et vengeur: "Dieu, brise leurs dents et leur mâchoire, Seigneur, casse les crocs de ces lions: qu'ils s'en aillent comme les eaux qui se perdent! Que Dieu les transperce, et qu'ils en périssent, comme la limace qui glisse en fondant, ou l'avorton qui ne voit pas le soleil! Plus vite qu'un feu de ronces ne lèche la marmite, que le feu de ta colère les emporte!" (Ps 57, 7 à 10)

Alors ce sera la joie pour l'homme vengé qui reconnaîtra l'existence de Dieu: "Joie pour le juste de voir la vengeance, de laver ses pieds dans le sang de l'impie! Et l'homme dira: Oui, le juste porte du fruit; oui, il existe un Dieu pour juger sur la terre." (Ps 57, 11 et 12) Comme on est loin du pardon préconisé par Jésus! Alors, comment expliquer que l'Église ait retenu les psaumes pour soutenir sa prière quotidienne? C'est ce que nous essaierons de faire tout au long de cette étude.


[1] Remarque importante: la numérotation retenue pour les psaumes, est celle que l'on retrouve dans la liturgie catholique. Le psaume 57 ne figure pas dans le psautier de la liturgie catholique.
[2] Voir annexe 3.

   

  

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