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Le repas pascal et l'Eucharistie
6-1-Pourquoi l'Eucharistie?
Nous le savons, tous les hommes sont
pécheurs; beaucoup d'hommes sur la terre sont devenus très malheureux à cause de
leurs péchés. Ne comprenant pas les raisons de leurs malheurs, ils crient leur
désespoir... Ils appellent au secours: ils ne savent d'ailleurs pas qui,
accusant même un éventuel dieu, auquel ils ne croient pas, d'être la cause de
toutes leurs détresses... Mais Dieu, le seul et unique Dieu, le vrai Dieu trop
souvent oublié, “entend le cri” de ses enfants malheureux. Et vrai Père, Il se
“penche” vers ses enfants rebelles et pécheurs, et Il “voit” qu’ils ne savent
pas ce qu’ils font... Il doit leur apprendre sa vérité et son amour... Mais
comment faire?
Dieu est si grand et les hommes si
petits! Comment leur faire comprendre qu'Il les aime, ses petits? Alors l'Esprit
de Dieu eut une idée “géniale”. Il allait envoyer le Fils. Le Fils se ferait
l’un de ces hommes et Il vivrait avec eux, comme eux: d’ailleurs, c’était
absolument nécessaire, car c’était avec les hommes que le Fils devait construire
son Corps mystique. De toute éternité, le Père et le Fils, dans leur commun
Esprit, préparaient le Corps mystique qui rassemblerait, dans le Fils, donc
aussi dans le Père et avec l’Esprit, toute la Création... Mais pourquoi
l’Eucharistie?
Le Père nous a conté la parabole de
Jonas. Il voulait nous montrer sa miséricorde et son amour. Il voulait nous
montrer qu'Il est Quelqu’un de très proche de nous malgré l’infinie distance qui
nous sépare. Il voulait nous dire qu'Il était Amour. Mais cela nous ne pouvions
pas le comprendre tout de suite; alors son Fils est venu chez nous, mais Il ne
pouvait pas rester toujours sur notre terre d’épreuves. Il devait retourner vers
le Père... Pourtant Il ne voulait pas nous laisser orphelins: nous sommes trop
fragiles... Alors, au moment de nous quitter, avant de vivre la tragédie de la
Croix, le Fils de Dieu, qui voulait rester avec nous pour continuer à nous
porter et à nous éduquer, Jésus, le Fils du Père, inventa l’Eucharistie...
L'Eucharistie, c'est le sacrifice du
Fils, accepté et même désiré, c’est sa présence continuée au milieu de nous,
c’est son amour partagé, c’est son Cœur, le Cœur de Dieu qui vit une joie divine
et éternelle, car ses enfants chéris sont sauvés. L’Eucharistie, c’est le
sacrifice du Seigneur Jésus, mais c'est aussi son action de grâce éternelle dans
le Cœur du Père, avec la Création tout entière qui crie de bonheur.
Quel émerveillement incroyable quand
on réalise que, dans une hostie consacrée, le Père et l’Esprit, sont là, avec
Jésus; nous ne savons pas comment, mais nous savons que c'est Dieu réellement,
puisque le Père et Jésus sont UN dans l’Esprit... En recevant le Corps du
Christ, nous recevons la Trinité. D'ailleurs, le cardinal Ignace Moussa I Daoud,
préfet de la congrégation pour les Églises orientales, écrivit en octobre 2005:
Pour ce qui concerne la dimension trinitaire de l'eucharistie:
-Nous recevons la Sainte Eucharistie
du Père Céleste qui nous a envoyé son Fils; du Fils qui s’est incarné et s’est
offert en sacrifice sur la croix; de l’Esprit Saint qui est descendu sur Marie
et qui sanctifie le pain et le vin lors de la célébration eucharistique. Sans
l’action de la Très Sainte Trinité, nous n’aurions ni Incarnation, ni
Rédemption, ni Eucharistie, ni Communion.
À propos de la
dimension mariale, le cardinal Ignace Moussa I Daoud ajoutait:
- Nous recevons également le don de
l’Eucharistie des mains de Marie. Dieu a disposé que, grâce à Elle,
l’incarnation, la rédemption, l’Eucharistie et la communion, arrivent jusqu’à
nous. Marie fut la première à recevoir en son sein le Corps et le Sang du
Christ. L’Incarnation fut la première communion de l’histoire. Le premier
tabernacle fut son Cœur Immaculé. La liturgie syriaque invoque Marie, qui porte
en son sein l’Enfant Jésus, en l’appelant “second Ciel”. Avant tout apôtre et
tout prêtre, c’est Marie qui a donné Jésus au monde. Marie et l’Eucharistie ne
peuvent être dissociées!»
6-2-L'institution de l'Eucharistie
6-2-1-Le Cœur de Jésus saigne
Jésus vient de vivre sa dernière
Pâque juive. Il doit maintenant instituer la première Pâque de l'alliance
nouvelle, la première Pâque chrétienne et avant même l’Heure de Gethsémani, Il a
envie de crier au Père qui vient de Le glorifier: “Ô Père, aie pitié de tes
enfants!” Il est, en effet, l'Agneau Pascal qui sera bientôt sacrifié. Il
sait combien ses apôtres auront à souffrir avec Lui, à cause de Lui: “Comme
ils M’ont persécuté, ils vous persécuteront...” Et Il voyait aussi les
siècles se succéder... Il voyait ses martyrs, Il voyait tous ceux qui
L’aimeraient assez pour Lui rester fidèles; Il voyait aussi au cours des
siècles, toutes les défections de ceux qui auraient dû soutenir ses enfants...
et Il voyait aussi, ô terreur, tous les reniements de son Église. Il voyait le
XXème siècle et ses millions de morts et de martyrs, Il voyait le XXIème
siècle... Jésus nous voyait tous.
Jésus voyait aussi tous ses petits
qui, pour Lui rester fidèles auraient besoin d’être fortement soutenus. Jésus
voyait tous ceux qui auraient faim de Lui, qui ne pourraient se soutenir sans
Lui, et qui L'appelleraient de toutes leurs forces. Jésus savait, en cette heure
si spéciale, qu'Il serait leur seule force, qu’ils auraient besoin de Lui, de
son aide, de sa présence. Mais maintenant, c’était l’Heure, et Il devait partir,
il le fallait. Jésus savait tout, et Il souffrait tout, toutes les douleurs
humaines, de leurs corps et de leurs cœurs, car Il devait connaître toute la
souffrance des hommes. Le Cœur de Jésus saigne, et c’est terrible un cœur qui
saigne. Oui, il faut qu'Il fasse quelque chose.
Le Cœur de Jésus
saigne, mais ses larmes ne doivent pas être vues de ses apôtres: seul le Père
doit connaître l’immensité de sa douleur née de la douleur de tous ses enfants
de tous les siècles... Seul le Père doit connaître les larmes de son Cœur qui
saigne. Le Cœur de Jésus saigne, et il doit devenir action de grâces. Le Cœur
de Jésus est devenu action de grâces et Il peut maintenant instituer le miracle
perpétuel qui accompagnera désormais tous les hommes de tous les temps et de
toutes les nations. Le Cœur de Jésus est devenu Eucharistie, Action de grâces et
Il lève les yeux au Ciel: “Oui! Père!
Merci, Père!”
6-2-2-La première Eucharistie
Le Cœur de Jésus est
devenu Action de grâces... Alors, Jésus prend le pain qui est devant Lui, et Il
rend grâce au Père. Il prend le pain, Il le bénit, Il le rompt comme Il l’a si
souvent fait avec ses apôtres. Il bénit le pain, Il le rompt et le donne à ses
apôtres en disant: “Prenez, et mangez-en
tous: ceci EST mon Corps livré pour vous.”
Les apôtres ont pris le pain et
l’ont mangé machinalement: comment auraient-ils pu comprendre ces paroles si
énigmatiques? Les apôtres ont mangé le pain béni par Jésus, et voici qu’ils se
sentent enveloppés d’un amour étonnant: oui Jésus les aime, et c’est Dieu qui
les aime ainsi. Ce n’est pas encore très clair dans leur esprit, mais ils savent
que quelque chose de très grand vient de se passer. Et ils prient intensément...
Mais voici que Jésus prend aussi la
coupe remplie de vin: que va-t-Il faire? Jésus bénit la coupe, mais
contrairement à ses habitudes, Il ne boit pas. Non, Il fait passer la coupe à
ses apôtres, en leur disant: “Oui, oui, buvez-en tous car ce vin, c’EST mon
Sang versé pour vous.” Les apôtres boivent sans comprendre, étonnés, mais
soudain remplis d’une si grande joie, d’un si grand bonheur, d’un bonheur
intérieur qu’ils ne connaissaient pas encore. Ce bonheur est tellement intense
qu’ls ne peuvent pas parler: ils peuvent seulement regarder le Maître, en
silence, attendant un nouvel enseignement.
Les apôtres viennent de communier au
Corps et au Sang du Christ pour la première fois. Ils sont pleinement heureux,
mais pourtant encore bien fragiles. Nourris de l’action de grâces de Jésus ils
pensent être assez forts pour mourir avec Jésus. Ils se croient capables de
résister à toutes les tentations malgré les mises en garde de Jésus: “Veillez
et priez pour ne pas entrer en tentation!”
Les apôtres sont heureux et pleins
de joie. Ils sont prêts à suivre leur Maître. Jean est toujours penché sur la
poitrine de Jésus: il boit ses paroles. Nourri du Cœur de Jésus qui vient de
donner son Eucharistie, rempli d’un amour plus grand que lui, il sera le seul à
suivre Jésus jusqu’à la Croix. Jean est rempli d’amour car il doit devenir le
disciple de l’Amour et assister au martyre de Jésus. Mais les autres? Les autres
étaient encore trop sûrs d’eux... Ils devaient apprendre l’humilité qui leur
permettrait de comprendre l’infini de l’amour de Jésus dans son Eucharistie. Il
leur fallait de nouvelles forces, celles que l’humilité de Jean, et son amour,
lui avaient déjà données pour accomplir sa redoutable mission: être demain soir,
au pied de la croix avec Marie dont il devait devenir le fils.
6-2-3-Et Judas
Jésus est dans la salle du Cénacle,
entouré de ses apôtres qui viennent de faire leur première communion. Il fait
bon près de Jésus, bien qu'ils ne comprennent pas toujours ses discours. Mais
pour rien au monde ils ne Te quitteraient. Il y a bien Judas déjà envahi par
Satan, et qui n’attend qu’une occasion pour fuir discrètement: car laver les
pieds de son prochain comme le Maître vient de le faire, et comme Il le
conseille!!! non, non et non! Et puis, Il a également l’audace de demander
d’aimer ses ennemis, même les Romains! Non, vraiment Jésus perd vraiment la
tête: aimer les romains... cela, jamais!
Judas s’agite, et bientôt, Jésus qui
veut sauver le traître en lui montrant qu'Il connaît ce qu'il fait, lui offre la
bouchée de pain de l’amitié et lui dit: “Ce que tu fais, fais-le vite!”
Le sacrifice est accompli; le Père l’a accepté et glorifie le Fils. Mais Judas
ne comprit pas l'Amour qui voulait le sauver; il prit la bouchée de pain et
sortit... Il faisait nuit.
Nous ne savons pas si Jésus a
institué l'Eucharistie avant ou après le départ de Judas; peu importe. Son Cœur
était déjà Eucharistie depuis l’instant où, Maître et Seigneur, Il avait dû,
selon la coutume juive, sacrifier l’agneau pascal. En le sacrifiant, Jésus ne
pouvait pas éviter de penser que dans quelques heures, ce serait lui le
véritable Agneau Pascal qui serait sacrifié. Déjà, avant même Gethsémani, Jésus
savait.
En cette heure étonnante où la peur
de Jésus se changeait en action de grâce, son cœur était plein de bonheur, un
bonheur divin inexprimable en termes humains. C'est alors qu'Il prit du pain,
car Il savait combien ses enfants de tous les siècles auront faim: oui, beaucoup
de pauvres affamés auront faim de pain matériel et soif d'eau potable. Jésus
connaissait aussi les faims de Dieu de ses enfants des pays riches, enfouis dans
les excès de nourritudes terrestres mais affamés dans les déserts athées
6-2-4-En résumé
Jésus vint sur la terre et y vécut
comme un homme, un homme véritable, soumis aux mêmes contingences que nous. Et
pourtant Il était aussi le Fils bien-aimé du Père, Il était Dieu incarné au
milieu des hommes. Et Il aimait les hommes... Il aime toujours les pauvres
hommes que nous sommes, ces pauvres hommes qui pourtant L’ont crucifié, sans
savoir ce qu’ils faisaient.
Jésus vint sur la terre, et Il est
toujours au milieu de nous, par son Eucharistie. Et nous pouvons Le recevoir,
nous pouvons recevoir son Corps et son Sang, et son Être tout entier. Nous Le
recevons, tout entier caché dans une Hostie consacrée. Et Il est là, en chacun
de nous, dans nos cœurs, tout entier, vivant, présent et agissant. Il y a encore
plus étonnant: si Jésus est là, dans son Eucharistie, le Père aussi est là
puisque le Père et le Fils sont UN.
Parfois nous sommes comme écrasés;
nous avons besoin que Dieu nous aide, qu'Il nous soutienne dans nos méditations.
Jésus est UN avec le Père. Là où le Père et le Fils sont, il y a immanquablement
l’Esprit. Donc, quand nous recevons Jésus dans son Eucharistie, c’est la Sainte
Trinité tout entière qui vient nous visiter, qui se dérange pour nous!!!
6-3-La Sainte Trinité et
l'Eucharistie
6-3-1-Christ Eucharistique, Cœur de
la Trinité
Contemplons Jésus en ce dernier jour
de sa vie libre sur la terre. Son Cœur Eucharistique rend grâce au Père, car
l’Heure est toute proche. Il est imminent l’instant sacré où, concrètement, Il
donnera à ses disciples le Pain et le Vin devenus son Corps et son Sang. En
attendant, Il enveloppe d’amour tes apôtres rassemblés autour de Lui... Il
essaie de leur faire comprendre ses enseignements d’amour. Il rend grâce au Père
qui Lui permet de leur partager et de leur faire sentir l’amour que l’Amour a
pour eux. Il leur redit qu'Il ne les laissera jamais orphelins, qu'Il sera
toujours avec eux, même quand Il semblera absent.
Qui peut comprendre ces
choses? Nous contemplons Jésus partageant le Pain et le Vin... Le Père L’a déjà
glorifié, car depuis longtemps Il est offert au Père, à la Trinité Sainte; Il
est la victime bénie qui sauve le monde. Jésus, offert au Père, s'offre aux
hommes. Il sait que, incessamment, Il va être humilié, outragé, brisé,
abandonné, méconnu et méprisé. Il sait que cela durera pendant des millénaires,
car Il voit aussi ses tabernacles solitaires, oubliés. Il sait aussi que parfois
on Le chassera... Le Cœur de Jésus est lourd, sa souffrance est infinie, mais
c’est le prix de notre salut. Alors, lentement, Il prend le pain:
“Prenez et mangez, ceci est mon Corps livré pour
vous...”
Quand nous contemplons le Cœur
Eucharistique de Jésus nous pensons non seulement à Jésus, quand Il se sentait
comme écrasé par la volonté du Père, mais parfois également, à la Très Sainte
Trinité. Car la volonté du Père c’est la volonté de Dieu au sein de la très
Sainte Trinité; c'est donc la volonté de Jésus, et celle du Saint-Esprit. La
décision d’envoyer le Fils de Dieu sur la terre, fut prise en commun, au sein de
la Trinité. Le Verbe de Dieu, Fils du Père, prit en union avec les deux autres
Personnes divines, cette décision: Il s’incarnerait en Jésus-Christ.
Ainsi, au sein de la Trinité, la
décision fut prise de sauver le genre humain, de sauver l’homme devenu pécheur
et malheureux. Mais la distance existant entre Dieu et l’Homme était telle que
la Rédemption de l’humanité ne pouvait se faire que par un homme, un homme qui
ferait la volonté de Dieu, toute la volonté de Dieu, malgré les aléas et les
obstacles que l’ennemi ne manquerait pas de multiplier. Il fallait donc un Homme
très fort, plein d’amour et de générosité, un Homme capable de résister à toutes
les tentations de son ennemi et d’accepter toutes les souffrances que le Mauvais
lui préparerait. La tâche était immense, infinie, hors de la portée de n’importe
quel homme. Que faire?
Que faire? se disait
Dieu. Alors, l’un des Trois émit l’idée qui était celle des deux Autres: Dieu
par son Verbe devait prendre ce risque, aller chez les hommes, leur dire la
Vérité divine et l’Amour infini de Dieu pour eux, et les ramener à la Maison,
dans le Cœur de leur Créateur. Mais les hommes sont si petits, si petits, qu’ils
ne peuvent comprendre le langage de Dieu que si Dieu Lui-même se “fait” l’un
d’entre eux, que si Dieu Lui-même s’incarne.
“Alors le Verbe se fit chair, et Il habita parmi nous...”
En venant chez nous le Fils du Père
prenait tous les risques que la Trinité avait décidés. Pour rester avec les
hommes, lorsque le temps serait venu où le Fils devrait rejoindre le sein de la
Trinité, le Cœur du Fils se ferait Eucharistie, action de Grâces infinies, le
Cœur de chair du Fils se ferait Nourriture céleste, Signe merveilleux pour les
hommes du pardon de Dieu, de son Amour pour eux et de sa présence parmi eux.
6-3-2-Le Verbe se fit Eucharistie
Et le Verbe se fit Eucharistie!
Mystère des mystères!
Jésus, sur la terre, Jésus incarné
est un homme parmi les hommes, mais Il est aussi Dieu. Verbe Incarné, Il est
Fils de Marie, et Il est une seule et unique personne, une personne comme nous
malgré sa divinité. Sa personne est totalement unifiée... Elle est l’union
extraordinaire de la Trinité et de l’homme charnel, de l’Esprit et de la
chair... Fils de l’Homme, il y a en Jésus, toute la faiblesse de l’Homme sauf le
péché. Verbe Incarné, Il est toute la Sagesse de Dieu... Donc Il sait.
Jésus sait, c’est
évident; d’ailleurs c’est Lui, Verbe de Dieu, qui, au sein de la Trinité, a
défini tout ce qui concernerait la personne de Jésus. Alors pourquoi dut-Il, un
jour, renouveler son acceptation à la volonté du Père qui est aussi la sienne?
Pourquoi ses tentations? Pourquoi l’angoisse de Gethsémani, sa sueur de Sang et
son cri: “Père, si c'est possible,
éloigne de Moi ce calice!”
Le Verbe se fit Eucharistie, car le
Cœur de Jésus, son Cœur Eucharistique est la Tendresse du Père, dans l’amour de
l’Esprit-Saint. C'est la présence de la Sainte Trinité dans le Cœur
Eucharistique de Jésus. Ainsi, Dieu infini, sans limite, Intelligence
insondable, Être inconnaissable qui remplit toutes choses, est présent d’une
manière connaissable et sensible dans l’Action de Grâces stupéfiante que Jésus
donne aux hommes que Dieu veut sauver, par son Eucharistie.
6-3-3-Méditation, contemplation
Maintenant, Jésus, nous voulons
rester quelques instants près de Vous, à contempler l’Hostie et le crucifix lié
à l’image de votre Sacré-Cœur les bras ouverts en Croix. Car le Sacré-Cœur se
confond vraiment avec la Croix.
Le Cœur de Jésus, son Cœur
Eucharistique, image de son Amour, Amour du Fils pour le Père et du Père pour le
Fils, Amour tellement intense qu’Il se personnifie dans l’Esprit-Saint, c'est le
Cœur de la Trinité. Pensant à la Cène, nous imaginons les mains de jésus
remplies de l’Amour de son Cœur qui va se donner à nous, pour l’éternité; voici
le blé transformé en pain par le travail des hommes, voici le raisin transformé
en vin. Voici ses mains changeant le pain et le vin en son Corps et en son Sang,
afin de pouvoir rester avec les enfants des hommes dont la compagnie fait les
délices de Dieu...
Mais bientôt l’Homme-Dieu, montrant
son Sacré-Cœur, son Cœur devenu Eucharistie, l’Homme-Dieu ouvrant les bras,
l’Homme-Dieu devient Croix... Et la terre qu'Il avait tenue un moment entre ses
mains, la terre est retombée sous les pieds de la Croix. Le Sacré-Cœur de Jésus,
ce Cœur que nous contemplons est devenu Hostie, Hostie brillante, brûlante
d’Amour. Et nous comprenons mieux maintenant que l'Eucharistie, c’est Jésus, le
Verbe de Dieu brûlant d’Amour pour sa Création et pour ses créatures choisies,
les hommes. De son Cœur Eucharistique jaillissent chaque jour des millions de
petites Hosties, étincelles d’Amour, étincelles vivantes qu'Il nous envoie pour
nous donner la Vie. Nous comprenons que les millions d’Hosties, semées de par le
monde, sont vraiment le Cœur de Jésus, son Cœur tout entier, le Cœur de
Dieu-Amour, le Cœur du Père et du Fils, le Cœur de l’Amour d’où jaillit
l’amour.
Jésus-Eucharistie, nous nous
plongeons dans le brasier de votre Amour d’où jaillissent les milliards
d’Étincelles d’Amour. Chaque jour nous pouvons saisir une de ces Étincelles, une
Hostie qui est Vous. Quelle merveille! Nous sommes près de Vous, Jésus... Votre
Cœur Eucharistique, c’est votre action de grâce, votre Amour qui éclate, en
milliards d’étincelles, pour enflammer les Cœurs, pour purifier les âmes et leur
donner la vie, votre Vie.
Votre Cœur Eucharistique c’est le
Cœur de l’Homme-Dieu, c'est le Cœur du Verbe Éternel de Dieu, Fils Unique du
Père, le Bien-Aimé de Dieu-Père qui a mis en Vous “toutes ses complaisances...”
Votre Cœur Eucharistique c’est le Cœur du Sacré-Cœur dont les bras accueillants,
grands-ouverts, se fondent avec ceux de la Croix, la Croix née de la terre.
Votre Cœur Eucharistique, ô Jésus, c’est l’Amour né de vos deux Amours Père et
Fils et d’où jaillit l’Esprit, l’Esprit qui domine tout et embrase les mondes...
Votre Cœur Eucharistique, ô Jésus, c’est le Cœur de la Trinité, le Cœur de
Dieu-vivant, le Cœur de l’Amour Éternel.
Et nous tous, les hommes, petits
foyers d’amour nourris par les racines de votre Croix, nous nous efforçons de
recueillir pour nos frères souffrants les étincelles d’Amour qui leur donneront
la force qu’il leur faut pour remonter vers Vous, vers votre Cœur, Cœur de Dieu,
Cœur de la Trinité, Cœur de l’Amour Vivant, que nous adorons...
6-3-4-Merveilleuse Eucharistie
Jésus! merveilleux Amour! Vous nous
avez faits pour Vous, parce que Vous êtes Amour et l’Amour n’est que don,
l’Amour n’est que partage. L’Amour est relation et relation d’Amour. Au sein de
la divine Trinité, Vous avez tout pour satisfaire l’Amour que Vous êtes, mais
votre Sagesse infinie a désiré faire connaître cet Amour que Vous êtes, à des
êtres que Vous vouliez créer, créer et façonner à votre image, des êtres que
Vous vouliez modeler avec un Amour infini pour qu’ils puissent Vous connaître,
pour qu’ils puissent Vous aimer. Pour qu’ils puissent Vous aimer, et s’aimer les
uns les autres, car Vous les aimez tous, car Vous êtes l’Amour...
Pendant des siècles, une seconde
pour Dieu, une simple seconde de son éternité, Dieu a développé en nous une
extraordinaire puissance d’aimer en nous partageant son Amour et en nous
commandant: “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton
âme et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.” C’est toujours
l'unique commandement, car nous sommes toujours dans la merveilleuse seconde de
l'éternité. C’est aussi notre liberté, car le commandement de Dieu est offert à
notre liberté: “Aime-moi, librement, car l’Amour n’est pas contrainte. L’Amour
est don, et don libre.”
En nous créant, en faisant de nous
des petites créatures très complexes, à la fois matérielles et spirituelles, des
petites créatures destinées à faire le lien entre les univers de la matière
inerte et sans pensée, et le monde des esprits, le Seigneur savait qu’il
faudrait sans cesse les fortifier et sans cesse les nourrir. Il faudrait nourrir
leur corps, car leur vie est matière. Il faudrait aussi nourrir l’esprit, leur
esprit lié à la chair, leur esprit qui sur la terre ne peut vivre que s'il a de
quoi s’alimenter.
Mais le péché nous a blessés, il
nous meurtrit toujours, nous brise et nous détruit, car pour nous aujourd’hui,
le mal nous vide de notre vie en nous éloignant de Dieu, en nous séparant de
Dieu... Mais ce même péché nous conduit toujours à la Croix de Jésus qui a
accepté de prendre sur Lui tous nos péchés, de devenir “péché” Lui-même pour
réparer nos fautes, nous rendre l’amitié du Père et nous sauver. Jésus veut
toujours, chaque instant de son éternité, nous donner la seule nourriture qui
convienne à notre être corps et esprit, la seule nourriture qui nous donne
l’Amour, qui nous vivifie d’Amour, Jésus veut toujours nous donner son
Eucharistie.
Merveilleuse Eucharistie qui nous
rend Jésus présent. Merveilleuse Eucharistie, qui jaillit de son Cœur, son
Sacré-Cœur, merveilleuse Eucharistie, Amour Eucharistique du Cœur du Verbe de
Dieu, Amour Eucharistique de la Trinité qui partage son Amour, nous Vous
adorons.
Merveilleuse Eucharistie de l’Amour
qui se donne à ses créatures pour les vivifier, les combler de l’Amour,
Merveilleuse Eucharistie, étincelles d’Amour, étincelles de l’Amour, nous Vous
adorons et nous Vous aimons
6-4-L'Eucharistie et nous.
6-4-1-Les vertus cachées
Comme tout ce qui vit sur la terre,
les petits foyers d'amour que les hommes doivent devenir, ne peuvent survivre
qu’en assimilant les sucs nourriciers que sont les vertus humbles et cachées,
pour devenir sève, une sève qui pourra alimenter d’autres petits foyers et
maintenir la vie en brûlant, comme un carburant brûle dans un moteur, mais sans
jamais apparaître, sans jamais se montrer. C’est seulement quand le moteur est
en panne d’essence ou de fuel que l’on comprend l’utilité du carburant.
Curieuse image, curieuse comparaison
qui nous fait comprendre la vie de Dieu en nous. La sève qui coule dans les
veines d'un arbre a été soigneusement purifiée, enrichie par les racines pour
nourrir l’arbre tout entier et ceux qui s’abritent et vivent sur l’arbre. Pour
nous, la sève de nos vies, c’est le Sang de Jésus.
Au plus profond de
chaque cœur, de chaque âme, il existe des vertus rares et cachées, d’humbles
vertus qui ne font pas de bruit, que l’on remarque tellement peu que
généralement on les oublie, ces humbles vertus d’humilité, de pauvreté, de
douceur, d’obéissance, ces vertus qui furent l’apanage du Cœur de Jésus, les
seules dont Il se glorifia: “Apprenez de
moi que je suis doux et humble de cœur.”
Ces vertus humbles et cachées sont
comme les substance nutritives de la sève, laquelle ne paraît jamais au grand
jour mais alimente doucement, discrètement les petits foyers d’amour qui
pourront devenir sève eux aussi tout en restant eux-mêmes hâvres de chaleur et
de lumière. Devenir sève, quand on vit sur les racines du grand Arbre de la
Croix, c’est devenir le Sang de Jésus, ce Sang qui alimente tout le Corps
mystique.
Devenir sève, c’est devenir Sang de
Jésus, c’est monter dans le tronc, c’est irriguer le bois de la Croix, c’est
monter, comme le fait le Sang vers le Cœur de Jésus pour y recevoir l’impulsion
d’Amour et repartir vers d’autres tâches, les tâches de l’Amour. Ainsi, le
pécheur repenti revenu au bercail, imitant l’enfant prodigue accueilli par le
Père dans un ineffable embrassement d’Amour, pardonné et revêtu de la robe
nuptiale, ainsi le pécheur repenti, nourri et conforté, doit bientôt se remettre
au travail: d’abord réparer ses fautes puis aller, à son tour, sauver ses
frères.
Tout cela c’est l’appel du Seigneur
à la contrition, puis le stage auprès des petits foyers stations-services, puis
le travail de pompage de la sève nourricière: les vertus humbles et cachées du
Maître de l’Amour, la transformation totale en Celui que l’on aime, la
transformation en son Sang, sève qui s’efface, qui brûle et se consume pour
faire vivre ceux que Jésus est allé chercher, puis la montée vers le cœur et
l’arrêt bienheureux dans l’Amour.
Mais il faut repartir, continuer,
alimenter les uns, purifier les autres, recharger leurs batteries. Alors il faut
passer par le poumon de la Croix, pour décharger les scories dont on s’était
chargé, se remplir de l’oxygène de l’Amour, et repartir encore, mais repartir
dans le Sang de Jésus, avec le Sang de Jésus, la sève de la vie.
Il faut devenir pour ses frères
comme le Sang de Jésus, du sang mêlé à son Sang, son Sang qu’on ne voit pas mais
qui donne la vie, ce sang qui repart toujours pour donner la vie. Car il n’y a
jamais d’arrêt dans le Corps mystique du Christ. L’extase dans son cœur ou dans
ses poumons ne dure que pour, discrètement, humblement, retourner vers les
autres...
Mais c’est fatigant d’être dans le
Sang Jésus, d’être devenu son Sang. Parfois nous sommes bien las, nous avons
besoin d’oxygène, nous aussi. Alors, arrêtons-nous un peu, juste le temps
d’aller du Cœur de Jésus à ses poumons et respirer près de son Eucharistie, dans
son Cœur Eucharistique. Et nous repartirons plus forts, armés des vertus cachées
et humbles. Nous repartirons, sachant que c’est Jésus qui vit en nous.
6-4-2-Méditation sur la foi
"Jésus, ayant aimé les siens qui
étaient en ce monde les aima jusqu'au bout!"
Jésus nous a aimés jusqu’à nous donner son Corps à manger et son Sang à boire,
jusqu’à se livrer tout entier pour nous, dans une Action de grâce infinie,
l’Action de grâce éternelle qui précéda ses Agonies, ses Agonies avant la Croix.
Contemplons et j’adorons le Cœur
Eucharistique. Regardons le prêtre qui consacre, le prêtre par qui Jésus vient
jusqu’à nous, pour rester avec nous... Nous regardons le prêtre, nous regardons
l’Hostie, nous regardons le Calice, et voici que nous crions:
- Jésus, augmentez notre foi, c’est
si difficile la foi! Vous restez si souvent invisible... C’est parfois si
difficile de croire à votre présence vivante et réelle, sur l'autel. Et comment
les hommes d’aujourd’hui, englués dans leur rationalisme, qui ne sont même plus
capables de voir l’évidence, comment pourraient-ils croire à votre présence
réelle et vivante dans une bouchée de pain?...
Pourtant votre Création nous crie
votre présence, votre existence et votre Amour! Péguy Vous faisait dire: “La
foi, çà ne m’étonne pas, dit Dieu, j’éclate tellement dans ma Création!”
Vous éclatez Seigneur, dans votre
Création, mais les hommes d’aujourd’hui ne savent plus Vous voir... Alors nous
crions vers Vous Seigneur, nous crions:
- Montrez-Vous. Venez aider les
pauvres hommes qui ne savent plus voir, qui ne savent plus comprendre, qui ne
savent plus rien, rien de votre Essentiel, rien de votre présence, rien de votre
Existence.”
Car Vous existez bien mon Dieu! Vous
êtes même l’Être! L’Être infini qui donne l’être, mais un être fini aux êtres
que nous sommes. Mais c’est si difficile, Seigneur, d’avoir la foi dans notre
monde perdu, dans notre pauvre monde soumis à tant de forces hostiles qui le
tirent vers le bas. Le monde où se meuvent les hommes, tous les hommes de la
terre, c'est comme une immense passoire, un gigantesque filtre. Il y a des
multitudes de petits trous, des mailles minuscules et des mailles plus grosses.
Et de part et d’autre du filtre, des forces antagonistes arrachent du sol pour
conduire vers le haut, ou poussent vers le bas, vers le mal, vers l’abîme
éternel, des êtres sans amour.
Placés entre ces forces contraires,
les hommes ont à se battre: soit monter en se faisant aider et porter par les
forces du haut, pour s’en aller vers Dieu qui est Amour, soit se laisser glisser
avec facilité vers les profonds abîmes, entraînés irrésistiblement par les
forces du bas. Et selon que les forces antagonistes agissent plus ou moins, les
pauvres hommes échappent aux mailles dangereuses du filtre, et passant par les
portes étroites des fines mailles du filtre, peuvent monter vers Dieu; ou bien
passant à travers les trous pleins d’appâts perfides des grandes mailles,
s’abandonnent au désespoir des mondes infernaux.
Alors nous réalisons que l’Homme
créé par Dieu vivant, l’Homme qui "est" puisque l’Être lui a donné d’être,
l’Homme est vraiment au centre du monde. Les hommes de l’Antiquité ont longtemps
cru cela. Nous nous sommes bien moqués d’eux, nous, hommes modernes, si
arrogants de notre science. Pourtant!
Oui, pourtant! Spirituellement,
l’Homme est comme le Pont qui relie les mondes matériels aux mondes spirituels.
Corps charnel et âme spirituelle, il est donc bien au centre de ces mondes
puisqu’il en réalise comme la synthèse.
Matériellement, l’homme est, dans
l’univers immense du cosmos, infiniment petit. D’ailleurs le vertige nous saisit
vite quand nous nous mettons à réfléchir un peu à ces merveilles qui sont
réalité. Dans l’univers, l’Homme n’est rien, même pas une poussière cosmique.
L’Homme n’est que néant, infiniment néant. Au fond, on peut même se demander:
“Existe-t-il vraiment?” Dans ce cas, qu’a-t-il à voir avec Dieu, avec le
Créateur, si toutefois...
À ce moment, quand notre esprit se
perd, quand l’épouvante nous saisit, la "passoire" précédente vient à notre
secours. Cette passoire monstrueuse est comme une séparation entre deux mondes,
tous deux créés par Dieu, les mondes de l’infiniment grand et de l’infiniment
petit. Et l’osmose se fait constamment à travers les mailles microscopiques du
filtre cosmique. Sous l’infiniment grand, il y a l’infiniment petit.
Nous savons maintenant, parfois la
science vient au secours de la métaphysique, nous savons que les mondes de
l’infiniment petit, que l’Homme ne peut voir, sont eux aussi, structurés comme
les mondes de l’infiniment grand. La physique atomique nous découvre les mondes
merveilleux de l’invisible création. Et nous comprenons que pour Dieu,
l’infiniment petit est lui aussi, infiniment grand.
Pour Dieu, l’infiniment petit, est
infiniment grand! L’Homme est entre les deux infinis, au centre, en Dieu, en son
Amour. Décidément Dieu n’a jamais fini de nous émerveiller, même quand nous Le
contemplons dans son tabernacle où séjourne l'Hostie consacrée! Et notre foi
revit, elle qui, un moment ébranlée, revit quand nous prions devant un
tabernacle.
6-4-3-Prier devant un tabernacle
Nous voici dans une église, devant
le tabernacle. Nous adorons Jésus-Eucharistie présent, nous sommes là devant
Lui, et nous pensons à sa douleur. Tant de pauvres gens ne Le connaissent pas,
ne Le connaissent plus. Pourtant Jésus a façonné le cœur des hommes avec tant
d’Amour. Et son Cœur attend les cœurs de tous les hommes qu'Il a prédestinés à
L'aimer. Son Cœur attend le cœur de tous les hommes pour qu’ils Lui disent: je
T’aime.
Quelle merveille, Jésus, que ton
Eucharistie! Savoir que Tu es là, présent, et que Tu nous attends. Tu es là
Jésus dans tous tes sanctuaires. Tu es là, Tu nous dis “Viens!” Tu es là,
vivant, Tu habites là, tout près de nous, plein d’amour, et plein de tendresse.
Tu es là pour nous qui sommes fatigués, pour nous quand notre âme est malade;
pour nous, malgré nos lâchetés ou nos inconvenances. Car nous ne sommes pas
toujours polis quand nous rentrons dans une église. Et parfois nous nous tenons
bien mal devant Toi, par respect humain, pour faire comme les autres, car nous
sommes lâches souvent...
Pourtant Tu es là, dans ta maison,
Tu nous attends. Ton Cœur plein d’amour, de tendresse, ton Cœur plein de
douceur, ton Cœur ouvert pour nous livrer tes grâces, ton Cœur Sacré et béni,
ton Cœur amoureux nous attend. Mais trop souvent nous oublions, Jésus, que Tu es
sensible, que ton Cœur peut encore souffrir, que Tu as tellement soif de nous.
Nous oublions, Jésus que Tu es si bon, que Tu es si proche. Nous ne connaissons
pas encore ton immense tendresse, ton affectueuse tendresse. Nous ne savons pas
Jésus que Tu souffres encore, Toi, si haut dans le Ciel. Nous ne savons pas
qu’aimer, aimer vraiment, c’est s’ouvrir à la peine, à la souffrance, aux
larmes.
Et Toi, Jésus, Tu nous aimes. C’est
pourquoi Tu es là, près de nous, dans ton Eucharistie. Tu es là, à la fois
bienheureux, Verbe-Fils, UN avec le Père, mais aussi douloureux à cause de nous
qui ne répondons pas à ton Amour. Tu es si douloureux Jésus, bafoué dans ton
Amour, attendant que nous nous arrêtions enfin près de Toi. Tu nous attends,
douloureux solitaire, délaissé, méconnu. Tu nous attends Jésus, pour pénétrer
nos cœurs. Nous Te regardons Jésus et nous nous taisons, étonnés de tes grâces.
Jésus, comment Te comprendre et comprendre tes dons?
6-4-4-Le Corps mystique du Christ et l'Eucharistie
Quand, dans son éternité
bienheureuse, l'éternité qui est pour Dieu son aujourd’hui éternel, quand Dieu
pensa l’univers créé spécialement pour le service et la joie des hommes, quand
Dieu créa l’homme et le trouva très bon, Il avait déjà décidé l'Incarnation du
Fils, Il avait déjà prévu et pensé son Corps mystique. Le Fils serait la tête et
le Cœur, et les hommes en seraient les composants indispensables. Chaque homme,
modelé amoureusement, aurait sa vocation spécifique, unique, pour accomplir une
fonction exceptionnelle. Chaque homme serait prédestiné à occuper la place
choisie par le Fils, pour réaliser la merveille qu'Il désirait.
Chaque homme, infiniment aimé de
Dieu, devait contribuer à participer à l’élaboration de la merveille des
merveilles: le Corps mystique du Verbe Incarné. Chaque homme serait la pièce
unique destinée au bonheur parfait, le sien, celui que Dieu lui destinait. Rien
ne fut changé malgré le péché. Rien n’est changé, sauf que le passage sur la
terre est devenu plus difficile, douloureux parfois. Rien n’est changé malgré la
douleur, fruit terrible du péché, rien n’est changé: le Corps mystique du Christ
se fera, et se fera dans l’Amour.
Le Corps mystique de Jésus se
construira dans l’Amour... Mais pour cela il faut aimer. Et Satan qui nous
déteste met en œuvre tous ses moyens, tous ses sortilèges pour nous conduire à
la haine et au désespoir. Rien n’est changé de l'Amour de Dieu qui, pour nous
aider à redresser la barre, nous a envoyé son Fils, son unique, pour qu’Il
vienne vivre avec nous et nous réapprenne l’Amour.
Et voici le comble de l’Amour: le
Fils du Père infiniment bon, le Fils qui devait retourner au Père, dans la
Trinité bienheureuse, le Fils, pour rester avec nous, a inventé l’Eucharistie,
ces étincelles de son Amour, mais des étincelles à notre taille et à notre
échelle humaine et terrestre, le Fils nous a donné les étincelles de son Amour
pour rester avec nous et nous réapprendre l’Amour.
Jésus, présent dans ton Eucharistie,
nous laisse contempler, durant toute notre vie terrestre son Cœur Eucharistique,
son Cœur amoureux, le Cœur de Dieu fait Homme. Nous devons rester près du Cœur
Eucharistique de Jésus, car c’est le Cœur de Dieu, le Cœur de l’Amour, le Cœur
de la Très Sainte Trinité. |