A
Prendre conscience de la réalité du péché

 

A-1-Péché d’aujourd’hui, péché originel 

Jésus est la tête et le Cœur de son Corps mystique; son Corps mystique sera, ou est déjà, constitué par les innombrables pierres vivantes que sont les saints, les saints du Ciel et de la terre... Chaque homme vivant, déjà saint sur la terre ou en cours de purification dans le Purgatoire, est destiné à devenir véritablement une des pierres vivantes qui construisent son Cœur. Par ailleurs le temps pour Dieu, Père, Fils et Esprit, est une des créations qui sont dans son Éternité. Comment expliquer toutes ces choses qui, pour nous, sont si difficiles à comprendre, et qui, cependant, sont si simples pour Dieu?

Utilisons une parabole: voici une immense spirale comme les spirales que forment les galaxies. Dieu, d’un seul regard et en dehors du temps lié à chaque galaxie, voit la totalité des galaxies de sa Création. Dieu voit, et sa puissance pénètre jusqu’au plus profond de chaque composant, jusqu’au plus intime de chaque être vivant, jusqu’au fond du cœur de chaque homme sur la terre. D’un seul regard instantané et éternel, Dieu voit. Il voit en même temps le passé, le présent, l’avenir; car tout est présent et actuel pour Dieu.

Alors, si, en imagination, nous nous mettons à la place de Dieu (cette réflexion est stupide: nous ne pouvons pas nous mettre à la place de Dieu, mais il s'agit d'une comparaison, d'une parabole) donc, si nous nous mettons à la place de Dieu, nous voyons, d’un seul regard, toutes les galaxies de la Création, et la nôtre, en particulier. Et nous voyons la terre, et les hommes, tous les hommes, ceux des millénaires passés, ceux d’aujourd’hui, et ceux des siècles qui viendront. Et nous devinons comment, dans la galaxie commandée par de puissantes forces, gravitationnelles et autres, tous les évènements interréagissent les uns sur les autres. Pour le regard de Dieu il n’y a que l’instantanéité de son éternité.

Tous les hommes de tous les temps sont là, devant le regard de Dieu. Dieu voit toutes les forces bonnes qu’Il a créées et qui influent les unes sur les autres. Dieu voit aussi les mondes spirituels, et notamment l'ange Mauvais qui, ayant refusé l'Amour et jaloux de ceux qui aiment l'Amour, veut les détruire. Dieu voit Babylone qui construit des villes gigantesques, des tours aussi hautes que des montagnes. Tous les hommes parlent la même langue: pour construire un monde aussi puissant que Dieu, il faut pouvoir se comprendre, et vite... On a donc imaginé des communications rapides, et le Satan en profite pour faire passer toute sa haine, même à travers des œuvres bonnes que Dieu avait confiées à la sagacité humaine. Hélas! c'est exactement ce qui se passa dans notre monde moderne; placé entre les mains du Mauvais, notre monde moderne court à sa perte.

Comme toutes les forces agissent les unes sur les autres, les forces sales d’aujourd’hui souillent le futur comme elles souillent aussi le passé. Le péché des hommes d’aujourd’hui influence la pensée des hommes du passé comme il risque de semer des ruines dans le futur du monde. La Création est une; elle a été blessée par le péché originel qui est peut-être le péché des hommes d’aujourd’hui...

Ainsi, les péchés de chacun d'entre nous sont peut-être aussi la cause des misères des hommes du passé et de l’Agonie de Jésus et de sa mort sur la Croix. Dans son éternité Dieu est toujours au présent, et pour Lui hier comme demain sont aujourd'hui. Mon péché d'aujourd'hui souille la robe des hommes du passé, ceux d'aujourd'hui et ceux du futur de la terre. Le péché que nous avons l'habitude d'appeler "originel" est donc aussi le péché d'aujourd'hui et celui de demain; nous aussi nous commettons le péché d'Adam et d'Ève.   

A-2-La taille du mal 

Quand Dieu voit le mal dans lequel ses pauvres petits hommes se sont stupidement plongés, ses entrailles de Père s’émeuvent, et sa Miséricorde se fait plus proche, plus sensible. Le mal est-il si grand pour Dieu? Le  mal est-il si grand que Dieu, dans sa Miséricorde infinie ait dû envoyer son Verbe sur la Terre, que le Verbe, son Fils Jésus ait dû s'incarner pour délivrer les hommes du péché? Jésus est mort à cause du mal, après avoir subi des tortures inouïes, parce qu’Il voulait tout connaître, dans sa nature humaiNe, de nos misères d’hommes pécheurs. Oui, pour Dieu le mal est grand, et quand Jésus veut nous en faire découvrir toute son horreur, cela nous fait très mal, même quand Jésus ne nous partage qu'un simple atome de la douleur de son chemin de Croix... Alors, qu’est donc le mal?

Le mal, ce n’est que l'œuvre d'une créature, certes intelligente, mais créature finie donc petite pour Dieu infini. Malheureusement, le mal c'est l’œuvre de celui qui refusa l’amour et l’adoration dûe à Dieu. Lucifer refusa la volonté de Dieu car il se croyait grand, aveuglé qu’il était par son orgueil démesuré.

Dans l’infini de Dieu, le mal n’est jamais petit, il est même redoutable car il coupe les créatures de l’Amour de Dieu.

Essayons de comprendre comment le mal est redoutable. Imaginons la nature accueillante dans laquelle Dieu nous a placés. L’homme se promène et est heureux. Sans même s’en apercevoir il arrive dans un secteur dangereux, un secteur qu’il aurait dû éviter, mais la nature est si belle par ici, si riche, si luxuriante. Il fait si bon vivre dans ces herbages de plaisir... Tout est si vert partout, si agréable, si attirant. Quel est donc ce danger dont il faudrait tellement se méfier?

Survolons de très haut ces lieux idylliques. C’est comme une forêt vierge abondamment pourvue de végétations multiples, mais aussi une forêt qui recèle un piège redoutable. Entièrement caché par des herbages très drus s’ouvre un gouffre gigantesque. D’en bas, on ne peut pas le voir, mais d’en haut, quand on voit ces milliers de créatures vivantes s’en approcher, comme inconscientes du danger, on est terrifié. Dieu, d’en haut, voit ces foules immenses qui glissent insensiblement vers l’ouverture béante façonnée par celui qui n’aime pas et qui veut la ruine de l’humanité. Dieu voit et multiplie ses avertissements... Mais la foule semble ne pas entendre: elle ne connaît plus le langage de l’amour... La foule continue d’avancer vers le piège infernal...

La Miséricorde divine se répand sur toute la forêt où vivent les hommes, la Miséricorde de Dieu sait que le mal dont Il veut protéger ses enfants est redoutable. Le mal est redoutable car il est l’émergence trompeuse de la haine de celui qui n’aime pas. La Miséricorde aspire et redresse ceux qui se sont engagés un peu trop près du bord, il faut les empêcher de glisser: la lutte entre Dieu et Satan est engagée. Certes la terre est petite, mais à notre échelle humaine, le combat est terrible.

L'image de ce gouffre béant, ce gouffre bordé d’arbres et de végétations luxuriantes qui dissimulent le danger nous effraie. Ce gouffre béant dont les bords sont si glissants qu’il est impossible de remonter quand on s’est approché trop près du bord nous terrifie. Et nous voyons tous ceux qui tombent... et ceux qui vont tomber dans le gouffre du désespoir sans fond, le gouffre du menteur, le gouffre inventé par le singe de Dieu, le magicien destructeur.

Ce gouffre sans margelle est un gouffre redoutable, un gouffre béant dont les bords sont désespérément glissants. Et ces bords trop glissants, les hommes ne veulent pas toujours les voir.  

A-3-Euréka! 

Quand nous sommes placés devant les réalités terrestres et surtout les difficultés spirituelles souvent les nôtres dans notre monde qui chasse Dieu de plus en plus, nous avons tendance à douter, à ne plus savoir où est la vérité. Et cela jusqu'au jour où nous nous écrions: Euréka! Oui, Euréka! Alors, quel soulagement, quelle joie quand nous avons trouvé. Et quelle action de grâce!

Merci, Seigneur bien-aimé, merci de nous donner la réponse à nos questions lancinantes et angoissantes! Nous nous plaignons souvent que nous ne voyons pas Dieu, que nous ne L'entendons pas; et puis, existe-t-Il vraiment? S'Il existait, nous Le sentirions!... Et nous pensons à tout ce que nous entendons trop souvent autour de nous: nous n'avons pas besoin de sentir Dieu!...  Quelle erreur! Pourquoi ne devrions-nous pas avoir besoin de sentir Dieu? Pourquoi ne pas désirer "voir" Dieu? Certes, de nombreux saints ont longuement parlé des ténèbres, des nuits de la foi, de la nuit des sens, de la nuit de l'esprit; ils nous ont dit qu'il fallait accepter ces épreuves que Dieu voulait pour nous. Pourtant, Dieu nous invite toujours au bonheur... Et puis, comment expliquer cet inexprimable besoin de Dieu qui demeure en chacun de nous?

Il est bien difficile de répondre correctement à toutes ces questions fondamentales. Pourtant, parfois, nous nous écrions: "Euréka!" Et nous  pensons aux vrais savants, à tous ceux qui ont beaucoup travaillé, beaucoup peiné et réfléchi avant de faire un jour, la "découverte de leur siècle". Cela se serait-il donc fait tout seul? Évidemment non!

Pensons à tout ce que les chercheurs du monde entier vivent un jour ou l'autre. Ils travaillent beaucoup, ils étudient, ils multiplient des expériences, mais rien ne sort de leur cerveau, souvent devenu incapable de mettre une idée devant l'autre; aucune trouvaille ne vient les conforter. Ils ont l'impression de tourner en rond et le découragement les guette. Mais soudain, au moment où ils s'y attendent le moins, dans leur baignoire, comme Archimède: Euréka! D'un seul coup l'évidence jaillit… C'est que, sans qu'ils y aient pris garde, dans leur inconscient, leur cerveau continuait à travailler, mais en silence… comme si leur conscient trop fatigué avait besoin de prendre un peu de repos.

Seigneur, n'est-ce pas ce qui se passe aussi dans notre vie d'union à Dieu? Dieu nous a faits pour Lui, pour que nous Le connaissions, pour que nous L'aimions, pour que nous soyons heureux en Lui et avec Lui. Notre bonheur, c'est la seule volonté de Dieu pour nous qui n'avons qu'un seul vrai besoin: Lui, et Lui seul. Notre vie, c'est Dieu, notre bonheur, c'est Dieu. Nous avons un besoin vital: Dieu et Dieu seul, car notre nature est telle que nous ne pouvons pas nous passer de Dieu. "N'ayons pas peur de jouir de Dieu" a dit un jour Sainte Thérèse d'Avila à ses sœurs. D'autres saints, notamment saint Jean Chrisostome, ont affirmé qu'on ne pouvait pas vivre sans sentir Dieu.

Ces déclarations nous réconfortent toujours; pourtant nous nous heurtons encore à ces réflexions modernes: nous n'avons pas besoin de "sentir" Dieu. Et chacun peut répondre  intérieurement: si, moi j'ai besoin de Dieu.

Alors que se passe-t-il véritablement en nous?

L'exemple des vrais savants peut nous aider. Dieu nous a faits pour Lui et le vrai chrétien ne désire que Lui. Il a besoin de Dieu, constamment car nous vivons tous de Lui. Cela, nous le savons parfaitement; alors pourquoi y a-t-il des jours où l'on reste pantois devant le Seigneur, où l'on n'arrive pas à mettre une pensée derrière l'autre? Pourquoi ces tentations de désespoir?  Et soudain, Euréka! Jésus est là! Que s'est-il donc passé?

Que se passait-il en nous quand nous cherchions Dieu que nous croyions bien loin? Tout simplement, comme dans le cerveau des savants, un repos nous était indispensable. Jésus travaillait en nous, à notre insu; Il pensait à notre place, attendant, pour se découvrir pleinement à nous, que notre cœur et notre esprit se soient enfin détendus.

Étonnant! Jésus ne nous avait pas quittés, car Il sait bien que nous ne pouvons pas nous passer de Lui. Jésus sait bien que nous avons besoin aussi de L'attendre parfois pour jouir encore plus et mieux de sa présence et de son amour.

Attendre Dieu, connaître Dieu, retrouver Dieu, tout cela contient aussi: aimer Dieu et aimer nos frères. C'est le travail du Saint-Esprit en nous, c'est le travail du Saint-Esprit qui gère notre vie spirituelle, et que nous allons maintenant essayer de découvrir.

   

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