G
Vers la sainteté
G-1-Le
Saint-Esprit et l'Humus
Quel rapport
peut-il exister entre le Saint-Esprit et l'humus de la terre? Quel rapport y
a-t-il entre l'humus et un chant de louange au Dieu trois fois saint? Quel
rapport, sinon
que l’humus est, pour tous les êtres vivants de la terre, la
source inépuisable de la vie! L’humus, c’est la bonne terre végétale qui nourrit
les racines, lesquelles iront porter la vie à la plante tout entière, aux tiges,
aux branches, aux feuilles, aux fleurs, aux graines qui se forment, aux plantes
qui deviendront la nourriture des animaux et des hommes.
L’humus c’est
la terre végétale vivante, la bonne terre qui nourrit. Oui, mais l’humus, c’est
aussi et surtout, c’est toujours une vie qui s’éteint, une vie qui meurt en
redonnant la vie, car la vie vient de Dieu, et la vie est éternelle. Les plantes
qui meurent, les plantes qui vont mourir, les membres des pauvres plantes:
rameaux, sarments, fleurs, pauvres membres détachés de leur tronc, pauvres
membres fanés devenus inutiles, les plantes qui meurent se transforment en humus
vivant devenant nourriture pour les organismes qui ne vivent que de la vie en
décomposition apparente, mais qui, faisant cela, recréent tant d’autres vies en
transformant en nourriture les plantes agonisantes pour alimenter de nouvelles
vies, des vies nouvelles et luxuriantes. Sans l’humus vital et source de vie,
pas de vie!
Oui, mais cela
se fait sans bruit, sans éclat, et même le plus souvent dans l’abjection. Quoi
de plus répugnant que des plantes en décomposition. Pourtant, cette œuvre que
l’on méprise, que l’on méconnait, cette œuvre est création, cette œuvre est
vie. L’humus est toujours bien caché et les racines qui s’en nourrissent sont
bien cachées aussi. Sans humus, pas de vie, mais rien ne transparaît: tout se
fait dans le silence, dans l’obscurité, à l’abri des regards, dans le mépris de
ceux qui profitent de cette œuvre si humble. De cette œuvre si humble et
pourtant essentielle. De cette œuvre vitale.
Seigneur
bien-aimé! l’humilité des saints serait-elle l’humus qui prépare la sainteté?
L’humilité des cœurs serait-elle l’humus qui fait les saints, mais sans bruit,
sans éclat, sans apparat, et sans reconnaissance? Sans gratitude aucune de la
part de ceux qui en bénéficient... L’humilité qui nourrit les racines de la
sainteté, racines toujours cachées, oubliées, méprisées, méconnues mais fidèles,
l’humilité serait-elle l’humus vital et vivant de l'amour de l'Esprit-Saint sans
qui les saints ne pourraient pas naître, sans qui les saints ne pourraient pas
vivre?
L’humus et les
racines sont toujours bien cachées, à l’abri des regards, à l’abri des dangers.
L’humus semble mourir, sans bruit, sans se plaindre. Les racines se nourrissent
pour nourrir le reste du corps, mais également sans bruit, sans éclat, sans
vantardise, sans rechercher les compliments, et sans jamais s’arrêter, sans
repos, sans sommeil, sans congé, sans vacances. Pauvres racines cachées à qui
l’on n’offre jamais de récompense, sauf parfois un peu d’eau, ou un peu de
fumier...
Jésus ne fait
jamais rien inutilement et à travers cette étrange méditation Il veut
certainement nous faire comprendre que nous, chrétiens qui voulons devenir des
saints, nous devons devenir nourriture pour les autres, en rendant à nos frères
tout ce que Dieu nous a donné. Mais devenir nourriture pour les autres, cela ne
peut se faire qu’humblement, d'une manière cachée comme les racines des plantes,
en mourant comme l’humus. En étant oubliés comme font les racines qui cependant
font vivre, tout en étant méprisées comme l’humus et comme lui...
Nous disons
souvent à Jésus, dans nos chants de louange, qu'Il est notre joie et que ses
désirs sont notre bonheur. Mais cela va parfois à l’encontre de notre nature...
Pourtant n'est-ce pas cela que Jésus a choisi en choisissant de mourir sur la
Croix? N'est-ce pas là que Jésus nous veut aussi, sur la Croix qui deviendra
notre joie, notre paix, notre vie et notre espérance. Jésus est devenu "humus"
en mourant sur la Croix, pour être notre vie. Par son Eucharistie, mémorial de
sa mort et de sa Résurrection, Jésus humblement, devient notre nourriture et
notre vie éternelle.
Étonnant! Jésus
veut nous purifier, nous rendre forts, nous mener à la sainteté, mais, dans
l'humilité. Qui pourrait en effet se glorifier de ses péchés? Hélas! nous sommes
tous pécheurs! Et quand, parfois, nous demandons à Jésus de nous sanctifier, si
nous sommes vraiment sincères, Il nous exauce toujours, mais... en nous
conduisant toujours sur des chemins d'humilité. Et curieusement, on repense à
l'humus des plantes et à ses jaillissements de beauté et d'amour.
G-2-Un
jaillissement de beauté et d'amour
Dans l’humus,
on ne jette pas de grosses branches mortes qui sont inutiles, on les brûle. Dans
l’humus on ne jette que des éléments encore vivants, fanés, certes, fatigués,
souvent salis mais toujours vivants. Et c’est cette pauvre vie fatiguée qui va
se transformer, s’épurer, se clarifier et servir à faire jaillir la vie, à créer
des vies nouvelles, des vies belles, des vies jaillissantes de vie et d’Amour.
La vie naît de
la mort de ce qui nous semblait mort et que nous méprisions. Les saints, et
surtout Jésus, le Saint par excellence, ont été méconnus, méprisés, ignorés,
piétinés... mais ils donnaient la vie, ils préparaient la vie, des vies
nouvelles jaillissantes de vie, jaillissantes d’amour. Des vies nouvelles
jaillissantes de vie, jaillissantes d’amour?... Pourtant beaucoup d'hommes se
voient perdus dans l’univers, venus ils ne savent pas d’où, allant ils ne savent
pas où non plus... Alors, ils sont comme pris d’un vertige inouï dans un abîme
sans fond, un abîme éternel: ils n'ont pas demandé à venir au monde, et que
sont-ils? un rien dans l’univers qui leur échappe, mais pourtant un rien qui
pense, qui aime: un rien venu là pour aimer un instant, un fugitif instant. Un
rien venu là pour aimer et souffrir, et puis disparaître, disparaître à jamais.
Ils sont venus et ils partent, et ils disparaissent... Personne ne se soucie
d'eux, ils ne servent à rien, alors? pourquoi?
Ce vertige,
quand il se produit est effrayant et l'on peut, à la limite, comprendre tous ces
jeunes qui se suicident... Pourtant, il serait si simple d'invoquer le
Saint-Esprit pour qu'il nous fasse découvrir son jaillissement merveilleux
d’étincelles d’amour... Sa fontaine d’étincelles d’amour!... Car la création est
un jaillissement merveilleux de l’amour. Tous les hommes sont comme un
jaillissement d’étincelles d’amour, des étincelles jaillies de l’Amour infini de
Dieu. Tout vient de l’Amour, et tout est Amour. Chaque étincelle du brasier de
l’Amour a sa trajectoire, celle qu’elle doit suivre pour trouver sa place dans
le Corps de l’Amour, le Corps mystique du Christ, et retrouver l’Amour.
On comprend
alors qu'à l'origine la haine n’existait pas dans la Création: il n’y avait que
de l’Amour. On comprend que la haine n’est que l’horrible refus de ceux qui ont
refusé de suivre leur trajectoire d’Amour, de ceux qui ont refusé la place qui
leur était attribuée dans le Corps de l’Amour. On comprend aussi que la haine
chez les hommes n’est qu’un souffle déviant qui cherche à faire dévier les
trajectoires de l’Amour pour faire mourir les étincelles de l’Amour.
Et l'on
comprend aussi que ces étincelles mortes, ces cendres d’étincelles, peuvent
encore revivre en devenant humus, l’humus qui en semblant mourir donne à nouveau
la vie. Car l’Amour ne veut pas la mort de ses étincelles d’Amour, ce
jaillissement d’Amour créé pour rendre gloire à l’Amour et pour chanter l’Amour.
Nous savons que chaque étincelle d'amour a sa trajectoire. Et ces trajectoires
comme des fontaines lumineuses dont les rayons ne sont pas déviés par les vents
de la haine. Ces trajectoires sont comme des lampes fontaines qui conduisent
leur lumière à travers des milliers de fibres de verre dans un jaillissement de
beauté, de couleurs, de lumière et de joie. Quelle perfection! Oui, quelle
perfection! Et nos cœurs ne peuvent plus que chanter:
Ô Esprit Saint,
viens remplir nos cœurs, viens nous éclairer de ta lumière et de ta force.
Ô Esprit Saint,
Un avec le Père, fais-nous connaître l’Amour du Père.
Ô Esprit Saint,
Un avec le Fils, fais-nous connaître l’Amour du Fils.
Ô Esprit Saint,
Amour du Père et du Fils, emplis-nous de l’Amour de la très Sainte Trinité.
Ô Esprit Saint,
Amour du Père et du Fils emplis nos cœurs de l’Amour de Dieu, de l’Amour dont
Dieu nous aime. De l’amour dont Dieu veut que nous L’aimions...
Ô Esprit Saint!
Fais-nous rejoindre le Cœur de Dieu, le Cœur de Jésus, nous qui sommes si petits
à l’échelle de la création, à l’échelle de Dieu. C'est alors que chaque homme
pourra se dire, méditant sur sa petitesse:
– Je
suis venu au monde, je ne sais pas comment, ni pourquoi. Tout en moi s’est fait
tout seul: je n’ai rien eu à faire pour fabriquer mon corps, pour construire mon
intelligence, pour apprendre à aimer. Je n’ai rien eu à faire, qu’à manger un
peu, qu’à me laisser enseigner, et cela n'est pas tellement désagréable!
– Je
n’ai rien eu à faire pour venir au monde et grandir, et constituer ma nature
humaine. Je n’ai rien eu à faire, et aujourd’hui encore, je dépends de tout. Je
suis entièrement contingent, soumis aux moindres évènements du monde, aux
moindres aléas de la nature que nous ne maîtrisons pas, pas plus que nous ne
maîtrisions notre croissance. J'existe parce que Dieu l’a voulu, mais je dépends
de tout, je dépends entièrement de Lui; par moi-même je ne peux rien. Et je suis
si petit, non seulement par rapport à Dieu, mais même par rapport à toute la
création. En effet, il est impossible de se resituer dans l’immensité de
l’univers, à l’échelle de la création, sans être saisi d’un effroyable vertige.
– Je
suis si petit, si dépendant, tellement impuissant, perdu dans un univers que je
connais pas et qui me domine; je suis tellement rien... que cela en est
vertigineux, que cela me fait peur. Je suis infiniment petit, un rien dans
l’univers, c’est vrai! Pourtant j’aime, et surtout je peux aimer Dieu que je ne
vois pas, que je n’entends pas, que je ne sens pas, qui est si loin de moi.
Chaque homme a tout ce qu'il lui faut pour aimer le Seigneur, car il sait que
Dieu l’aime, et cela, c’est la merveille. Cela c’est comme un miracle. Oui, Dieu
m’aime, et moi je L’aime, mais je suis si petit, si faible, si impuissant, et
surtout si loin de Lui, si loin de son cœur, de son cœur de Dieu. tellement
loin! Pourtant, avec l'épouse du Cantique, chaque homme devenu humble comme une
parcelle vivante d'un humus vivant peut rejoindre Celui que son cœur aime?
Ô Esprit Saint,
emplissez-nous de votre Amour, de vos merveilles!
Ô Esprit Saint,
voici que Vous nous faites penser aux millions de rayons de lumière d’Amour qui
jaillissent du cœur de Jésus. Ces millions de rayons de lumière d’Amour,
filaments conducteurs de sa lumière et de son Amour comme le sont les fibres
optiques de nos techniciens des lumières matérielles et terrestres. Voici que
ces rayons touchent les hommes qui sont dans la lumière de Dieu, dans son Amour.
G-3-L'adoration
Pour marcher
vraiment vers la sainteté, il faut suivre Jésus sur son chemin de vie et de
vérité. Il faut prendre du temps pour Le prier et prendre du temps pour écouter
ses enseignements et L'adorer. Ainsi, nous pouvons adorer Jésus présent dans son
Eucharistie,... mais qu’est-ce qu’adorer?
L’adoration,
c’est la reconnaissance de la présence d’un Créateur, infiniment puissant, de
qui nous dépendons entièrement. Nous reconnaissons l’existence et la présence de
Dieu Créateur dont nous recevons tout. Dieu créateur est aussi une Personne qui
nous aime et que nous pouvons aimer. Nous constatons que seuls, laissés à
nous-mêmes, à nos seules forces, nous ne pouvons rien, absolument rien et que
notre dépendance est totale; nous ne pouvons que nous incliner, reconnaître puis
accepter notre contingence.
Dieu nous fait
connaître que tout vient de Lui, qu’Il pourrait nous supprimer d’un simple coup
de crayon, mais Il ne le fait pas, car, curieusement, Dieu n’est pas une
intelligence abstraite et aveugle, Dieu est aussi Amour; Dieu aime sa créature
et lui demande, en retour, de L’aimer: car l’Amour ne peut être Amour que s’il y
a échange d’amour, échange mutuel et permanent.
Quand nous
sommes devant le Saint-Sacrement, notre cœur adore Jésus. Nous adorons Jésus,
nous reconnaissons notre contingence, et notre cœur aime Jésus, et il voudrait
Le voir, il voudrait L’entendre, mais ce n’est pas possible. Ce n’est pas
possible, car Dieu est beaucoup trop grand, Il est situé à une autre échelle...
Dieu n’est pas à notre taille, nous sommes beaucoup trop petits et nos yeux ne
peuvent pas contenir l’Immense, l’infiniment immense. Nos yeux ne peuvent voir
qu’une infinitésimale fraction de l’infiniment Entier. Dieu est l’Infini, et
pourtant Dieu le Fils vivant au sein de la Trinité est "caché" dans une petite
Hostie. Nous adorons Jésus et nous Lui disons: ”Je T’aime!” Pourtant l’Hostie
est bien petite, et nous sommes confondus, et nous adorons Dieu... Oui, nous
adorons Jésus, étincelle d’Amour de Dieu venue tout près de chacun de nous pour
nous parler d’Amour.
Car c’est cela
aussi l’adoration: aimer d’amour l’Étincelle d’Amour de l’Infiniment Immense,
aimer d’amour l’Amour Créateur qui nous aime et désire notre amour pour nous
donner l’Amour. Et nous, nous ne comprenons rien! Mais nous aimons Le Seigneur
Dieu Tout-puissant, étonnamment amoureux de nous qui ne sommes rien que ce qu’Il
veut que nous soyons... près de Jésus, le Fils.
G-4-Pour
l'amour de nos frères
Viens
Esprit-Saint!...
Viens
Esprit-Saint, viens embraser nos cœurs de ton Amour, viens inonder nos cœurs de
ta paix et de ta bonté. Viens, Esprit-Saint, Esprit de sainteté rendre nos cœurs
saints comme est saint le Cœur de Jésus. Viens Esprit de lumière, viens éclairer
nos esprits de ton intelligence, l’intelligence de Dieu Trine, qui ne brille que
pour les esprits pauvres, les esprits des cœurs pauvres et pleins d’amour, de
ton Amour.
Viens
Esprit-Saint, viens brûler dans nos cœurs pour qu’ils ne soient qu’amour pour
nos frères, et flammes d’amour en chacun de nous. Esprit-Saint, Esprit d’amour
et de sainteté, multiplie en nos cœurs les étincelles de ton Amour, les
étincelles de joie qui rendent heureux tous ceux qu’elles touchent.
Esprit-Saint, Esprit de sainteté, Esprit porteur de la Puissance du Père et de
la Miséricorde du Fils, donne-nous la force dont nous avons besoin pour vivre en
Dieu et avec Dieu pour l’amour de nos frères. Donne-nous la miséricorde du Fils
pour que nous apprenions à pardonner, à pardonner vraiment et du fond du cœur,
même quand nous n’en avons pas envie... Même quand le pardon est difficile.
Esprit-Saint,
ton Amour brûle dans nos cœurs. Tu es l’Amour du Père et du Fils et Tu brûles
dans nos cœurs... Esprit-Saint, Esprit du Père et du Fils, ta Sagesse emplit
l’univers; emplis aussi nos cœurs et nos intelligences afin qu'ils acceptent de
s’ouvrir à Toi. Esprit-Saint du Père et du Fils, Esprit qui es l’Amour du Père
et du Fils, laisse-nous Te contempler... pour contempler le Père, pour
contempler le Fils, pour contempler l’Amour... et pour aimer nos frères, tous
nos frères.
Esprit d’Amour,
viens en nos cœurs, transforme-les en flammes d’amour, transforme-les en
encensoirs qui brûleraient l’Amour... pour la Gloire de Dieu, pour l’amour de
nos frères, pour la joie de tous ceux que Tu mets sur nos chemins, visiblement
ou invisiblement...
Brûle-nous,
Esprit-Saint, même si cette brûlure, parfois nous fatigue, même si nos corps
sont douloureux. Mais, a-t-on le droit de déserter quand nos frères ont besoin
de nous?
Prière
à l'Esprit-Saint
Nous sommes là
près de vous, Jésus et nous prions très fort. Nous prions votre Esprit Saint,
l’Esprit d’Amour du Père et du Fils, de venir nous sanctifier, mais dans
l’humilité. Nous prions votre Esprit d’Amour de nous rendre humbles comme
Vous-même Vous fûtes doux et humble de cœur. Nous prions l’Esprit d’Amour,
l’Esprit de vérité de nous apprendre à aimer, à servir, en toute humilité et
grande simplicité.
Nous prions
l’Esprit de Dieu de nous donner ses dons, ses sept dons sacrés de Sagesse et
d’Amour. Nous Vous prions, Jésus, de nous envoyer votre Esprit de bonté, votre
Esprit de conseil. Et nous Vous prions Jésus, de nous donner la crainte, celle
de Vous déplaire, de Vous faire de la peine, de Vous offenser, de blesser votre
Amour. Car nous sommes si fragiles, si petits. C’est pourquoi nous prions,
Seigneur, de nous donner l’Amour, votre Amour, pour qu'en retour nous puissions
Vous aimer, et aimer tous nos frères.
Nous Vous
prions, Jésus, de nous envoyer votre Esprit, l’Esprit de vos Béatitudes, pour
que votre bonheur nous suffise, et qu’il soit notre bonheur. Alors, sur les
racines cachées de votre grande Croix, là où Vous placez, pour y prendre
racine, tous ceux que vous aimez, petites lucioles inutiles et pourtant si
utiles, simples panneaux de signalisation pour orienter nos frères, alors là,
pleins de votre amour, nous pourrons chanter les béatitudes des lucioles
cachées, des petits foyers d’amour du jardin de votre Agonie, petits buissons
ardents dans la Coupe de votre consolation. Alors, tous vos enfants choisis,
tous vos prêtres, offerts à votre amour et à votre service, participant souvent
à toutes vos souffrances, devenus comme des permanents de votre Agonie et de
votre Passion, entonneront ensemble vos nouvelles Béatitudes, celles pour notre
temps qui voulut chasser Dieu.
Les
Nouvelles béatitudes
Heureux les
Permanents de Gethsémani, heureux les cœurs qui furent souillés, les cœurs qui
furent pécheurs mais que Vous, Jésus, avez recueillis et aimés, et placés sur
les racines de la Croix, les racines de votre Amour! Heureux ces cœurs qui
furent blessés, que Vous avez pansés et consolés. Heureux ces cœurs meurtris
mais purifiés: ils emplissent la Coupe de votre consolation, et peuvent Vous
consoler car Vous les avez sauvés.
Heureux les
cœurs meurtris par les erreurs humaines, les cœurs blessés, oubliés, méprisés.
Heureux ces cœurs blessés, humiliés comme Vous, délaissés comme Vous, outragés
comme Vous: ils seront consolés, comme Vous, et baignés dans l’Amour.
Heureux les
cœurs qui pleurent les peines de leurs frères, qui brûlent votre Amour pour leur
donner la Paix et votre joie. Heureux les cœurs qui pleurent sur les détresses
humaines, sur toutes les déchirures de leurs cœurs et de leurs âmes. Heureux ces
cœurs qui pleurent sur les larmes humaines, ils seront consolés, inondés de
l’Amour de leur Dieu qui les aime, comme Vous le fûtes un jour, Jésus, dans le
Jardin des Oliviers.
Heureux les
cœurs qui se consument d’amour pour Vous, Jésus, et qui brûlent sans crainte
d’user leurs réserves de vie: ils éclairent les autres qui Vous cherchent, ils
éclairent les nuits obscures des agonies humaines et Vous comblent de joie et de
consolation.
Heureux les
cœurs brûlés de votre Amour. Ils ne craignent pas de brûler la vie que Vous leur
prodiguez pour réchauffer leurs frères et Vous combler de joie dans la nuit de
votre Agonie. Ils emplissent la Coupe de votre consolation. Heureux ces cœurs
brûlés de l’Amour de Jésus, heureux ces cœurs qui brûlent, qui brûlent sans
compter leurs réserves de vie, leurs réserves d’amour. Oui! Heureux ces
cœurs-là, ils seront comblés à jamais de votre Amour, Jésus.
Heureux celui
qui T'aime Jésus, comme un enfant confiant, comme un enfant qui dort dans les
bras de sa mère, dans les bras de son père. Heureux ceux qui T'aiment, Jésus, et
qui aiment leurs frères. Heureux ceux qui T'aiment, Jésus, et brûlent de ton
Amour, et brûlent toute la vie que Tu leur a donnée. Heureux ceux-là qui brûlent
sans compter la vie qui est en eux, la vie qui T'appartient. Oui, heureux ceux
qui brûlent leur amour sans compter, car ils possèdent Dieu. Et leur amour
devient inépuisable, et leur vie immortelle, et leur bonheur sans fin.
Heureux les
cœurs que Vous aimez, Jésus, et qui Vous rendent humblement l’Amour que Vous
avez pour eux. Heureux ces cœurs qui souffrent car l’Amour fait souffrir.
Heureux ces cœurs blessés et ouverts à l’Amour. Heureux ces cœurs, ils sont dans
votre cœur, et demeurent avec Vous, pour toujours.
Heureux les
cœurs qui souffrent, et qui brûlent d’amour, de votre Amour, Jésus! Ils
souffrent pour leurs frères, et ils brûlent pour Vous, de votre Amour pour nous,
pour annoncer l’Amour.
Heureux les
cœurs qui souffrent, car l’Amour fait souffrir! Heureux les cœurs qui pleurent,
car l’Amour fait pleurer! Heureux les cœurs meurtris à cause de Vous Jésus, et
de vos meurtrissures! Heureux les cœurs qui cherchent, car ils Vous trouveront!
Heureux les cœurs qui peinent, vous venez à leur aide! Heureux les cœurs qui se
cognent dans les ténèbres, Vous serez leur lumière!...
Heureux les
cœurs qui luttent dans la nuit, qui marchent en aveugles, à tâtons, sans
comprendre que Vous êtes près d’eux, Jésus, bien qu’ils ne Vous voient pas,
qu’ils ne le sachent pas. Heureux tous ceux qui Vous rejoignent, Jésus, même à
Gethsémani! Même à Gethsémani!!!
Heureux tous
ceux dont le cœur saigne à cause de Vous Jésus, parce que Vous n’êtes pas aimé,
pas compris. Heureux ceux dont le cœur est brisé parce qu’on ne Vous aime pas
comme Vous le voudriez. Parce que tant de vos enfants se perdent dans la nuit.
Ils sont
heureux ces cœurs qui souffrent à cause de leurs frères, ces pauvres qui ne Vous
trouvent pas. Ils sont heureux ces cœurs broyés à cause de ce calice terrible
que Vous avez dû boire, que Vous buvez toujours. Ils sont heureux, mais... Ô
Seigneur, pouvons-nous vraiment le dire? Sont-ils vraiment heureux ces cœurs
pleins de douleur?... Heureux sans le savoir?
Seigneur, ils
sont certainement heureux, mais d’un bonheur bien douloureux, car l’Amour fait
souffrir! Seigneur, le bonheur des hommes d'aujourd’hui est un bonheur en
agonie, en union avec votre Agonie. Ö Jésus, faites-nous comprendre la douleur
de votre Agonie, l’atrocité de votre sueur de sang, la détresse que fut
Gethsémani, pour Vous. Les hommes d'aujourd'hui, surtout ceux qui Vous aiment,
sont heureux, vous l'avez dit: "Heureux serez-vous quand on vous
persécutera..." Oui, les hommes d'aujourd'hui, ceux qui vous aiment, sont
bienheureux, mais avec un cœur qui saigne avec le vôtre, avec un cœur qui pleure
des larmes qui se mêlent aux vôtres.
Quel étrange
bonheur que les Béatitudes que Jésus nous promet! Bonheur plein de souffrances,
car l’amour est douleur, car l’amour est détresse, car l’amour souffre tout avec
Celui qui souffre. Car l’amour est souffrance quand il partage votre Amour,
Jésus, votre Amour devenu détresse. Votre Amour en Agonie. Pourtant quel Bonheur
que l'amour de Jésus!
Esprit-Saint,
Esprit de Jésus, Esprit du Père, Esprit de sainteté, comble-nous de ton Amour,
comble-nous de ta paix, comble-nous de ta joie et de ta Vie, et nous serons
heureux, pleinement heureux dans le Bonheur de Dieu, dans le Bonheur divin de la
Très Sainte Trinité. |