« simple laïc », déclaré « vénérable » par l’Église
Avertissement
La sainteté
de Léon Papin-Dupont, couramment appelé M. Dupont, le saint homme de Tours, est
incontestable, et il ne viendrait à l'esprit de personne de la mettre en doute.
L'Église reconnut l'héroïcité de ses vertus et le déclara Vénérable le 21 mars
1883.
M. Dupont
fut un homme de foi, de prière, et sa charité et sa générosité étaient immenses.
Sa connaissance des saintes Écritures était exceptionnelle et sa dévotion envers
la sainte Eucharistie très grande: Tours ainsi que de nombreuses villes de
province lui ont dû l'Adoration nocturne des hommes. C'est lui qui découvrit le
tombeau de saint Martin, et il fut à l'origine du renouveau de la dévotion
envers le grand apôtre des Gaules. Enfin, il consacra ses trente dernières
années au culte de la Sainte Face, et c'est surtout à cette dernière dévotion
que son nom est attaché.
Toutes les
œuvres de M. Dupont se réalisèrent en Église et en accord avec l'Église, et il
travailla constamment avec le soutien de la hiérarchie de sa région. Il est
cependant un point sur lequel nous voudrions éclairer nos lecteurs.
Lorsqu'un
croyant fidèle, entre dans une église, il s'incline d'abord devant le tabernacle
qui renferme les hosties consacrées, l'Eucharistie, car il sait que là, Jésus
est réellement présent. Il se prosterne et il adore, car il sait qu'il est
devant Dieu et qu'il peut l'adorer.
Par contre, nous vénérons la Sainte Vierge pour la sainteté sublime de sa vie,
et si nous la prions, nous lui demandons d'intercéder pour nous auprès de Dieu,
en notre faveur. Marie est puissante sur le Cœur de Dieu, et elle peut nous
obtenir des miracles: c'est ce qui se réalise souvent dans les grands
sanctuaires mariaux, à Lourdes, notamment.
Quand nous
aimons Marie, quand nous la vénérons, quand nous la prions, nous lui rendons un
culte de dulie: nous ne l'adorons pas. Il en est de même pour les saints. Nous
les vénérons, nous leur demandons de prier Dieu pour nous, d'intercéder pour
nous auprès de Dieu, mais nous ne les adorons pas.
Des
circonstances exceptionnelles ont conduit Monsieur Dupont à rendre un culte à
une image peinte, d'origine humaine, mais inspirée par le Christ Lui-même à
Théodolinde Dubouché, afin de nous faire comprendre, au moins en partie, ce que
furent les souffrances qu'il avait endurées durant sa Passion. Autour de cette
image vénérée par Monsieur Dupont, de très nombreux miracles furent constatés,
mais cela n'est pas article de foi. Il faut seulement accepter le fait que cette
image est vénérable, mais il ne faut surtout pas en faire une idole. On peut ne
pas croire à ces faits, pourtant authentifiés, et on peut refuser de rendre un
culte à cette image si cela gêne. Les dévotions privées, lorsqu'elles sont
bonnes, sont admises par l'Église, mais elles ne sont pas obligatoires, et
surtout, elles ne doivent jamais se transformer en idolâtrie.
Nous
pensons que cet avertissement pourra rassurer les personnes qui se sentiraient
gênées par le récit des évènements ayant eu lieu autour de la Sainte Face de
Tours.
Quelques rappels
historiques
Léon Papin Dupont
est né le 24 janvier 1797 à la Martinique. L'île de la Martinique avait été
conquise par la France en 1635, en même temps que la Guadeloupe,
Saint-Christophe, Marie-Galande et la Désirade. À la même époque les
Anglais s'installaient à la Jamaïque, à la Barbade et à Grenade, et les
Espagnols à Porto-Rico et à Cuba.
L'histoire de la Martinique et de la Guadeloupe fut
des plus rudes: éruptions volcaniques, tremblements de terre, inondations,
typhons, sans compter les invasions de pirates, les menaces anglaises et les
répercussions des évènements intérieurs français, notamment de la Révolution
Française qui y transporta ses fureurs et ses haines. C'est la raison pour
laquelle Léon Papin-Dupont naquit en Martinique et non en Guadeloupe comme ses
parents et grands-parents.
Les productions de ces îles très fertiles: canne à
sucre, café, cacao, gingembre, généraient un trafic commercial important avec la
métropole, malgré les dangers et les aléas auxquels étaient soumises, à cette
époque, les liaisons maritimes. Les navires partaient des ports français: Rouen,
Nantes, la Rochelle ou Bordeaux chargés de viandes salées, de farine, de vins,
d'alcools, de toiles, et d'esclaves noirs. Ils revenaient cinq ou six mois plus
tard avec du sucre non raffiné, du rhum, du cacao, de l'indigo, du cuir et des
écailles de tortues.
Entre 1730 et 1735, Pierre Papin, de Nantes, officier
d'infanterie, est embarqué pour la Guadeloupe sur ordre du Roi. Marié à
Anne-Marie Butet, en 1736, il sera le père de deux enfants, Pétronille et
Jean-Baptiste né en 1745 à Port-Louis. Jean-Baptiste Papin, qui sera le
grand-père de Léon, épousa Marie-Victoire Coudray; ils auront trois garçons:
Jean-Louis, Jean-Baptiste-François et Nicolas-Léon, né en 1772, le père de
Léon. Bientôt la Guadeloupe fut occupée par les Anglais après un terrible
blocus. Pendant l'occupation anglaise les habitants de la Guadeloupe connurent
quelques années de calme. En 1763, le Traité de Paris rendit la Guadeloupe à la
France. Jean-Baptiste devint un riche planteur. En raison des services rendus,
il fut fait chevalier, puis officier de l'Ordre royal et militaire de
Saint-Louis.
En 1792 les idées révolutionnaires se répandent sur
la Guadeloupe et les horreurs commencent. La chasse aux "ennemis de l'État" bat
son plein: les planteurs sont tous condamnés à la guillotine... La Guadeloupe
vit un vrai délire sanguinaire". Nicolas-Léon, frère de Jean-Baptiste
réussit à échapper et se réfugie à la Martinique. On pense que Jean-Baptiste et
sa famille avaient réussi à fuir, eux aussi, en Martinique, dès qu'ils avaient
eu connaissance des menaces qui pesaient sur eux, abandonnant tous leurs biens.
Ce qui est à remarquer, c'est que la plupart des habitants des îles sont restés
fidèles "au roi et à la religion."
La Martinique, occupée par les Anglais en 1793, sera
rendue à la France en 1802. Léon Papin, né en 1797, vivra son enfance en
Martinique, au Lamentin, petite bourgade en plein essor. Les souvenirs des
évènements vécus par sa famille l'auront certainement profondément marqué.
En France les années de la Révolution et de l'Empire
avaient été difficiles, voire dramatiques. Les idées de Rousseau ou de Voltaire
avaient vidé les sanctuaires; la Révolution en avait détruit un bon nombre. La
Restauration avait été dans l'ensemble bien accueillie mais les critiques contre
les catholiques continuaient. On critiquait, on calomniait prêtres et croyants,
tellement que beaucoup d'hommes n'osaient plus entrer dans les églises. M.
Dupont, peignant cette période, écrivit en 1840: "L'impiété a cru avoir
détrôné Dieu parce qu'elle pillait ses autels et avoir chassé les saints du
paradis parce qu'elle brisait leur image sur la terre." Mais déjà une
nouvelle génération se levait et des prédicateurs de génie: Lamennais, l'abbé
Frayssinous, le Père Mac Carthy, etc,... qui rassemblaient des foules. Tous
prêchaient la vraie charité qui soigne les corps et les âmes meurtries.
Évolution de la
situation
en France et en Europe
1815, chute de l'Empire napoléonien. La Restauration.
1830, la Révolution de juillet: les Trois glorieuses.
Mise en place de la Monarchie constitutionnelle de juillet.
Février 1848, 2ème Révolution française et
proclamation de la 2ème République.
En 1848 encore, le pape Pie IX doit quitter Rome où
la république est proclamée.
1854, proclamation du dogme de l'Immaculée Conception
par Pie IX.
1858, les apparitions de Lourdes
1867, convocation du concile Vatican 1 qui s'ouvrira
le 8 décembre 1869.
1870, Rome est envahie par les Piémontais. Le pape
Pie IX se considérera bientôt comme prisonnier au Vatican. Le 18 juillet 1870
les Pères conciliaires promulguent la constitution apostolique Pastor æternus,
affirmant l'infaillibilité personnelle du pape, lorsqu'il s'exprime sur des
points de doctrine. Mais les travaux du Concile durent être interrompus, en
raison de la guerre entre la France et la Prusse.
1870-1871, guerre entre la France et la Prusse.
Désastre de Sedan. Proclamation de la 3ème République, le 4 septembre
1870, puis siège de Paris. Heureusement, le 17 janvier 1871, la Vierge Marie
était apparue à Pontmain, à quatre enfants: la guerre devait bientôt cesser.
Curieusement l'armée prussienne ne put atteindre la ville de Laval.
25 mai 1871, la Commune de Paris et les premiers
assassinats: à la prison de la Roquette, de Mgr Darboy, Achevêque de Paris, des
abbés Déguerry et Allard, des jésuites Clerc et Ducoudray, du président Bonjean;
trois jours plus tard, ce fut le tour de douze dominicains du collège
Albert-le-Grand d'Arcueil, et de nombreux autres prêtres et civils.
1875, Pie IX invite tous les fidèles à consacrer leur
vie au Sacré Cœur de Jésus, symbole de l’amour de Dieu pour les hommes. Paris
est déjà en train de construire sa basilique du Sacré-Cœur.
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