Léon Dupont
Le “saint homme” de Tours
1797-1876

« simple laïc », déclaré « vénérable » par l’Église

Avertissement
 

La sainteté de Léon Papin-Dupont, couramment appelé M. Dupont, le saint homme de Tours, est incontestable, et il ne viendrait à l'esprit de personne de la mettre en doute. L'Église reconnut l'héroïcité de ses vertus et le déclara Vénérable le 21 mars 1883.

M. Dupont fut un homme de foi, de prière, et sa charité et sa générosité étaient immenses. Sa connaissance des saintes Écritures était exceptionnelle et sa dévotion envers la sainte Eucharistie très grande: Tours ainsi que de nombreuses villes de province lui ont dû l'Adoration nocturne des hommes. C'est lui qui découvrit le tombeau de saint Martin, et il fut à l'origine du renouveau de la dévotion envers le grand apôtre des Gaules. Enfin, il consacra ses trente dernières années au culte de la Sainte Face, et c'est surtout à cette dernière dévotion que son nom est attaché.

Toutes les œuvres de M. Dupont se réalisèrent en Église et en accord avec l'Église, et il travailla constamment avec le soutien de la hiérarchie de sa région. Il est cependant un point sur lequel nous voudrions éclairer nos lecteurs.

Lorsqu'un croyant fidèle, entre dans une église, il s'incline d'abord devant le tabernacle qui renferme les hosties consacrées, l'Eucharistie, car il sait que là, Jésus est réellement présent. Il se prosterne et il adore, car il sait qu'il est devant Dieu et qu'il peut l'adorer[1]. Par contre, nous vénérons la Sainte Vierge pour la sainteté sublime de sa vie, et si nous la prions, nous lui demandons d'intercéder pour nous auprès de Dieu, en notre faveur. Marie est puissante sur le Cœur de Dieu, et elle peut nous obtenir des miracles: c'est ce qui se réalise souvent dans les grands sanctuaires mariaux, à Lourdes, notamment.

Quand nous aimons Marie, quand nous la vénérons, quand nous la prions, nous lui rendons un culte de dulie: nous ne l'adorons pas. Il en est de même pour les saints. Nous les vénérons, nous leur demandons de prier Dieu pour nous, d'intercéder pour nous auprès de Dieu, mais nous ne les adorons pas.

Des circonstances exceptionnelles ont conduit Monsieur Dupont à rendre un culte à une image peinte, d'origine humaine, mais inspirée par le Christ Lui-même à Théodolinde Dubouché, afin de nous faire comprendre, au moins en partie, ce que furent les souffrances qu'il avait endurées durant sa Passion. Autour de cette image vénérée par Monsieur Dupont, de très nombreux miracles furent constatés, mais cela n'est pas article de foi. Il faut seulement accepter le fait que cette image est vénérable, mais il ne faut surtout pas en faire une idole. On peut ne pas croire à ces faits, pourtant authentifiés, et on peut refuser de rendre un culte à cette image si cela gêne. Les dévotions privées, lorsqu'elles sont bonnes, sont admises par l'Église, mais elles ne sont pas obligatoires, et surtout, elles ne doivent jamais se transformer en idolâtrie.

Nous pensons que cet avertissement pourra rassurer les personnes qui se sentiraient gênées par le récit des évènements ayant eu lieu autour de la Sainte Face de Tours.
 

Quelques rappels historiques


Léon Papin Dupont[2] est né le 24 janvier 1797 à la Martinique. L'île de la Martinique avait été conquise par la France en 1635, en même temps que la Guadeloupe, Saint-Christophe, Marie-Galande et la Désirade. À la même époque les Anglais s'installaient à la Jamaïque, à la Barbade et à Grenade, et les Espagnols à Porto-Rico et à Cuba.

L'histoire de la Martinique et de la Guadeloupe fut des plus rudes: éruptions volcaniques, tremblements de terre, inondations, typhons, sans compter les invasions de pirates, les menaces anglaises et les répercussions des évènements intérieurs français, notamment de la Révolution Française qui y transporta ses fureurs et ses haines. C'est la raison pour laquelle Léon Papin-Dupont naquit en Martinique et non en Guadeloupe comme ses parents et grands-parents.

Les productions de ces îles très fertiles: canne à sucre, café, cacao, gingembre, généraient un trafic commercial important avec la métropole, malgré les dangers et les aléas auxquels étaient soumises, à cette époque, les liaisons maritimes. Les navires partaient des ports français: Rouen, Nantes, la Rochelle ou Bordeaux chargés de viandes salées, de farine, de vins, d'alcools, de toiles, et d'esclaves noirs. Ils revenaient cinq ou six mois plus tard avec du sucre non raffiné, du rhum, du cacao, de l'indigo, du cuir et des écailles de tortues.

Entre 1730 et 1735, Pierre Papin, de Nantes, officier d'infanterie, est embarqué pour la Guadeloupe sur ordre du Roi. Marié à Anne-Marie Butet, en 1736, il sera le père de deux enfants, Pétronille et Jean-Baptiste né en 1745 à Port-Louis. Jean-Baptiste Papin, qui sera le grand-père de Léon, épousa Marie-Victoire Coudray; ils auront trois garçons: Jean-Louis,  Jean-Baptiste-François et Nicolas-Léon, né en 1772, le père de Léon. Bientôt la Guadeloupe fut occupée par les Anglais après un terrible blocus. Pendant l'occupation anglaise les habitants de la Guadeloupe connurent quelques années de calme. En 1763, le Traité de Paris rendit la Guadeloupe à la France. Jean-Baptiste devint un riche planteur. En raison des services rendus, il fut fait chevalier, puis officier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis.

En 1792 les idées révolutionnaires se répandent sur la Guadeloupe et les horreurs commencent. La chasse aux "ennemis de l'État" bat son plein: les planteurs sont tous condamnés à la guillotine... La Guadeloupe vit un vrai délire sanguinaire". Nicolas-Léon, frère de Jean-Baptiste réussit à échapper et se réfugie à la Martinique. On pense que Jean-Baptiste et sa famille avaient réussi à fuir, eux aussi, en Martinique, dès qu'ils avaient eu  connaissance des menaces qui pesaient sur eux, abandonnant tous leurs biens. Ce qui est à remarquer, c'est que la plupart des habitants des îles sont restés fidèles "au roi et à la religion."

La Martinique, occupée par les Anglais en 1793, sera rendue à la France en 1802. Léon Papin, né en 1797, vivra son enfance en Martinique, au Lamentin, petite bourgade en plein essor. Les souvenirs des évènements vécus par sa famille l'auront certainement profondément marqué.

En France les années de la Révolution et de l'Empire avaient été difficiles, voire dramatiques. Les idées de Rousseau ou de Voltaire avaient vidé les sanctuaires; la Révolution en avait détruit un bon nombre. La Restauration avait été dans l'ensemble bien accueillie mais les critiques contre les catholiques continuaient. On critiquait, on calomniait prêtres et croyants, tellement que beaucoup d'hommes n'osaient plus entrer dans les églises. M. Dupont, peignant cette période, écrivit en 1840: "L'impiété a cru avoir détrôné Dieu parce qu'elle pillait ses autels et avoir chassé les saints du paradis parce qu'elle brisait leur image sur la terre." Mais déjà une nouvelle génération se levait et des prédicateurs de génie: Lamennais, l'abbé Frayssinous, le Père Mac Carthy, etc,... qui rassemblaient des foules. Tous prêchaient la vraie charité qui soigne les corps et les âmes meurtries.
 

Évolution de la situation
en France et en Europe


1815, chute de l'Empire napoléonien. La Restauration.

1830, la Révolution de juillet: les Trois glorieuses. Mise en place de la Monarchie constitutionnelle de juillet.

Février 1848, 2ème Révolution française et proclamation de la 2ème République.

En 1848 encore, le pape Pie IX doit quitter Rome où la république est proclamée.

1854, proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX.

1858, les apparitions de Lourdes

1867, convocation du concile Vatican 1 qui s'ouvrira le 8 décembre 1869.

1870, Rome est envahie par les Piémontais. Le pape Pie IX se considérera bientôt comme prisonnier au Vatican. Le 18 juillet 1870 les Pères conciliaires promulguent la constitution apostolique Pastor æternus, affirmant l'infaillibilité personnelle du pape, lorsqu'il s'exprime sur des points de doctrine. Mais les travaux du Concile durent être interrompus, en raison de la guerre entre la France et la Prusse.

1870-1871, guerre entre la France et la Prusse. Désastre de Sedan. Proclamation de la 3ème République, le 4 septembre 1870, puis siège de Paris. Heureusement, le 17 janvier 1871, la Vierge Marie était apparue à Pontmain, à quatre enfants: la guerre devait bientôt cesser. Curieusement l'armée prussienne ne put atteindre la ville de Laval.

25 mai 1871, la Commune de Paris et les premiers assassinats: à la prison de la Roquette, de Mgr Darboy, Achevêque de Paris, des abbés Déguerry et Allard, des jésuites Clerc et Ducoudray, du président Bonjean; trois jours plus tard, ce fut le tour de douze dominicains du collège Albert-le-Grand d'Arcueil, et de nombreux autres prêtres et civils.

1875, Pie IX invite tous les fidèles à consacrer leur vie au Sacré Cœur de Jésus, symbole de l’amour de Dieu pour les hommes. Paris est déjà en train de construire sa basilique du Sacré-Cœur.


[1] Adorer, c'est rendre à Dieu un culte dit d'hyperdulie. Ce culte ne peut être rendu qu'à Dieu seul.
[2] À l'origine le nom de ses aïeux a dû être Papin de Pontcallec, ou du Pont-Callec.

 

   

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