« simple laïc », déclaré « vénérable » par l’Église
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Les
amis de M. Dupont
Monsieur Dupont eut de nombreux
amis qui le soutinrent dans son projet de développer l'Adoration Eucharistique:
3-1-Le Père Hermann
M.
Hermann était un artiste, un juif incrédule, qui, invité en mai 1847 à diriger
un chœur de musiciens dans l'église Sainte-Valère à Paris, fut soudain "obligé"
de se prosterner jusqu'à terre au moment de la bénédiction du Saint sacrement.
Il se releva croyant et catholique, et sa première décision fut de créer l'œuvre
de l'adoration nocturne de Paris. Il se fit ensuite carme et, devenu le Père
Augustin-Marie-du-Très-Saint-Sacrement, il fit le vœu de travailler toute sa vie
à propager la dévotion eucharistique. Il aurait voulu entraîner son ami M.
Dupont à constituer une grande œuvre nationale d'adoration nocturne, mais M.
Dupont, qui comprenait toute l'importance des désirs de son ami, ne put s'y
consacrer, étant déjà appelé à un autre apostolat: le culte de la Sainte Face.
3-2-Le Père
Eymard
Le Père
Pierre-Julien Eymard, fondateur des Pères du Saint-Sacrement, venait assez
souvent à Tours où il rencontrait M. Dupont. Entré dans l'Institut des Maristes,
il avait consulté le Saint homme de Tours au sujet de ses projets de quitter les
Maristes
pour se consacrer entièrement à une œuvre eucharistique. La sainte Face
"approuva", à sa façon, la décision du Père Eymard. Le chanoine Janvier raconte:
Le carme
Hermann Cohen, juif converti, dont la cause est en
cours. |
"Le
Père Eymard était atteint de palpitations fébriles au cœur. Il alla voir M.
Dupont, et après avoir été oint de l'huile sainte qui brûle devant la vénérable
image, il se senti complètement guéri. Nous avons eu entre les mains le
certificat où il atteste lui-même sa guérison. L'apôtre de l'Eucharistie ajouta,
dans l'élan de sa reconnaissance: 'Que la grâce de Dieu et son saint amour
fassent palpiter mon cœur et le consument pour sa gloire: voilà tout ce que je
désire.'" Ceci se passait le 7 octobre
1857. Le Père Eymard, quand il quittait M. Dupont, s'écriait souvent:
"Quel homme vous avez là! Quel saint!" Le Père Eymard mourut en 1868, âgé de
57 ans.
3-3-Le
capitaine de Cuers
Raymond
de Cuers fut d'abord capitaine de frégate. Sa correspondance avec M. Dupont fut
abondante, et c'est lui qui établit l'Adoration nocturne à Brest en 1851. Il
rejoignit le Père Eymard dans la fondation des Prêtres du Saint Sacrement dont
le but était l'Adoration perpétuelle, et lui succéda après sa mort, comme
supérieur général.
Le 11
novembre 1853, M. Dupont écrivait à son ami une lettre de laquelle nous
extrayons ces mots toujours actuels: "Après tout, il est visible que le mal
venant de ce que Notre-seigneur n'est pas connu, la pensée de l'annoncer de
nouveau aux Barbares et aux iconoclastes de ce siècle est une pensée sainte que
Jésus doit inspirer... Il faut bien reconnaître que, de la manière dont se
passent les choses, la foi en Jésus présent au saint autel peut se perdre de
plus en plus. Ceux qui savent qu'Il y est... n'arrêtent pas les passants pour
leur en donner la bonne nouvelle: et ainsi l'on continue à vivre dans
l'ignorance de l'ineffable mystère qui résume toute la Rédemption."
3-4-Le
capitaine Marceau
Après
une vie d'impiété et de mondanités, à peine converti, à l'âge de trente cinq
ans, M. Auguste Marceau se sentit très vite attiré par M. Dupont. Une très
profonde amitié s'établit entre les deux hommes, et pendant qu'il était à Brest,
Auguste Marceau aida M. Dupont dans ses recherches de pèlerinages. Sa dévotion
envers la sainte Eucharistie lui donnait la force de se vaincre lui-même.
Le
chanoine Janvier rapporte que ses amis lui dirent un jour:
– Nous
ne savons comment tu fais Marceau; ton équipage
est toujours content et gai, quelles que soient les corvées qu'on lui commande,
et nos matelots se plaignent, crient, sont en fureur; nous ne pouvons les
dompter.
– Messieurs, dit Marceau, je vais vous donner mon procédé. Quand je vois que mes
hommes sont mécontents, je vais passer une heure ou deux devant le
Saint-Sacrement à leur intention, et ensuite tout va à merveille."
L'amitié
entre M. Dupont et le capitaine Marceau dura dix ans jusqu'à la mort de ce
dernier en janvier 1851.
3-5-Mademoiselle de la Boissière
Célestine Boguais de la boissière naquit près d'Angers le 24 août 1812. Aînée
d'une famille très nombreuse, elle dut s'occuper de ses frères et sœurs dès
l'âge de quinze ans, après la mort de sa maman. Elle se comporta en fille
courageuse, judicieuse, et quand ses sœurs furent mariées, elle resta seule avec
son père, jusqu'à la mort de ce dernier. Quoique appelée à vivre dans le monde,
elle se donna à Dieu très jeune et à 26 ans, elle fit le vœu de perpétuelle
virginité. Après la mort de son père, elle fut chargée par son évêque de
nombreuses bonnes œuvres. C'est vers 1851 qu'elle fit, presque par hasard, la
connaissance de M. Dupont. Déjà, depuis de nombreuses années elle vénérait
"la tête couronnée d'épines et la sainte Face outragée et meurtrie du
Rédempteur."
Une
famille d'Angers s'était unie aux prières quotidiennes de M. Dupont dans son
oratoire, et une guérison miraculeuse s'en était suivie. Alors, Melle de la
Boissière, passant par Tours, rendit visite au saint homme de Tours. Leurs deux
âmes se comprirent instantanément. Célestine obtint des Ursulines de Tours la
permission de faire une copie du tableau de la sainte Face peint par Théodolinde
Dubouché. De retour à Angers, elle exposa ce "trésor" chez elle, dans son salon,
et une lampe brûla devant lui. Célestine s'assujettit à réciter les litanies de
la sainte Face, tous les jours, à midi, en union avec les prières qui se
faisaient chez M. Dupont. Et elle recevait tous ceux qui voulaient venir prier
devant la sainte Face...
Puis,
Mlle de la boissière commença à faire des onctions d'huile, mais seulement avec
celle qu'elle faisait venir de chez M. Dupont. Elle faisait prier aussi devant
la sainte Face. Et il y eut des miracles, de nombreux miracles, mais toujours
avec l'huile de chez M. Dupont, car Melle de la Boissière refusait de se servir
de l'huile de la lampe qui brûlait chez elle. Aussi existe-t-il une
correspondance assidue dans laquelle Melle de la Boissière sollicitait des
envois d'huile. Cela dura dix ans, jusqu'à sa mort survenue le 29 août 1862:
elle avait 50 ans.
3-6-Monsieur
d'Avrainville
Monsieur
d'Avrainville habitait Paris. C'était un ami très cher de Léon Dupont, et ils
s'écrivaient souvent. Il fut le confident de M. Dupont qui lui confiait de
nombreuses tâches: achat d'huile, de fioles, envois de colis de fioles pleines
d'huile. Il fut chargé également d'acheter des plantes exotiques de la
Martinique, introuvables en France, pour le jardin botanique de Tours.
M.
Dupont lui demandait aussi de nombreux autres services comme en témoigne une
lettre qu'il lui envoya en 1864: "J'ai rarement été plus accablé! Seize
lettres sur mon bureau, quatre paquets d'huile à faire, un monde énorme. Si,
comme l'an dernier, vous aviez l'amabilité de venir fêter l'Assomption ici, vous
tomberiez en plein concours régional, qui se passe fort innocemment, pendant que
les affairent m'accablent..." Et quelques jours plus tard: "À l'énorme
concours régional est venu se joindre, pour dix jours encore, une foire, et cela
m'attire un nombre prodigieux de pèlerins, et aujourd'hui, par-dessus le marché,
quinze lettres... La fatigue s'ensuit, donc j'abrège. Vous me trouverez vieilli,
et par conséquent surchargé de besogne..."
Et M. d'Avrainville
faisait, discrètement, tout ce que son ami lui demandait. En particulier, c'est
lui qui mit en ordre les innombrables certificats médicaux et les lettres,
attestant les guérisons ou les grâces obtenues grâce aux prières dites devant la
sainte Face et aux onctions d'huile de la lampe. Et ce ne fut pas un mince
travail! L'aveu suivant en témoigne: "Pourriez-vous croire que j'ai reçu
depuis le 1er janvier (1864) cinquante deux certificats de grâces
obtenues à la suite d'onctions d'huile? Pendant ce temps-là, le minimun de
lettres reçues est de huit par jour..."
Pendant
le siège de Paris le 4 novembre 1870, M. Dupont, très inquiet au sujet de son
ami, lui écrivit et confia son courrier au ballon, alors seul moyen de
communication avec la capitale. Et Monsieur Dupont de s'extasier: "N'est-il
pas merveilleux de pouvoir faire franchir à une correspondance écrite une si
grande distance aérienne? Hélas! Le problème ne sera entièrement résolu que le
jour où il sera donné à une réponse de faire un heureux voyage. (ce qui ne
devait pas être toujours le cas) Et M. Dupont, optimiste, poursuit: "La paix
viendra-t-elle achever ce que la guerre a commencé? Qu'il serait souhaitable que
la paix pût bientôt donner cette satisfaction à la science!"
M.
Dupont était très conscient de la délicatesse et du dévouement de son ami, aussi
s'ingéniait-il à lui faire plaisir. Il le recevait chez lui avec son épouse,
plusieurs jours de suite, voire plusieurs semaines.
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