Léon Dupont
Le “saint homme” de Tours
1797-1876

 « simple laïc », déclaré « vénérable » par l’Église

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Les amis de M. Dupont

 

Monsieur Dupont eut de nombreux amis qui le soutinrent dans son projet  de développer l'Adoration Eucharistique:

3-1-Le Père Hermann

M. Hermann était un artiste, un juif incrédule, qui, invité en mai 1847 à diriger un chœur de musiciens dans l'église Sainte-Valère à Paris, fut soudain "obligé" de se prosterner jusqu'à terre au moment de la bénédiction du Saint sacrement. Il se releva croyant et catholique, et sa première décision fut de créer l'œuvre de l'adoration nocturne de Paris. Il se fit ensuite carme et, devenu le Père Augustin-Marie-du-Très-Saint-Sacrement, il fit le vœu de travailler toute sa vie à propager la dévotion eucharistique. Il aurait voulu entraîner son ami M. Dupont à constituer une grande œuvre nationale d'adoration nocturne, mais M. Dupont, qui comprenait toute l'importance des désirs de son ami, ne put s'y consacrer, étant déjà appelé à un autre apostolat: le culte de la Sainte Face.

3-2-Le Père Eymard

Le Père Pierre-Julien Eymard, fondateur des Pères du Saint-Sacrement, venait assez souvent à Tours où il rencontrait M. Dupont. Entré dans l'Institut des Maristes, il avait consulté le Saint homme de Tours au sujet de ses projets de quitter les Maristes[1] pour se consacrer entièrement à une œuvre eucharistique. La sainte Face "approuva", à sa façon, la décision du Père Eymard. Le chanoine Janvier raconte[2]

Le carme Hermann Cohen, juif converti, dont la cause est en cours.

"Le Père Eymard était atteint de palpitations fébriles au cœur. Il alla voir M. Dupont, et après avoir été oint de l'huile sainte qui brûle devant la vénérable image, il se senti complètement guéri. Nous avons eu entre les mains le certificat où il atteste lui-même sa guérison. L'apôtre de l'Eucharistie ajouta, dans l'élan de sa reconnaissance: 'Que la grâce de Dieu et son saint amour fassent palpiter mon cœur et le consument pour sa gloire: voilà tout ce que je désire.'" Ceci se passait le 7 octobre 1857Le Père Eymard, quand il quittait M. Dupont, s'écriait souvent: "Quel homme vous avez là! Quel saint!" Le Père Eymard mourut en 1868, âgé de 57 ans.

3-3-Le capitaine de Cuers

Raymond de Cuers fut d'abord capitaine de frégate. Sa correspondance avec M. Dupont fut abondante, et c'est lui qui établit l'Adoration nocturne à Brest en 1851. Il rejoignit le Père Eymard dans la fondation des Prêtres du Saint Sacrement dont le but était l'Adoration perpétuelle, et lui succéda après sa mort, comme supérieur général.

Le 11 novembre 1853, M. Dupont écrivait à son ami une lettre de laquelle nous extrayons ces mots toujours actuels: "Après tout, il est visible que le mal venant de ce que Notre-seigneur n'est pas connu, la pensée de l'annoncer de nouveau aux Barbares et aux iconoclastes de ce siècle est une pensée sainte que Jésus doit inspirer... Il faut bien reconnaître que, de la manière dont se passent les choses, la foi en Jésus présent au saint autel peut se perdre de plus en plus. Ceux qui savent qu'Il y est... n'arrêtent pas les passants pour leur en donner la bonne nouvelle: et ainsi l'on continue à vivre dans l'ignorance de l'ineffable mystère qui résume toute la Rédemption."

3-4-Le capitaine Marceau

Après une vie d'impiété et de mondanités, à peine converti, à l'âge de trente cinq ans, M. Auguste Marceau se sentit très vite attiré par M. Dupont. Une très profonde amitié s'établit entre les deux hommes, et pendant qu'il était à Brest, Auguste Marceau aida M. Dupont dans ses recherches de pèlerinages. Sa dévotion envers la sainte Eucharistie lui donnait la force de se vaincre lui-même.

Le chanoine Janvier rapporte que ses amis lui dirent un jour:

– Nous ne savons comment tu fais Marceau; ton équipage[3] est toujours content et gai, quelles que soient les corvées qu'on lui commande, et nos matelots se plaignent, crient, sont en fureur; nous ne pouvons les dompter.

– Messieurs, dit Marceau, je vais vous donner mon procédé. Quand je vois que mes hommes sont mécontents, je vais passer une heure ou deux devant le Saint-Sacrement à leur intention, et ensuite tout va à merveille."

L'amitié entre M. Dupont et le capitaine Marceau dura dix ans jusqu'à la mort de ce dernier en janvier 1851.

3-5-Mademoiselle de la Boissière

Célestine Boguais de la boissière naquit près d'Angers le 24 août 1812. Aînée d'une famille très nombreuse, elle dut s'occuper de ses frères et sœurs dès l'âge de quinze ans, après la mort de sa maman. Elle se comporta en fille courageuse, judicieuse, et quand ses sœurs furent mariées, elle resta seule avec son père, jusqu'à la mort de ce dernier. Quoique appelée à vivre dans le monde, elle se donna à Dieu très jeune et à 26 ans, elle fit le vœu de perpétuelle virginité. Après la mort de son père, elle fut chargée par son évêque de nombreuses bonnes œuvres. C'est vers 1851 qu'elle fit, presque par hasard, la connaissance de M. Dupont. Déjà, depuis de nombreuses années elle vénérait "la tête couronnée d'épines et la sainte Face outragée et meurtrie du Rédempteur."

Une famille d'Angers s'était unie aux prières quotidiennes de M. Dupont dans son oratoire, et une guérison miraculeuse s'en était suivie. Alors, Melle de la Boissière, passant par Tours, rendit visite au saint homme de Tours. Leurs deux âmes se comprirent instantanément. Célestine obtint des Ursulines de Tours la permission de faire une copie du tableau de la sainte Face peint par Théodolinde Dubouché. De retour à Angers, elle exposa ce "trésor" chez elle, dans son salon, et une lampe brûla devant lui. Célestine s'assujettit à réciter les litanies de la sainte Face, tous les jours, à midi, en union avec les prières qui se faisaient chez M. Dupont. Et elle recevait tous ceux qui voulaient venir prier devant la sainte Face...

Puis, Mlle de la boissière commença à faire des onctions d'huile, mais seulement avec celle qu'elle faisait venir de chez M. Dupont. Elle faisait  prier aussi devant la sainte Face. Et il y eut des miracles, de nombreux miracles, mais toujours avec l'huile de chez M. Dupont, car Melle de la Boissière refusait de se servir de l'huile de la lampe qui brûlait chez elle. Aussi existe-t-il une correspondance assidue dans laquelle Melle de la Boissière sollicitait des envois d'huile. Cela dura dix ans, jusqu'à sa mort survenue le 29 août 1862: elle avait 50 ans.

3-6-Monsieur d'Avrainville

Monsieur d'Avrainville habitait Paris. C'était un ami très cher de Léon Dupont, et ils s'écrivaient souvent. Il fut le confident de M. Dupont qui lui confiait de nombreuses tâches: achat d'huile, de fioles, envois de colis de fioles pleines d'huile. Il fut chargé également d'acheter des plantes exotiques de la Martinique, introuvables en France, pour le jardin botanique de Tours.

M. Dupont lui demandait aussi de nombreux autres services comme en témoigne une lettre qu'il lui envoya en 1864: "J'ai rarement été plus accablé! Seize lettres sur mon bureau, quatre paquets d'huile à faire, un monde énorme. Si, comme l'an dernier, vous aviez l'amabilité de venir fêter l'Assomption ici, vous tomberiez en plein concours régional, qui se passe fort innocemment, pendant que les affairent m'accablent..." Et quelques jours plus tard: "À l'énorme concours régional est venu se joindre, pour dix jours encore, une foire, et cela m'attire un nombre prodigieux de pèlerins, et aujourd'hui, par-dessus le marché, quinze lettres... La fatigue s'ensuit, donc j'abrège. Vous me trouverez vieilli, et par conséquent surchargé de besogne..."

Et M. d'Avrainville faisait, discrètement, tout ce que son ami lui demandait. En particulier, c'est lui qui mit en ordre les innombrables certificats médicaux et les lettres, attestant les guérisons ou les grâces obtenues grâce aux prières dites devant la sainte Face et aux onctions d'huile de la lampe. Et ce ne fut pas un mince travail! L'aveu suivant en témoigne: "Pourriez-vous croire que j'ai reçu depuis le 1er janvier (1864) cinquante deux certificats de grâces obtenues à la suite d'onctions d'huile? Pendant ce temps-là, le minimun de lettres reçues est de huit par jour..."

Pendant le siège de Paris le 4 novembre 1870, M. Dupont, très inquiet  au sujet de son ami, lui écrivit et confia son courrier au ballon, alors seul moyen de communication avec la capitale. Et Monsieur Dupont de s'extasier: "N'est-il pas merveilleux de pouvoir faire franchir à une correspondance écrite une si grande distance aérienne? Hélas! Le problème ne sera entièrement résolu que le jour où il sera donné à une réponse de faire un heureux voyage. (ce qui ne devait pas être toujours le cas) Et M. Dupont, optimiste, poursuit: "La paix viendra-t-elle achever ce que la guerre a commencé? Qu'il serait souhaitable que la paix pût bientôt donner cette satisfaction à la science!"

M. Dupont était très conscient de la délicatesse et du dévouement de son ami, aussi s'ingéniait-il à lui faire plaisir. Il le recevait chez lui avec son épouse, plusieurs jours de suite, voire plusieurs semaines.


[1] Chez qui il était entré dix-sept ans auparavant.
[2] Vie de M. Dupont- tome 1.
[3] Auguste Marceau était capitaine de vaisseau.

   

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