« simple laïc », déclaré « vénérable » par l’Église
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Monsieur Dupont et saint Martin
Nous
avons vu plus haut
que M. Dupont avait exprimé le désir de retrouver l'emplacement du tombeau de
saint Martin et de reconstuire la basilique qui avait été complètement détruite
en 1793. Malgré ses
nombreuses occupations il gardait ce souci en tête, prêt à
saisir la première occasion. Déjà en 1849, une grande procession avait été
organisée par Mgr Morlot, pour implorer la fin d'une grande épidémie de choléra
qui s'était abattue sur la ville; l'épidémie cessa immédiatement. Les décès
cessèrent aussi. Mieux, des malades qui étaient condamnés revinrent à la vie...
La ville de Tours avait été délivrée miraculeusement du fléau qui la ravageait
grâce à la protection de saint Martin.
En 1853,
l'évêque de Tours racheta les ruines du monastère de Ligugé, et M. Dupont fut
mis en relation avec les moines bénédictins. Une forte relation d'amitié naquit
entre lui et Dom Guéranger. M. Dupont eut alors l'idée de fonder une œuvre
charitable: Le Vestiaire de saint Martin, association approuvée par
l'évêque de Tours, Mgr Morlot. Les personnes qui remettaient les vêtements en
état exprimèrent le désir de "relever le culte du grand thaumaturge des
Gaules". Le nouvel évêque,
Mgr Guibert, accepta, mais fut réservé au sujet de la reconstruction de la
basilique: il fallait d'abord retrouver l'emplacement du tombeau de saint
Martin. Toutefois, en 1856, Mgr Morlot devenu cardinal, obtint du pape Pie IX la
bénédiction du projet de rétablissement de la basilique. En août 1859 le
premier pèlerinage général de la Touraine à Candes
fut organisé.
Le 14
décembre 1860 l'architecte de la ville découvrit dans les archives de la
préfecture un vieux document datant de 1686, qui permit, après plusieurs
regroupements, de localiser l'emplacement recherché: il suffisait d'acheter
trois maisons... On acheta les trois maisons, et, après de nouvelles recherches
et des fouilles méthodiques, on retrouva le tombeau. Il faut signaler également
la grande valeur archéologique des fouilles entreprises dans la rue Saint Martin
à partir de 1861. Leur examen attentif permit de retrouver les fondations des
églises des Vè, XIè, XIIè et XIIIè siècles qui s'étaient succédé sur le tombeau
de saint Martin.
Une
chapelle provisoire fut construite et les visiteurs affluèrent. Les pèlerinages
et les fêtes en l'honneur de saint Martin vont dès lors se multiplier. Le
conseil municipal qui voulait embellir la ville donna son accord pour la
reconstruction d'une église sur les fondations de l'ancienne basilique. Les
travaux de la crypte allaient commencer... mais soudain, en 1862, les
Conférences de Saint Vincent de Paul furent supprimées en France. Les passions
agitèrent la ville, les vieilles haines resurgirent; et les élections de 1865
amenèrent un conseil municipal hostile. Puis ce fut la guerre de 1870, et tout
s'arrêta.
M.
Dupont avait retrouvé le tombeau de saint Martin et remis les pèlerinages en
honneur. Un oratoire avait été construit et béni par Mgr Guibert à l'emplacement
du tombeau de Saint Martin, mais la grande basilique à laquelle il songeait ne
fut pas construite.
Sur les
lieux, Monsieur Dupont avait eu la joie de voir s’élever une chapelle provisoire
et d’y participer. En 1866, ce fut la mise en place d’un magnifique ciborium
qu’on peut admirer aujourd’hui au-dessus de l’autel majeur de la basilique
actuelle. Il convient d'insister fortement sur un point. L'entreprise de M.
Dupont et de ses amis avait un support essentiellement réparateur: pour lui,
c'était un acte de réparation. "Un outrage satanique, un crime de destruction
impie avait été commis contre Notre-Seigneur: pour réparer ce crime, il fallait
réédifier ce qui avait été détruit... La génération présente expierait le crime
de ses pères... et vaincrait le perpétuel adversaire de saint Martin sur un
terrain où il se croyait maître invincible et tranquille possesseur."
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