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La conscience et les actions du Verbe incarné
Marie-Aimée affirme:
"La conscience est ce juge intérieur, inhérent à l'âme, qui condamne
impitoyablement le mal, et qui, sans flatterie, approuve le bien.
C'est la voix, l'écho fidèle de l'appréciation souverainement
équitable de Dieu, juge suprême... Que le Verbe, en tant qu'homme,
ait une conscience comme tous les hommes, est une vérité
indubitable...La conscience de Jésus-Christ fut formée par
l'Esprit-Saint..." De là, la conscience de Jésus-Christ est
fixée dans le bien, un bien que seul le Fils de Dieu pouvait opérer.
La conscience de Jésus-Christ est le miroir sans tache de la
divinité.
Dieu donne à tous les
hommes ce juge qui est notre conscience, mais comme le péché a tout
vicié en nous, il y a dans les consciences des pentes dangereuses;
d'où la nécessité d'examiner les principales sortes de conscience:
les consciences scrupuleuses, erronées, douteuses, timorées, et
enfin les consciences larges, droites, et la conscience délicate.
– La conscience
scrupuleuse voit, par ignorance, le péché, là où il n'est pas,
– La conscience erronée
"est celle qui fait le mal sous prétexte de perfection... Cette
conscience ne se réforme que par l'humilité et l'obéissance..."
– La conscience
douteuse rend les âmes continuellement perplexes; elles craignent
toujours de se tromper.
– La conscience timorée
"est celle qui est plus portée à la crainte qu'à l'amour, à la
défiance qu'à la confiance, qui voit plutôt en Dieu un juge sévère
qu'un Père indulgent."
– La conscience large
"est celle qui, étant insuffisamment instruite et éclairée, ne
tient pas assez compte de l'observance des petites choses... et va
jusqu'à commettre habituellement et de propos délibéré, le péché
véniel; cette conscience est celle des âmes tièdes...
– La conscience droite
"est celle qui évite le mal aussitôt qu'elle le reconnaît, et
pratique le bien dès qu'il se montre à elle, ne faisant nul cas de
ses attraits ou de ses répugnances... Cette conscience est le
partage des âmes bien nées. Elle est un don de Dieu... La conscience
droite peut dévier si elle manque de fidélité...
– La conscience
délicate est celle des âmes appelées à la perfection. La seule
apparence du mal la fait fuir. Elle répare ses torts avec
empressement, et confesse ses péchés. Son plus grand regret, c'est
d'avoir blessé le Cœur de Dieu.
4-2-1-Le
Verbe incarné annonce à Marie sa prochaine naissance
Jésus tressaille en
Marie: l'heure approche. Quelle douce attente! Chantons avec Marie
les titres de Jésus: "Sagesse sortie de la bouche du Très haut,
Dieu conducteur de la Maison d'Israël, Rejeton de Jessé, Clef de
David, Orient, splendeur de la lumière éternelle, Roi des nations,
Emmanuel, notre Roi et notre Législateur, le Désiré des Nations..."
4-2-2-Jésus
révèle ses divines inclinations
Jésus vient pour vivre
parmi nous "une vie de mortification et d'obéissance... une vie
humiliée et méprisée, lui le roi de gloire... une vie cachée,
solitaire, dérobée à tous, lui qui est la vie et la lumière des
hommes. Jésus sera pour nous le Dieu de paix... Il vient pour rendre
à ses créatures l'image de Dieu qu'elles avaient perdue...
Les inclinations de
Jésus-Christ, ainsi que ses innombrables vertus et prérogatives,
sont les fruits de l'union hypostatique du Verbe avec l'humanité
sainte dans le mystère de l'Incarnation... Nous devons imiter, ce
modèle, suivre ce chef...
Marie-Aimée revient aux
hommes sur la terre. Ce qui flatte leurs sens, favorise leur
liberté, les élève au-dessus des autres, fait du bruit, c'est ce que
la nature réclame. "C'est donc par une lutte incessante contre
ces tendances naturelles et mauvaises que l'âme, après avoir entrevu
et compris la beauté de la vertu, peut triompher d'elle-même. C'est
après avoir contemplé dans le Verbe incarné les perfections de son
âme... qu'elle peut arriver, à l'aide d'un amour intense et
persévérant... à glorifier Jésus-Christ.. Alors seulement il régnera
en elle..."
Heureuse l'âme qui,
après avoir contemplé Jésus, visite, dans l'oraison, les plus
secrets replis de son cœur et s'abandonne avec une confiance
absolue, dans ses bras et le laisse pleinement agir. "C'est ainsi
que dès que nous nous offrons avec une pleine générosité pour
détruire tout obstacle, le Seigneur vient à notre aide..."
4-2-3-Inclination
du Verbe incarné pour les humiliations
Dans une suite d'autres
réflexions, Marie-Aimée parlera des autres inclinations de Jésus
concernant l'amour des mortifications, du mépris et de la solitude.
Ainsi, le Verbe de Dieu, maître du temps, se soumet à la loi du
temps. Dans le sein de Marie, pendant neuf mois, "il s'enferme,
il s'enserre dans une étroite enceinte... Ayant créé la lumière, il
veut demeurer dans les ténèbres..."
"La passion de Jésus
commença dès le premier moment de son existence humaine... On n'y
pense pas assez... La mortification dont Jésus-Christ donnera
l'exemple toute sa vie, est un des moyens les plus salutaires de
perfection...
Il faut, en dépit de
notre nature, aller au-devant des occasions qui la mortifient, la
blessent ou la contrarient. Il faut, par amour pour Dieu, aimer ce
qui nous aide à nous dépouiller de l'amour de nos aises... Pourtant,
l'esprit de mortification ou de pénitence, est toute autres chose;
c'est lui surtout qui nous donne une ressemblance avec notre divin
Modèle... Il faut savoir faire mourir les désirs de la nature,
éteindre la vie des sens, les priver de ce qui les flatte... Il faut
savoir ne se plaindre de rien ni de personne... et vivre sans que le
prochain puisse s'en apercevoir... De même qu'en Notre Seigneur tout
était calme et simple, de même il faut que la mort à soi-même
s'opère dans l'âme fidèle dans la paix, la simplicité, sans
affectation ni contrainte, mais par amour et dans la joie de
l'amour."
La naissance de Jésus
approche. Marie est à Nazareth et ne semble pas s'en préoccuper...
C'est un édit de César-Auguste qui fera que la parole de Dieu se
réalisera. Marie et Joseph partent pour Bethléem, là où on les
méprisera... Marie et Joseph s'oublient pour penser à Jésus qui
"ne sera pas reçu par les siens." Le Créateur est rejeté par sa
créature. "Or, ces humiliations, Jésus les a permises, voulues,
recherchées. L'amour qu'Il porte à son Père, le désir de le
glorifier, celui de nous sauver..." le conduisent à accepter ces
mépris.
Marie-Aimée veut voir
Jésus-Christ naître en elle. Pour cela, elle doit aimer tout ce
qu'il a aimé et lui ressembler. Mais attention! "Là comme
ailleurs, la prudence est requise pour éviter l'illusion...
L'occasion de pratiquer l'humilité lui montrera bientôt ce qu'elle
doit penser de sa vertu qui est peut-être imaginaire... Tous les
saints, à l'exemple de Jésus-Christ ont sincèrement estimé et
recherché les mépris, suivant l'exemple de celui qui, étant la
Sagesse du Père, a voulu lui-même passer pour insensé devant ses
créatures... L'âme doit vivre sous la dépendance du Saint-Esprit,
toujours prête à se livrer au bon plaisir divin, lui sacrifiant ses
plus saints désirs, même celui d'être oubliée..."
N'ayant pas été reçus à
Bethléem, Marie et Joseph cherchent maintenant une cabane
abandonnée. Jésus se réjouit d'aller dans la solitude. En effet, les
hôtelleries n'étaient pas dignes de Le recevoir. Enfin Marie et
Joseph trouvent l'étable où Jésus pourra naître.
Marie-Aimée de Jésus
rapproche la solitude de Jésus dans la grotte de Bethléem à la
solitude rencontrée par une âme qui entre dans l'état religieux.
C'est la rupture d'avec le monde qui prépare ce qui doit se passer à
l'intérieur de l'âme: ne plus vouloir que Dieu seul. "Heureuse
solitude où l'âme attend dans les saints désirs de la prière, dans
la douce anxiété de l'amour... L'âme sent une nouvelle existence
prête à s'ouvrir... Plus elle goûte la solitude, plus elle la désire
profonde. Ce n'est pas que son cœur se ferme aux affections voulues
par Dieu; il s'élargit au contraire au contact de l'amour infini...
L'important, désormais, pour l'âme est de ne pas retourner en
arrière et d'éloigner tout souvenir du monde... Qu'elle ne craigne
pas... Mais pour cela il ne faut pas... de spécieux prétextes de
charité qui entravent l'intimité avec Jésus; pas d'infraction aux
règles qui... sont toujours remplies du Saint-Esprit qui les a
inspirées...
Marie-Aimée médite sur
les progrès de Marie qui d'instant en instant progressait plus que
tous les saints pendant leur vie entière. "Et Marie mit au monde
son Fils premier-né... Revenue de la plus douce des extases, la
Vierge vit devant elle le Fils unique de Dieu, sous la forme d'un
petit enfant, la regarder, lui tendre les bras... Marie le prit avec
respect, l'adora comme son Dieu et le pressa sur son cœur comme son
Fils." Marie précise: "Il est de foi que Marie et Joseph ont
toujours vécu dans une parfaite continence; et si les évangélistes
qualifient Jésus de premier-né de Marie, c'est pour nous dire qu'il
est le fruit de sa virginité miraculeusement féconde..."
Marie-Aimée va
s'attarder sur la naissance spirituelle de Jésus-Christ dans une âme
qu'Il veut transformer. Marie-Aimée, anéantie, se demandait comment
elle pourrait vivre avec Jésus et de sa vie. En fait, elle ne
comprend pas très bien: "Où est cette seconde personne de la très
sainte Trinité, ce Verbe éternel, Dieu, Fils de Dieu? Sous
l'apparence d'un petit enfant. Où est cette beauté divine qui
m'attirait... mais que la vue de mon néant me portait à fuir?...
Elle est cachée sous les traits d'un petit enfant... Où est cet
amour dont je voulais vivre uniquement mais que ma petitesse ne
pouvait contenir? Où sont ces délices que je voulais goûter,
auxquelles je ne pouvais suffire? L'un et l'autre, amour infini,
bonheur infini, sont dans le cœur de ce petit enfant... Ce petit
enfant qui est Dieu, le seul Dieu...
L'ange déchu n'a pas
cru à l'amour, il est privé d'amour; les hérétiques ne croient pas à
l'amour, ils sont privés d'amour... Oui Jésus naît spirituellement
en l'âme qui s'y dispose... en la faisant passer du péché à la vie
de la grâce par le Baptême ou par le sacrement de Pénitence..."
Le premier manuscrit de
Sœur Marie-Aimée de Jésus s'achève. Avec tout son amour, "elle a
essayé de protester contre l'hérétique impie qui cherche à prouver
que Jésus-Christ est un homme ordinaire et non pas un Dieu."
Elle pourrait s'arrêter ici, mais sous la conduite de l'obéissance
elle veut continuer à réparer les outrages faits à son Bien-Aimé en
le suivant "jusqu'au plus haut des cieux." Ce sera l'objet du
tome 2 |