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La naissance de Jésus
Qui est ce
petit enfant qui vient de naître dans une crèche?
-"Ce petit
enfant, c'est ce 'premier-né' dont le Père, en
l'introduisant dans le monde dit: 'Que tous les anges
l'adorent'.
Ce Fils,
c'est celui auquel le Père dit encore: 'Je T'ai engendré
aujourd'hui'... Ce Fils, c'est le Verbe, puissante parole du
Père, miroir de sa bonté. Ce fils, c'est celui dont l'ange
disait à Marie, sa Mère: 'Il sera le fils du Très-Haut'...
Son trône est éternel; le sceptre de sa royauté est un
sceptre de droiture... Il est descendu sur la terre pour
sauver l'homme pécheur. Venez, puissances du ciel adorer ce
Dieu, Verbe incarné.
Un petit
enfant nous est né, un fils nous a été donné. Un Homme-Dieu
est sur la terre, un Enfant-Dieu est au monde... Un enfant
nous est né... Quand Isaïe prononçait cet oracle il voyait
en esprit le mystère, et il ne supposait pas que l'hérétique
vint le contredire un jour..."
Marie-Aimée
s'étonne: le Seigneur nomme ce petit enfant: "Dieu".
Marie-Aimée s'extasie avant d'avertir les hérétiques: "Il
sera appelé l'Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort; le
Père du siècle futur, le Prince de la paix. Voilà ce qu'est
ce petit enfant. Il est Dieu, Il règne depuis l'éternité et
il naît dans le temps. Comme Dieu, il règne depuis
l'éternité, comme homme, il s'anéantit... Celui qui est si
grand 'dans la forme de Dieu' est tout petit en la forme
d'esclave...
Hérétiques,
n'approchez pas de ce petit enfant, car voici ce que dit
encore le prophète: 'Il tuera l'impie du souffle de sa
bouche.'.. Ne vous fiez pas à sa petitesse car il est le
Fort... le Tout-Puissant... Ô vous qui, en niant la divinité
du Fils outragez la virginité de sa Mère, retirez-vous,
retirez-vous car c'est d'elle qu'il est écrit: 'elle est
terrible comme une armée rangée en bataille'...
Retirez-vous, fuyez, hérétiques, ce petit enfant tuera du
souffle de sa bouche quiconque osera attenter à l'honneur de
sa Mère...'
Quant à
nous, approchons sans crainte, c'est notre frère et notre
Sauveur... Puis, avec Marie, avec Joseph, avec ces millions
d'anges qui sont autour de la crèche, chantons: 'Ô Verbe
fait enfant! Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant'!"
Marie-Aimée va
ensuite donner quelques conseils importants aux âmes qui se
sont résolues à travailler sans relâche pour Dieu seul, et
en qui Jésus peut naître spirituellement. En effet, combien
frêle et délicat est Jésus qui naît dans une âme au début de
sa vie spirituelle! "Jésus ne trouve en cette âme qu'une
étable froide et abandonnée dont elle doit se hâter de le
retirer pour l'abriter dans une demeure moins indigne de
lui. Pour cela:
- elle
évitera toute faute volontaire...
- elle
imitera Marie...
- elle se
dépouillera d'elle-même, s'abandonnant totalement...
- elle exercera une vigilance de tous les instants..
Dieu est
le Dieu de la Paix. Il est le Maître et le Seigneur de
toutes les créatures. Il a voulu, par un effet de sa
miséricorde, conclure la paix avec l'homme révolté contre
Lui.
"Cette mission de paix, le
Père céleste l'a confiée au Fils, le Prince de la paix... Le
Verbe éternel ne voulut descendre du ciel que lorsque toute
la terre était en paix...
Jésus abaisse ses yeux vers nous, et nous n'entrevoyons que
les rayons de sa bonté qui annonce le pardon..."
Le ciel s'émeut et chante:
"Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté!" Les
hommes pécheurs ne sont plus abandonnés. Jésus devient la
raison de notre espérance, de notre confiance.
D'où la
méditation de Marie-Aimée. Pour arriver à la perfection,
l'âme doit regarder Jésus, "contempler ses divines
beautés... agir d'après le divin modèle..." C'est la
paix. "L'âme se réfugie dans l'amour, lequel réduit
promptement la nature, car l'amour ne peut faire autrement
que de céder à l'objet aimé... Elle fait rayonner la joie
autour d'elle, elle aime le prochain pour Dieu, et, à cause
de cela, elle lui donne après Dieu la place d'honneur...
Vis-à-vis d'elle-même elle s'efforce de garder sa paix en
arrêtant son activité naturelle, en évitant de
s'empresser... Elle n'exagère pas les expressions de sa
tristesse ou de sa joie, évite de se répandre au dehors,
garde en elle le plus possible les impressions les plus
saintes...
Elle se
livre aux divers sentiments que l'Esprit-Saint excite en
elle... et qui la recueillent, la tranquillisent, la
reposent, la rassurent, lui font garder la paix sereine et
le calme au milieu des joies intérieures les plus vives...
Peu à peu l'âme se prépare à faire l'ascension des degrés
supérieurs dans lesquels... elle attendra tout de Dieu..."
Marie-Aimée
s'adresse au Verbe: "Ô Verbe divin, vous êtes la lumière
de tout homme, vous éclairez toutes les âmes qui veulent
marcher dans les voies du salut... Mais dans quelles
ténèbres vous êtes-vous levée, ô lumière sans déclin... Mais
il n'y avait pas que les ténèbres matérielles qui vous
dérobassent à la vue de vos créatures... les cœurs des
hommes étaient plus difficiles à éclairer que la nuit la
plus sombre... Hélas! la lumière luit dans les ténèbres, et
les ténèbres ne l'ont pas comprise! Jésus-Christ, lumière du
monde, venait luire au milieu des ténèbres de l'ignorance de
l'homme... La lumière se lève pour tous, mais seuls les
cœurs droits croiront à cette lumière..."
Reprenant le
récit de l'annonce de la naissance de Jésus aux bergers par
les anges, Marie-Aimée loue la simplicité de Dieu.
"Si nous connaissons quelque chose des attributs divins,
nous les retrouverons dans ce petit enfant... Ce sont les
simples et innocents bergers que sa simplicité appelle en
premier à sa crèche..." Les bergers se hâtèrent; c'est
donc leur foi éclairée qui les guidait. Parce qu'ils
crurent, ils allèrent voir.
La foi
simple des bergers était aussi accompagnée d'humilité
et de prudence. "Telle est la foi que Dieu exige de
nous. Il la veut grande. Cependant sa bonté semble respecter
notre raison..." Là, Marie-Aimée ne peut pas s'empêcher
de se retourner contre les hérétiques: "Et il se
rencontre des incrédules qui doutent d'un tel amour, parce
qu'eux-mêmes sont incapables d'amour! Admirable conduite du
plan divin, incomprise de l'impie qui blasphème et qui ose
nier l'amour!!"
Les bergers
arrivent à la crèche. Ils ne raisonnent pas: ils croient,
ils se prosternent et ils adorent... Et Marie-Aimée professe
sa foi: avec les bergers elle croit et elle adore
l'abaissement voulu et choisi par l'amour. "Spectacle
ravissant que les démons ne peuvent comprendre, que l'impie
raille et méprise, mais qui jette les anges dans la
stupéfaction... et rend à la Trinité sainte un vrai culte
d'adoration!... Ô Jésus, quel mystère vous nous révélez!"
C'est à l'âme,
maintenant, de pratiquer les vertus de simplicité,
d'assujettissement et de pauvreté à l'école de Jésus.
C'est aux âmes entrées en religion que Marie-Aimée s'adresse
maintenant: "Pour être entrée en religion, une âme n'est
pas, par cela même, affranchie totalement du goût et de
l'esprit du monde qu'elle a quitté... Cette âme n'est pas
morte encore à certaines manières contraires à la divine
simplicité de Jésus-Christ... Elle est encore loin de la
simplicité de l'Enfant Jésus... Si son esprit n'a pas
renoncé au monde en toutes choses, elle n'a pas la vraie
simplicité... Mais la simplicité n'est pas la rusticité.
Pour être simple, Jésus ne cesse pas d'être infiniment
aimable; il ne perd pas sa dignité de Fils de Dieu... L'âme
qui le voit dans sa crèche s'entourer de pauvres et simples
bergers, se sentira inclinée, elle aussi, vers les simples
et les petits...
En
embrassant la vie religieuse, l'âme place, de son plein
gré, sa volonté sous le joug de l'obéissance... Par le
vœu, elle s'engage à une soumission formelle aux règles et
aux constitutions de son Ordre... Par le vœu, elle s'engage
à obéir à ceux qui interprètent ces mêmes règles ayant
l'autorité légitime pour le faire... La vertu d'obéissance
va plus loin que le vœu; elle dévoue celle qui l'embrasse à
un état qui semble une sorte d'esclavage, le Saint
esclavage... C'est l'assujettissement.
L'assujettissement s'exerce dans la maladie comme dans la
santé... L'âme assujettie préfère encore s'en tenir à ce qui
lui est commandé... L'assujettissement va plus loin encore:
il soumet aux égaux et aux inférieurs... Cet idéal révolte
peut-être la nature, mais il ravit l'esprit qui le comprend,
il attire le cœur qui reçoit l'appel de Jésus... qui lui en
a donné l'exemple... Cet idéal de perfection rend l'âme
admirablement libre, de la liberté des enfants de Dieu...
La pauvreté
affranchit l'âme du créé, du sensible et d'elle-même.
"Pour être pauvre, il ne suffit pas d'être privé du
superflu, il faut aussi manquer du nécessaire... Il faut
désirer et sentir la souffrance de la pauvreté... Pour
imiter Jésus, une religieuse doit désirer être mal logée,
mal couchée, mal vêtue, mal nourrie..." sachant bien que
l'indispensable lui sera toujours départi.
L'amour de Dieu
pour la virginité fut révélé aux hommes lorsque Dieu annonça
que son Fils naîtrait d'une vierge. "Dès le premier
instant de sa naissance, le Roi éternel, épris de sa beauté,
s'était penché sur Marie et lui avait dit: 'Écoute ma fille,
prête l'oreille, oublie ton peuple et la maison de ton
père.' Devenue Mère de Dieu, Marie pouvait dire, en toute
vérité: 'Dieu a confondu les superbes.' Marie suit Jésus.
Quant à Joseph il marche le premier à leur suite attiré par
le parfum du lis que Marie répand autour d'elle, et plus
encore par l'inclination secrète que le Verbe incarné lui
communique pour cette sublime vertu, afin qu'il reste l'ange
visible de la Vierge des vierges, son appui et son
protecteur...
C'est dans
ce lis virginal, dans cette vallée de pureté et d'humilité:
l'âme de Marie exempte de tout péché, que le Verbe éternel
est descendu pour contracter alliance avec l'humanité...
L'Incarnation est donc la révélation par excellence de
l'attrait du Verbe pour la virginité... La virginité rend
l'homme, dans un corps mortel, l'émule de l'ange pur esprit.
Jésus-Christ, en sanctifiant Jean-Baptiste dans le sein de
sa mère, le marque du sceau qui consacre les vierges... le
prépare à montrer Jésus aux hommes en leur disant: 'Voici
l'Agneau de Dieu!' Et cet Agneau divin... est entouré de
trois vierges: Marie, Joseph, Jean-Baptiste... Les bergers,
entrés dans l'étable contemplent l'Enfant-Dieu entre ces
deux vierges: Marie et Joseph..."
La virginité
est une fleur, un joyau de grand prix, une état élevé
au-dessus de la nature. La virginité, c'est aussi vouloir
n'avoir de commerce qu'avec Jésus-Christ, l'Époux très
saint, c'est se vouer à Dieu, en esprit autant que de corps.
La virginité consiste en trois choses:
- aimer
Jésus-Christ, c'est-à-dire renoncer pour lui à ce qu'il y a
de plus naturel et d'humain, même dans les affections les
plus légitimes.
- s'unir à Jésus-Christ, c'est-à-dire s'éloigner le plus
possible des créatures,
- embrasser Jésus-Christ, c'est-à-dire l'imiter.
Ces trois actes
consacrent la triple pureté de l'âme. "Cela nécessite la
fuite de tout ce qui peut souiller; conséquemment la pureté
est son fruit. L'âme entrevoit les réalités d'un monde
nouveau et touche par la foi le seuil de la patrie des
cieux... L'âme se livre entièrement à Dieu... elle poursuit
ce qu'elle comprend être le plus parfait par amour pour le
Bien-Aimé... Cette âme est un temple très pur où l'on
n'entend aucun bruit... L'épouse de Jésus-Christ est
destinée par son état à le reproduire; elle doit voir sa
raison d'être dans le privilège de donner sa vie à
Jésus-Christ, en elle d'abord, et en d'autres âmes... Pour
arriver à cette consommation il faut mourir à soi-même,
s'anéantir... regarder sans cesse par la foi sa divine
personne..."
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