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La petite enfance de Jésus
Marie-Aimée
commence par un petit retour sur la sainte Trinité. Elle
nous rappelle que "de toute éternité, Dieu n'a dit qu'une
seule parole, son Verbe! Parole non créée, mais engendrée,
parole éternelle, vivante, essentielle, personnelle, parole
qui est la personne du Fils égale à la personne du Père
desquelles procède la personne du Saint-Esprit, formant avec
les deux premières la Trinité parfaite, le Dieu indivisible.
Depuis l'éternité jusqu'à la création des anges, Dieu ne
s'entretenait qu'avec lui-même..." Après avoir fait une
rapide digression sur la création présentée dans la Sainte
Écriture, Marie-Aimée rappelle que "Dieu s'entretenait
familièrement avec les justes de l'ancienne Loi..." Mais
ces colloques furent rares, et eurent le plus souvent lieu
dans des songes, des visions ou le ministère des anges.
"Les temps
marqués pour la Rédemption du monde étant arrivés, le Verbe
se fait chair. Il s'unit à notre nature. Extérieurement,
rien ne le distingue des autres hommes... Sa bouche sacrée
est une fontaine de sagesse, mais par attrait pour le
silence, cette fontaine restera scellée.. jusqu'à ce que
Jésus-Christ ait atteint l'âge ordinaire où l'enfant
commence à parler. Et cependant il est le Fils de Dieu."
2-1-1-Le silence de Jésus Verbe Incarné (tome
2 – Ch. 5)
"Il
rend visite à son saint Précurseur et le fait jubiler dans
le sein de sa mère... Il rend la parole à Zacharie et le
fait prophétiser... et lui
garde le silence... Le silence de Dieu Trinité, le silence
du Verbe incarné nous convient à l'admirer... Jésus est
immobile, il n'agit pas... Nos yeux ne voient autour de lui
que petitesse, dénuement, mais la foi nous montre une gloire
incomparable... Dans cet état, que fait le saint Enfant
Jésus? Il prie! Il contemple!..."
Car le
Verbe qui est Lui, continue son éternelle contemplation du
Dieu UN en trois Personnes.
"Le Cœur du Verbe incarné se
fond de tendresse et d'amour à la vue d'une majesté si haute
et si prodigieusement abaissée. Le Fils unique du Dieu
vivant s'abreuve aux sources de la véritable vie, au sein de
son Père dans le baiser du Saint-Esprit..."
Que peut faire
une créature devant ce mystère? Se prosterner, se taire,
prier, louer et adorer en union avec Jésus. Avant d'aborder
ses réflexions sur le silence, Marie-Aimée s'écrie:
"Seigneur, je me livre, je m'abandonne, je me donne! Fiat!
Amen!"
2-1-2-Considérations sur le silence dans une
vie d'oraison
Le silence
prépare les âmes à l'oraison. Il est un besoin impérieux de
toute vie intérieure et surtout des âmes religieuses. "Le
silence exige d'abord que l'âme s'éloigne de la société des
créatures... L'âme charmée de ses entretiens avec Dieu... se
borne, dans la parole, au strict nécessaire... c'est-à-dire
à ce que le besoin, ou la charité, impose... peu de paroles
afin de garder la pensée en Dieu... à l'imitation du silence
volontaire de l'Enfant-Dieu, le modèle de ses épouses...
Un amour
tout céleste du silence attire l'âme à quelque chose de plus
élevé encore... elle respire du côté du ciel, elle aspire
Dieu lui-même... mais elle condescend cependant aimablement
au désir du prochain, s'il est selon Dieu... L'âme
silencieuse inspire le respect, elle donne la plus haute
idée de la dignité de la vie religieuse... C'est qu'il y a
dans le silence une merveilleuse préparation pour entrer
dans l'exercice de la prière et de la contemplation. Quand
l'âme est loin de tout bruit, Dieu est bien près d'elle;
l'entretien avec Lui est naturel et facile...
Qu'est-ce
qui attire l'âme à la contemplation? La beauté de Dieu... la
lumière dans laquelle Il se découvre... sa gloire... sa
miséricorde déjà entrevue au Paradis terrestre... L'âme est
encore attirée à la contemplation des mystères de la vie de
Jésus... son amour, ses perfections, ses vertus... sa mort
et sa résurrection... Les sources de contemplation sont
intarissables par cela seul que Dieu est infini... Plus les
bienheureux voient, plus ils désirent voir, plus ils aiment,
plus ils veulent aimer..." Alors d'où viennent nos
ténèbres ou le vide de nos oraisons? De notre manque de foi.
2-1-3-La lumière de la foi et l'amour (tome 2
– Ch. 5)
La lumière de
la foi rend les vérités visibles. La lumière de la foi est
d'autant plus vive qu'on s'approche plus sûrement de Dieu
dans l'obscurité de cette même foi. "Dieu ne l'accorde
pas toujours, mais la foi obscure suffit pour donner à l'âme
le désir et l'attrait de la contemplation... Si l'âme
s'humilie, s'anéantit, ne contemple-t-elle pas?
L'âme est
encore attirée à la contemplation par l'amour, cause par
excellence de l'inclination de l'âme à s'occuper de Dieu
dans la prière, et plus l'amour est fort, plus l'attrait est
irrésistible... Elle est muette devant Dieu... L'attrait de
la contemplation se fortifie malgré les épreuves. La
contemplation ne nécessite pas l'abondance des pensées, des
sentiments, ... C'est une tendance qui porte l'âme à
s'approcher, à regarder son objet pour s'unir à Lui, à se
perdre en lui comme le ruisseau dans le fleuve... Et l'âme
évite avec le plus grand soin tout ce qui peut la distraire
de Dieu... afin de n'en être privée nulle part."
Jésus, à huit
jours, eut à subir la circoncision. Grande humilité, grande
souffrance pour ce tout petit. C'est à ce prix que le Verbe
incarné reçut le nom de Jésus, Sauveur, comme l'ange l'avait
dit à Marie.
2-2-1-La puissance du Nom de Jésus
"Le Nom de
Jésus est une mélodie... qui fait vibrer toutes les fibres
de l'être. Le Nom de Jésus est un miel sur les lèvres...
C'est un nectar pour le cœur, un aimant qui attire...
Laissons agir en nous ce Nom béni... Pour en savourer toute
l'onction, invoquons-le souvent; l'Église, notre Mère, nous
révèle dans ses prières liturgiques, la puissance de ce Nom
très saint. Puissance sur le Cœur du Père céleste...
Puissance sur l'enfer: ce Nom de Jésus chasse les démons;
puissance sur le cœur de l'homme: c'est par ce Nom adorable
que l'Église sollicite de Dieu la victoire sur ses ennemis
et sur les ennemis de ses enfants..." Cependant ajoute
Marie-Aimée: "Le Nom de Jésus est tout-puissant, mais il
exerce cette puissance relativement aux dispositions de
l'âme qui l'invoque... il faut avoir pour ce Nom sacré un
respect profond, une confiance basée sur la foi, un amour
tendre et pratique... car le respect ne doit pas rester à
l'état de sentiment...
La foi nous
délivre des désirs stériles... Invoquons le Nom de Jésus
avec la plus grande confiance qui émane... d'une foi vive...
Le Nom de Jésus veut dire Sauveur: quelle source
d'espérance!... Cette confiance engendre l'amour...
Demandons au Saint Esprit d'attirer en nous les flammes de
la charité divine... Ô Nom de Jésus, vous êtes mon bonheur
et ma vie! Vous êtes le sourire de Dieu aux hommes, l'extase
de Marie, les délices des saints! Vous êtes le soupir de la
terre... le soleil de l'Église... un feu consumant... C'est
le Nom du Verbe éternel! Il est ma joie et le commencement
de ma béatitude!.. Il me crie sans cesse: 'va à Dieu! Va à
Dieu!' Le Nom de Jésus est un fleuve de pureté, c'est un
torrent d'amour. Il est le salut des pécheurs et la force
des faibles!
Le Nom de
Jésus brille comme un signe sacré sur le front des vierges.
Il est la terreur de l'enfer!... Le Nom de Jésus, c'est le
Nom du Bien-Aimé, c'est le Nom qui m'a sauvée!... Le Nom de
Jésus me consume et me détruit; il m'enlève jusqu'à Dieu...
Il est ma couronne et ma joie... C'est un Nom de
miséricorde, un fruit de paradis, un breuvage
d'immortalité!..."
2-2-2- Considérations sur les austérités
corporelles
Comme elle le
fait à chaque fois, Marie-Aimée de Jésus clôt ses
méditations à propos de la circoncision de Jésus par de
longues réflexions. Dans ce chapitre 5, ce seront des
considérations sur les austérités corporelles, qui
manifestent l'association de l'épouse de Jésus-Christ à sa
mission de Sauveur. Marie-Aimée parle de la pénitence et des
conditions associées au pardon. En effet, "la
circoncision de Notre Seigneur invite... d'une manière
pressante, les âmes fidèles à imiter le Sauveur crucifié,
afin de devenir de nouvelles créatures... Le Nom de Jésus ne
découvre-t-il pas à l'épouse, la mission à laquelle le
Sauveur veut bien l'associer... La mesure, ici, étant la
discrétion..."
Marie-Aimée
insiste sur la nécessité de la pénitence; cependant elle met
en garde, car "l'attrait de la souffrance, par rapport
aux austérités, n'est pas toujours un indice de la volonté
de Dieu... Satan peut lui-même en devenir l'auteur..."
en incitant à des recherches d'amour-propre. C'est pourquoi
l'obéissance aux supérieurs est indispensable, Dieu
préférant l'obéissance à toute espèce d'holocauste.
Marie-Aimée
parlera ensuite de la souffrance qui est la suite du péché.
Une épouse de Jésus-Christ saura accepter les souffrances
inévitables, d'un cœur plein d'amour. "Parce que le Nom
de Jésus, qui veut dire Sauveur, a coûté au Verbe incarné
tous les sacrifices de sa vie, de sa Passion et de sa mort,
il en coûtera à l'épouse non les mêmes travaux et
souffrances, mais ce que sa générosité pourra porter... Il
n'est pas question d'anéantir notre être, mais de le
transformer en Jésus-Christ... pour la gloire de Dieu et le
salut des âmes."
2-3-1-Dieu appelle toutes les nations
Pour
Marie-Aimée, le peuple qui marchait dans les ténèbres, ce
sont les Gentils; mais c'est sur ce peuple païen que la
Lumière, le Verbe de Dieu incarné a brillé. Les mages,
fidèles à la Lumière qu'ils recevaient, furent, parmi les
gentils, les premiers à reconnaître en Jésus le Messie et le
Roi. "Les mages ignoraient les prophéties, mais le Dieu
des prophètes les instruisait..." Marie-Aimée raconte la
visite des Mages à l'Enfant Jésus, et ce faisant, nous livre
quelques réflexions personnelles. Oui, vraiment,
"les nations marcheront à la
lueur de votre lumière, et les rois, à l'éclat de votre
splendeur."
Et Dieu appellera
"son
peuple, celui qui n'était pas son peuple."
Et encore:
"Il est vraiment Roi celui
qui, par sa pauvreté, règne sur toutes les richesses... sur
toutes les passions... Roi, il ne ressemble en rien aux
autres rois. Il est Dieu... Il est vraiment Dieu... Mais
aussi il est vraiment homme celui qui est absolument
semblable à l'homme, qui naît pour souffrir et pour mourir.
Il est vraiment Roi, vraiment Dieu, vraiment homme ce petit
enfant que les Mages sont venus adorer..."
Et les Mages
se retirèrent."
Brusquement
Marie-Aimée, qui n'oublie pas sa mission, devient agressive:
"Si les hérétiques prétendent que le sens mystérieux que
l'Église a toujours reconnu dans les présents des Mages, est
inventé à plaisir, ne pourrait-on pas leur répondre que leur
ignorance égale leur inconséquence. Ils semblent ignorer que
l'or est, par excellence, le présent d'un roi... L'encens a
toujours été le parfum réservé à la divinité... Ils
paraissent encore ignorer que la myrrhe qui sert à embaumer
les morts, est le symbole de l'humanité..."
Cette
contemplation des Mages permet à Marie-Aimée de Jésus de
ramener son oraison aux âmes religieuses. Une âme religieuse
participe à la divine royauté de Jésus-Christ. "Le règne
de Jésus-Christ s'affermit en elle, et l'âme se sent élevée
au-dessus d'elle-même et de ses passions... Mais jusqu'où?
Sur tous ses sens par la mortification; sur l'esprit
d'indépendance et de liberté par la soumission absolue, sur
l'orgueil... sur le monde du dehors et du dedans... par la
paix qui surpasse tout sentiment... sur les richesses, par
l'amour de la pauvreté... L'âme épouse que Jésus convie à sa
royauté est marquée à l'effigie de l'aimable et douce
simplicité..."
2-3-2-Réflexions à propos de la simplicité
(tome 2 – Chapitre 8)
Marie-Amée
contemple Jésus prisonnier, par son choix propre: il reste
sans voir, sans entendre, sans parler, sans agir. Au milieu
de ce que Marie-Aimée croit être tant de souffrances, la
simplicité prédomine. S'adressant à Jésus, elle déclare: "Vous
chérissez la pauvreté, vous vous plaisez dans les plus dures
privations, dans le dénuement absolu, mais, toujours simple,
vous acceptez les richesses... Ô ravissante simplicité! Vous
êtes véritablement le charme des vertus austères de Jésus!"
Marie-Aimée soudain s'épanche: "Ce que je veux, de
toute l'ardeur de mon amour, c'est que vous, Jésus, vous
soyez connu, afin d'être aimé..."
Mais qu'est-ce
que la simplicité, cette simplicité de Jésus, qui embellit
toutes les vertus? Une âme simple de volonté, pratique les
vertus avec perfection, car le Saint-Esrit lui communique sa
divine sagesse: "Le Verbe est descendu du ciel pour nous
enseigner l'humilité et l'obéissance; et Marie eût dérangé
le plan divin si, pour l'honneur de son Fils, elle n'eût pas
méprisé le sien propre. Marie n'agit que par l'inspiration
du Saint-Esprit." Une âme simple sait se plier aux
temps, aux circonstances, aux différents caractères sans
rien accorder à la nature. La simplicité est "le triomphe
de l'amour divin en l'âme qui achève sa sanctification, et
cela ne peut être qu'une des dernières opérations de
l'Esprit sanctificateur..."
Marie-Aimée de
Jésus se pose une question: "En laissant croire, dans son
humilité, qu'elle est une mère ordinaire, Marie ne va-t-elle
pas faire passer aussi le Fils de Dieu pour un enfant
ordinaire?" Non, car c'est la sagesse divine qui anime
Marie: "Le Verbe est descendu du ciel pour nous enseigner
l'humilité et l'obéissance; et Marie eût dérangé le plan
divin si, pour l'honneur de son Fils, elle n'eût pas méprisé
le sien propre. Marie n'agit que par l'inspiration du
Saint-Esprit."
La sainte
famille arrive à Jérusalem; Marie et Joseph montent les
degrés du Temple. Marie obéit à la Loi; elle offre à Dieu le
Fils qu'elle vient d'enfanter à Celui qui L'engendre de
toute éternité. Marie-Aimée imagine alors la joie des anges
dans le ciel.
"Les esprits célestes comme
des lampes ardentes, brûlent devant le trône."
Le Père accepte l'offrande de
son Fils et manifeste à quelques témoins ce qui vient de se
passer réellement. Le vieillard Siméon "illuminé par la
foi bénit Dieu en disant: 'Maintenant, Seigneur, laissez
mourir en paix votre serviteur, selon votre parole... Mais
cet enfant sera en butte à la contradiction du monde..."
Quant à Marie, "son âme sera transpercée d'un glaive..."
Puis, à la prophétesse Anne, Dieu révéla les
merveilles de l'Enfant. Et Marie-Aimée constate
"que chaque homme a sa place
dans le Cœur de Jésus-Christ... La charité de Jésus-Christ
est universelle.
Marie-Aimée
s'adresse directement aux âmes consacrées. Une âme épouse
doit comprendre que tous ses efforts doivent "tendre à
quitter toutes les pensées humaines et terrestres pour y
substituer les pensées de Jésus-Christ..." Elle
ne désire que la volonté de Dieu qui, parfois, "donne aux
âmes de telles notions de sa beauté infinie, que, comme
Siméon, elle en conçoive de très véhéments désirs de la
mort..." Très prudente, craignant l'illusion,
Marie-Aimée s'interroge: "Ce désir de la mort est-il
pur?..." Il se pourrait que l'âme soit victime de son
amour-propre, ou même du démon "qui, à son tour, fait
naître et entretient parfois dans la sensibilité, des
ardeurs toutes naturelles... ou pleines de présomption: on
commence à peine, et l'on se croit déjà au terme."
Il ne faut pas
non plus oublier l'amour du prochain, à l'imitation de
Jésus. À ce propos, Marie-Aimée aborde deux points délicats,
deux erreurs courantes à son époque. Elle écrit à propos du
mariage et de la pauvreté des riches: "Notre Seigneur
nous apprend à ne point mépriser ceux qui vivent dans l'état
de mariage et à ne pas s'estimer plus qu'eux, le mariage
étant le moyen dont Dieu se sert pour perpétuer l'œuvre de
la création..." Et à propos de la pauvreté:
"Jésus-Christ veut que l'âme qui prétend l'imiter chérisse
les pauvres; mais il condamne le dédain affecté pour les
riches. Il ne faut pas confondre les biens méprisables de ce
monde avec les personnes qui les possèdent. Combien, sous
des habits soyeux, cachent plus d'esprit de vraie pénitence
que des âmes religieuses? Combien sont plus pauvres
d'esprit, au milieu de l'abondance, que certains religieux
pourtant obligés par leurs vœux? Combien savent mieux
renoncer à leur propre volonté, oublier les injures,
souffrir en silence?... Jésus-Christ veut que la charité de
l'âme qu'il transforme embrasse tous les états, tous les
âges, toutes les conditions..."
Marie-Aimée de
Jésus signale que l'Évangile se tait sur les onze années qui
ont suivi la naissance de Jésus, donc, "sur la fuite en
Égypte de la sainte Famille en Égypte et sur le séjour
qu'elle y fit..." Marie-Aimée rapporte juste les paroles
de l'ange, paroles données en songe à Joseph, et la fuite de
la sainte Famille pendant la nuit. Jésus, s'abandonne à son
Père ainsi qu'à Joseph et à Marie. Il faut que la vie de
Jésus soit sauve, mais cela ne l'empêche pas de souffrir
beaucoup, dans son cœur, à la vision du massacre des enfants
de son âge.
Marie-Aimée
"aperçoit en son âme et en son cœur des plaies douloureuses
causées par l'horrible attentat contre sa personne adorable,
lui, le Verbe de Dieu... et par l'ingratitude des hommes qui
cherchent à faire mourir, non seulement celui qui est
l'auteur de leur vie naturelle, mais encore celui qui, par
excès de charité s'est incarné pour ressusciter leurs âmes
mortes par le péché et leur enseigner le chemin de la vie
éternelle... Mais que dire de la souffrance de son cœur en
face de l'horrible massacre des petits enfants... Jésus n'a
rien à craindre pour lui, mais le désespoir des pères et des
mères, les cris des enfants déchirent son tendre cœur et
fait couler ses larmes que Marie et Joseph ne peuvent
tarir...
La fuite en
Égypte est un profond mystère... Pourquoi s'est-il abaissé
jusqu'à prendre la fuite? La raison... c'est l'amour qu'il
nous porte. L'homme par son péché, avait mérité d'être banni
du ciel, et le Verbe, étant ce qu'il est, ne pouvant quitter
le sein de son Père, s'incarne et se fait homme afin de
porter la peine que l'homme aurait dû subir... Jésus ne fuit
pas la justice de son Père... il nous arrache au péril de
l'enfer..."
Marie-Aimée
peut dès lors, méditer sur l'attitude d'une âme livrée à
Dieu et qui ne doit jamais être troublée par des
circonstances inattendues. En effet, après les grâces que
Jésus fait aux âmes fidèles, "il a le droit d'exiger
qu'elles lui donnent des preuves de leur amour, dans des
circonstances imprévues..." Quel que soit le sacrifice
demandé à une âme avancée en perfection, elle doit toujours
être prête à identifier sa volonté à celle de Dieu et à y
rester unie. "L'âme doit rentrer dans les sentiments qui
animaient le saint Enfant Jésus pendant sa fuite en
Égypte... Elle doit
chercher à
augmenter sa confiance en Dieu pour redire avec le prophète:
'Seigneur, vous êtes mon protecteur et mon refuge...' "
Marie-Aimée
prolonge sa contemplation de la toute petite enfance de
Jésus et s'interroge sur ses occupations: seules notre
méditation et notre contemplation qui scrutent l'amour
peuvent nous le révéler. Marie-Aimée "écoute" les
premières paroles de Jésus, en Égypte, appelant son Père
'Abba'. Bientôt il apprendra à marcher: "Oh! qu'ils
sont beaux ces pieds du Verbe incarné qui vient évangéliser
la paix!" Puis, vers l'âge de trois quatre ans, Jésus
prie et loue son Père. Il s'occupa aussi comme un enfant de
son âge, "car il n'est pas temps pour lui de faire des
miracles... Il est Dieu, mais il est aussi l'un de nous."
2-7-1-Les sommeils de Jésus
Jésus dort
comme tous les enfants des hommes, "mais en gardant la
pleine possession de son âme. Cette âme continue à voir
Dieu, à l'adorer, à l'aimer sans interruption... Et Jésus
aime, Jésus sent qu'il aime, Jésus veut aimer..."
Marie-Aimée s'extasie sur les sommeils de Jésus, prodiges
nouveaux, louanges au Père: "Sommeils de Jésus-Christ!
Vous êtes un prodige d'abaissement... Vous êtes un prodige
d'amour! ... Vous êtes encore un enseignement dans un ordre
supérieur, pour les âmes que vous appelez à certains états
surnaturels, dans lesquels votre Esprit-Saint suspend leurs
puissances et fait que, étrangères à leur propre corps,
elles sont plongées en Dieu et initiées aux choses
éternelles. Sommeils de Jésus, vous restez un mystère..."
Enfin, Jésus se
réveillait, "souriait à Marie et se livrait à ses
soins... Joseph venait ensuite déposer aux pieds de
l'Enfant-Dieu, l'hommage de son adoration et offrir son
cœur, ses forces et sa vie, pour le servir... Quoi de plus
admirable que cette vie de Jésus dans ses premières
années?... Le Fils de Dieu vient au monde... vit aux yeux de
tous dans l'état d'un enfant pauvre et indigent... Quelle
grandeur en cette apparente bassesse!
2-7-2-La reconnaissance
L'Enfant-Jésus
vit comme tous les petits enfants, mais il nous fait
comprendre que celui qui a reçu un bienfait doit être
reconnaissant: "La reconnaissance est le devoir et le
besoin de tout cœur bien né... La reconnaissance est une des
qualités naturelles que la grâce élève le plus facilement à
l'ordre surnaturel, parce que Dieu l'aime... Sans doute,
l'âme ne donne que ce qu'elle a reçu , mais si elle le donne
avec tout son cœur, Dieu répand en elle tout ce que sa
capacité de créature bornée peut contenir... L'amour
provoque l'amour, et Dieu provoque tellement notre amour par
le sien et par les continuels bienfaits qui en découlent,
qu'une âme qui veut essayer de les reconnaître, a besoin de
faire monter sans cesse l'action de grâce vers son Père
céleste..."
Dans la
sainte religion,
la reconnaissance revêt des formes particulières.
L'humilité, la simplicité, la modestie, la douceur du
sourire et jusqu'à l'expression du visage expriment à l'envi
la gratitude avec ses nuances les plus délicates..."
2-7-3-Le Nom de Dieu
Jésus Enfant
remercie son Père mais Il exalte aussi son Nom. Dès la
première fois qu'il le prononça, Jésus nous enseigna avec
quel respect une âme devait prier et prononcer le Nom de
Dieu, car:
- Le
nom de Dieu est terrible. "L'âme fidèle le sait; plus sa
foi est vive, plus elle subit l'impression de la grandeur du
Nom de Dieu.
- Le
Nom du Seigneur est saint... au-dessus de toute louange...
aussi, devant la sainteté de ce Nom, l'âme est-elle saisie
de respect.
- Le
Nom du Seigneur est aussi doux et suave... Qui n'a
expérimenté la suavité de ce Nom? Qui n'a été ému, touché,
transporté au Nom du Seigneur, notre Créateur, notre
Père?... Si la plupart des hommes y sont insensibles, quel
motif pour une âme consacrée de le louer, de l'exalter avec
toute la ferveur de son amour!"
2-7-4-Jésus face à Marie et Joseph
"Jésus
respectait Marie et Joseph. Comme Dieu, il les aimait comme
les plus parfaites de ses créatures... Il les aimait en tant
qu'homme: Marie parce qu'elle était sa mère, Joseph comme le
représentant de son Père, et il leur témoignait son amour
comme le plus tendre de ses fils..."
Autant que l'on
puisse en juger, l'Évangile ne nous parle pas de la vie
quotidienne de la sainte Famille en Égypte. Par contre,
quand l'ange demanda à Joseph de rentrer sur la terre
d'Israël, "toujours humble et docile, Joseph obéit..."
L'abandon de la sainte Famille entre les mains de Dieu,
ses difficultés, les dangers de la route étaient les mêmes.
Comment Joseph et sa famille furent-ils accueillis à
Nazareth, nous n'en savons rien car Jésus voulait poursuivre
sa vie cachée.
2-8-1-Les détentes de Jésus à Nazareth
Jésus continua
donc à grandir comme tous les autres enfants des juifs de
son époque, mais davantage qu'eux en grâce et en sagesse.
Par ailleurs, "l'univers qui était pour le Verbe éternel
le théâtre de ses divins plaisirs, devint également un lieu
de souffrance, et celui qui avait créé l'homme en se jouant,
devait le racheter en s'immolant... Les yeux purs du Christ
se récréaient dans la beauté de la nature... son
intelligence, remontant à la source d'où les eaux
jaillissaient, suivait leur cours jusque dans les
profondeurs de l'océan... L'ouïe du Christ se récréait dans
l'audition de la douce voix de Marie, de celle de Joseph,
dans le chant des oiseaux... Son odorat, dans le parfum des
fleurs, dans l'odeur des fruits..."
2-8-2-Pour
les religieuses qui ont été malades, la convalescence, c'est
un peu leur Nazareth
Que
d'enseignements pour Marie-Aimée qui va se pencher sur
l'attitude que doivent avoir les religieuses qui, ayant été
malades, ont atteint la période de convalescence. En effet,
"des difficultés les attendent après la maladie, et elles
doivent compter avec la faiblesse de leur nature, mais avec
la grâce puisée dans le mystère qu'elle viennent de
contempler... En convalescence comme en maladie, la
simplicité, l'humilité, l'obéissance sont les meilleurs
guides de l'âme religieuse. La ferveur et la générosité
doivent lui venir en aide, afin de lui donner la mesure du
repos nécessaire et l'empêcher de s'accorder ce qui pourrait
être superflu. Comme cela fut pour Joseph, il est temps de
reprendre le chemin de la patrie et des exercices
réguliers... Mais il est souvent du ressort de la malade
elle-même de sentir ce que Dieu lui commande et de le faire
connaître... Comme Jésus enfant, elle voit Dieu dans les
décisions prises à son égard sans qu'il y ait eu d'influence
de sa part...
Après la
maladie, la religieuse revient en sa patrie en retrouvant sa
cellule. Nazareth, c'est son monastère... La clôture est à
l'âme religieuse ce que l'épine est au lis, une protection,
un rempart... L'âme n'a d'issue que du côté du ciel... Plus
son amour grandit, plus sa solitude lui est chère, plus elle
lui facilite ses communications avec Dieu... Quand l'âme est
seule avec Dieu, elle goûte un bonheur plein de suavité,
n'étant occupée que de lui et pour lui...
2-8-3-L'âme religieuse dans sa cellule
Mais
qu'est-ce donc qui s'y passe? On s'occupe de Dieu, on jouit
de Dieu... À l'âme qui prie, ou à l'âme qui sort de son
corps, ou de la cellule au ciel, le chemin n'est ni long ne
difficile... La cellule est le sol sacré et l'endroit choisi
où Dieu et son serviteur causent ensemble comme l'ami avec
son ami... L'âme fidèle s'y unit souvent avec le Verbe de
Dieu, l'épouse s'y donne à l'Époux, les choses célestes s'y
rapprochent des terrestres, les divines des humaines...
Au-delà de la cellule, le démon tend des pièges à l'âme
religieuse afin de la faire tomber dans quelque faute...
C'est dans
la cellule que l'âme trouve la source des larmes pour se
purifier et qu'elle s'approche de Dieu avec une familiarité
d'autant plus grande qu'elle est plus séparée des hommes.
C'est là que l'âme apprend les secrets de l'Écriture et
s'embrase d'amour...
Cependant,
l'âme qui vit habituellement dans la solitude, dans le
silence... sent infailliblement le besoin de s'accorder
quelque relâche et de se délasser... Le délassement est
nécessaire soit pour le corps, soit pour l'esprit, soit pour
le cœur, et c'est ce dernier qui domine dans la vie
contemplative... Qu'heureuse est celle qui marche aussi
simplement par la voie de l'enfance spirituelle dont
Jésus-Christ de Nazareth est le parfait modèle!..."
2-8-4-L'imitation du Saint Enfant Jésus
L'âme qui a
découvert l'humilité à l'école du saint Enfant Jésus, ne
redoute rien, pas même les démons, car elle met sa confiance
en Dieu. Imitant Jésus, elle monte vers la sainteté. "En
commençant à monter, il semble qu'on touche presque le but,
mais, à mesure qu'on avance il paraît s'éloigner... À mesure
que l'âme travaille, Dieu lui donne de nouvelles lumières,
et ainsi toujours jusqu'à ce qu'elle soit au terme. La
conduite à tenir est de ne s'arrêter jamais..."
C'est en
contemplant Jésus-Enfant que Marie-Aimée a trouvé le secret
de la sainteté du Christ. Elle écrit: "Quand je contemple
Jésus, mon Seigneur n'ayant que huit ou dix ans, dévoré de
zèle, je me dis: 'Il y a dix ans que Jésus attend, et il
attendra encore vingt ans pour faire sa première
prédication, son premier miracle... Je me dis: toutes nos
impatiences n'amènent que du retard, toutes nos opérations
ne font que gêner celles de Dieu..."
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