JÉSUS-CHRIST EST LE FILS DE DIEU
TOME II

La vie cachée de Notre Seigneur jusqu'à son départ pour le désert

 

par Paulette Leblanc

 

2
La petite enfance de Jésus

 

  • 2-1-Ce que Jésus nous révèle dans sa crèche (tome 2 – Ch. 5)

Marie-Aimée commence par un petit retour sur la sainte Trinité. Elle nous rappelle que "de toute éternité, Dieu n'a dit qu'une seule parole, son Verbe! Parole non créée, mais engendrée, parole éternelle, vivante, essentielle, personnelle, parole qui est la personne du Fils égale à la personne du Père desquelles procède la personne du Saint-Esprit, formant avec les deux premières la Trinité parfaite, le Dieu indivisible. Depuis l'éternité jusqu'à la création des anges, Dieu ne s'entretenait qu'avec lui-même..." Après avoir fait une rapide digression sur la création présentée dans la Sainte Écriture, Marie-Aimée rappelle que "Dieu s'entretenait familièrement avec les justes de l'ancienne Loi..." Mais ces colloques furent rares, et eurent le plus souvent lieu dans des songes, des visions ou le ministère des anges.

"Les temps marqués pour la Rédemption du monde étant arrivés, le Verbe se fait chair. Il s'unit à notre nature. Extérieurement, rien ne le distingue des autres hommes... Sa bouche sacrée est une fontaine de sagesse, mais par attrait pour le silence, cette fontaine restera scellée..  jusqu'à ce que Jésus-Christ ait atteint l'âge ordinaire où l'enfant commence à parler. Et cependant il est le Fils de Dieu."

              2-1-1-Le silence de Jésus Verbe Incarné (tome 2 – Ch. 5)

"Il[1] rend visite à son saint Précurseur et le fait jubiler dans le sein de sa mère... Il rend la parole à Zacharie et le fait prophétiser... et lui[2] garde le silence... Le silence de Dieu Trinité, le silence du Verbe incarné nous convient à l'admirer... Jésus est immobile, il n'agit pas... Nos yeux ne voient autour de lui que petitesse, dénuement, mais la foi nous montre une gloire incomparable... Dans cet état, que fait le saint Enfant Jésus? Il prie! Il contemple!..." Car le Verbe qui est Lui, continue son éternelle contemplation du Dieu UN en trois Personnes. "Le Cœur du Verbe incarné se fond de tendresse et d'amour à la vue d'une majesté si haute et si prodigieusement abaissée. Le Fils unique du Dieu vivant s'abreuve aux sources de la véritable vie, au sein de son Père dans le baiser du Saint-Esprit..."

Que peut faire une créature devant ce mystère? Se prosterner, se taire, prier, louer et adorer en union avec Jésus. Avant d'aborder ses réflexions sur le silence, Marie-Aimée s'écrie: "Seigneur, je me livre, je m'abandonne, je me donne! Fiat! Amen!"

              2-1-2-Considérations sur le silence dans une vie d'oraison

Le silence prépare les âmes à l'oraison. Il est un besoin impérieux de toute vie intérieure et surtout des âmes religieuses. "Le silence exige d'abord que l'âme s'éloigne de la société des créatures... L'âme charmée de ses entretiens avec Dieu... se borne, dans la parole, au strict nécessaire... c'est-à-dire à ce que le besoin, ou la charité, impose... peu de paroles afin de garder la pensée en Dieu... à l'imitation du silence volontaire de l'Enfant-Dieu, le modèle de ses épouses...

Un amour tout céleste du silence attire l'âme à quelque chose de plus élevé encore... elle respire du côté du ciel, elle aspire Dieu lui-même... mais elle condescend cependant aimablement au désir du prochain, s'il est selon Dieu... L'âme silencieuse inspire le respect, elle donne la plus haute idée de la dignité de la vie religieuse... C'est qu'il y a dans le silence une merveilleuse préparation pour entrer dans l'exercice de la prière et de la contemplation. Quand l'âme est loin de tout bruit, Dieu est bien près d'elle; l'entretien avec Lui est naturel et facile...

Qu'est-ce qui attire l'âme à la contemplation? La beauté de Dieu... la lumière dans laquelle Il se découvre... sa gloire... sa miséricorde déjà entrevue au Paradis terrestre... L'âme est encore attirée à la contemplation des mystères de la vie de Jésus... son amour, ses perfections, ses vertus... sa mort et sa résurrection... Les sources de contemplation sont intarissables par cela seul que Dieu est infini... Plus les bienheureux voient, plus ils désirent voir, plus ils aiment, plus ils veulent aimer..." Alors d'où viennent nos ténèbres ou le vide de nos oraisons? De notre manque de foi.

              2-1-3-La lumière de la foi et l'amour (tome 2 – Ch. 5)

La lumière de la foi rend les vérités visibles. La lumière de la foi est d'autant plus vive qu'on s'approche plus sûrement de Dieu dans l'obscurité de cette même foi. "Dieu ne l'accorde pas toujours, mais la foi obscure suffit pour donner à l'âme le désir et l'attrait de la contemplation... Si l'âme s'humilie, s'anéantit, ne contemple-t-elle pas?

L'âme est encore attirée à la contemplation par l'amour, cause par excellence de l'inclination de l'âme à s'occuper de Dieu dans la prière, et plus l'amour est fort, plus l'attrait est irrésistible... Elle est muette devant Dieu... L'attrait de la contemplation se fortifie malgré les épreuves. La contemplation ne nécessite pas l'abondance des pensées, des sentiments, ... C'est une tendance qui porte l'âme à s'approcher, à regarder son objet pour s'unir à Lui, à se perdre en lui comme le ruisseau dans le fleuve... Et l'âme évite avec le plus grand soin tout ce qui peut la distraire de Dieu... afin de n'en être privée nulle part."

  • 2-2-Le nom de Jésus (tome 2 – Chapitre 6)

Jésus, à huit jours, eut à subir la circoncision. Grande humilité, grande souffrance pour ce tout petit. C'est à ce prix que le Verbe incarné reçut le nom de Jésus, Sauveur, comme l'ange l'avait dit à Marie.

              2-2-1-La puissance du Nom de Jésus

"Le Nom de Jésus est une mélodie... qui fait vibrer toutes les fibres de l'être. Le Nom de Jésus est un miel sur les lèvres... C'est un nectar pour le cœur, un aimant qui attire... Laissons agir en nous ce Nom béni... Pour en savourer toute l'onction, invoquons-le souvent; l'Église, notre Mère, nous révèle dans ses prières liturgiques, la puissance de ce Nom très saint. Puissance sur le Cœur du Père  céleste... Puissance sur l'enfer: ce Nom de Jésus chasse les démons; puissance sur le cœur de l'homme: c'est par ce Nom adorable que l'Église sollicite de Dieu la victoire sur ses ennemis et sur les ennemis de ses enfants..." Cependant ajoute Marie-Aimée: "Le Nom de Jésus est tout-puissant, mais il exerce cette puissance relativement aux dispositions de l'âme qui l'invoque... il faut avoir pour ce Nom sacré un respect profond, une confiance basée sur la foi, un amour tendre et pratique... car le respect ne doit pas rester à l'état de sentiment...

La foi nous délivre des désirs stériles... Invoquons le Nom de Jésus avec la plus grande confiance qui émane... d'une foi vive... Le Nom de Jésus veut dire Sauveur: quelle source d'espérance!... Cette confiance engendre l'amour... Demandons au Saint Esprit d'attirer en nous les flammes de la charité divine... Ô Nom de Jésus, vous êtes mon bonheur et ma vie! Vous êtes le sourire de Dieu aux hommes, l'extase de Marie, les délices des saints! Vous êtes le soupir de la terre... le soleil de l'Église... un feu consumant... C'est le Nom du Verbe éternel!  Il est ma joie et le commencement de ma béatitude!.. Il me crie sans cesse: 'va à Dieu! Va à Dieu!' Le Nom de Jésus est un fleuve de pureté, c'est un torrent d'amour. Il est le salut des pécheurs et la force des faibles!

Le Nom de Jésus brille comme un signe sacré sur le front des vierges. Il est la terreur de l'enfer!... Le Nom de Jésus, c'est le Nom du Bien-Aimé, c'est le Nom qui m'a sauvée!... Le Nom de Jésus me consume et me détruit; il m'enlève jusqu'à Dieu... Il est ma couronne et ma joie... C'est un Nom de miséricorde, un fruit de paradis, un breuvage d'immortalité!..."

              2-2-2- Considérations sur les austérités corporelles

Comme elle le fait à chaque fois, Marie-Aimée de Jésus clôt ses méditations à propos de la circoncision de Jésus par de longues réflexions. Dans ce chapitre 5, ce seront des considérations sur les austérités corporelles, qui manifestent l'association de l'épouse de Jésus-Christ à sa mission de Sauveur. Marie-Aimée parle de la pénitence et des conditions associées au pardon. En effet, "la circoncision de Notre Seigneur invite... d'une manière pressante, les âmes fidèles à imiter le Sauveur crucifié, afin de devenir de nouvelles créatures... Le Nom de Jésus ne découvre-t-il pas à l'épouse, la mission à laquelle le Sauveur veut bien l'associer... La mesure, ici, étant la discrétion..."

Marie-Aimée insiste sur la nécessité de la pénitence; cependant elle met en garde, car "l'attrait de la souffrance, par rapport aux austérités, n'est pas toujours un indice de la volonté de Dieu... Satan peut lui-même en devenir l'auteur..." en incitant à des recherches d'amour-propre. C'est pourquoi l'obéissance aux supérieurs est indispensable, Dieu préférant l'obéissance à toute espèce d'holocauste.

Marie-Aimée parlera ensuite de la souffrance qui est la suite du péché. Une épouse de Jésus-Christ saura accepter les souffrances inévitables, d'un cœur plein d'amour. "Parce que le Nom de Jésus, qui veut dire Sauveur, a coûté au Verbe incarné tous les sacrifices de sa vie, de sa Passion et de sa mort, il en coûtera à l'épouse non les mêmes travaux et souffrances, mais ce que sa générosité pourra porter... Il n'est pas question d'anéantir notre être, mais de le transformer en Jésus-Christ... pour la gloire de Dieu et le salut des âmes."   

  • 2-3-L'Épiphanie de Notre-Seigneur (tome 2 – Chapitre 7)

              2-3-1-Dieu appelle toutes les nations

Pour Marie-Aimée, le peuple qui marchait dans les ténèbres, ce sont les Gentils; mais c'est sur ce peuple païen que la Lumière, le Verbe de Dieu incarné a brillé. Les mages, fidèles à la Lumière qu'ils recevaient, furent, parmi les gentils, les premiers à reconnaître en Jésus le Messie et le Roi. "Les mages ignoraient les prophéties, mais le Dieu des prophètes les instruisait..." Marie-Aimée raconte la visite des Mages à l'Enfant Jésus, et ce faisant, nous livre quelques réflexions personnelles. Oui, vraiment, "les nations marcheront à la lueur de votre lumière, et les rois, à l'éclat de votre splendeur.[3]" Et Dieu appellera "son peuple, celui qui n'était pas son peuple[4]." Et encore: "Il est vraiment Roi celui qui, par sa pauvreté, règne sur toutes les richesses... sur toutes les passions... Roi, il ne ressemble en rien aux autres rois. Il est Dieu... Il est vraiment Dieu... Mais aussi il est vraiment homme celui qui est absolument semblable à l'homme, qui naît pour souffrir et pour mourir. Il est vraiment Roi, vraiment Dieu, vraiment homme ce petit enfant que les Mages sont venus adorer..."

Et les Mages se retirèrent."

Brusquement Marie-Aimée, qui n'oublie pas sa mission, devient agressive: "Si les hérétiques prétendent que le sens mystérieux que l'Église a toujours reconnu dans les présents des Mages, est inventé à plaisir, ne pourrait-on pas leur répondre que leur ignorance égale leur inconséquence. Ils semblent ignorer que l'or est, par excellence, le présent d'un roi... L'encens a toujours été le parfum réservé à la divinité... Ils paraissent encore ignorer que la myrrhe qui sert à embaumer les morts, est le symbole de l'humanité..."

Cette contemplation des Mages permet à Marie-Aimée de Jésus de ramener son oraison aux âmes religieuses. Une âme religieuse participe à la divine royauté de Jésus-Christ. "Le règne de Jésus-Christ s'affermit en elle, et l'âme se sent élevée au-dessus d'elle-même et de ses passions... Mais jusqu'où? Sur tous ses sens par la mortification; sur l'esprit d'indépendance et de liberté par la soumission absolue, sur l'orgueil... sur le monde du dehors et du dedans... par la paix qui surpasse tout sentiment... sur les richesses, par l'amour de la pauvreté... L'âme épouse que Jésus convie à sa royauté est marquée à l'effigie de l'aimable et douce simplicité..."

              2-3-2-Réflexions à propos de la simplicité (tome 2 – Chapitre 8)

Marie-Amée contemple Jésus prisonnier, par son choix propre: il reste sans voir, sans entendre, sans parler, sans agir. Au milieu de ce que Marie-Aimée croit être tant de souffrances, la simplicité prédomine. S'adressant à Jésus, elle déclare: "Vous chérissez la pauvreté, vous vous plaisez dans les plus dures privations, dans le dénuement absolu, mais, toujours simple, vous acceptez les richesses... Ô ravissante simplicité! Vous êtes véritablement le charme des vertus austères de Jésus!" Marie-Aimée soudain s'épanche: "Ce que je veux, de toute l'ardeur de mon amour, c'est que vous, Jésus, vous soyez connu, afin d'être aimé..."

  • 2-4-Quelques considérations concernant la Vierge Marie (tome 2 – Chapitre 9)

Mais qu'est-ce que la simplicité, cette simplicité de Jésus, qui embellit toutes les vertus? Une âme simple de volonté, pratique les vertus avec perfection, car le Saint-Esrit lui communique sa divine sagesse: "Le Verbe est descendu du ciel pour nous enseigner l'humilité et l'obéissance; et Marie eût dérangé le plan divin si, pour l'honneur de son Fils, elle n'eût pas méprisé le sien propre. Marie n'agit que par l'inspiration du Saint-Esprit." Une âme simple sait se plier aux temps, aux circonstances, aux différents caractères sans rien accorder à la nature. La simplicité est "le triomphe de l'amour divin en l'âme qui achève sa sanctification, et cela ne peut être qu'une des dernières opérations de l'Esprit sanctificateur..."

Marie-Aimée de Jésus se pose une question: "En laissant croire, dans son humilité, qu'elle est une mère ordinaire, Marie ne va-t-elle pas faire passer aussi le Fils de Dieu pour un enfant ordinaire?" Non, car c'est la sagesse divine qui anime Marie: "Le Verbe est descendu du ciel pour nous enseigner l'humilité et l'obéissance; et Marie eût dérangé le plan divin si, pour l'honneur de son Fils, elle n'eût pas méprisé le sien propre. Marie n'agit que par l'inspiration du Saint-Esprit."

La sainte famille arrive à Jérusalem; Marie et Joseph montent les degrés du Temple. Marie obéit à la Loi; elle offre à Dieu le Fils qu'elle vient d'enfanter à Celui qui L'engendre de toute éternité. Marie-Aimée imagine alors la joie des anges dans le ciel. "Les esprits célestes comme des lampes ardentes, brûlent devant le trône.[5]" Le Père accepte l'offrande de son Fils et manifeste à quelques témoins ce qui vient de se passer réellement. Le vieillard Siméon "illuminé par la foi bénit Dieu en disant: 'Maintenant, Seigneur, laissez mourir en paix votre serviteur, selon votre parole... Mais cet enfant sera en butte à la contradiction du monde..." Quant à Marie, "son âme sera transpercée d'un glaive..." Puis, à la prophétesse Anne, Dieu révéla les merveilles de l'Enfant. Et Marie-Aimée constate  "que chaque homme a sa place dans le Cœur de Jésus-Christ... La charité de Jésus-Christ est universelle.

  • 2-5-Méditation sur la vocation des épouses de Jésus-Christ (tome 2 – Chapitre 9)

Marie-Aimée s'adresse directement aux âmes consacrées. Une âme épouse doit comprendre que tous ses efforts doivent "tendre à quitter toutes les pensées humaines et terrestres pour y substituer les pensées de Jésus-Christ..." Elle ne désire que la volonté de Dieu qui, parfois, "donne aux âmes de telles notions de sa beauté infinie, que, comme Siméon, elle en conçoive de très véhéments désirs de la mort..." Très prudente, craignant l'illusion, Marie-Aimée s'interroge: "Ce désir de la mort est-il pur?..." Il se pourrait que l'âme soit victime de son amour-propre, ou même du démon "qui, à son tour, fait naître et entretient parfois dans la sensibilité, des ardeurs toutes naturelles... ou pleines de présomption: on commence à peine, et l'on se croit déjà au terme."

Il ne faut pas non plus oublier l'amour du prochain, à l'imitation de Jésus. À ce propos, Marie-Aimée aborde deux points délicats, deux erreurs courantes à son époque. Elle écrit à propos du mariage et de la pauvreté des riches: "Notre Seigneur nous apprend à ne point mépriser ceux qui vivent dans l'état de mariage et à ne pas s'estimer plus qu'eux, le mariage étant le moyen dont Dieu se sert pour perpétuer l'œuvre de la création..." Et à propos de la pauvreté: "Jésus-Christ veut que l'âme qui prétend l'imiter chérisse les pauvres; mais il condamne le dédain affecté pour les riches. Il ne faut pas confondre les biens méprisables de ce monde avec les personnes qui les possèdent. Combien, sous des habits soyeux, cachent plus d'esprit de vraie pénitence que des âmes religieuses? Combien sont plus pauvres d'esprit, au milieu de l'abondance, que certains religieux pourtant obligés par leurs vœux? Combien savent mieux renoncer à leur propre volonté, oublier les injures, souffrir en silence?... Jésus-Christ veut que la charité de l'âme qu'il transforme embrasse tous les états, tous les âges, toutes les conditions..."    

  • 2-6-La fuite en Égypte (tome 2 – Chapitre 10)

Marie-Aimée de Jésus signale que l'Évangile se tait sur les onze années qui ont suivi la naissance de Jésus, donc, "sur la fuite en Égypte de la sainte Famille en Égypte et sur le séjour qu'elle y fit..." Marie-Aimée rapporte juste les paroles de l'ange, paroles données en songe à Joseph, et la fuite de la sainte Famille pendant la nuit. Jésus, s'abandonne à son Père ainsi qu'à Joseph et à Marie. Il faut que la vie de Jésus soit sauve, mais cela ne l'empêche pas de souffrir beaucoup, dans son cœur, à la vision du massacre des enfants de son âge.

Marie-Aimée "aperçoit en son âme et en son cœur des plaies douloureuses causées par l'horrible attentat contre sa personne adorable, lui, le Verbe de Dieu... et par l'ingratitude des hommes qui cherchent à faire mourir, non seulement celui qui est l'auteur de leur vie naturelle, mais encore celui qui, par excès de charité s'est incarné pour ressusciter leurs âmes mortes par le péché et leur enseigner le chemin de la vie éternelle... Mais que dire de la souffrance de son cœur en face de l'horrible massacre des petits enfants... Jésus n'a rien à craindre pour lui, mais le désespoir des pères et des mères, les cris des enfants déchirent son tendre cœur et fait couler ses larmes que Marie et Joseph ne peuvent tarir...

La fuite en Égypte est un profond mystère... Pourquoi s'est-il abaissé jusqu'à prendre la fuite? La raison... c'est l'amour qu'il nous porte. L'homme par son péché, avait mérité d'être banni du ciel, et le Verbe, étant ce qu'il est, ne pouvant quitter le sein de son Père, s'incarne et se fait homme afin de porter la peine que l'homme aurait dû subir... Jésus ne fuit pas la justice de son Père... il nous arrache au péril de l'enfer..."

Marie-Aimée peut dès lors, méditer sur l'attitude d'une âme livrée à Dieu et qui ne doit jamais être troublée par des circonstances inattendues. En effet, après les grâces que Jésus fait aux âmes fidèles, "il a le droit d'exiger qu'elles lui donnent des preuves de leur amour, dans des circonstances imprévues..." Quel que soit le sacrifice demandé à une âme avancée en perfection, elle doit toujours être prête à identifier sa volonté à celle de Dieu et à y rester unie. "L'âme doit rentrer dans les sentiments qui animaient le saint Enfant Jésus pendant sa fuite en Égypte... Elle doit chercher à augmenter sa confiance en Dieu pour redire avec le prophète[6]: 'Seigneur, vous êtes mon protecteur et mon refuge...' "

  • 2-7-Les premières paroles, les premiers pas (tome 2 – Chap 11)

Marie-Aimée prolonge sa contemplation de la toute petite enfance de Jésus et s'interroge sur ses occupations: seules notre méditation et notre contemplation qui scrutent l'amour peuvent nous le révéler. Marie-Aimée "écoute" les premières paroles de Jésus, en Égypte, appelant son Père 'Abba'. Bientôt il apprendra à marcher: "Oh! qu'ils sont beaux ces pieds du Verbe incarné qui vient évangéliser la paix!" Puis, vers l'âge de trois quatre ans, Jésus prie et loue son Père. Il s'occupa aussi comme un enfant de son âge, "car il n'est pas temps pour lui de faire des miracles... Il est Dieu, mais il est aussi l'un de nous."

              2-7-1-Les sommeils de Jésus

Jésus dort comme tous les enfants des hommes, "mais en gardant la pleine possession  de son âme. Cette âme continue à voir Dieu, à l'adorer, à l'aimer sans interruption... Et Jésus aime, Jésus sent qu'il aime, Jésus veut aimer..." Marie-Aimée s'extasie sur les sommeils de Jésus, prodiges nouveaux, louanges au Père: "Sommeils de Jésus-Christ! Vous êtes un prodige d'abaissement... Vous êtes un prodige d'amour! ... Vous êtes encore un enseignement dans un ordre supérieur, pour les âmes que vous appelez à certains états surnaturels, dans lesquels votre Esprit-Saint suspend leurs puissances et fait que, étrangères à leur propre corps, elles sont plongées en Dieu et initiées aux choses éternelles. Sommeils de Jésus, vous restez un mystère..."

Enfin, Jésus se réveillait, "souriait à Marie et se livrait à ses soins... Joseph venait ensuite déposer aux pieds de l'Enfant-Dieu, l'hommage de son adoration et offrir son cœur, ses forces et sa vie, pour le servir... Quoi de plus admirable que cette vie de Jésus dans ses premières années?... Le Fils de Dieu vient au monde... vit aux yeux de tous dans l'état d'un enfant pauvre et indigent... Quelle grandeur en cette apparente bassesse!

              2-7-2-La reconnaissance

L'Enfant-Jésus vit comme tous les petits enfants, mais il nous fait comprendre que celui qui a reçu un bienfait doit être reconnaissant: "La reconnaissance est le devoir et le besoin de tout cœur bien né... La reconnaissance est une des qualités naturelles que la grâce élève le plus facilement à l'ordre surnaturel, parce que Dieu l'aime... Sans doute, l'âme ne donne que ce qu'elle a reçu , mais si elle le donne avec tout son cœur, Dieu répand en elle tout ce que sa capacité de créature bornée peut contenir... L'amour provoque l'amour, et Dieu provoque tellement notre amour par le sien et par les continuels bienfaits qui en découlent, qu'une âme qui veut essayer de les reconnaître, a besoin de faire monter sans cesse l'action de grâce vers son Père céleste..."

Dans la sainte religion[7], la reconnaissance revêt des formes particulières. L'humilité, la simplicité, la modestie, la douceur du sourire et jusqu'à l'expression du visage expriment à l'envi la gratitude avec ses nuances les plus délicates..."

              2-7-3-Le Nom de Dieu

Jésus Enfant remercie son Père mais Il exalte aussi son Nom. Dès la première fois qu'il le prononça, Jésus nous enseigna avec quel respect une âme devait prier et prononcer le Nom de Dieu, car:

        - Le nom de Dieu est terrible. "L'âme fidèle le sait; plus sa foi est vive, plus elle subit l'impression de la grandeur du Nom de Dieu.

        - Le Nom du Seigneur est saint... au-dessus de toute louange... aussi, devant la sainteté de ce Nom, l'âme est-elle saisie de respect.

        - Le Nom du Seigneur est aussi doux et suave... Qui n'a expérimenté la suavité de ce Nom? Qui n'a été ému, touché, transporté au Nom du Seigneur, notre Créateur, notre Père?... Si la plupart des hommes y sont insensibles, quel motif pour une âme consacrée de le louer, de l'exalter avec toute la ferveur de son amour!"

              2-7-4-Jésus face à Marie et Joseph

"Jésus respectait Marie et Joseph. Comme Dieu, il les aimait comme les plus parfaites de ses créatures... Il les aimait en tant qu'homme: Marie parce qu'elle était sa mère, Joseph comme le représentant de son Père, et il leur témoignait son amour comme le plus tendre de ses fils..."

  • 2-8-Retour d'Égypte. La Sainte famille revient se fixer à Nazareth (tome 2 – Chapitre 15)

Autant que l'on puisse en juger, l'Évangile ne nous parle pas de la vie quotidienne de la sainte Famille en Égypte. Par contre, quand l'ange demanda à Joseph de rentrer sur la terre d'Israël, "toujours humble et docile, Joseph obéit..." L'abandon de la sainte Famille entre les mains de Dieu, ses difficultés, les dangers de la route étaient les mêmes. Comment Joseph et sa famille furent-ils accueillis à Nazareth, nous n'en savons rien car Jésus voulait poursuivre sa vie cachée.

              2-8-1-Les détentes de Jésus à Nazareth

Jésus continua donc à grandir comme tous les autres enfants des juifs de son époque, mais davantage qu'eux en grâce et en sagesse. Par ailleurs, "l'univers qui était pour le Verbe éternel le théâtre de ses divins plaisirs, devint également un lieu de souffrance, et celui qui avait créé l'homme en se jouant, devait le racheter en s'immolant... Les yeux purs du Christ se récréaient dans la beauté de la nature... son intelligence, remontant à la source d'où les eaux jaillissaient, suivait leur cours jusque dans les profondeurs de l'océan... L'ouïe du Christ se récréait dans l'audition de la douce voix de Marie, de celle de Joseph, dans le chant des oiseaux... Son odorat, dans le parfum des fleurs, dans l'odeur des fruits..."

 

2-8-2-Pour les religieuses qui ont été malades, la convalescence, c'est un peu leur Nazareth

 

Que d'enseignements pour Marie-Aimée qui va se pencher sur l'attitude que doivent avoir les religieuses qui, ayant été malades, ont atteint la période de convalescence. En effet, "des difficultés les attendent après la maladie, et elles doivent compter avec la faiblesse de leur nature, mais avec la grâce puisée dans le mystère qu'elle viennent de contempler... En convalescence comme en maladie, la simplicité, l'humilité, l'obéissance sont les meilleurs guides de l'âme religieuse. La ferveur et la générosité doivent lui venir en aide, afin de lui donner la mesure du repos nécessaire et l'empêcher de s'accorder ce qui pourrait être superflu. Comme cela fut pour Joseph, il est temps de reprendre le chemin de la patrie et des exercices réguliers...  Mais il est souvent du ressort de la malade elle-même de sentir ce que Dieu lui commande et de le faire connaître... Comme Jésus enfant, elle voit Dieu dans les décisions prises à son égard sans qu'il y ait eu d'influence de sa part...

Après la maladie, la religieuse revient en sa patrie en retrouvant sa cellule. Nazareth, c'est son monastère... La clôture est à l'âme religieuse ce que l'épine est au lis, une protection, un rempart... L'âme n'a d'issue que du côté du ciel... Plus son amour grandit, plus sa solitude lui est chère, plus elle lui facilite ses communications avec Dieu... Quand l'âme est seule avec Dieu, elle goûte un bonheur plein de suavité, n'étant occupée que de lui et pour lui...

              2-8-3-L'âme religieuse dans sa cellule

Mais qu'est-ce donc qui s'y passe? On s'occupe de Dieu, on jouit de Dieu... À l'âme qui prie, ou à l'âme qui sort de son corps, ou de la cellule au ciel, le chemin n'est ni long ne difficile... La cellule est le sol sacré et l'endroit choisi où Dieu et son serviteur causent ensemble comme l'ami avec son ami... L'âme fidèle s'y unit souvent avec le Verbe de Dieu, l'épouse s'y donne à l'Époux, les choses célestes s'y rapprochent des terrestres, les divines des humaines... Au-delà de la cellule, le démon tend des pièges à l'âme religieuse afin de la faire tomber dans quelque faute...

C'est dans la cellule que l'âme trouve la source des larmes pour se purifier et qu'elle s'approche de Dieu avec une familiarité d'autant plus grande qu'elle est plus séparée des hommes. C'est là que l'âme apprend les secrets de l'Écriture et s'embrase d'amour...

 

Cependant, l'âme qui vit habituellement dans la solitude, dans le silence... sent infailliblement le besoin de s'accorder quelque relâche et de se délasser... Le délassement est nécessaire soit pour le corps, soit pour l'esprit, soit pour le cœur, et c'est ce dernier qui domine dans la vie contemplative... Qu'heureuse est celle qui marche aussi simplement par la voie de l'enfance spirituelle dont Jésus-Christ de Nazareth est le parfait modèle!..."

              2-8-4-L'imitation du Saint Enfant Jésus

L'âme qui a découvert l'humilité à l'école du saint Enfant Jésus, ne redoute rien, pas même les démons, car elle met sa confiance en Dieu. Imitant Jésus, elle monte vers la sainteté. "En commençant à monter, il semble qu'on touche presque le but, mais, à mesure qu'on avance il paraît s'éloigner... À mesure que l'âme travaille, Dieu lui donne de nouvelles lumières, et ainsi toujours jusqu'à ce qu'elle soit au terme. La conduite à tenir est de ne s'arrêter jamais..."

C'est en contemplant Jésus-Enfant que Marie-Aimée a trouvé le secret de la sainteté du Christ. Elle écrit: "Quand je contemple Jésus, mon Seigneur n'ayant que huit ou dix ans, dévoré de zèle, je me dis: 'Il y a dix ans que Jésus attend, et il attendra encore vingt ans pour faire sa première prédication, son premier miracle... Je me dis: toutes nos impatiences n'amènent que du retard, toutes nos opérations ne font que gêner celles de Dieu..."


[1] Le Verbe incarné dans le sein de la Vierge Marie.
[2] Le Verbe.
[3] La lumière de Dieu, d'après Isaïe LX, 1).
[4] Osée (1, 10).
[5] Apoc, IV, 1-5.
[6] Psaume 40.
[7] c'est à dire dans la vie religieuse.

   

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