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La vie à Nazareth avant la majorité de Jésus
(Tome 2 – Ch. 12)
Marie-Aimée de
Jésus contemple le Verbe de Dieu incarné. Il commence sa vie
comme l'un de nous, mais il ne cesse de prier. Jésus, dès
qu'il put parler demanda à Marie de l'enseigner à prier,
pour être notre modèle en tout. Et, nous précise
Marie-Aimée, "il est de la gloire de son Père qu'il se
mette à l'école de la Vierge sa Mère... qui ne peut lui
apprendre que ce que le Verbe avec le Père et le
Saint-Esprit lui ont enseigné..." Alors Jésus prononcera
'Abba! Mon Père' "Le Verbe est descendu sur la terre sans
quitter le ciel. Il nous montre qu'il est la voie pour y
aller et que, par lui nous saurons où trouver Notre Père,
c'est à dire dans les cieux... Jésus est Dieu, mais en ce
moment c'est le Fils de l'Homme abaissé pour nous qui
s'instruit." Certes, ce sont des scènes de l'enfance que
Marie-Aimée de Jésus contemple, mais, revenant à la
véritable cause de son travail, elle ne peut s'empêcher de
s'exclamer: "Si l'impie, un jour, appelle ceci un rêve,
peu importe, pourvu que ce rêve prétendu me prosterne dans
l'adoration et me fasse imiter Jésus-Christ abaissé pour
moi."
3-1-1-Comment Jésus priait-il?
Marie-Aimée
suppose que Jésus-Enfant devait déjà prier, ainsi qu'il le
fera plus tard, en se retirant à l'écart et tourné vers
Jérusalem, comme faisaient les hommes de son temps. "Il
pleurait sur Jérusalem, il pleurait sur tant de nations
infidèles, il pleurait sur tant d'âmes rebelles... Il
laissait voir dans son humanité l'expression de sa douleur.
Rien n'interrompait sa prière. Son esprit n'était point là
où était son corps... Le voilà l'adorateur véritable, Jésus,
l'adorant par excellence et l'adoré tout ensemble! Quel
mystère et quelle vérité!...
Hérétiques
insensés... écoutez: 'La voix du Christ est puissante, elle
brise les cèdres...' Et nous nous écrions: 'Jésus-Christ est
le Fils de Dieu! Il est notre Roi, notre Sauveur'..."
3-1-2-Jésus et les Écritures
Jésus fut
l'inspirateur de la loi et des prophètes. Pourtant "Verbe
éternel, par qui toutes choses ont été faites, Jésus veut,
sur notre terre... lire l'Écriture comme le faisaient ceux
de sa nation... afin que nous admirions comment il rend à
son Père une gloire au-dessus de toute compréhension... "
Marie-Aimée
sait que l'Évangile se tait sur toutes ces choses, mais elle
pense que c'est l'humilité de Jésus elle-même qui nous
incite à le suivre jusque dans les plus humbles détails de
son enfance, et elle suppose que Jésus ne trouvait pas que
des délices à lire l'Écriture, "car les prophètes ont
désigné les hommes incrédules, et les menaces des prophètes
contre eux navraient le cœur du Rédempteur... Alors, souvent
Jésus devait donner libre cours à ses larmes. Ô Sauveur, ô
Rédempteur, qu'il est triste de voir vos yeux pleurer sur
nous, mais qu'il est doux de recueillir vos larmes et de les
offrir à votre Père..."
Ce chapitre du
tome 2 s'adresse essentiellement aux religieux et aux
prêtres, ainsi qu'aux personnes qui prient l'Office divin
tous les jours. Pour Marie-Aimée de Jésus, "cette prière
est la prière par excellence, plus angélique qu'humaine,
presque divine puisque l'Esprit-Saint en est l'auteur, et
que Jésus-Christ, Pontife suprême, en a lui-même chanté
quelques cantiques..." Marie-Aimée montre comment l'âme
religieuse "implore le secours de Dieu pour le louer
dignement... Pleine de confiance elle s'adresse à la Trinité
sainte... Dans l'amour qui la presse elle invite les
créatures à se joindre à elle... S'unissant aux colloques
divins du Verbe incarné avec son Père, l'épouse continue sa
louange à la Trinité Sainte.
Tour à tour
les passages de l'Écriture augmentent ses désirs: elle
voudrait, sous la conduite de l'Esprit-Saint, pénétrer plus
avant dans les profondeurs de la parole sacrée..."
Cette âme a
soif de Dieu: elle prie le jour, elle prie la nuit. Elle
prie toujours, tout au long de la journée. Pour la
conversion des pécheurs, elle "prolonge sa prière dans
les larmes de la pénitence... Fréquemment l'action de grâces
monte de son cœur à ses lèvres, et avec une allégresse toute
sainte, elle entonne le chant qui prélude au bonheur des
cieux: 'Que vos tabernacles sont aimables, ô Seigneur...' La
confiance augmente l'amour, la reconnaissance donne des
ailes à l'espérance, la prière devient pleine d'ardeur et de
joie tout ensemble... L'âme fidèle entre ainsi dans la vie
véritable, elle se forme à l'école du divin Maître...
L'office
divin est un grand honneur pour l'âme religieuse... qui
apporte sa note dans le concert de l'Église de Dieu... Pour
s'acquitter de ce devoir, elle doit y apporter le respect,
l'attention, et par-dessus tout, une entière fidélité et une
adhésion absolue..."
L'office divin
n'est pas la seule prière de l'âme religieuse. "La
lecture est pour l'âme un grand moyen de s'avancer dans la
vie intérieure... Si un jour l'âme est libre dans ses choix,
avant ce qui peut l'instruire, qu'elle préfère ce qui peut
développer la connaissance de Jésus-Christ et de ses
mystères; qu'elle recherche les exemples des saints... Si
elle veut recueillir un fruit abondant de ses lectures,
qu'elle se fasse un devoir d'acquérir une grande soumission
et dépendance de l'Esprit-Saint, afin de ne pas tomber dans
quelques écarts. Les meilleures choses doivent être prises
avec discrétion..."
À mesure qu'une
âme avance, "elle a besoin de fidélité pour écouter la
voix divine... Lire avec humilité, c'est faire abstraction
de son esprit propre et chercher la pensée de Dieu. Lire
avec pureté d'intention, c'est bannir toute curiosité et
tout désir de savoir... Lire avec esprit de foi, c'est
n'écouter que Dieu. Lire avec le désir sincère d'avancer
dans la perfection, c'est une sorte de prière d'autant plus
puissante sur le cœur de Dieu qu'elle part d'une âme humble
et sincère..."
L'esprit humain
est ébloui devant le mystère de l'union de la nature divine
et de la nature humaine en Jésus-Christ. Tout ce que nous
lui voyons accomplir est digne de nos adorations. Jésus a
cinq ou six ans: "Il commence peut-être à rendre quelques
services à Marie et à Joseph: ramasser du bois, cueillir
quelques fruits, donner des outils à Joseph... Toutes les
choses, il les a créées, et il les conserve en se jouant,
mais en se fatiguant aussi, car il est venu pour servir..."
Jésus a pleuré, non sur lui-même, mais déjà
"parce que Dieu est outragé et l'homme perdu... Jésus
souffre en son corps, formé pour cet effet par le
Saint-Esprit."
Jésus se
nourrit aussi, comme nous tous. La nourriture de Jésus, le
pauvre parmi les pauvres doit être modeste et simple. Son
goût est parfait. Le repas terminé, Jésus remercie son Père.
L'âme fidèle
regarde tous les actes de Jésus pour les imiter. Elle dit:
"Le Christ est ma part et mon héritage... et la
Providence me pourvoit du nécessaire... Puis, en remerciant
Dieu, elle priera pour les pauvres, appelant sur eux les
libéralités divines."
3-4-1-Les peines et les joies de Jésus Enfant
(tome 2 – ch. 14)
Marie-Aimée de
Jésus confirme que Jésus-Christ, Verbe de Dieu a voulu vivre
comme chacun de nous, avec ses joies, ses peines et ses
souffrances. Jésus enfant "souffre en son corps, formé
pour cet effet par le Saint-Esprit... et ses larmes sont
toujours infiniment dignes de nos respects, de notre
amour... Ces larmes sont une eau qui lave, une eau qui
féconde, une eau qui éteint, et un feu qui embrase...
Le
Christ-enfant a eu aussi des joies. Joies naturelles dues à
son état d'innocence, joies des créatures animées ou
inanimées qui lui devaient leur amabilité, leur douceur,
leurs parfums, joies de la tendresse de Marie et de
Joseph... joies spirituelles des effets produits par sa
seule approche dans les âmes simples et droites, joies des
richesses de la grâce opérant au plus profond des cœurs,
joies divines de son âme qui rejaillissaient sur toute sa
personne... Mais ces joies... si nous en exceptons celles de
la vision béatifique dont son âme jouissait toujours, ces
joies faisaient place habituellement à la douleur... "
Les joies et
l'immense tendresse de Jésus enfant rejaillissaient sur
Marie et Joseph. À travers Lui, Jésus, Marie et Joseph
servaient Dieu, tandis qu'il les servait lui-même. Et cela
consolait Marie de la douleur qu'elle ressentait quand elle
se rappelait les paroles du vieillard Siméon.
3-4-2-De l'enfance à l'adolescence (tome 2 –
Ch. 20)
L'Évangile nous
dit qu'à Nazareth, Jésus croissait en âge et en sagesse.
Malgré l'humilité de Jésus, sa sagesse commençait à se
révéler. Son entourage, peu à peu, "s'aperçoit qu'il y a
en lui, non seulement un naturel privilégié, mais aussi des
trésors de vertus dont l'origine reste ignorée... Jésus
travaille avec Joseph, mais avec humilité, comme un apprenti
ordinaire..." S'il reçoit des rebuffades de la parts des
clients de Joseph, "il se tait, et prie pour ceux qui
l'outragent... Il reste simple et silencieux, passant au
milieu de ses compatriotes sans leur laisser soupçonner
qu'il est leur créateur... Jésus traite simplement avec les
hommes, comme, dans le paradis terrestre, Dieu traitait avec
Adam avant sa chute. Jésus se plaît avec ses créatures,
quelle que soit la classe à laquelle elles appartiennent...
Tant qu'il demeura à Nazareth, Jésus tint littéralement lieu
de serviteur à Marie et à Joseph... Il s'est fait le
serviteur de tous... donnant à tous les hommes l'exemple de
la charité la plus fraternelle, la plus dévouée et la plus
tendre émanant de l'amour infini..."
Marie-Aimée
contemple ces choses et les âmes simples qui entourent
Jésus: les unes sont humbles et aimantes, d'autres, à
l'école des vertus de Jésus sont à la disposition et au
service de leur prochain ou au soin des malades. Marie-Aimée
aspire à être du cortège qui accompagne Jésus, et elle
apprend à se mépriser quand elle se voit incapable de
souffrir sans le faire savoir.
3-5-1-Aimer ce que Dieu nous donne
"Jésus a
souffert et pleuré. L'âme que Jésus-Christ transforme,
souffre et pleure avec lui, mais elle souffre à titre
d'épouse et comme elle n'a qu'un même esprit et qu'un même
cœur avec Jésus-Christ, les souffrances de son Époux sont
ses souffrances et les sujets des larmes de Jésus-Christ,
font couler les siennes... Comment d'ailleurs ne
souffrirait-elle pas, sachant qu'il est outragé, méprisé,
méconnu?... Elle souffre lorsqu'elle pense que des milliers
de créatures rachetées par la Passion d'un Dieu, tombent
chaque jour dans les abîmes de l'enfer... Elle souffre au
souvenir des pauvres qui manquent de pain... Elle souffre
quand elle songe qu'il y a des enfants privés
d'instruction... des infidèles sans missionnaire...
En aimant
Dieu, elle ne change pas de nature, son cœur reste sensible
et son corps n'est pas d'airain. Dieu veut qu'elle sente la
souffrance afin de mieux compatir à celle du prochain... À
mesure que l'âme verra Jésus-Christ grandir en elle, les
moments de défaillance deviendront plus rares et plus
courts. Elle finira même par ne plus souffrir que de ce qui
est offense de Dieu et perte des âmes, et ne se laissera
émouvoir que par les souffrances d'autrui comme Jésus le
faisait lui-même... Les joies de l'âme fidèle sont celles de
l'Époux divin...
Cette âme
passe de la tristesse à la joie lorsqu'elle apprend que Dieu
est connu, aimé, servi, glorifié, que l'Évangile est annoncé
aux infidèles ou que les pécheurs se convertissent, que des
âmes généreuses choisissent Jésus-Chrsit pour leur
partage... Elle éprouve une joie humble et toute sainte
lorsque le Seigneur son Dieu la visite par quelque grâce
particulière ou qu'il répand en elle le baume de ses
consolations... Sa plus grande joie est de souffrir pour son
Dieu..."
3-5-2-L'âme fidèle avec Marie et Joseph
D'une manière
générale, il convient que l'âme soit persuadée de la sagesse
de Dieu, et "qu'il dispense ses dons pas seulement pour
consoler, mais pour éclairer, embraser, fortifier...
Jésus-Christ apprend aussi à l'âme qu'il veut transformer,
comment elle doit aimer sa très Sainte Mère et son Père
adoptif, et comment leur témoigner son amour. À l'exemple de
Jésus-Christ, elle aime Marie et Joseph d'un amour de
complaisance et de reconnaissance...
L'Écriture
dit, de Joseph, qu'il était juste, c'est-à-dire orné de
vertus. Son âme était un miroir sans tache, son cœur une
fournaise d'amour, et toute sa vie était cachée en Dieu.
Comme Marie il avait le caractère doux et paisible... Marie
nous donne le fruit de sa virginité: Jésus. Saint Joseph ne
nous a pas donné Jésus, mais, avec Marie, il nous l'a
conservé aux dépens de sa vie... Imiter Marie et Joseph,
c'est imiter Jésus-Christ... Quand on sent qu'on aime Marie
et Joseph, on peut rarement, en leur considération, se
détourner de Jésus."
3-6-1-Jésus, perdu et retrouvé
Comme tous les
israélites, Jésus et sa famille devaient se rendre au moins
une fois par an, à Pâques, à Jérusalem, pour célébrer cette
fête avec toute la solennité voulue. Cette année-là était
très importante car Jésus ayant atteint sa majorité devait
passer ses "examens". "Jésus est Dieu, mais ici, il est
le Fils de l'Homme, il est dans la foule, il prie... Jésus
sait que le Père céleste le regarde, et il désire le
satisfaire... Il ne craint pas, il ne recule pas, il
s'offre, il attend l'heure et le moment que son Père
indiquera; et cette attente est à la fois sa joie et son
martyre; ce sacrifice anticipé opère déjà notre
rédemption..."
Une fois les
fêtes terminées, les familles devaient rentrer chez elles.
Mais Jésus, sans prévenir, demeura seul à Jérusalem. Nous
connaissons bien l'histoire, et nous savons aussi que ses
parents n'avaient aucune raison de s'inquiéter de son
absence. Pour Joseph, il était encore resté avec les femmes
et les enfants... Pour Marie, Jésus devenu adulte, était
maintenant avec les hommes. C'est seulement le soir que
Marie et Joseph s'aperçurent que Jésus n'était pas avec eux.
En hâte, ils retournèrent à Jérusalem. Ce n'est qu'au bout
de trois jours qu'ils retrouvèrent Jésus, au temple, au
milieu des docteurs. Il répondait à leurs questions, les
éclairait et les instruisait. "Mais Jésus voilait son
mystère, parce que son heure n'était pas encore venue..."
Plusieurs docteurs se demandèrent si ce n'était pas le
Messie attendu qu'ils avaient devant eux. Mais Jésus devait
suivre Marie et Joseph à Nazareth...
3-6-2-Jésus revient à Nazareth avec Marie et
Joseph (tome 2 – Chapitre 17)
Pourquoi Jésus
a-t-il fugué pendant trois jours? Marie-Aimée nous donne une
réponse: "Les desseins de Dieu n'étaient-ils pas de nous
apprendre, par l'exemple de Marie et de Joseph, la conduite
à tenir lorsque nous avons perdu Jésus, soit par le péché,
soit seulement par le sentiment de son absence? Un des
desseins de Dieu n'était-il pas de faire grandir, par cette
épreuve, les âmes déjà si belles de Marie et de Joseph?
Jésus agit
en Dieu. En tant que Verbe incarné il glorifie son Père...
Le mode de séparation qu'il emploie envers Marie et Joseph,
coûte bien plus à son cœur que s'il leur eût demandé leur
adhésion... Enfin l'épreuve eut son terme. Réjouissons-nous,
voici le moment de la rencontre...
Jésus se
rend simplement à Marie et à Joseph, parce que ce n'est qu'à
l'âge de trente ans, que le christ, à l'état d'homme fait,
prendra ostensiblement le commandement que son Père lui a
donné de toute éternité, en apportant au monde, par l'organe
d'une voix humaine, la loi de grâce et la bonne nouvelle de
l'Évangile... Il se rend à Marie et à Joseph, mais il garde
le silence... Agissant en Dieu, il dit: 'Ne savez-vous pas
que je dois être au service des affaires de mon Père?' Marie
et Joseph ne comprirent pas... mais ils adorèrent..."
Cependant, pour Marie et Joseph, l'épreuve était terminée et
ils avaient de nouveau la joie de posséder Jésus. L'esprit
toujours occupé des affaires de son Père céleste, il sort de
la ville sainte. Recueilli en profondeur il s'en va vers
Nazareth, soumis à ses parents.
3-6-3-L'âme
religieuse à l'école de Jésus (tome 2 – Chap. 16 et 17)
Pour bien
célébrer une fête, la fête de Pâque en particulier, l'âme
doit s'identifier avec Notre Seigneur, la Vierge Marie, ou
les saints objets de la fête. "Pour une religieuse
fervente, chaque fête est un avant-goût de la patrie
céleste... Elle retire un désir plus grand de voir Dieu,
mais aussi celui d'ajouter un trait de plus à sa
transformation avec Notre Seigneur...
L'âme
célèbre encore les fêtes par ses cantiques de louange... Le
saint sacrifice de la messe, la participation à la sainte
Eucharistie... c'est le passage du Seigneur. C'est le moment
où il répand à pleines mains ses faveurs dans les cœurs purs
et vides de toutes les affections humaines... Les fêtes
religieuses de la terre sont un prélude de la fête
éternelle...
Quelquefois,
à l'occasion des fêtes... la Parole de Dieu est servie comme
un doux banquet aux âmes religieuses et elle leur profite
dans la mesure de leurs dispositions. L'âme qui veut
recueillir les fruits de la parole sainte, doit l'écouter
avec simplicité et bonne volonté. La simplicité est opposée
à la curiosité, et la bonne volonté au vain désir de
savoir... Ce que l'âme fervente apprécie avant tout, c'est
la parole évangélique, c'est la parole qui sort d'un esprit
convaincu, d'un cœur qui embrase d'amour pour Jésus-Christ
et pour les hommes...
L'âme
vraiment désireuse du salut du prochain sait se sacrifier
pour lui; volontiers elle supplie le Seigneur d'envoyer des
ouvriers à sa vigne, sans se plaindre des privations qui
peuvent lui être imposées... Elle ne gémit que sur son peu
d'amour et de fidélité..."
Et voici ce
qui ressemble fort à un nouvel et véritable aveu de la part
de Marie-Aimée de Jésus. En lisant les œuvres de
Marie-Aimée de Jésus nous comprenons parfois que, sans
qu'elle ne l'avoue jamais, elle fut non seulement une grande
mystique, mais qu'elle bénéficia même de faveurs tout à fait
exceptionnelles. Ainsi nous lisons dans ce chapitre 16:
"Malgré cette disposition nécessaire pour entendre la parole
de Dieu, il est, pour quelques-unes, des circonstances où,
sans qu'elles le veuillent, l'Esprit-Saint lui-même formule
en elles des paroles plus intimes, plus personnelles..."
Comment l'âme
doit-elle alors se conduire? "Elle ne manquera pas de se
rendre aux instructions comme à une source de grâces.
L'humilité et l'amour lui mettront au fond du cœur une
secrète espérance d'apprendre à mieux aimer et à mieux
servir Dieu... Il arrivera peut-être que la parole divine
continuera même de résonner à son oreille. Il peut encore
arriver que, pendant les instructions, elle se trouve
tellement sous l'action de Dieu qu'il lui devienne comme
impossible d'entendre ce qui se dit. Qu'elle fasse, dans ce
cas, effort sur elle-même, quoi qu'il lui en coûte, car il y
aurait illusion à agir autrement..." (tome 2 –
Chapitre 16)
Lorsque l'âme
religieuse a été bien instruite, elle devra, dans le cadre
de l'observance monastique et à l'imitation de Jésus
pratiquer les vertus. Elle devra aimer la solitude et
l'obéissance à la règle, "mais, elle ne doit pas craindre
de prodiguer son dévouement quand les circonstances le
demandent... On la trouvera toujours prête à se sacrifier
s'il s'agit d'un bien supérieur, d'un acte de générosité,
d'oubli de soi, d'humilité ou de simple charité..." À
l'imitation de Jésus, l'âme vigilante est sobre dans ses
expressions, et même dans sa bonté qui pourrait dégénérer en
faiblesse. Comme Jésus elle est toujours au service du Père
céleste, toujours attentive, quoi qu'elle fasse, à se tenir
près de lui pour entendre sa parole et la conserver. Car
"le vrai recueillement garde l'âme dans l'union à Dieu, quoi
qu'il arrive... Cependant les impressions de la dévotion ne
sont pas à mépriser... Il faut en user... sans les désirer,
sans les chasser... Cependant l'âme doit vivre dans le réel
qui, pour la vie présente, se trouve dans les obstacles à
vaincre, dans les souffrances à endurer, dans les combats à
livrer, dans les victoires à remporter..." (tome 2 –
Chapitre 17) |