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Contemplation et méditations de Sœur Marie-Aimée de Jésus
sur les attributs de Dieu et la vie de Jésus au désert
(Tome 3 – Chapitre 9)
Marie-Aimée commence par
s'excuser:
"Oserai-je avancer que Notre-Seigneur Jésus-Christ au
désert... a eu les grandes occupations intérieures dont nous
allons parler? Je crois au moins, qu'étant dans un continuel
état d'adoration, son âme et son cœur produisirent des
milliers d'actes d'amour et de dévouement, mais le langage
même d'un séraphin serait impuissant à en parler dignement.
Comment donc le pourrai-je? C'est bien ici que
la plume me tomberait des
mains si je ne l'avais prise par obéissance."
Marie-Aimée de Jésus essaie de
parler de l'adoration de Jésus.
"Jésus adora Dieu unique en
trois personnes distinctes, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit. Il adora Dieu pur esprit, simple,
incompréhensible, éternel, immense, immuable, tout-puissant,
libre et indépendant. Il adora Dieu, science et vérité. Il
adora Dieu, juste et bon, riche, libéral et magnifique;
saint, impassible, immortel, grand, glorieux et majestueux.
Il adora Dieu sage, patient et miséricordieux. Il adora
Dieu, la beauté par essence, Dieu, l'infiniment aimable,
Dieu l'infiniment aimant, Dieu, paisible et silencieux,
infiniment parfait, Dieu, vie. Ce Dieu unique et véritable,
l'âme du Verbe incarné ne cessa de l'adorer ici-bas...
Jésus
adore car il est homme, il adore dignement car il est Dieu.
Il adore, ô belle vérité, sa propre divinité par sa propre
humanité!"
Marie aimée crut entendre une
voix qui disait: "En
Celui qui est, plus d'être propre.
En Celui qui est Un en trois personnes distinctes, être un
avec le Christ et aimer tous les hommes en lui. En ce pur
esprit, (il n'y a) plus qu'un esprit pur et un corps
sanctifié. En cette simplicité, plus de mélange... En cette
science, plus de curiosité, en cette vérité, plus de
mensonge... En cette sainteté, de plus en plus se
sanctifier, en cette impassibilité, ne plus souffrir: 'Celui
qui aime, dit Saint Augustin, ne souffre plus, l'amour
changeant la peine en plaisir'... En cette Majesté, plus
qu'humilité, en cet amour, ne plus s'aimer, en cette
amabilité, plus que charité... en ce silence, plus d'autre
parole que le Christ, en cette perfection, plus
d'imperfection, en cette vie, plus de vie propre. Et toutes
les puissances de mon âme, et tous les battements de mon
cœur dirent: 'Amen!"
Ce texte
nous semble difficilement compréhensible. Aussi, revenant à
la contemplation de Jésus adorant Dieu, Marie-Aimée
va-t-elle tenter d'expliquer chacun de ces points.
"Jésus adore car il est homme. Il adore dignement car il est
Dieu... Il adore sa propre divinité par sa propre humanité.
Comment l'âme pourrait-elle consentir à garder son être
propre devant celui qui disait à Catherine de Sienne: 'Je
suis Celui qui est, et toi, tu es celle qui n'est pas'."
Malheureusement, peu d'âmes
consacrées savent se quitter complètement et elles restent
partagées: mi-épouses, mi-religieuses.
"Au contraire, l'âme qui
comprend que, créée par Dieu, elle ne doit vivre que de lui
et par lui, fixera en Dieu toutes ses puissances. Elle ne
cherchera qu'en lui, lumière pour son intelligence, force
pour sa volonté... elle fera abdication totale de tout
elle-même entre les mains de Dieu ou de ceux qui sont
chargés de traduire ses volontés... Quelle est admirable et
féconde en fruits de sainteté, cette disposition
d'abandon... pour accueillir les volontés divines... Dieu
aidant, cette âme ira toujours progressant."
(tome 3, Chapitre 9, 1)
3-1-1-La
sainte Trinité
(tome 3,
Chapitre 9, 2)
Jésus homme adore Dieu en ses
trois personnes, car son âme voyait ce que personne ne peut
voir ici-bas. Dès le premier instant de sa venue sur la
terre, "le Christ admira comment le Père, en se
contemplant lui-même de toute éternité, produit son Fils qui
est son Verbe, sa parole éternelle, son éternelle sagesse,
et comment, du Père et du Fils procède, par voie d'amour, le
Saint-Esprit..." Et le Christ voyait clairement les
trois personnes distinctes. Le Christ voyait que l'essence
du Père, du Fils et du Saint-Esprit était une seule essence
en laquelle subsistent trois personnes distinctes. Et le
Christ voyait que la Trinité est de toute éternité et que
ces trois personnes possèdent les mêmes attributs,
"parce que l'unité de Dieu
exclut toute succession dans les personnes et toute
différence dans les perfections... Le Christ adorait l'unité
de nature et la trinité des personnes, c'est-à-dire l'unité
dans la Trinité et la Trinité dans l'unité... Le Christ
contemplait la béatitude souveraine que goûtent les trois
personnes divines dans l'indivisible unité, la plénitude de
bonheur intime, invariable, profonde, absolue, éternelle, et
le Christ s'écriait: 'Ô bienheureuse Trinité'!... Et il lui
était répondu: 'Bienheureuse est votre humanité dans les
siècles des siècles, prédestinée à l'union avec la
divinité'..."
Dieu a
créé l'homme bon, mais l'homme a perdu l'amitié de Dieu car
le péché l'a rendu mauvais. L'âme qui veut s'approcher de
Dieu doit triompher de son adversaire et s'efforcer de tuer
en elle, le vieil homme. Marie-Aimée s'écrie: "Âme fidèle
prends courage... tu connais Celui à qui tu t'es donnée...
La divine intimité sera le prix de tes luttes nouvelles.
Intérieures... Les moments de défaillance viendront, mais tu
rallieras tes puissances sous les drapeaux de ton roi et tu
t'écrieras: Être une avec celui qui est Un.'
Marie-Aimée cependant n'oublie
pas qu'être un avec le Christ
"c'est encore aimer tous les
hommes comme les trois personnes divines les aiment... Pour
entrer dans l'intimité du Père, il faut aimer toutes les
créatures faites à son image, c'est-à-dire tout le genre
humain. Pour entrer dans celle du Fils, il faut aimer toutes
les créatures qu'il a rachetées par son sang, c'est-à-dire,
tout le genre humain. Pour entrer dans l'intimité du
Saint-Esprit, il faut aimer non seulement celles qu'il a
sanctifiées, mais encore toutes celles qu'il peut
sanctifier, c'est-à-dire, dans le genre humain, toutes les
créatures qui sont sur la terre, lieu destiné à leur
sanctification...
Dieu
ne condamne pas les sentiments légitimes que Lui-même a
déposés dans tous les cœurs, il les règle seulement, met de
l'ordre partout... Il faut veiller avec soin sur ses
préférences... et surtout que le prochain qui n'en est pas
l'objet n'en souffre pas..."
3-1-2-Dieu
pur esprit
(tome 3,
Chapitre 9, 3)
Marie-Aimée de Jésus médite
sur Dieu, pur Esprit. Elle écrit:
"Un pur esprit est un esprit qui n'est point uni à un corps;
c'est un esprit exempt de souillure... Comme Dieu a placé
certains esprits angéliques près de sa divine Majesté, il
s'est choisi certaines âmes pour faire briller davantage en
elles sa divine ressemblance. Ces âmes sont tenues de garder
leur esprit pur de toute occupation profane; et là même où
une âme ordinaire ne verrait pas même une imperfection,
celle qui s'avance dans l'imitation du divin modèle,
trouvera un obstacle à son intimité avec lui... Sans
s'écarter de l'ordre commun, sous prétexte de perfection,
sans chercher à se soustraire aux exigences de la condition
humaine par une présomption sans fondement, l'âme s'efforce
en toute simplicité d'élever son intelligence en la
dirigeant vers Dieu et les choses divines, d'épurer son
imagination... de purifier sa volonté en l'obligeant à se
plier sous le joug d'une soumission inspirée par l'esprit de
foi... Il n'y a plus alors dans l'attitude de l'épouse du
Christ que simplicité, pauvreté, humilité, ordre et parfaite
harmonie... Dieu aime demeurer dans une telle âme que le
Seigneur Jésus reconnaît pour sienne..."
Que signifie alors le fait que
le Christ adora Dieu pur esprit, c'est-à-dire immatériel,
sans autre substance que sa divine substance impalpable?
Marie-Aimée répond:
"L'âme de Jésus, esprit si pur, en présence de Dieu pur
esprit, s'étonnait et admirait. Elle s'étonnait de ce que la
personne du Verbe, Dieu, n'ait pas dédaigné de prendre un
corps... que nous avons vu de nos yeux... Nous avons vu
l'humanité (de Jésus) à laquelle la divinité s'est unie et
qui, grâce à cette union, nous révèle le Verbe de vie..."
3-1-3-Dieu
simple
(tome 3,
Chapitre 9, 4)
"Le
Christ adora l'essence de Dieu, sa nature pure, simple, sans
mélange, une et indivisible...Le Christ adora la nature
divine tellement une et simple qu'il n'y a aucune
distinction réelle entre elle et les trois divines
personnes... Elles n'ont toutes trois qu'une seule et même
divinité... Il adora l'essence de Dieu qui est tellement
simple qu'il n'y a aucune distinction réelle entre elle et
ses attributs... L'âme du Christ adorait... Dieu lui-même
absolument un et simple... Et le Christ, en tant qu'homme,
adorait d'autant plus profondément Dieu dans cette merveille
de sa simplicité que c'était en son humanité sainte qu'elle
s'était opérée par le moyen de l'union hypostatique..."
D'où une remarque pour l'âme
humaine qui "devient
d'autant plus simple qu'elle s'affranchit davantage du
mélange de la nature déchue, se rapproche dans la même
mesure de l'état dans lequel nous avons été créés en Adam et
régénérés en Jésus-Christ..."
3-1-4-Dieu
incompréhensible
(tome 3,
Chapitre 9, 5)
"Le
Christ adora Dieu qui est incompréhensible, parce qu'Il est
Un en trois personnes distinctes. Incompréhensible parce
qu'il est éternel, immense, infini. Incompréhensible parce
qu'il est, et qu'étant ce qu'il est, lui seul peut se
comprendre lui-même..."
En adorant Dieu, l'âme du
Christ goûtait un bonheur indicible, Dieu étant tellement
au-dessus d'elle. Et le Christ pouvait s'écrier:
"Ô Dieu! souveraine hauteur
que vous seul pouvez atteindre! Ô Dieu, insondable
profondeur que vous seul pouvez mesurer! Ô Dieu, souveraine
et merveilleuse incompréhensibilité que vous seul pouvez
comprendre et que tous doivent adorer!..."
Contemplant Jésus, Marie-Aimée comprend qu'aucune âme
humaine ne peut comprendre Dieu.
3-1-5-Dieu
éternel
(tome 3,
Chapitre 9, 6)
L'humanité de Jésus-Christ
adora Dieu éternel. Jésus-homme adora Dieu par qui tout a
été créé. "L'âme (humaine)
du Christ jeta un regard dans
le passé, mesura l'avenir, puis s'arrêta au présent et adora
la divinité unie à l'humanité... la nature incrée unie à la
nature créée, la nature divine indissolublement unie à la
nature humaine dans une seule personne éternelle de
l'éternelle Trinité, subsistante en l'éternelle Unité. Le
Christ adora en sa personne Celui qui seul a pu dire de
lui-même: 'Je suis l'Alpha et l'Oméga', parce qu'il est
Dieu..."
Marie-Aimée se référant ensuite à l'Apocalypse, et à la
parole d'un ange disant: 'Plus de temps!' peut
affirmer que cette parole s'applique aussi à une âme entrée
dans la perfection de la vie intérieure. Cette âme pénètre
dans la Jérusalem céleste, "elle s'avance jusqu'au trône
de la divinité; contemple l'attitude des esprits
bienheureux... afin d'en vivre sur la terre et savoir
comment on se tait au ciel, comment on y parle, comment on y
prie, comment on y adore..." Après avoir vécu comme un
avant-goût du ciel, cette âme, selon Marie-Aimée, revient au
milieu des créatures; le temps pèsera sur elle et son corps
se fera sentir. Souvent elle pleurera et enverra au ciel les
messages de son amour et de ses impuissances, messages
chargés des misères de l'exil et inondés de larmes.
3-1-6-Dieu
est immense
(tome 3,
Chapitre 9, 7)
Marie-Aimée poursuit sa
contemplation de Dieu que le Christ adora. Elle écrit:
"Le Christ adora Dieu qui est immense... qui est présent
partout... parce qu'il remplit tout, n'ayant aucune
dimension... Il adora Dieu qui est en toutes choses, sans
être attaché à aucune. Il admirait que ce Dieu immense eût
bien voulu s'unir pour toujours cette humanité qu'il voyait
en Dieu comme nous voyons un atome dans l'air... Atome
brillant, perle étincelante, d'un prix inestimable sans
doute, mais d'une petitesse extrême et qui ne se peut
comparer à rien, au regard de Dieu. Il admirait comment
Celui qui, selon sa divinité, ne pouvait être contenu que
par lui-même, avait été renfermé dans le sein d'une vierge,
par son humanité..." Et l'âme de Jésus, si humble mais
si vaste se répandait dans l'immensité divine,
"tandis que son corps sacré,
prosterné sur le sol, paraissait se réduire à rien devant
elle pour la mieux adorer."
Les âmes religieuses appelées
à travailler à leur perfection en procurant la gloire de
Dieu doivent se perdre et s'abandonner en Dieu, et, par
amour, ne plus s'occuper d'elles. Elles doivent agir à
l'opposé des personnes du monde, sans retour sur le passé,
sans crainte pour le présent et sans appréhension pour
l'avenir. Mais attention, prévient Marie-Aimée, l'ennemi
peut arriver avec ses tentations, surtout contre la foi. Et
les âmes craignent de sombrer dans les flots... Mais Dieu
est toujours fidèle.
3-1-7-Dieu
est immuable
(tome 3,
Chapitre 9, 8)
Dans le désert, Jésus adora
Dieu qui est immuable, c'est-à-dire qui demeure toujours
Lui-même, qui possède tout, qui ne souhaite pas mais qui
veut. "Jésus adora
Dieu qui ne sort jamais de son calme divin bien qu'il semble
se mettre en colère... qui dirige tout sans s'agiter
jamais... Jésus adora Dieu qui est jaloux, non par intérêt,
mais par la connaissance qu'il a de lui-même... qui châtie
sans s'irriter... Jésus adora Dieu qu'aucun événement ne
peut surprendre... parce qu'il est immuable... L'ange a
changé, l'homme change, mais le Seigneur ne change pas.
Jésus adora Dieu qu'aucun siècle ne peut vieillir, qu'aucun
mal ne peut atteindre... Il le voyait toujours semblable à
lui-même et il l'adorait."
Ce mystère est grand.
Marie-Aimée se recueille pour contempler Jésus, deuxième
personne de la Trinité, Verbe de Dieu, adorant
"la divinité immuable quoique
unie à l'humanité changeante. Jésus adorait sa divinité sans
passion quoique unie à une âme sujette à toutes les passions
bonnes, sa divinité qui ne change point, quoique unie à un
corps qui se forme avec le temps... Les deux natures de
Jésus ne font qu'une seule et même personne, celle du Verbe
incarné qui est un seul et même Dieu avec le Père et le
Saint-Esprit. Et le Christ admirait comment Dieu restait
grand en s'abaissant, et comment, des abaissements de la
divinité, rejaillissait sur son humilité un poids immense de
gloire. Il en paraissait accablé et sa face rayonnante
s'éclipsait devant la gloire de la divinité... Dans cet état
d'humilité, le Christ louait la divine bonté, chantait son
amour, adorait son égalité... Il l'adorait car il est homme,
il l'adorait dignement, car il est Dieu. Il adorait, ô
belle vérité, sa propre divinité par sa propre humanité
et c'est là ce qu'il fera éternellement..."
Cet
état, dit Marie-Aimée, est celui des bienheureux et non
d'ici-bas. En effet, l'âme que Jésus-Christ transforme,
sujette au changement, passe encore de la joie à la
tristesse; mais à mesure qu'elle s'élèvera, fixée dans la
volonté de Dieu; "la joie épanouira son visage devant tel
ou tel acte rendant gloire à Dieu..." Certes, elle aura
toujours des combats à mener, mais ses défaites deviendront
plus rares et ses victoires plus faciles, car sa nature
s'apaisera dans l'amour et l'harmonie. Jésus passant en elle
y dépose ses divines vertus: elle ne vit plus, c'est Jésus
qui vit en elle.
3-1-8-Dieu
tout puissant
(tome 3,
Chapitre 9, 9)
Au désert, Jésus adorait Dieu
tout-puissant; son âme adorait la puissance souveraine qui
est Dieu lui-même.
"Ainsi le Verbe de Dieu par qui tout a été fait, racontait à
son âme comment tout a été fait... Le Christ, en extase,
adorait cette puissance absolue à laquelle rien ne peut
résister... Il adorait cette puissance conservatrice qui
féconde la terre après l'avoir créée... qui fait succéder
les générations aux générations... Puissance sans limite
mais puissance aimante qui ne se désintéresse de rien de ce
qu'elle a fait... Et cette puissance divine, le Christ la
trouvait en lui-même et l'adorait..."
Une âme humaine ne peut rien
par elle-même. À l'imitation du Sauveur elle se convainc de
la distance qui la sépare de la divine sainteté. Elle sent
son impuissance, mais elle se confie en celui qui est toute
sa force et qui ne refuse jamais son amour et qui peut faire
tout en elle si elle s'humilie en constatant son
impuissance. Comme saint Paul elle pourra dire: "Quand je
suis faible, c'est alors que je suis forte."
3-1-9-Dieu
libre et indépendant
(tome 3,
Chapitre 9, 10)
Jésus adore Dieu, libre et
indépendant. Dieu était libre de ne pas créer, et Il créa.
Il créa les anges, il créa l'homme et, nous dit Marie-Aimée
de Jésus, "il créa le Christ! Voilà le grand acte, l'acte
par excellence, l'acte vivant, l'incomparable chef-d'œuvre
de la liberté de Dieu... le prodige le plus manifeste de sa
glorieuse indépendance..." Marie-Aimée contemple un
mystère particulièrement étonnant: Jésus adorant en lui
celui qui avait pris la nature humaine sans abdiquer la
nature de Dieu.
"Jésus adorait en lui celui qui, étant le Créateur du ciel
et de la terre, le Seigneur des anges et des hommes, s'était
incarné pour être le serviteur de tous, et usait librement
de sa liberté et de son indépendance, pour se mettre dans la
condition de la servitude et de la dépendance..."
Ce mystère est immense. Pour
Marie-Aimée, il en résulte que
"la vie intérieure... est un
merveilleux affranchissement de toutes les servitudes
auxquelles le péché originel a soumis les âmes... Par
fidélité à la grâce, cette âme acquiert une merveilleuse
liberté, car 'là où est l'Esprit du Seigneur, là est la
liberté'.
Liberté bienfaisante qui, loin de diminuer la soumission,
l'humilité, la parfaite dépendance, donne à l'âme des ailes
pour voler, à son gré, là où l'attire l'Esprit d'amour...
C'est à cette sainte liberté que beaucoup d'âmes seraient
appelées, si elles consentaient à devenir, grâce à
l'Esprit-Saint, la demeure où Dieu habite... L'Esprit-Saint,
si l'âme est fidèle et mortifiée, cultivera cette sainte
liberté, par des lumières particulières. La vertu de ces
âmes sera éprouvée... mais elles se réjouiront de rester
bien petites dans l'estime d'autrui... Entraînées par
l'exemple et le parfum de sainteté qui émane de ces âmes
épouses, d'autres âmes seront renouvelées dans tout leur
être intérieur..."
La vie contemplative est toujours apostolique.
3-1-10-Dieu
science
(tome 3,
Chapitre 9, 11)
Le Christ adora Dieu qui,
connaissant tout, se connaît parfaitement lui-même; Dieu est
donc la science même.
"Jésus adora Dieu dont la
science infinie était venue se renfermer dans l'obscur
tabernacle de son humanité et qui, ne pouvant y être
contenue, allait, après s'y être tenue cachée pendant trente
ans, inonder le monde, l'éclairer, l'instruire, le sauver.
Jésus adora Dieu qui est la science par essence..."
Et nous qui sommes créés pour
connaître, aimer et servir Dieu? Marie-Aimée nous répond:
"Toute la vie de
l'âme chrétienne, et surtout de l'âme religieuse, doit être
une étude de Dieu... Plus cette étude sera persévérante,
plus nous connaîtrons Dieu et plus nous l'aimerons... Il est
réel que la connaissance donne et augmente l'amour, mais il
ne l'est pas moins aussi que l'amour donne la connaissance,
et la connaissance qui vient de l'amour est bien supérieure
à celle qui vient de l'étude..."
Mais
attention! Que notre étude ait pour unique but d'admirer les
voies de Dieu et d'éviter les pièges de Satan. Il faut
absolument éviter la recherche curieuse qui risque de
conduire sur le chemin glissant de l'illusion.
3-1-11-Dieu
vérité
(tome 3,
Chapitre 9, 12)
Jésus adora Dieu qui est la
vérité même; des erreurs peuvent attaquer mais non détruire.
"Jésus adora Dieu
vérité qui, sans quitter l'humanité sainte qu'il a choisie
pour son temple à jamais, s'unira au corps mystique de
l'Église... Jésus vit la vérité se rendre témoignage à
elle-même par sa propre bouche. Il vit que la vérité ne
serait pas crue... Mais il la vit en lui-même, triomphante
au plus haut des cieux, prendre place à la droite du Père
sans cependant quitter le pays de l'erreur, notre triste
exil... "
Marie-Aimée méditera
longuement sur les attaques que la vérité de Dieu devra
affronter, notamment par les mensonges, les dissimulations
intérieures et le peu de cas que souvent on fera d'elle.
Pourtant, affirme Marie-Aimée:
"la vérité est, entre les
vertus, une de celles que Dieu aime davantage..."
3-1-12-Dieu
juste et bon
(tome 3,
Chapitre 9, 13)
"Le Christ adorait Dieu et
Dieu ne se lassait point de s'exposer aux regards purs et
simples de l'âme de son fils bien-aimé. Cette âme
pénétrait dans l'intime de l'Être de Dieu... Le Christ
adorait Dieu, juste en lui-même, bon en lui-même... Il
adorait Dieu et la merveilleuse fécondité de sa nature, il
admirait les effets qu'elle avait produits, mais par l'acte
libre de son vouloir juste et bon...
Le corps du Christ admirait
comment en son humanité la justice et la bonté s'étaient
heureusement rencontrées, comment en lui,
le Créateur et la créature s'étaient étreints, embrassés
comme dans leur principe, principe qui n'est autre que
Dieu... Le Christ, dont la nature humaine était unie à la
nature divine... s'offrait de nouveau au Père, par le
Saint-Esprit, afin de satisfaire pleinement à sa divine
justice, afin de contenter pleinement sa divine bonté..."
Si nous suivons Sœur
Marie-Aimée dans son raisonnement, il nous apparaît que
Jésus au désert, se découvrant lui-même, adore Dieu qu'il
est aussi, Verbe de Dieu avec le Père et l'Esprit. Mais
l'injustice règne dans le monde. Alors?
"Les anges rebelles tombèrent
de la justice dans l'injustice, de la bonté dans la malice,
en voulant s'égaler au Très-Haut... Dieu créa l'homme dans
la justice et la bonté. Il l'éprouva comme il avait éprouvé
l'ange. L'homme pécha, et en lui aussi l'injustice prit la
place de la justice et la malice celle de la bonté..."
Dieu voulut sauver l'homme,
et avec l'aide du Sauveur et de ses divins mérites, l'âme du
pécheur peut reconquérir la grâce dans les larmes de la
pénitence et rentrer en possession de la justice et de la
bonté originelle..." D'où la nécessité de l'humilité.
L'âme, autrefois infidèle, vit maintenant pour Dieu seul et
n'aspire qu'au ciel. "Elle vit plus en Dieu avec le
Christ qu'en elle-même... Ayons, écrit Marie-Aimée,
ayons sans cesse
devant les yeux notre obligation d'expier non seulement pour
nous, mais aussi pour les autres. Nous ne pouvons rien de
nous-même, mais la prière obtient tout, surtout quand elle
est accompagnée d'humilité et n'attribue qu'à Dieu son
succès..."
3-1-13-Dieu
riche, libéral et magnifique
(tome 3,
Chapitre 9, 14)
"Le
Christ adora Dieu qui est infiniment riche, libéral et
magnifique. Riche de lui-même, riche par lui-même, n'ayant
reçu l'être de personne. Il (le Christ) adora Dieu qui est
infiniment riche sans être sujet à la pauvreté, parce qu'il
est à lui-même son propre trésor, et que personne ne peut le
lui ravir... Tout ce qui n'est pas lui (Dieu) n'est rien, on
ne peut rien ajouter à un bien infini. Jésus adora Dieu qui,
en créant l'univers, n'a point appauvri ses domaines, parce
qu'il est à lui-même sa propre demeure... Jésus adora Dieu
qui a créé l'ange et l'homme pour le servir, pour sa gloire
et leur propre félicité... Jésus adora Dieu infiniment
libéral... la libéralité même..."
Et Marie-Aimée fait de nouveau
référence à la Trinité Sainte,
"étant trois personnes dans
une seule essence; le Père se donne au fils, le Fils qui lui
est égal se donne au Père, le Père et le Fils se donnent au
Saint-Esprit... Jésus adora Dieu qui peut toujours donner
sans s'appauvrir jamais... parce qu'il est toujours le roi
du ciel et de la terre et leur libre possesseur... Jésus
adora Dieu qui, après avoir promis son propre Fils à l'homme
dès la naissance du monde, le lui donna au jour de
l'incarnation, c'est-à-dire se donna lui-même en la personne
du Verbe, de sorte qu'en possédant Dieu, l'homme devient en
quelque manière, riche de Dieu lui-même...
Jésus
adorait la divinité aussi riche dans la grotte de Bethléem,
que libérale et magnifique, en se donnant à Joseph, aux
bergers et aux Mages... Il adorait la divinité cachée sous
le voile de l'humanité, il adorait la divinité, libérale
jusqu'à sacrifier le corps sacré auquel elle s'est unie au
jour de l'Incarnation...
Jésus
adora la divinité riche et libérale à l'égard de toutes les
âmes, bien qu'il connût que toutes ne participeraient pas
aux richesses de son amour. Le Christ adorait spécialement
sa divinité dans l'âme de sa sainte Mère... Le Christ
adorait la divinité en son âme enrichie au-delà de tout e
qu'il est possible de concevoir... Et l'âme qui se donne à
lui... doit s'humilier, remercier, faire valoir ces
biens..."
Les âmes
fidèles doivent s'humilier, quelles que soient les grâces
dont elles sont enrichies... Elles font tout remonter vers
Dieu; elles ne s'attachent pas aux dons de Dieu, mais elles
s'élèvent au-dessus de ces dons, pour aimer davantage, les
faire fructifier.
3-1-14-Dieu
saint
(tome 3,
Chapitre 9, 15)
Jésus
adora Dieu Saint, qui est, à la fois, la sainteté même et le
sanctificateur. Jésus adora Dieu éternellement Saint en son
indivisible Unité et dans ses trois Personnes. Jésus-Christ
au désert, "adora Dieu saint dans les justes et les
pécheurs... parce que sa sainteté est inaccessible à la
souillure... dont la sainteté récompense dans le ciel,
châtie dans l'enfer, détruit, dans le purgatoire, jusqu'au
vestige du péché..."
Marie-Aimée énumère les
manifestations de la sainteté de Dieu, saint dans la
création de l'univers, dans la création des anges, et saint
dans l'humanité de son Fils incarné. Et ce Fils incarné est
saint dans son âme, dans son cœur et en son corps, saint en
sa conception et sa naissance, en sa circoncision, en sa
vie, en sa mort, en sa résurrection et en son ascension.
"Et le Christ
s'humiliait... l'humanité de Jésus se reconnaissant indigne
d'être la blanche nuée sous laquelle s'est retiré le Soleil
de Justice, la divinité!... L'âme du Christ jouissait
ineffablement, voyant que la sainteté de sa divinité prenait
ses délices en la sainteté de son humanité... Le Seigneur
était descendu sur la terre sans cesser d'être Dieu; il
était devenu homme... et les anges, l'environnant
chantaient: 'Saint, Saint, Saint est le Seigneur'! Mais lui,
Jésus, adorait...
Jésus
homme adorait la sainteté cachée sous l'apparence du
pécheur. Il pleurait et se frappait la poitrine comme s'il
eût été pécheur lui-même... Il voyait la sainteté fleurir
sur sa tête et la couronner comme un diadème de gloire...
Mais il la voyait aussi sous la forme de la victime chargée
de toutes les iniquités du monde... Et il adorait, baigné de
larmes... Le Christ adora, car il est homme, il adore
dignement, car il est Dieu... Il adore sa propre divinité
par sa propre humanité."
Toutes les âmes humaines
doivent tendre à la sainteté. Pour tous les chrétiens, cela
demande, avec l'aide de la grâce sanctifiante, la fuite du
péché, l'habitude des vertus, l'accomplissement des
commandements de Dieu et l'imitation de Jésus-Christ. Les
âmes religieuses doivent ajouter l'accomplissement des
conseils évangéliques, des vœux de religion et la fidélité
aux règles de son ordre. À cela il faut ajouter par-dessus
tout, le fait
"d'être animé pour Dieu d'un amour qui produise une sorte
d'impossibilité de lui refuser quoi que ce soit... Qu'est-ce
donc qu'une âme sainte? C'est une âme chaste... une âme
pure... humble... totalement soumise... et charitable..."
3-1-15-Dieu
impassible et immortel
(tome 3,
Chapitre 9, 16)
Le Christ adora Dieu
impassible, donc qui ne peut pas souffrir, et immortel. Le
Verbe de Dieu devenu homme adora la nature divine impassible
et immortelle "bien qu'unie à la nature humaine..."
Sa nature humaine pouvait souffrir et mourir, sa divinité
demeurait impassible et immortelle, et Jésus admirait, et Il
adorait sa nature divine. Mais Jésus homme souffrait, et
cette souffrance durerait jusqu'à sa mort. Marie-Aimée de
Jésus écrit: "Ce
serait une grande erreur de croire que l'amour que le
Christ, en tant qu'homme, portait à son Père céleste, lui
ait enlevé ici-bas le sentiment de la souffrance... Mais
seul l'amour dont brûlait le Christ pour son Père lui
faisait savourer les souffrances... Et le Christ adorait. En
son impassibilité, il souffrait avec joie; en son
immortalité, il mourait avec plaisir."
Cette méditation peut nous
révolter et Marie-Aimée en est bien consciente. Aussi
ajoute-t-elle, concernant les hommes qui souffrent:
"La souffrance reste
toujours la souffrance, la mort reste toujours la mort et la
peine du péché, mais aussi l'amour reste l'amour et il a le
pouvoir de communiquer à l'âme qui lui est livrée une sorte
d'impassibilité et une sorte d'immortalité. Cette
impassibilité n'ôte pas à l'âme le sentiment de la
souffrance, mais elle lui rend cette souffrance délicieuse
quand elle aime à un certain degré... et lui rend la mort
plus douce que la vie propre, le tout en vue de
Jésus-Christ... Plus l'âme aimera, moins elle sera exposée à
se replier sur elle-même, car elle expérimentera que tout
lui vient de Jésus-Christ."
3-1-16-Dieu
grand, glorieux et majestueux
(tome 3,
Chapitre 9, 17)
On a
parfois l'impression que Sœur Marie-Aimée de Jésus répète
constamment les mêmes choses. Cela était inévitable, vue la
difficulté des sujets traités, concernant les attributs de
Dieu. Par ailleurs, Marie-Aimée devait s'imprégner de ces
enseignements afin de les écrire correctement, et plus tard,
de les enseigner à ses novices.
Donc le Christ adorait Dieu
infiniment grand, glorieux et majestueux. Dieu ne révéla pas
ses attributs à Jésus comme il l'avait déjà fait pour les
Patriarches et les prophètes, mais comme Il les avait
montrés à ses anges, c'est-à-dire tels qu'ils sont en
eux-mêmes. L'âme de Jésus adorait Dieu infini en grandeur,
en gloire et en majesté, au milieu des esprits bienheureux,
se perdant dans la gloire de Dieu et s'établissant dans sa
majesté. "Le Christ
admirait comment la grandeur de la divinité attirerait les
hommes à elle par la petitesse de son humanité... Le Christ
adore sa grandeur en s'abaissant, sa gloire en
s'obscurcissant, sa majesté en en se faisant semblable au
ver de terre...
Marie-Aimée médite ensuite
pour les âmes qui avancent dans la connaissance de
Jésus-Christ. Elle écrit: "L'âme a honte du peu qu'elle
donne et laisse agir Dieu dont la libéralité dépassera
toujours la reconnaissance dont elle voudrait lui donner des
preuves... Son désir d'avancer dans la perfection a pour but
d'honorer Dieu, de lui prouver son amour... Elle se défie de
l'amour-propre dans les plus saintes choses... Comprenons
bien que nous ne sommes rien et que le peu que nous donnons
à Dieu ne mérite aucune récompense, puisque nous lui devons
tout..." D'où le conseil:
"Soyons comme le Christ,
modestes en notre grandeur, oublions notre propre gloire,
dépouillons le vieil homme, revêtons le nouveau. À notre
divin transformateur en sera toute le gloire..."
3-1-17-Dieu
sage
(tome 3,
Chapitre 9, 18)
Le Christ adora Dieu sage par
essence, sa sagesse étant lui-même.
"Il adora la sagesse
éternelle, c'est-à-dire le Verbe se louant de toute éternité
dans le sein de son Père, avec l'Esprit-Saint qui procède de
l'un et de l'autre... Il adora la sagesse de Dieu qui...
résolut de tirer du néant des créatures capables de
connaître, d'aimer et de servir leur Créateur... Nous, nous
adorons les raisons souveraines de la sagesse divine sans
les comprendre..."
Les hommes ne connaissent pas
les raisons de la création et de ses magnificences, mais la
sagesse de Dieu initiait le Christ, au désert, à tous ses
secrets. "L'âme du Christ adore, car elle est bornée,
tandis que la sagesse qui l'instruit n'a pas de bornes,
étant infinie..." Voici que Marie-Aimée détecte que
Jésus pense déjà à l'Eucharistie:
"Le Christ adorait la sagesse de Dieu qui voulut demeurer
avec l'homme... sous les faibles accidents du pain et du
vin..."
Marie-Aimée constate que la
sagesse de Dieu appelle des âmes à se donner complètement à
Dieu, le préférant aux créatures. Elle profite de sa
contemplation de la sagesse de Dieu pour aborder le thème du
péché, "cette folie lamentable." Elle n'hésite pas à
affirmer que même les plus petites infidélités peuvent
"déranger les plans
de Dieu et mettre obstacle à ses desseins."
3-1-18-Dieu
patient et miséricordieux
(tome 3,
Chapitre 9, 19)
Le Christ adora Dieu
infiniment patient pour attendre, et miséricordieux pour
pardonner. "Le
Christ adore Dieu qui attend des années que le prodigue
rentre en lui-même et qui, pendant tout ce temps, le
supporte, le sollicite par les remords de sa conscience, par
la voix de l'Église, par les peines de la vie... Le Christ
adora Dieu qui attend sans se lasser...
Marie-Aimée réfléchit:
"Plus l'âme connaît la
grandeur et la majesté du Très-Haut, plus sa patience et sa
miséricorde l'étonnent... et elle adore. Ainsi adora l'âme
très sainte du Christ... à cause de l'amour que le Père a
pour le Fils et pour l'homme... Dans le foyer de lumière au
sein duquel lui apparaît une telle excellence, l'âme du
christ se consume d'amour et adore..."
Marie-Aimée de Jésus estime
que les âmes des hommes ne doivent pas vouloir tout
comprendre et faire tout à la fois. Contemplant la patience
et la miséricorde de Jésus, elle devient indulgente pour le
prochain: "Être
indulgent pour les autres, et sévère pour soi, est un des
plus grands caractères de la sainteté..."
3-1-19-Dieu
fort et doux
(tome 3,
Chapitre 9, 20)
Le Christ adora Dieu qui est
infiniment fort: la force même; le Christ adora Dieu, la
douceur même. Dieu qui est la force à laquelle rien ne peut
résister, n'a qu'à vouloir pour triompher. Dieu, dont
l'infinie douceur entraîne des milliers d'âmes séduites par
ses charmes divins, Dieu conduit tout avec force et douceur,
"Et le Christ
adorait une telle excellence, une excellence telle qu'elle
ne peut être et n'est, en effet, que l'unique et parfaite
divinité..."
Les forces du corps et de
l'âme humaine sont des dons de Dieu, pour son service, mais
les forces de l'âme sont particulièrement précieuses.
"Nos forces spirituelles, moyennant la grâce, peuvent
croître jusqu'à notre mort, moment où l'âme est fixée pour
jamais dans le degré de force où l'amour la trouve...
L'amour du devoir fondé sur la charité envers Dieu, voilà la
grande force de l'âme religieuse..." Mais attention!
"La force qui ne
s'exerce pas avec douceur n'est point la vraie force parce
qu'elle écrase... La force qui vient de Dieu n'opprime pas
le faible, mais l'aide à porter son fardeau..."
3-1-20-Dieu
infiniment beau
(tome 3,
Chapitre 9, 21)
Marie-Aimée de Jésus s'extasie
devant la beauté de Dieu, beauté divine, incompréhensible,
indescriptible, invisible ici-bas car spirituelle, Dieu
étant pur esprit. Un seul homme a pu, sur la terre, voir la
beauté de Dieu: c'est le Christ, car le Christ est Dieu.
"L'âme très sainte
du Christ, parce qu'Il est Dieu, voit et contemple la beauté
divine, sans nuage, à découvert, et remplie d'allégresse;
mais en même temps, des flots de tristesse inondent sa
partie inférieure, et ses adorations devant cette beauté si
admirable et si peu connue, si aimable et si peu aimée,
prennent le caractère du dédommagement, de l'assiduité, de
la révérence, de la tendresse.... Voyant alors les âmes qui
répondront à ses désirs, le Christ redouble de
supplications... En lui, et par son âme très sainte,
l'humanité aimait Dieu d'un amour d'épouse et consacrait à
son adorable beauté une génération d'âmes pures... Et le
Christ louait la beauté divine..."
Marie-Aimée de Jésus cherche alors à avoir une idée de cette
beauté divine. Elles contemplent les beautés de la nature,
bien que "la beauté créée ne puisse faire concevoir la
beauté incréée. Mais si, ayant foi en la Parole de
l'Écriture et à la sagesse de Dieu qui l'a dictée, nous en
faisions humblement l'essai, nous découvririons sans doute
en son adorable essence, des merveilles de beauté qui nous
étaient alors inconnues... Nous concevrions simplement dans
les lumières de la foi, une beauté au-dessus de toute forme
corporelle et imaginaire, une nature infiniment supérieure à
la nature humaine et angélique..." Mais si la beauté de
l'essence divine ne se réfléchit pas dans l'intelligence
humaine, c'est que les âmes ne sont ni assez pures, ni assez
simples, ni assez humbles, et la foi n'est pas assez
ardente.
Il n'en est pas de même pour
le Christ, Verbe incarné, dont
"l'intelligence de son âme est d'autant plus capable de
reproduire cette beauté qu'elle est plus spirituelle bien
qu'unie à un corps, qu'elle est divine tout en étant
humaine... Où donc trouverons-nous mieux cette divine beauté
pour la contempler que dans l'âme de Jésus-Christ qui la
reproduit si fidèlement?
3-1-21-Dieu
aimable
(tome 3,
Chapitre 9, 22)
Marie-Aimée de Jésus, dans sa
contemplation, découvre qu'il ne peut rien y avoir de plus
aimable que Dieu unique, épris de lui-même, donc de ses
trois personnes. Il ne peut y avoir rien de plus aimable que
Dieu qui, "dans le
silence le plus mélodieux, produit une parole silencieuse,
qui, à la richesse et à la magnificence joint la libéralité,
qui, à la sainteté joint la miséricorde, à l'impassibilité
la compassion. Dieu est fleuve de vie où chacun peut
s'abreuver.... Et ce Dieu tout aimable, le Christ
l'adorait..."
Marie-Aimée a un immense désir
de connaître Dieu, mais elle constate sa totale impuissance
et son absence de termes pour évoquer la beauté et
l'amabilité de Dieu, ainsi que tous ses autres attributs.
Pourtant elle va essayer d'énumérer les délicates qualités
d'une âme "dont l'incessante aspiration est de vivre de
la vie de Jésus-Christ et de n'aimer que lui. Cette âme est
douce, prévenante, affable; elle est simple et innocente;
elle est conciliante, se fait toute à tous, ne flatte ni ne
raille; son langage est cordial, ses manières
obligeantes..." Cette âme est généralement aimée, c'est
juste et naturel,
"mais à cause de cela même, elle porte parfois ombrage;
admirable dessein de Dieu qui veut la préserver de
l'orgueil..."
3-1-22-Dieu
aimant
(tome 3,
Chapitre 9, 23)
Dieu est
forcément Aimant puisqu'il est l'Amour-même. L'âme de Jésus
adora Dieu aimant toute sa création, et "âme sainte, elle
fut ébranlée jusque dans ses plus intimes profondeurs; et
l'Esprit-Saint l'appliquant à cette création de l'ange, le
Christ la contempla, et vit ces esprits bienheureux entourer
de leur amour celui de l'amour duquel ils tenaient l'être...
Jésus adorait, mais l'objet de sa contemplation lui devint
un motif de tristesse..." à cause de la rébellion de
Lucifer. Et le Christ souffrit de l'offense faite à Dieu.
Bientôt, l'ange mauvais tromperait l'homme que Dieu avait
tant aimé: "De nouveau le Christ est plongé dans
l'affliction... Mais Dieu promet un Sauveur dans son propre
fils, et le Christ adora ce Dieu aimant... Et le Verbe se
fit chair... Il a pris un corps et une âme semblables aux
nôtres... et va paraître sur la terre dans l'obscurité et
l'indigence..." Pourquoi?
Pourquoi l'incarnation du
Verbe à Nazareth, dans un milieu si modeste?
"Dieu veut que l'homme puisse
l'approcher, lui parler à l'aise, entrer dans son intimité;
enfin, il veut montrer son amour et gagner le sien
tout misérable qu'il soit. Et le Christ adorait..."
Le Christ naquit d'une vierge,
il naquit dans la pauvreté de Bethléem, dans une étable; il
vécut comme un artisan de Nazareth, puis, tout au cours de
sa vie publique, "il parcourra les villes et les
bourgades de la Judée; des ennemis nombreux et acharnés l'y
attendent, mais il se verra constamment envahi par les flots
pressés d'un peuple avide de le voir et d'écouter sa
parole..." Jésus aime et il est aimé. Bientôt il sera
crucifié, entre deux voleurs, mais avant, il réussira un
prodige d'amour, il instituera l'Eucharistie, "sacrement
adorable de son corps et de son sang, pour ne pas quitter
les hommes en retournant au ciel... Cependant beaucoup ne
croiront pas à son amour, d'autres s'y montreront
indifférents; on le délaissera, on le foulera aux pieds..."
Mais beaucoup d'âmes ferventes l'accueilleront.
"Ainsi aimera, ainsi sera aimé
le Dieu tout aimant..."
Marie-Aimée contemple toujours
Jésus qui ne quitte pas son extase.
"L'âme de Jésus allait de Dieu à l'homme et de l'homme à
Dieu... Et les anges saisis d'admiration l'adoraient..."
Nous savons tous que quelqu'un
qui aime souffre de n'être pas aimé. Pourtant l'amour des
hommes pour Dieu est bien petit, bien insignifiant... Alors
que dire des âmes qui n'aiment pas leur créateur? Jésus
répondit: "Quand il n'y aurait qu'une seule âme de
perdue, qu'une seule âme qui aurait péché, qu'une seule âme
qui, une seule fois et en chose légère, n'aurait pas répondu
à l'amour de Dieu et aurait blessé sa nature aimante, j'en
serais inconsolable jusqu'à la mort." Marie-Aimée est
atterrée et elle écrit:
"Ici, mon cœur se fondit, je
donnai libre cours à mes larmes, et je jurai au Christ qu'il
n'y aurait plus désormais pour moi de joie sur la terre sans
mélange de sa profonde douleur."
Quelles
sont les conséquences de cet amour infini de Dieu pour les
âmes religieuses? Marie-Aimée, qui s'adresse, ne l'oublions
pas, à des âmes religieuses, écrit: "Il n'y a vraiment
que l'amour de Dieu qui puisse détruire en l'âme l'amour
d'elle-même, la sensibilité sur elle-même, la recherche
d'elle-même... mais encore faut-il que l'amour de Dieu soit
devenu sa passion dominante... Jusque là, l'âme végète...
Mais quand l'amour divin est arrivé en l'âme à l'état de
passion, sa sollicitude pour elle-même l'abandonne, elle
finit par s'oublier... Quant aux peines, aux souffrances
elle les invite, les accueille... Plus l'amour divin
augmente, moins l'âme est tendre pour elle-même, moins elle
exige des autres; en revanche, plus elle aime, plus elle se
donne au prochain... car l'amour de Dieu qui déborde de
l'âme, se verse toujours et nécessairement sur le
prochain... L'amour afflue toujours, le vase est rempli, il
ne peut que déborder..." C'est l'exemple que tous
les saints nous ont donné. Marie-Aimée va encore plus loin:
"Ce mystère d'intimité avec le Dieu aimant, est des plus
compatibles avec la plus tendre charité. C'est la charité
même des derniers jours de l'existence, alors que la vie du
Christ déborde de tous les côtés et par toutes les issues de
l'âme transformée en lui."
3-1-23-Dieu
paisible
(tome 3,
Chapitre 9, 24)
Le Christ adora Dieu
infiniment paisible, et la paix même. Il adora Dieu paisible
au milieu de toutes les dissensions, de toutes les guerres,
étant la paix par essence. Et Marie-Aimée, selon son
habitude, fait un retour sur la Sainte Trinité:
"Il adora Dieu le Père qui,
dans la paix, engendre un Fils qui n'a avec lui qu'une seule
et même divinité, qu'une seule et même éternité, qu'une
seule et même immensité, qu'un seul et même pouvoir, qu'un
seul et même vouloir, qu'un seul et même amour, qu'un seul
même esprit de paix, l'Esprit-Saint qui, dans la paix,
procède du Père et du Fils, est leur paix substantielle, et
forme avec la personne du seul Père et avec la Personne du
Fils, la troisième personne de la Sainte Trinité, paix
parfaite et Dieu indivisible, Seigneur de tous.
Jésus
adora le Verbe... qui s'incarna dans le sein d'une Vierge...
Il voyait le passé, il soutenait le présent et l'avenir,
mais sans rien perdre de sa quiétude... Le Christ attendait
les injustices, les persécutions... mais si paisiblement
qu'en attendant il adorait; il adorait la paisible divinité
dans sa paisible humanité..."
Marie-Aimée affirme que les
âmes ardentes "soutiennent l'Église, instruisent les
ignorants... tout cela par la prière..." car elles sont
à leur Bien-Aimé. L'âme qui aime vraiment Dieu ne désire que
la vie avec le Christ. "Elle ne voit que son Dieu, elle
n'entend que lui, elle ne comprend que lui, elle ne respire
que pour lui, elle ne soupire qu'après lui, elle ne veut que
lui, lui partout, lui toujours..." Elle est paisible,
car "l'amour
paisible n'aboutit point à l'indifférence et sa sage
conduite est la marque du bon esprit... Plus l'âme avance,
mieux elle se possède. C'est que son amour croît de jour en
jour... et il la dilate, la fortifie, l'épure, la met en
contact plus familier avec Dieu... jusqu'à ce qu'elle aille
se consommer
dans la gloire."
3-1-24-Dieu
silencieux
(tome 3,
Chapitre 9, 25)
Marie-Aimée contemple Jésus
silencieux au désert. Il adore Dieu silencieux par nature.
Et Marie-Aimée retrouve immédiatement la Sainte Trinité.
Elle explique: "Dieu
est Un en trois personnes; la personne du Père ne parle pas,
mais elle engendre, dans le silence, une parole, et cette
parole n'est autre que son Fils... et il ne cessera jamais
d'engendrer sa parole... la parole éternelle. Cette parole
engendrée par le Père lui est consubstantielle, de même
nature, donc, silencieuse comme lui...
Le
Père est silencieux, le Fils est silencieux. Ils s'aiment
dans le silence, mais, ô merveille éternelle! Leur mutuel
amour produit, dans le silence, le Saint-Esprit, lequel
procède de la personne du Père comme de celle du Fils; le
Saint-Esprit est donc de même nature que le Père et le Fils.
Ô silencieuse Trinité, silencieuse dans le silence de
l'unité... Voilà le Dieu silencieux que le Christ adore. Le
Christ! Dieu même! Le Christ, Verbe incarné! Le Christ!
Parole éternelle résonnant dans le temps. Le Christ...
venant se faire entendre à nous pauvres exilés, par l'organe
de l'humanité!
Le
Christ adora le Père incréé. Il adora cette Parole incréée,
ce Verbe qui a créé, dans le même silence, tout ce qui
n'était pas... Il adora cette Parole, ce Verbe c'est-à-dire
lui-même, incarné, venu en ce monde dans le silence de la
nuit... Le Christ adora l'Esprit-Saint qu'il enverra sur les
apôtres pour les enseigner, les purifier... Le Christ adora
Dieu dans le silence de son âme..."
Suivant
son habitude, Marie-Aimée veut nous faire profiter de sa
méditation et, pensant aux âmes qui se sont préparées et
offertes au Christ, elle affirme: "C'est dans le silence
du temps, le silence de l'âme que le Père forme en nous son
Fils, par son Saint-Esprit..." Si l'âme entre dans le
silence profond de la pensée de Dieu, elle entrera dans le
silence, dans l'amour de Dieu.
L'âme, alors, ne parle que de
son Bien-Aimé, et toujours avec calme et douceur. Cependant,
ajoute Marie-Aimée, nous sommes peut-être encore loin de
cette perfection. "Attendons paisiblement l'heure et le
moment où notre amour, avec ses saints désirs, sera
introduit dans le silence, car il ne lui appartient pas d'y
entrer de lui-même; il ne le peut, d'ailleurs..." Mais
voici un avertissement:
"Prenons garde, n'éteignons
pas le feu parce qu'il donne encore un peu de fumée... Ne
l'oublions jamais, c'est là l'ouvrage de toute la vie, et
cette consommation est plus l'œuvre de Dieu que la nôtre."
3-1-25-Dieu
infini et infiniment parfait
(tome 3,
Chapitre 9, 26)
"Le
Christ adora Dieu qui est infini et infiniment parfait...
qui a toutes les perfections et dont chaque perfection est
infinie... Et le Christ adora... "
On ne peut rien ajouter ni
ôter à Dieu. Dieu seul doit être loué, et lui seul peut se
louer dignement. De nouveau Marie-Aimée s'insurge: "Voilà
donc cette divinité dont les impies osent dépouiller le
Christ à la face des peuples chrétiens! Voilà ce poids
immense de gloire qu'ils veulent lui ravir! ... efforts
odieux, mais qui resteront absolument vains! Attentat
sacrilège qui demeurera la honte éternelle de leurs auteurs!
En effet, jamais les fils d'Arius ne pourront faire que
Jésus-Christ ne soit pas le Fils de Dieu, le seul et unique
vrai Dieu!... Le Christ est Dieu! Il est le Fils du Dieu
vivant! Impies,
que vous le vouliez ou non... il en est ainsi, et vos
blasphèmes ne changeront rien à la vérité!...
Pour
moi... je voudrais vous venger, ô Jésus, de la haine des
ingrats parce que je suis votre épouse... Et puis,
pardonnez, ô mon Bien-Aimé, pardonnez aux malheureux qui
nient votre divinité, car ils ne savent pas ce qu'ils font
et ils ne peuvent ce qu'ils veulent."
3-1-26-Dieu
vie
(tome 3,
Chapitre 9, 27)
Le Christ adora Dieu, la vie
par essence, la vie vivante, incréée, éternelle. Le Christ
"adora Dieu qui, étant la vie, n'a besoin d'aucun soutien
étranger, étant à lui-même sa propre subsistance et son
propre élément.
Il adora Dieu qui, étant la vie divine invisible à l'œil
corporel, s'est découverte à nous sous le voile de la chair,
en la personne sacrée de son Fils, engendré du sein du Père
ou de sa substance... Vie éternelle comme le Père, vie
vivante par elle-même comme le Père, vie qui lui est commune
avec le Père comme avec le Saint-Esprit... Le Christ
adorait, il offrait sa vie temporelle à la vie éternelle en
reconnaissance de ce que celle-ci était venue habiter en
celle-là..."
Marie-Aimée cherche à
comprendre ce que sont la vie et la mort, pour nous. Elle
écrit: "La vie
naturelle, c'est l'union de notre âme avec notre corps... La
vie surnaturelle, c'est l'union de notre âme avec Dieu par
la grâce... Mais combien d'âmes ne savent ni ce qu'elle est,
ni jusqu'où elle élève. Combien par suite de cette
déplorable ignorance... vivent dans une vie misérable et
toute personnelle... au lieu de vivre de Dieu, en Dieu, et
pour Dieu! Combien vivent ainsi dans le monde! Combien
souvent vivent ainsi, même parmi les âmes consacrées à
Dieu!...
La
mort naturelle s'effectue par la séparation de l'âme d'avec
le corps; la mort spirituelle s'opère par la séparation de
l'âme d'avec Dieu; la mort à la vie propre et personnelle
s'effectue par la séparation de l'âme d'avec elle-même.
Qu'est-ce que cette séparation? C'est un état de mort et de
vie, de mort à tout ce qui n'est pas Dieu, de mort à
soi-même et de vie en Dieu... L'âme est alors tout entière
en Dieu par ses facultés intellectuelles, l'intelligence, la
mémoire, et aussi la volonté... L'intelligence s'occupe à
contempler Dieu, la mémoire veille à en conserver le
souvenir, la volonté l'aime, l'adore, s'enivre de ses
charmes et de son divin vouloir... L'âme vit donc en Dieu
plus qu'en elle-même, elle y vit par le Christ, sa seconde
vie quand elle est arrivée à s'affranchir du créé..."
Cependant il ne faut pas
oublier le poids du corps et des nécessités de la vie qui
partagent son attention. Et la contemplation de Dieu se fait
souvent sous le voile de la foi. Alors, écrit Marie-Aimée,
l'âme éprouve de la tristesse:
"La vie de cette âme se passe
donc, quoique toute en Dieu et pour Dieu, ou plutôt
précisément à cause de cela, dans une tristesse ineffable.
Nous disons ineffable, parce qu'ayant purement et simplement
le Saint-Esprit pour auteur, elle n'a rien de commun avec la
tristesse naturelle... mais, lui parle-t-on de Jésus ou de
Marie, son visage s'anime et s'enflamme... C'est ce que nous
appelons... vivre de Dieu, en Dieu et pour Dieu."
Les
oraisons de Jésus-Christ au désert
Le tome 3 de l'œuvre:
JÉSUS-CHRIST EST LE FILS DE DIEU, veut raconter la vie de
Jésus au désert, après son Baptême. Marie-Aimée de Jésus a
contemplé Jésus dans sa vie de tous les jours: son jeûne, sa
solitude, ses veilles, sa prière. Mais rapidement elle a dû
abandonner une contemplation trop terrestre pour découvrir
l'adoration de Jésus, qui, contemplant sa divinité s'adore
lui-même en adorant sa divinité, sa nature de Verbe de Dieu.
Mais voici que bientôt Marie-Aimée doit quitter ce qui est
encore trop humain en Jésus pour Le contempler contemplant
et adorant la Sainte Trinité, donc s'adorant Lui-même dans
sa divinité. Marie-Aimée écrit:
"Jésus-Christ est la seconde
personne de la Très Sainte Trinité, le Fils unique de Dieu
fait homme. Toute la science du Christ est là. Cette science
totale et absolue, le Christ la possède seul entièrement:
aussi peut-il seul, remercier le Père d'un tel don fait à
l'homme... Jésus-Christ au désert se contemple lui-même en
la Trinité; homme parfait, il loue en lui-même le Dieu
parfait; il se contemple comme Verbe incarné, il s'offre à
son Père par le Saint-Esprit, redisant à nouveau cette
parole: 'Me voici!'!"
3-2-1-Jésus
se contemple lui-même en la Trinité
(tome 3,
Ch. 10, 1)
"Le
Christ voit, dans la pleine lumière où il vit, qu'il est
dans la Trinité sainte, la seconde de ses personnes, sans
être moins que la première, ni plus que la troisième. Le
Christ peut dire: 'Je suis le Fils unique de Dieu parce que
seul je suis engendré du Père... Je suis semblable au
Saint-Esprit, car le Saint-Esprit... procède de mon Père et
de moi.... Je viens du Père, parce que le Père est principe,
je vais au Saint-Esprit, parce que le Saint-Esprit est
procédant.'
Le
Christ seul voit... comment le Père ne cesse de
l'engendrer... de toute éternité... Il se voit lui-même
vivre et régner éternellement avec ce Père qui l'engendre,
en l'unité du Saint-Esprit, leur mutuel et personnel
amour... Le Christ voit et admire comment il est descendu
jusqu'à nous, comment il rend à Dieu tous les devoirs
d'adoration et de reconnaissance que les créatures ne
peuvent lui rendre... Oui, le Verbe s'est anéanti et dans
quel néant! Le néant de l'homme... en prenant la forme de
l'esclave... Devenant semblable à nous, il n'a pas cessé
d'être semblable à son Père..."
Et Marie-Aimée d'ajouter: "Si le Verbe s'est 'anéanti' en
l'humanité, par le même mode nous pouvons dire qu'il a
anéanti l'humanité en sa divinité..." pour ne faire en
lui qu'une seule personne.
"Le Christ a trouvé le secret
incompréhensible de s'incarner seul sans rompre
l'indissoluble lien de la divine unité.
Le
Christ se voit à la fois Dieu et homme et seul Christ, Dieu
parfait et homme parfait... l'égal du Père et du
Saint-Esprit comme Dieu, inférieur au Père et à l'Esprit,
comme homme... Et le Christ adorait!
Voilà
Jésus-Christ, splendeur du Père, image visible du Dieu
invisible... Voilà celui dont tous s'occupent, fidèles et
infidèles, hérétiques et schismatiques, peuples barbares et
nations civilisées... parce qu'il n'y en a pas d'autre au
nom duquel ils puissent être sauvés..."
Marie-Aimée avoue, s'adressant à Jésus: "Cette nature
divine que tant de vos ennemis se disputent en vain, avec
tant d'acharnement, a été l'objet presque continuel de mes
humbles contemplations... À la plaie d'amour, il ne faut
qu'un baume d'amour, au mal d'amour, l'amour seul peut lui
apporter remède..."
3-2-2-Jésus-Christ,
homme parfait, loue en lui-même le Dieu parfait
(tome 3,
Chapitre
10,
2)
Marie-Aimée écrit:
"Jésus étant Dieu et homme est
l'ensemble vivant de toutes les perfections et de toutes les
vertus. Jésus-Christ se voit comme Dieu, infiniment parfait,
et comme homme, parfaitement accompli... Dieu, il peut se
définir: 'Je suis celui qui suis.' Comme homme, il se voit
parfait, ayant un corps qui est le chef-d'œuvre du
Saint-Esprit, uni à une âme raisonnable digne à tous égards
d'être l'âme du Christ Fils de Dieu. Parfait comme Dieu,
parce que Dieu est la perfection même. Parfait comme homme,
parce que son âme très sainte aussi bien que son corps sacré
sont exempts de défauts. Parfait comme Dieu parce qu'il
possède toutes les perfections, parfait comme homme parce
qu'il possède toutes les vertus au suprême degré. Il voit
comment ses vertus d'homme parfait louent les perfections
divines, comment sa nature humaine loue et adore sa nature
divine... Il se réjouit... de ce que sa vérité, sa justice
et sa bonté, louent le Dieu seul vrai, juste et bon...
Combien le Christ est heureux de voir sa force et sa douceur
révéler, en les louant, la force et la douceur de Dieu, de
voir sa beauté humaine tant intérieure qu'extérieure,
chanter et louer l'infinie beauté de Dieu. Avec quelle
allégresse l'âme du Christ voit-elle l'amour humain et fini
dont elle est douée, louer l'amour infini de Dieu! Et le
Christ adorait!... Aucun homme, aucun ange, la Vierge Marie
elle-même n'ont pu et ne pourront jamais entrevoir les
admirables et divines opérations comme les voyait l'âme très
sainte du Verbe incarné. Seule aussi, cette âme humaine,
mais unie à la divinité, pouvait rendre au Père de dignes
actions de grâces au nom de l'humanité toute entière.
Les
actes du Christ sont si parfaits qu'il ne faut pas
s'étonner,
selon Marie-Aimée de Jésus,
que Jésus ait voulu
rester trente trois ans sur la terre... Et Dieu donna aux
vertus que le Christ pratiqua comme homme, la valeur infinie
qu'elles ne pouvaient avoir par elles-mêmes... Mais ces
choses sont cachées dans le secret de son divin intérieur...
Le Christ est un mystère, le plus beau des mystères! Ici, le
silence est une louange...
Qui
donc ne pourrait pas vous aimer? Celui-là seul qui ne vous
connaît pas, ô Jésus, Fils de Dieu!... Qui me donnera de
parcourir le monde en révélant vos charmes?... Qui me
donnera de vous faire voir tel que je vous vois? Qui me
donnera de vous faire aimer mille et mille fois plus que je
vous aime?..."
Et Marie-Aimée de s'écrier:
"L'âme blessée par
l'amour, loin de se replier sur elle-même... est tout
entière à son bien-aimé... Elle est détachée de toute
créature en général, mais elle se fond de tendresse pour
chacune en particulier... Elle vit d'une vie réelle, ou
plutôt ce n'est plus elle qui vit, 'c'est le Christ qui vit
en elle'..."
3-2-3-Jésus-Christ
se contemple lui-même comme Verbe incarné
(tome 3,
Chapitre 10, 3)
Marie-Aimée de Jésus contemple toujours Jésus priant au
désert et se contemplant Lui-même, ou plutôt contemplant le
mystère qu'Il est: Verbe incarné, donc Dieu et homme à la
fois. L'intégralité de ce texte serait à lire en entier.
Nous ne pouvons vous en donner ci-dessous que les principaux
thèmes:
"Jésus-Christ étant Dieu et homme tout ensemble est le
centre unique, admirable, dans lequel s'unissent
indissolublement les deux grands extrêmes entre lesquels,
avant l'Incarnation, il y avait d'incommensurables
distances: la nature divine et la nature humaine, l'infini
et le fini, l'incréé et le créé... Dieu et l'homme. Le
Christ voit et contemple comment s'est accomplie cette
merveille, comment Dieu a pris l'humanité et l'a jointe à la
nature divine, comment la divinité n'est pas devenue
l'humanité, comment l'humanité n'est pas devenue la
divinité...
L'âme du christ voit
que la nature infinie n'est pas devenue finie, ni la nature
finie devenue infinie... et elle adore...
Dans
la même mesure, le Christ voit l'immensité n'être pas
devenue petite, la petitesse n'être pas devenue immense...
Il voit la puissance qui n'est pas devenue impuissante, mais
s'est seulement humiliée... Il admire la force qui n'est pas
devenue faible, et s'est seulement cachée dans la
faiblesse... Le Christ admire cette petitesse qui,
subsistant dans l'immensité, n'est point misérable mais très
digne... En un mot, il voit cette nature humaine, au sein de
l'éternelle divinité, non point comme une tache, mais comme
un astre brillant, recevant d'elle son éclat et lui en
renvoyant toute la gloire... Et le Christ adorait! Il
adorait pour nous et en notre nom."
On
comprend l'émerveillement de Marie-Aimée qui s'écrie: "Ô
Christ, Fils de Dieu! Vous m'ôtez à la fois parole,
mouvement et vie! Je vous vois! Je pénètre en vous! Je me
perds dans vos grandeurs, je m'abîme en vos douceurs, vos
amabilités me consument! Ô mort qu'attends-tu?..." Et
Marie-aimée ajoute: "Plus l'âme aime le Christ, mieux
elle le voit, aucune lumière ne supplée à celle de l'amour,
mais celle de l'amour supplée à toutes les autres, la
lumière de gloire exceptée..." Seules quelques âmes
choisies par Dieu, rares, peuvent contempler Jésus ainsi, et
seulement quand elles sont parvenues à une certaine
connaissance de Dieu.
Marie-Aimée précise:
"Quand la contemplation est
en l'âme, une disposition habituelle provenant de la lumière
qui éclaire son entendement et du feu divin qui embrase sa
volonté, elle en vient, dès qu'elle se recueille, à être
aussitôt unie très intimement à son objet. Dans ce cas,
l'âme peut user de la liberté que l'Esprit-Saint lui laisse
pour ne pas prolonger son oraison au-delà des bornes
prescrites par l'obéissance... Quand l'âme est vraiment unie
à Dieu, ses devoirs ne l'en détournent pas; elle ne sacrifie
que sa propre satisfaction...."
3-2-4-Jésus-Christ
s'offre à son Père par le Saint-Esprit
(tome 3,
Chapitre 10, 4)
Marie-Aimée "contemple
Jésus se contemplant lui-même" et cherche à découvrir
les pensées de Jésus. Elle écrit:
"Comme Dieu, pouvait dire le
Christ, je suis avant tous les temps. Comme Dieu, je vis de
toute éternité, dans le sein de mon Père... mais comme
homme, il n'y a que quelques années, je me formais dans le
sein de ma Mère. Comme Dieu, je suis celui qui est, mais
comme homme, il y a peu de temps, je n'étais pas! 'Je', non
pas moi, mais mon âme et mon corps!... Par moi, toutes
choses ont été faites, mais mon humanité n'est créée que
d'hier... Et le Christ adorait, le front dans la
poussière... À cette vue, le Père céleste s'émeut, si on
peut parler ainsi... 'Mon fils!' dit le Père... Qui pourrait
dire les tressaillements du Christ en l'entendant?... Le
Christ n'attend plus que l'heure et le moment. En attendant
il adore et il s'offre..."
Et Marie-aimée de supplier:
"Que ma vie
désormais se perde et s'écoule en vous dans l'action de
grâces du don que vous nous avez fait de vous, Jésus!..."
Nous avons souvent remarqué
comment Sœur Marie-Aimée de Jésus, contemplant Jésus, se
réfère souvent à la Sainte Trinité. Maintenant, continuant
sa contemplation de Jésus priant dans le désert, elle
découvre les relations existant entre Jésus-Christ et son
Père. Elle écrit:
"Le Christ adora le Père qui a tout créé par son fils et
pour lui. Pour son Fils, Dieu créa Marie, la reine des
vierges, pour être sa mère; pour son fils il créa les
anges... et les hommes... Il a mis toutes choses sous ses
pieds. Le Christ offre à son Père en retour de ses dons,
l'Église qui lui enfantera des âmes, les anges restés
fidèles par ses mérites, les hommes sauvés par sa
rédemption..."
3-3-1-Pour
Jésus-Christ le Père a fait Marie; pour le Père, le Christ
rend l'Église
(tome
3,
Chapitre 11, 1)
Marie
est une créature assez parfaite pour être la Mère du Fils et
assez pure pour être l'Épouse du Saint-Esprit. "Le Christ
après l'avoir longtemps contemplée, adora celui qui l'avait
créée pour lui." Au Seigneur, le Christ donna l'Église
une, sans tache, vierge comme la Mère est vierge. L'Église
est une car le Christ est un; elle est sainte, parce qu'il
est saint. Par l'Église, le Christ donne des millions d'âmes
au Père.
Nous
sommes en 1865 quand Marie-Aimée, prévoyant les heures
sombres que l'église traverse et traversera encore, écrit
cependant: "Dix-neuf siècles de gloire vont bientôt la
couronner et dans le sang de millions de martyrs... L'Église
doit continuer sa marche triomphante mais pénible tant
qu'elle habitera dans la vallée des pleurs; elle ne la
quittera qu'au jour de la grande catastrophe prédite par les
prophètes, qui précédera la venue de l'Époux. Tant qu'il y
aura un chrétien sur la terre, l'Église y sera avec lui;
elle ne montera au ciel qu'après avoir vaincu le dernier
adversaire, l'antéchrist..."
3-3-2-Dieu
a donné à Jésus-Christ les anges et les hommes. Jésus, le
Christ rendra à
Dieu
les anges et les hommes
(tome 3,
Chapitre 11, 2)
Dieu a
créé les anges pour son Fils: neuf chœurs et trois
hiérarchies:
- les Séraphins, les Chérubins, les Trônes,
- Les Dominations, les Principautés, les
Puissances,
- Les Vertus, les Archanges, les Anges.
"Dieu
a créé les anges pour son Fils; c'est pour cela que Michel a
combattu pour lui contre le dragon."
L'homme a également été fait
pour Jésus-Christ, l'homme fait à limage et à la
ressemblance de Dieu. "Dieu a donné à l'homme un esprit
capable de connaître, un cœur capable d'aimer, un corps
capable de servir. Mais l'homme s'étant rendu indigne de sa
haute destinée, le Père consentit à ce que le fils vint le
racheter des mains de Satan auquel il s'était misérablement
vendu..." Mais le temps passe, l'heure est venue pour le
Christ de réconcilier en lui toutes choses. Et le Christ
adore... Et Marie-Aimée supplie Marie, les Anges, les
prophètes, les apôtres, les martyrs et les vierges de louer
le christ et de l'adorer. Marie-Aimée supplie alors pour que
les brebis égarées entrent dans le sein de l'Église, corps
du Christ, "car le
Christ est leur vie éternelle et sera leur magnifique
récompense."
3-3-3-Dieu
a donné à Jésus-Christ le ciel et la terre. Jésus-Christ
rendra à Dieu un
nouveau
ciel et une nouvelle terre
(tome 3,
Chapitre 11, 3)
Les beautés que l'œil de
l'homme ne peut voir ici-bas ont été préparées pour l'œil du
Christ. C'est pour le Christ que Dieu a créé cette terre
privilégiée digne d'être appelée Éden ou Paradis.
"L'amour de son Père plongeait
l'âme du Christ dans l'extase, enivrait son cœur et, au
milieu du silence de sa contemplation, le Christ entonnait
sous la touche de Dieu, de l'Esprit-Saint, le plus mélodieux
de tous les chants... Et le Christ attendait le moment et
l'heure, et en attendant, il adorait."
Jésus va
commencer sa mission. Avant de quitter le désert, Il passe
en revue les principaux obstacles qui s'y opposeront:
l'ignorance, la concupiscence, l'incrédulité, l'ingratitude,
et Satan.
3-4-1-L'ignorance
(tome 3,
Chapitre 12, 1)
Le Christ contemple la terre
désolée parce que plus personne ne réfléchit; la cause,
c'est l'ignorance: "Le Christ voit le peuple juif dans
une profonde ignorance, non pas à l'égard de Dieu, mais à
l'égard de son Fils... L'Écriture a parlé d'un Christ Roi et
le peuple juif croit qu'il règnera à la façon des hommes...
Le peuple juif attend celui qui viendra rétablir le royaume
d'Israël..." Jésus devra triompher de l'ignorance de son
peuple. "Il fera sortir le monde païen, le monde frivole,
les Juifs, les Gentils, de leurs voies ténébreuses..." À
tous il confiera ses béatitudes pour qu'ils comprennent que
le Fils de Dieu veut les sauver.
"En attendant, le Christ adore
et il prie pour ses apôtres et pour ceux qui leur
succéderont dans l'évangélisation des âmes..."
3-4-2-La
concupiscence
(tome 3,
Chapitre 12, 2)
La concupiscence, c'est le
penchant qui incline les hommes au mal, depuis le péché
originel. Le Christ "ne vient pas détruire nos passions,
il vient nous enseigner à les combattre et à les vaincre.
Dieu seul a pu concevoir de tels desseins et les réaliser,
ces desseins qui ravissent les anges et surprennent les
démons..." Et le Christ relit l'histoire de son peuple
privilégié, depuis Abraham... jusqu'à son Incarnation. Dans
la pensée du Christ, seuls seront victimes de la
concupiscence, ceux qui refuseront de le suivre sur ses
chemins. "Et le
Christ prie avec ardeur pour les âmes qui doivent profiter
de ses enseignements et de ses exemples..."
Avec le Christ, Marie-Aimée
prie: "Donnez à
l'Église, ô mon Dieu, des ministres qui soient plutôt des
anges que des hommes... Donnez à l'enfant des parents et des
maîtres qui lui inspirent l'horreur du mal et l'amour de la
vertu! Ayez pitié de l'adolescence!... Miséricorde, ô mon
Dieu, pour les brebis infidèles dont vous êtes toujours le
Bon Pasteur..."
3-4-3-L'incrédulité
(tome 3,
Chapitre 12, 3)
L'incrédulité qui se présente
devant le Christ a un caractère absurde et opiniâtre. "Le
Christ sait que l'incrédulité l'attend avec sa froide ironie
dès sa sortie du désert... mais rien ne le fera reculer...
Les miracles seront la preuve de sa mission divine..."
Mais le Christ sait que les hommes ayant une fausse idée du
Messie et une fausse interprétation de l'Écriture le
prendront pour un imposteur, et le feront mourir comme tels.
Mais lui, rédempteur de tous les temps et de l'univers
entier se laissera briser par la souffrance et crucifier.
Mais il ressuscitera
"et sera pour jamais le vivant
entre les morts, et vainqueur de l'incrédulité comme de la
mort..."
Marie-Aimée prie le Père pour
qu'il confonde les incrédules mais qu'il épargne leurs âmes.
Elle prie aussi pour que Dieu
"rende les idoles muettes, ou
plutôt rende muets les démons qui parlent par leurs odieux
simulacres..."
3-4-4-L'ingratitude
(tome 3,
Chapitre 12, 4)
"Le
quatrième adversaire qui se présente devant le Christ est
l'ingratitude... Le Verbe s'est incarné pour sauver les
hommes, et les hommes chercheront à anéantir jusqu'à son
souvenir... Après sa mort, ils défendront de prononcer son
nom, ils massacreront ses apôtres... ils insulteront les
vierges, détruiront ses temples, profaneront ses autels; ils
le poursuivront jusque dans le sacrement de son amour. La
tempête, d'une haine infernale... sévira contre le vaisseau
de son Église... "
Mais déjà le Christ priait pour les pécheurs et suppliait le
Père de leur pardonner.
3-4-5-Le
Christ triomphera de Satan
(tome 3,
Ch. 12, 5 et Ch. 14)
Enfin Satan le génie du mal,
se présente devant le Christ qui, Fils de Dieu, n'a rien à
redouter des démons. Mais il a pitié des pauvres hommes, et
"il veut leur apprendre à se servir des armes qu'il leur
offre et à triompher de leurs adversaires..." Le
Christ est venu pour faire la volonté du Père. Le Christ
décide: "Je
multiplierai les moyens de mettre le diable en fuite: mes
sacrements, le signe de la croix, l'invocation de mon nom
sont autant d'armes que je déposerai entre les mains de mes
serviteurs pour déjouer les ruses de l'ennemi... Ma loi
d'amour sera plus parfaite que l'ancienne, et néanmoins elle
sera plus douce et plus suave. À tous j'apprendrai à
prier... Le monstre furieux, mais désormais enchaîné,
s'attaquera encore aux hommes, mais il ne pourra mordre que
les insensés ou les téméraires..."
Et le
Christ adorait et s'offrait au Père.
De loin, Satan regarde le
Christ; il est inquiet, car il soupçonne quelque chose de
l'incomparable sainteté de Jésus. Mais il va quand même
essayer de le tenter. Connaissant la faim qui broie les
entrailles de Jésus, il lui propose de changer des pierres
en pain, mais "l'homme ne vit pas seulement de pain, mais
de toute parole qui sort de la bouche de Dieu... Satan est
encore plus inquiet, mais curieux et plein d'appréhension,
il transporte Jésus sur le haut du temple et dit, reprenant
une phrase de l'Écriture: 'Jette-toi en bas, car il est
écrit que les anges te porteront dans leurs mains pour que
ton pied ne heurte la pierre.' Mais Jésus répond par une
autre phrase de l'Écriture:
"Tu ne tenteras pas le
Seigneur ton Dieu."
Furieux
à cause de son échec, Satan transporte Jésus sur le sommet
d'une montagne dominant toutes les nations de la terre et
dit: "Tout cela, je te le donnerai si tu te prosternes
devant moi et m'adore." Alors Jésus chasse Satan,
vigoureusement, car on n'adore que Dieu seul.
Maintenant les anges s'approchent et servent Jésus.
Marie-Aimée s'unit encore plus
à Jésus et à sa prière. Pensant à tous ceux qui suivent les
hérétiques, elle écrit:
"Je m'offre à vous, ô Jésus,
pour fermer l'enfer à cette multitude d'âmes qui s'y
précipitent... Je m'offre à vous pour empêcher toutes les
offenses depuis les plus grandes jusqu'aux plus petites...
Parce qu'elles blessent votre cœur... Je m'offre à vous, ô
mon Jésus, pour vous faire connaître, aimer et servir par
toute la terre...
Et
parce que je vois que les âmes du Purgatoire ne peuvent pas
vous rendre toute la gloire qu'elles vous rendraient dans le
paradis, je m'offre à vous pour hâter leur délivrance... Je
me multiplie selon que le peut mon amour dans tous les lieux
du monde, où vous résidez sacramentellement, pour vous
adorer, vous remercier, vous louer, vous prier, m'immoler en
votre honneur.."
(tome 3, Chapitre 14)
Quarantième jour de solitude au désert... De nouveau le
Christ s'offre au Père, par l'Esprit-Saint, pour accomplir
la volonté divine. Jésus est prêt à commencer sa vie
publique et à faire connaître aux hommes, sa loi d'amour.
Jésus sait ce qui l'attend, mais la volonté du Père sera
faite...
Fin du tome III
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