JÉSUS-CHRIST EST LE FILS DE DIEU
TOME III

Notre Seigneur au désert

 

par Paulette Leblanc

 

3
Contemplation et méditations de Sœur Marie-Aimée de Jésus
sur les attributs de Dieu et la vie de Jésus au désert
(Tome 3 – Chapitre 9)

 

  • 3-1-Considérations sur la divinité. L'adoration de Jésus (tome 3, Chapitre 9, 1)

Marie-Aimée commence par s'excuser: "Oserai-je avancer que Notre-Seigneur Jésus-Christ au désert... a eu les grandes occupations intérieures dont nous allons parler? Je crois au moins, qu'étant dans un continuel état d'adoration, son âme et son cœur produisirent des milliers d'actes d'amour et de dévouement, mais le langage même d'un séraphin serait impuissant à en parler dignement. Comment donc le pourrai-je? C'est bien ici que la plume me tomberait des mains si je ne l'avais prise par obéissance."

Marie-Aimée de Jésus essaie de parler de l'adoration de Jésus. "Jésus adora Dieu unique en trois personnes distinctes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il adora Dieu pur esprit, simple, incompréhensible, éternel, immense, immuable, tout-puissant, libre et indépendant. Il adora Dieu, science et vérité. Il adora Dieu, juste et bon, riche, libéral et magnifique; saint, impassible, immortel, grand, glorieux et majestueux. Il adora Dieu sage, patient et miséricordieux. Il adora Dieu, la beauté par essence, Dieu, l'infiniment aimable, Dieu l'infiniment aimant, Dieu, paisible et silencieux, infiniment parfait, Dieu, vie. Ce Dieu unique et véritable, l'âme du Verbe incarné ne cessa de l'adorer ici-bas...

Jésus adore car il est homme, il adore dignement car il est Dieu. Il adore, ô belle vérité, sa propre divinité par sa propre humanité!"

  • D'où quelques conseils pour l'âme fidèle

Marie aimée crut entendre une voix qui disait: "En Celui qui est, plus d'être propre[1]. En Celui qui est Un en trois personnes distinctes, être un avec le Christ et aimer tous les hommes en lui. En ce pur esprit, (il n'y a) plus qu'un esprit pur et un corps sanctifié. En cette simplicité, plus de mélange... En cette science, plus de curiosité, en cette vérité, plus de mensonge... En cette sainteté, de plus en plus se sanctifier, en cette impassibilité, ne plus souffrir: 'Celui qui aime, dit Saint Augustin, ne souffre plus, l'amour changeant la peine en plaisir'... En cette Majesté, plus qu'humilité, en cet amour, ne plus s'aimer, en cette amabilité, plus que charité... en ce silence, plus d'autre parole que le Christ, en cette perfection, plus d'imperfection, en cette vie, plus de vie propre. Et toutes les puissances de mon âme, et tous les battements de mon cœur dirent: 'Amen!"

Ce texte nous semble difficilement compréhensible. Aussi, revenant à la contemplation de Jésus adorant Dieu, Marie-Aimée va-t-elle tenter d'expliquer chacun de ces points.

  • "En Celui qui est, plus d'être propre"

"Jésus adore car il est homme. Il adore dignement car il est Dieu... Il adore sa propre divinité par sa propre humanité. Comment l'âme pourrait-elle consentir à garder son être propre devant celui qui disait à Catherine de Sienne: 'Je suis Celui qui est, et toi, tu es celle qui n'est pas'."  Malheureusement, peu d'âmes consacrées savent se quitter complètement et elles restent partagées: mi-épouses, mi-religieuses. "Au contraire, l'âme qui comprend que, créée par Dieu, elle ne doit vivre que de lui et par lui, fixera en Dieu toutes ses puissances. Elle ne cherchera qu'en lui, lumière pour son intelligence, force pour sa volonté... elle fera abdication totale de tout elle-même entre les mains de Dieu ou de ceux qui sont chargés de traduire ses volontés... Quelle est admirable et féconde en fruits de sainteté, cette disposition d'abandon... pour accueillir les volontés divines... Dieu aidant, cette âme ira toujours progressant." (tome 3, Chapitre 9, 1)

              3-1-1-La sainte Trinité (tome 3, Chapitre 9, 2)

Jésus homme adore Dieu en ses trois personnes, car son âme voyait ce que personne ne peut voir ici-bas. Dès le premier instant de sa venue sur la terre, "le Christ admira comment le Père, en se contemplant lui-même de toute éternité, produit son Fils qui est son Verbe, sa parole éternelle, son éternelle sagesse, et comment, du Père et du Fils procède, par voie d'amour, le Saint-Esprit..." Et le Christ voyait clairement les trois personnes distinctes. Le Christ voyait que l'essence du Père, du Fils et du Saint-Esprit était une seule essence en laquelle subsistent trois personnes distinctes. Et le Christ voyait que la Trinité est de toute éternité et que ces trois personnes possèdent les mêmes attributs, "parce que l'unité de Dieu exclut toute succession dans les personnes et toute différence dans les perfections... Le Christ adorait l'unité de nature et la trinité des personnes, c'est-à-dire l'unité dans la Trinité et la Trinité dans l'unité... Le Christ contemplait la béatitude souveraine que goûtent les trois personnes divines dans l'indivisible unité, la plénitude de bonheur intime, invariable, profonde, absolue, éternelle, et le Christ s'écriait: 'Ô bienheureuse Trinité'!... Et il lui était répondu: 'Bienheureuse est votre humanité dans les siècles des siècles, prédestinée à l'union avec la divinité'..."

  • Attitude de l'âme fidèle

Dieu a créé l'homme bon, mais l'homme a perdu l'amitié de Dieu car le péché l'a rendu mauvais. L'âme qui veut s'approcher de Dieu doit triompher de son adversaire et s'efforcer de tuer en elle, le vieil homme. Marie-Aimée s'écrie: "Âme fidèle prends courage... tu connais Celui à qui tu t'es donnée... La divine intimité sera le prix de tes luttes nouvelles. Intérieures... Les moments de défaillance viendront, mais tu rallieras tes puissances sous les drapeaux de ton roi et tu t'écrieras: Être une avec celui qui est Un.'

Marie-Aimée cependant n'oublie pas qu'être un avec le Christ "c'est encore aimer tous les hommes comme les trois personnes divines les aiment... Pour entrer dans l'intimité du Père, il faut aimer toutes les créatures faites à son image, c'est-à-dire tout le genre humain. Pour entrer dans celle du Fils, il faut aimer toutes les créatures qu'il a rachetées par son sang, c'est-à-dire, tout le genre humain. Pour entrer dans l'intimité du Saint-Esprit, il faut aimer non seulement celles qu'il a sanctifiées, mais encore toutes celles qu'il peut sanctifier, c'est-à-dire, dans le genre humain, toutes les créatures qui sont sur la terre, lieu destiné à leur sanctification...

Dieu ne condamne pas les sentiments légitimes que Lui-même a déposés dans tous les cœurs, il les règle seulement, met de l'ordre partout... Il faut veiller avec soin sur ses préférences... et surtout que le prochain qui n'en est pas l'objet n'en souffre pas..."

              3-1-2-Dieu pur esprit (tome 3, Chapitre 9, 3)

Marie-Aimée de Jésus médite sur Dieu, pur Esprit. Elle écrit: "Un pur esprit est un esprit qui n'est point uni à un corps; c'est un esprit exempt de souillure... Comme Dieu a placé certains esprits angéliques près de sa divine Majesté, il s'est choisi certaines âmes pour faire briller davantage en elles sa divine ressemblance. Ces âmes sont tenues de garder leur esprit pur de toute occupation profane; et là même où une âme ordinaire ne verrait pas même une imperfection, celle qui s'avance dans l'imitation du divin modèle, trouvera un obstacle à son intimité avec lui... Sans s'écarter de l'ordre commun, sous prétexte de perfection, sans chercher à se soustraire aux exigences de la condition humaine par une présomption sans fondement, l'âme s'efforce en toute simplicité d'élever son intelligence en la dirigeant vers Dieu et les choses divines, d'épurer son imagination... de purifier sa volonté en l'obligeant à se plier sous le joug d'une soumission inspirée par l'esprit de foi... Il n'y a plus alors dans l'attitude de l'épouse du Christ que simplicité, pauvreté, humilité, ordre et parfaite harmonie... Dieu aime demeurer dans une telle âme que le Seigneur Jésus reconnaît pour sienne..."

Que signifie alors le fait que le Christ adora Dieu pur esprit, c'est-à-dire immatériel, sans autre substance que sa divine substance impalpable? Marie-Aimée répond: "L'âme de Jésus, esprit si pur, en présence de Dieu pur esprit, s'étonnait et admirait. Elle s'étonnait de ce que la personne du Verbe, Dieu, n'ait pas dédaigné de prendre un corps... que nous avons vu de nos yeux... Nous avons vu l'humanité (de Jésus) à laquelle la divinité s'est unie et qui, grâce à cette union, nous révèle le Verbe de vie..."

              3-1-3-Dieu simple (tome 3, Chapitre 9, 4)

"Le Christ adora l'essence de Dieu, sa nature pure, simple, sans mélange, une et indivisible...Le Christ adora la nature divine tellement une et simple qu'il n'y a aucune distinction réelle entre elle et les trois divines personnes... Elles n'ont toutes trois qu'une seule et même divinité... Il adora l'essence de Dieu qui est tellement simple qu'il n'y a aucune distinction réelle entre elle et ses attributs... L'âme du Christ adorait... Dieu lui-même absolument un et simple... Et le Christ, en tant qu'homme, adorait d'autant plus profondément Dieu dans cette merveille de sa simplicité que c'était en son humanité sainte qu'elle s'était opérée par le moyen de l'union hypostatique..."

D'où une remarque pour l'âme humaine qui "devient d'autant plus simple qu'elle s'affranchit davantage du mélange de la nature déchue, se rapproche dans la même mesure de l'état dans lequel nous avons été créés en Adam et régénérés en Jésus-Christ..."

              3-1-4-Dieu incompréhensible (tome 3, Chapitre 9, 5)

"Le Christ adora Dieu qui est incompréhensible, parce qu'Il est Un en trois personnes distinctes. Incompréhensible parce qu'il est éternel, immense, infini. Incompréhensible parce qu'il est, et qu'étant ce qu'il est, lui seul peut se comprendre lui-même..." En adorant Dieu, l'âme du Christ goûtait un bonheur indicible, Dieu étant tellement au-dessus d'elle. Et le Christ pouvait s'écrier: "Ô Dieu! souveraine hauteur que vous seul pouvez atteindre! Ô Dieu, insondable profondeur que vous seul pouvez mesurer! Ô Dieu, souveraine et merveilleuse incompréhensibilité que vous seul pouvez comprendre et que tous doivent adorer!..."

Contemplant Jésus, Marie-Aimée comprend qu'aucune âme humaine ne peut comprendre Dieu.

              3-1-5-Dieu éternel (tome 3, Chapitre 9, 6)

L'humanité de Jésus-Christ adora Dieu éternel. Jésus-homme adora Dieu par qui tout a été créé. "L'âme (humaine) du Christ jeta un regard dans le passé, mesura l'avenir, puis s'arrêta au présent et adora la divinité unie à l'humanité... la nature incrée unie à la nature créée, la nature divine indissolublement unie à la nature humaine dans une seule personne éternelle de l'éternelle Trinité, subsistante en l'éternelle Unité. Le Christ adora en sa personne Celui qui seul a pu dire de lui-même: 'Je suis l'Alpha et l'Oméga', parce qu'il est Dieu..."

Marie-Aimée se référant ensuite à l'Apocalypse, et à la parole d'un ange disant: 'Plus de temps!' peut affirmer que cette parole s'applique aussi à une âme entrée dans la perfection de la vie intérieure. Cette âme pénètre dans la Jérusalem céleste, "elle s'avance jusqu'au trône de la divinité; contemple l'attitude des esprits bienheureux... afin d'en vivre sur la terre et savoir comment on se tait au ciel, comment on y parle, comment on y prie, comment on y adore..." Après avoir vécu comme un avant-goût du ciel, cette âme, selon Marie-Aimée, revient au milieu des créatures; le temps pèsera sur elle et son corps se fera sentir. Souvent elle pleurera et enverra au ciel les messages de son amour et de ses impuissances, messages chargés des misères de l'exil et inondés de larmes. 

              3-1-6-Dieu est immense (tome 3, Chapitre 9, 7)

Marie-Aimée poursuit sa contemplation de Dieu que le Christ adora. Elle écrit: "Le Christ adora Dieu qui est immense... qui est présent partout... parce qu'il remplit tout, n'ayant aucune dimension... Il adora Dieu qui est en toutes choses, sans être attaché à aucune. Il admirait que ce Dieu immense eût bien voulu s'unir pour toujours cette humanité qu'il voyait en Dieu comme nous voyons un atome dans l'air... Atome brillant, perle étincelante, d'un prix inestimable sans doute, mais d'une petitesse extrême et qui ne se peut comparer à rien, au regard de Dieu. Il admirait comment Celui qui, selon sa divinité, ne pouvait être contenu que par lui-même, avait été renfermé dans le sein d'une vierge, par son humanité..."  Et l'âme de Jésus, si humble mais si vaste se répandait dans l'immensité divine, "tandis que son corps sacré, prosterné sur le sol, paraissait se réduire à rien devant elle pour la mieux adorer."

Les âmes religieuses appelées à travailler à leur perfection en procurant la gloire de Dieu doivent se perdre et s'abandonner en Dieu, et, par amour, ne plus s'occuper d'elles. Elles doivent agir à l'opposé des personnes du monde, sans retour sur le passé, sans crainte pour le présent et sans appréhension pour l'avenir. Mais attention, prévient Marie-Aimée, l'ennemi peut arriver avec ses tentations, surtout contre la foi. Et les âmes craignent de sombrer dans les flots... Mais Dieu est toujours fidèle.  

              3-1-7-Dieu est immuable (tome 3, Chapitre 9, 8)

Dans le désert, Jésus adora Dieu qui est immuable, c'est-à-dire qui demeure toujours Lui-même, qui possède tout, qui ne souhaite pas mais qui veut. "Jésus adora Dieu qui ne sort jamais de son calme divin bien qu'il semble se mettre en colère... qui dirige tout sans s'agiter jamais... Jésus adora Dieu qui est jaloux, non par intérêt, mais par la connaissance qu'il a de lui-même... qui châtie sans s'irriter... Jésus adora Dieu qu'aucun événement ne peut surprendre... parce qu'il est immuable... L'ange a changé, l'homme change, mais le Seigneur ne change pas. Jésus adora Dieu qu'aucun siècle ne peut vieillir, qu'aucun mal ne peut atteindre... Il le voyait toujours semblable à lui-même et il l'adorait."

Ce mystère est grand. Marie-Aimée se recueille pour contempler Jésus, deuxième personne de la Trinité, Verbe de Dieu, adorant "la divinité immuable quoique unie à l'humanité changeante. Jésus adorait sa divinité sans passion quoique unie à une âme sujette à toutes les passions bonnes, sa divinité qui ne change point, quoique unie à un corps qui se forme avec le temps... Les deux natures de Jésus ne font qu'une seule et même personne, celle du Verbe incarné qui est un seul et même Dieu avec le Père et le Saint-Esprit. Et le Christ admirait comment Dieu restait grand en s'abaissant, et comment, des abaissements de la divinité, rejaillissait sur son humilité un poids immense de gloire. Il en paraissait accablé et sa face rayonnante s'éclipsait devant la gloire de la divinité... Dans cet état d'humilité, le Christ louait la divine bonté, chantait son amour, adorait son égalité... Il l'adorait car il est homme, il l'adorait dignement, car il est Dieu. Il adorait, ô belle vérité, sa propre divinité par sa propre humanité et c'est là ce qu'il fera éternellement..."

Cet état, dit Marie-Aimée, est celui des bienheureux et non d'ici-bas. En effet, l'âme que Jésus-Christ transforme, sujette au changement, passe encore de la joie à la tristesse; mais à mesure qu'elle s'élèvera, fixée dans la volonté de Dieu; "la joie épanouira son visage devant tel ou tel acte rendant gloire à Dieu..." Certes, elle aura toujours des combats à mener, mais ses défaites deviendront plus rares et ses victoires plus faciles, car sa nature s'apaisera dans l'amour et l'harmonie. Jésus passant en elle y dépose ses divines vertus: elle ne vit plus, c'est Jésus qui vit en elle.

              3-1-8-Dieu tout puissant (tome 3, Chapitre 9, 9)

Au désert, Jésus adorait Dieu tout-puissant; son âme adorait la puissance souveraine qui est Dieu lui-même. "Ainsi le Verbe de Dieu par qui tout a été fait, racontait à son âme comment tout a été fait... Le Christ, en extase, adorait cette puissance absolue à laquelle rien ne peut résister... Il adorait cette puissance conservatrice qui féconde la terre après l'avoir créée... qui fait succéder les générations aux générations... Puissance sans limite mais puissance aimante qui ne se désintéresse de rien de ce qu'elle a fait... Et cette puissance divine, le Christ la trouvait en lui-même et l'adorait..."

Une âme humaine ne peut rien par elle-même. À l'imitation du Sauveur elle se convainc de la distance qui la sépare de la divine sainteté. Elle sent son impuissance, mais elle se confie en celui qui est toute sa force et qui ne refuse jamais son amour et qui peut faire tout en elle si elle s'humilie en constatant son impuissance. Comme saint Paul elle pourra dire: "Quand je suis faible, c'est alors que je suis forte."

              3-1-9-Dieu libre et indépendant (tome 3, Chapitre 9, 10)

Jésus adore Dieu, libre et indépendant. Dieu était libre de ne pas créer, et Il créa. Il créa les anges, il créa l'homme et, nous dit Marie-Aimée de Jésus, "il créa le Christ! Voilà le grand acte, l'acte par excellence, l'acte vivant, l'incomparable chef-d'œuvre de la liberté de Dieu... le prodige le plus manifeste de sa glorieuse indépendance..." Marie-Aimée contemple un mystère particulièrement étonnant: Jésus adorant en lui celui qui avait pris la nature humaine sans abdiquer la nature de Dieu. "Jésus adorait en lui celui qui, étant le Créateur du ciel et de la terre, le Seigneur des anges et des hommes, s'était incarné pour être le serviteur de tous, et usait librement de sa liberté et de son indépendance, pour se mettre dans la condition de la servitude et de la dépendance..."

Ce mystère est immense. Pour Marie-Aimée, il en résulte que "la vie intérieure... est un merveilleux affranchissement de toutes les servitudes auxquelles le péché originel a soumis les âmes... Par fidélité à la grâce, cette âme acquiert une merveilleuse liberté, car 'là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté'.[2] Liberté bienfaisante qui, loin de diminuer la soumission, l'humilité, la parfaite dépendance, donne à l'âme des ailes pour voler, à son gré, là où l'attire l'Esprit d'amour... C'est à cette sainte liberté que beaucoup d'âmes seraient appelées, si elles consentaient à devenir, grâce à l'Esprit-Saint, la demeure où Dieu habite... L'Esprit-Saint, si l'âme est fidèle et mortifiée, cultivera cette sainte liberté, par des lumières particulières. La vertu de ces âmes sera éprouvée... mais elles se réjouiront de rester bien petites dans l'estime d'autrui... Entraînées par l'exemple et le parfum de sainteté qui émane de ces âmes épouses,  d'autres âmes seront renouvelées dans tout leur être intérieur..." La vie contemplative est toujours apostolique.

              3-1-10-Dieu science (tome 3, Chapitre 9, 11)

Le Christ adora Dieu qui, connaissant tout, se connaît parfaitement lui-même; Dieu est donc la science même. "Jésus adora Dieu dont la science infinie était venue se renfermer dans l'obscur tabernacle de son humanité et qui, ne pouvant y être contenue, allait, après s'y être tenue cachée pendant trente ans, inonder le monde, l'éclairer, l'instruire, le sauver. Jésus adora Dieu qui est la science par essence..."

Et nous qui sommes créés pour connaître, aimer et servir Dieu? Marie-Aimée nous répond: "Toute la vie de l'âme chrétienne, et surtout de l'âme religieuse, doit être une étude de Dieu... Plus cette étude sera persévérante, plus nous connaîtrons Dieu et plus nous l'aimerons... Il est réel que la connaissance donne et augmente l'amour, mais il ne l'est pas moins aussi que l'amour donne la connaissance, et la connaissance qui vient de l'amour est bien supérieure à celle qui vient de l'étude..."

Mais attention! Que notre étude ait pour unique but d'admirer les voies de Dieu et d'éviter les pièges de Satan. Il faut absolument éviter la recherche curieuse qui risque de conduire sur le chemin glissant de l'illusion.

              3-1-11-Dieu vérité (tome 3, Chapitre 9, 12)

Jésus adora Dieu qui est la vérité même; des erreurs peuvent attaquer mais non détruire. "Jésus adora Dieu vérité qui, sans quitter l'humanité sainte qu'il a choisie pour son temple à jamais, s'unira au corps mystique de l'Église... Jésus vit la vérité se rendre témoignage à elle-même par sa propre bouche. Il vit que la vérité ne serait pas crue... Mais il la vit en lui-même, triomphante au plus haut des cieux, prendre place à la droite du Père sans cependant quitter le pays de l'erreur, notre triste exil... "

Marie-Aimée méditera longuement sur les attaques que la vérité de Dieu devra affronter, notamment par les mensonges, les dissimulations intérieures et le peu de cas que souvent on fera d'elle. Pourtant, affirme Marie-Aimée: "la vérité est, entre les vertus, une de celles que Dieu aime davantage..."

              3-1-12-Dieu juste et bon (tome 3, Chapitre 9, 13)

"Le Christ adorait Dieu et Dieu ne se lassait point de s'exposer aux regards purs et simples de l'âme de son fils bien-aimé. Cette âme[3] pénétrait dans l'intime de l'Être de Dieu... Le Christ adorait Dieu, juste en lui-même, bon en lui-même... Il adorait Dieu et la merveilleuse fécondité de sa nature, il admirait les effets qu'elle avait produits, mais par l'acte libre de son vouloir juste et bon...

Le corps du Christ admirait comment en son humanité la justice et la bonté s'étaient heureusement rencontrées, comment en lui[4], le Créateur et la créature s'étaient étreints, embrassés comme dans leur principe, principe qui n'est autre que Dieu... Le Christ, dont la nature humaine était unie à la nature divine... s'offrait de nouveau au Père, par le Saint-Esprit, afin de satisfaire pleinement à sa divine justice, afin de contenter pleinement sa divine bonté..."

Si nous suivons Sœur Marie-Aimée dans son raisonnement, il nous apparaît que Jésus au désert, se découvrant lui-même, adore Dieu qu'il est aussi, Verbe de Dieu avec le Père et l'Esprit. Mais l'injustice règne dans le monde. Alors? "Les anges rebelles tombèrent de la justice dans l'injustice, de la bonté dans la malice, en voulant s'égaler au Très-Haut... Dieu créa l'homme dans la justice et la bonté. Il l'éprouva comme il avait éprouvé l'ange. L'homme pécha, et en lui aussi l'injustice prit la place de la justice et la malice celle de la bonté..."

Dieu voulut sauver l'homme, et avec l'aide du Sauveur et de ses divins mérites, l'âme du pécheur peut reconquérir la grâce dans les larmes de la pénitence et rentrer en possession de la justice et de la bonté originelle..." D'où la nécessité de l'humilité. L'âme, autrefois infidèle, vit maintenant pour Dieu seul et n'aspire qu'au ciel. "Elle vit plus en Dieu avec le Christ qu'en elle-même... Ayons, écrit Marie-Aimée, ayons sans cesse devant les yeux notre obligation d'expier non seulement pour nous, mais aussi pour les autres. Nous ne pouvons rien de nous-même, mais la prière obtient tout, surtout quand elle est accompagnée d'humilité et n'attribue qu'à Dieu son succès..."

              3-1-13-Dieu riche, libéral et magnifique (tome 3, Chapitre 9, 14)

"Le Christ adora Dieu qui est infiniment riche, libéral et magnifique. Riche de lui-même, riche par lui-même, n'ayant reçu l'être de personne. Il (le Christ) adora Dieu qui est infiniment riche sans être sujet à la pauvreté, parce qu'il est à lui-même son propre trésor, et que personne ne peut le lui ravir... Tout ce qui n'est pas lui (Dieu) n'est rien, on ne peut rien ajouter à un bien infini. Jésus adora Dieu qui, en créant l'univers, n'a point appauvri ses domaines, parce qu'il est à lui-même sa propre demeure... Jésus adora Dieu qui a créé l'ange et l'homme pour le servir, pour sa gloire et leur propre félicité... Jésus adora Dieu infiniment libéral... la libéralité même..."

Et Marie-Aimée fait de nouveau référence à la Trinité Sainte, "étant trois personnes dans une seule essence; le Père se donne au fils, le Fils qui lui est égal se donne au Père, le Père et le Fils se donnent au Saint-Esprit... Jésus adora Dieu qui peut toujours donner sans s'appauvrir jamais... parce qu'il est toujours le roi du ciel et de la terre et leur libre possesseur... Jésus adora Dieu qui, après avoir promis son propre Fils à l'homme dès la naissance du monde, le lui donna au jour de l'incarnation, c'est-à-dire se donna lui-même en la personne du Verbe, de sorte qu'en possédant Dieu, l'homme devient en quelque manière, riche de Dieu lui-même...

Jésus adorait la divinité aussi riche dans la grotte de Bethléem, que libérale et magnifique, en se donnant à Joseph, aux bergers et aux Mages... Il adorait la divinité cachée sous le voile de l'humanité, il adorait la divinité, libérale jusqu'à sacrifier le corps sacré auquel elle s'est unie au jour de l'Incarnation...

Jésus adora la divinité riche et libérale à l'égard de toutes les âmes, bien qu'il connût que toutes ne participeraient pas aux richesses de son amour. Le Christ adorait spécialement sa divinité dans l'âme de sa sainte Mère... Le Christ adorait la divinité en son âme enrichie au-delà de tout e qu'il est possible de concevoir... Et l'âme qui se donne à lui... doit s'humilier, remercier, faire valoir ces biens..."

Les âmes fidèles doivent s'humilier, quelles que soient les grâces dont elles sont enrichies... Elles font tout remonter vers Dieu; elles ne s'attachent pas aux dons de Dieu, mais elles s'élèvent au-dessus de ces dons, pour aimer davantage, les faire fructifier.

              3-1-14-Dieu saint (tome 3, Chapitre 9, 15)

Jésus adora Dieu Saint, qui est, à la fois, la sainteté même et le sanctificateur. Jésus adora Dieu éternellement Saint en son indivisible Unité et dans ses trois Personnes. Jésus-Christ au désert, "adora Dieu saint dans les justes et les pécheurs... parce que sa sainteté est inaccessible à la souillure... dont la sainteté récompense dans le ciel, châtie dans l'enfer, détruit, dans le purgatoire, jusqu'au vestige du péché..."

Marie-Aimée énumère les manifestations de la sainteté de Dieu, saint dans la création de l'univers, dans la création des anges, et saint dans l'humanité de son Fils incarné. Et ce Fils incarné est saint dans son âme, dans son cœur et en son corps, saint en sa conception et sa naissance, en sa circoncision, en sa vie, en sa mort, en sa résurrection et en son ascension. "Et le Christ s'humiliait... l'humanité de Jésus se reconnaissant indigne d'être la blanche nuée sous laquelle s'est retiré le Soleil de Justice, la divinité!... L'âme du Christ jouissait ineffablement, voyant que la sainteté de sa divinité prenait ses délices en la sainteté de son humanité... Le Seigneur était descendu sur la terre sans cesser d'être Dieu; il était devenu homme... et les anges, l'environnant chantaient: 'Saint, Saint, Saint est le Seigneur'! Mais lui, Jésus, adorait...

Jésus homme adorait la sainteté cachée sous l'apparence du pécheur. Il pleurait et se frappait la poitrine comme s'il eût été pécheur lui-même... Il voyait la sainteté fleurir sur sa tête et la couronner comme un diadème de gloire... Mais il la voyait aussi sous la forme de la victime chargée de toutes les iniquités du monde... Et il adorait, baigné de larmes... Le Christ adora, car il est homme, il adore dignement, car il est Dieu... Il adore sa propre divinité par sa propre humanité."

Toutes les âmes humaines doivent tendre à la sainteté. Pour tous les chrétiens, cela demande, avec l'aide de la grâce sanctifiante, la fuite du péché, l'habitude des vertus, l'accomplissement des commandements de Dieu et l'imitation de Jésus-Christ. Les âmes religieuses doivent ajouter l'accomplissement des conseils évangéliques, des vœux de religion et la fidélité aux règles de son ordre. À cela il faut ajouter par-dessus tout, le fait "d'être animé pour Dieu d'un amour qui produise une sorte d'impossibilité de lui refuser quoi que ce soit... Qu'est-ce donc qu'une âme sainte? C'est une âme chaste... une âme pure... humble... totalement soumise... et charitable..."

              3-1-15-Dieu impassible et immortel (tome 3, Chapitre 9, 16)

Le Christ adora Dieu impassible, donc qui ne peut pas souffrir, et immortel. Le Verbe de Dieu devenu homme adora la nature divine impassible et immortelle "bien qu'unie à la nature humaine..." Sa nature humaine pouvait souffrir et mourir, sa divinité demeurait impassible et immortelle, et Jésus admirait, et Il adorait sa nature divine. Mais Jésus homme souffrait, et cette souffrance durerait jusqu'à sa mort. Marie-Aimée de Jésus écrit: "Ce serait une grande erreur de croire que l'amour que le Christ, en tant qu'homme, portait à son Père céleste, lui ait enlevé ici-bas le sentiment de la souffrance... Mais seul l'amour dont brûlait le Christ pour son Père lui faisait savourer les souffrances... Et le Christ adorait. En son impassibilité, il souffrait avec joie; en son immortalité, il mourait avec plaisir."

Cette méditation peut nous révolter et Marie-Aimée en est bien consciente. Aussi ajoute-t-elle, concernant les hommes qui souffrent: "La souffrance reste toujours la souffrance, la mort reste toujours la mort et la peine du péché, mais aussi l'amour reste l'amour et il a le pouvoir de communiquer à l'âme qui lui est livrée une sorte d'impassibilité et une sorte d'immortalité. Cette impassibilité n'ôte pas à l'âme le sentiment de la souffrance, mais elle lui rend cette souffrance délicieuse quand elle aime à un certain degré... et lui rend la mort plus douce que la vie propre, le tout en vue de Jésus-Christ... Plus l'âme aimera, moins elle sera exposée à se replier sur elle-même, car elle expérimentera que tout lui vient de Jésus-Christ."

              3-1-16-Dieu grand, glorieux et majestueux (tome 3, Chapitre 9, 17)

On a parfois l'impression que Sœur Marie-Aimée de Jésus répète constamment les mêmes choses. Cela était inévitable, vue la difficulté des sujets traités, concernant les attributs de Dieu. Par ailleurs, Marie-Aimée devait s'imprégner de ces enseignements afin de les écrire correctement, et plus tard, de les enseigner à ses novices.

Donc le Christ adorait Dieu infiniment grand, glorieux et majestueux. Dieu ne révéla pas ses attributs à Jésus comme il l'avait déjà fait pour les Patriarches et les prophètes, mais comme Il les avait montrés à ses anges, c'est-à-dire tels qu'ils sont en eux-mêmes. L'âme de Jésus adorait Dieu infini en grandeur, en gloire et en majesté, au milieu des esprits bienheureux, se perdant dans la gloire de Dieu et s'établissant dans sa majesté. "Le Christ admirait comment la grandeur de la divinité attirerait les hommes à elle par la petitesse de son humanité... Le Christ adore sa grandeur en s'abaissant, sa gloire en s'obscurcissant, sa majesté en en se faisant semblable au ver de terre[5]...

Marie-Aimée médite ensuite pour les âmes qui avancent dans la connaissance de Jésus-Christ. Elle écrit: "L'âme a honte du peu qu'elle donne et laisse agir Dieu dont la libéralité dépassera toujours la reconnaissance dont elle voudrait lui donner des preuves... Son désir d'avancer dans la perfection a pour but d'honorer Dieu, de lui prouver son amour... Elle se défie de l'amour-propre dans les plus saintes choses... Comprenons bien que nous ne sommes rien et que le peu que nous donnons à Dieu ne mérite aucune récompense, puisque nous lui devons tout..." D'où le conseil: "Soyons comme le Christ, modestes en notre grandeur, oublions notre propre gloire, dépouillons le vieil homme, revêtons le nouveau. À notre divin transformateur en sera toute le gloire..."

              3-1-17-Dieu sage (tome 3, Chapitre 9, 18)

Le Christ adora Dieu sage par essence, sa sagesse étant lui-même. "Il adora la sagesse éternelle, c'est-à-dire le Verbe se louant de toute éternité dans le sein de son Père, avec l'Esprit-Saint qui procède de l'un et de l'autre... Il adora la sagesse de Dieu qui... résolut de tirer du néant des créatures capables de connaître, d'aimer et de servir leur Créateur... Nous, nous adorons les raisons souveraines de la sagesse divine sans les comprendre..."

Les hommes ne connaissent pas les raisons de la création et de ses magnificences, mais la sagesse de Dieu initiait le Christ, au désert, à tous ses secrets. "L'âme du Christ adore, car elle est bornée, tandis que la sagesse qui l'instruit n'a pas de bornes, étant infinie..." Voici que Marie-Aimée détecte que Jésus pense déjà à l'Eucharistie: "Le Christ adorait la sagesse de Dieu qui voulut demeurer avec l'homme... sous les faibles accidents du pain et du vin..."

Marie-Aimée constate que la sagesse de Dieu appelle des âmes à se donner complètement à Dieu, le préférant aux créatures. Elle profite de sa contemplation de la sagesse de Dieu pour aborder le thème du péché, "cette folie lamentable." Elle n'hésite pas à affirmer que même les plus petites infidélités peuvent "déranger les plans de Dieu et mettre obstacle à ses desseins."

              3-1-18-Dieu patient et miséricordieux (tome 3, Chapitre 9, 19)

Le Christ adora Dieu infiniment patient pour attendre, et miséricordieux pour pardonner. "Le Christ adore Dieu qui attend des années que le prodigue rentre en lui-même et qui, pendant tout ce temps, le supporte, le sollicite par les remords de sa conscience, par la voix de l'Église, par les peines de la vie... Le Christ adora Dieu qui attend sans se lasser...

Marie-Aimée réfléchit: "Plus l'âme connaît la grandeur et la majesté du Très-Haut, plus sa patience et sa miséricorde l'étonnent... et elle adore. Ainsi adora l'âme très sainte du Christ... à cause de l'amour que le Père a pour le Fils et pour l'homme... Dans le foyer de lumière au sein duquel lui apparaît une telle excellence, l'âme du christ se consume d'amour et adore..."

Marie-Aimée de Jésus estime que les âmes des hommes ne doivent pas vouloir tout comprendre et faire tout à la fois. Contemplant la patience et la miséricorde de Jésus, elle devient indulgente pour le prochain: "Être indulgent pour les autres, et sévère pour soi, est un des plus grands caractères de la sainteté..."

              3-1-19-Dieu fort et doux (tome 3, Chapitre 9, 20)

Le Christ adora Dieu qui est infiniment fort: la force même; le Christ adora Dieu, la douceur même. Dieu qui est la force à laquelle rien ne peut résister, n'a qu'à vouloir pour triompher. Dieu, dont l'infinie douceur entraîne des milliers d'âmes séduites par ses charmes divins, Dieu conduit tout avec force et douceur, "Et le Christ adorait une telle excellence, une excellence telle qu'elle ne peut être et n'est, en effet, que l'unique et parfaite divinité..."

Les forces du corps et de l'âme humaine sont des dons de Dieu, pour son service, mais les forces de l'âme sont particulièrement précieuses. "Nos forces spirituelles, moyennant la grâce, peuvent croître jusqu'à notre mort, moment où l'âme est fixée pour jamais dans le degré de force où l'amour la trouve... L'amour du devoir fondé sur la charité envers Dieu, voilà la grande force de l'âme religieuse..." Mais attention! "La force qui ne s'exerce pas avec douceur n'est point la vraie force parce qu'elle écrase... La force qui vient de Dieu n'opprime pas le faible, mais l'aide à porter son fardeau..."

              3-1-20-Dieu infiniment beau (tome 3, Chapitre 9, 21)

Marie-Aimée de Jésus s'extasie devant la beauté de Dieu, beauté divine, incompréhensible, indescriptible, invisible ici-bas car spirituelle, Dieu étant pur esprit. Un seul homme a pu, sur la terre, voir la beauté de Dieu: c'est le Christ, car le Christ est Dieu. "L'âme très sainte du Christ, parce qu'Il est Dieu, voit et contemple la beauté divine, sans nuage, à découvert, et remplie d'allégresse; mais en même temps, des flots de tristesse inondent sa partie inférieure, et ses adorations devant cette beauté si admirable et si peu connue, si aimable et si peu aimée, prennent le caractère du dédommagement, de l'assiduité, de la révérence, de la tendresse.... Voyant alors les âmes qui répondront à ses désirs, le Christ redouble de supplications... En lui, et par son âme très sainte, l'humanité aimait Dieu d'un amour d'épouse et consacrait à son adorable beauté une génération d'âmes pures... Et le Christ louait la beauté divine..."

Marie-Aimée de Jésus cherche alors à avoir une idée de cette beauté divine. Elles contemplent les beautés de la nature, bien que "la beauté créée ne puisse faire concevoir la beauté incréée. Mais si, ayant foi en la Parole de l'Écriture et à la sagesse de Dieu qui l'a dictée, nous en faisions humblement l'essai, nous découvririons sans doute en son adorable essence, des merveilles de beauté qui nous étaient alors inconnues... Nous concevrions simplement dans les lumières de la foi, une beauté au-dessus de toute forme corporelle et imaginaire, une nature infiniment supérieure à la nature humaine et angélique..." Mais si la beauté de l'essence divine ne se réfléchit pas dans l'intelligence humaine, c'est que les âmes ne sont ni assez pures, ni assez simples, ni assez humbles, et la foi n'est pas assez ardente.

Il n'en est pas de même pour le Christ, Verbe incarné, dont "l'intelligence de son âme est d'autant plus capable de reproduire cette beauté qu'elle est plus spirituelle bien qu'unie à un corps, qu'elle est divine tout en étant humaine... Où donc trouverons-nous mieux cette divine beauté pour la contempler que dans l'âme de Jésus-Christ qui la reproduit si fidèlement?

              3-1-21-Dieu aimable (tome 3, Chapitre 9, 22)

Marie-Aimée de Jésus, dans sa contemplation, découvre qu'il ne peut rien y avoir de plus aimable que Dieu unique, épris de lui-même, donc de ses trois personnes. Il ne peut y avoir rien de plus aimable que Dieu qui, "dans le silence le plus mélodieux, produit une parole silencieuse, qui, à la richesse et à la magnificence joint la libéralité, qui, à la sainteté joint la miséricorde, à l'impassibilité la compassion. Dieu est fleuve de vie où chacun peut s'abreuver.... Et ce Dieu tout aimable, le Christ l'adorait..."

Marie-Aimée a un immense désir de connaître Dieu, mais elle constate sa totale impuissance et son absence de termes pour évoquer la beauté et l'amabilité de Dieu, ainsi que tous ses autres attributs. Pourtant elle va essayer d'énumérer les délicates qualités d'une âme "dont l'incessante aspiration est de vivre de la vie de Jésus-Christ et de n'aimer que lui. Cette âme est douce, prévenante, affable; elle est simple et innocente; elle est conciliante, se fait toute à tous, ne flatte ni ne raille; son langage est cordial, ses manières obligeantes..." Cette âme est généralement aimée, c'est juste et naturel, "mais à cause de cela même, elle porte parfois ombrage; admirable dessein de Dieu qui veut la préserver de l'orgueil..."

              3-1-22-Dieu aimant (tome 3, Chapitre 9, 23)

Dieu est forcément Aimant puisqu'il est l'Amour-même. L'âme de Jésus adora Dieu aimant toute sa création, et "âme sainte, elle fut ébranlée jusque dans ses plus intimes profondeurs; et l'Esprit-Saint l'appliquant à cette création de l'ange, le Christ la contempla, et vit ces esprits bienheureux entourer de leur amour celui de l'amour duquel ils tenaient l'être... Jésus adorait, mais l'objet de sa contemplation lui devint un motif de tristesse..." à cause de la rébellion de Lucifer. Et le Christ souffrit de l'offense faite à Dieu. Bientôt, l'ange mauvais tromperait l'homme que Dieu avait tant aimé: "De nouveau le Christ est plongé dans l'affliction... Mais Dieu promet un Sauveur dans son propre fils, et le Christ adora ce Dieu aimant... Et le Verbe se fit chair... Il a pris un corps et une âme semblables aux nôtres... et va paraître sur la terre dans l'obscurité et l'indigence..." Pourquoi?

Pourquoi l'incarnation du Verbe à Nazareth, dans un milieu si modeste? "Dieu veut que l'homme puisse l'approcher, lui parler à l'aise, entrer dans son intimité; enfin, il veut montrer son amour et gagner le sien[6] tout misérable qu'il soit. Et le Christ adorait..."  

Le Christ naquit d'une vierge, il naquit dans la pauvreté de Bethléem, dans une étable; il vécut comme un artisan de Nazareth, puis, tout au cours de sa vie publique, "il parcourra les villes et les bourgades de la Judée; des ennemis nombreux et acharnés l'y attendent, mais il se verra constamment envahi par les flots pressés d'un peuple avide de le voir et d'écouter sa parole..." Jésus aime et il est aimé. Bientôt il sera crucifié, entre deux voleurs, mais avant, il réussira un prodige d'amour, il instituera l'Eucharistie, "sacrement adorable de son corps et de son sang, pour ne pas quitter les hommes en retournant au ciel... Cependant beaucoup ne croiront pas à son amour, d'autres s'y montreront indifférents; on le délaissera, on le foulera aux pieds..." Mais beaucoup d'âmes ferventes l'accueilleront. "Ainsi aimera, ainsi sera aimé le Dieu tout aimant..."

Marie-Aimée contemple toujours Jésus qui ne quitte pas son extase. "L'âme de Jésus allait de Dieu à l'homme et de l'homme à Dieu... Et les anges saisis d'admiration l'adoraient..."

Nous savons tous que quelqu'un qui aime souffre de n'être pas aimé. Pourtant l'amour des hommes pour Dieu est bien petit, bien insignifiant...  Alors que dire des âmes qui n'aiment pas leur créateur? Jésus répondit: "Quand il n'y aurait qu'une seule âme de perdue, qu'une seule âme qui aurait péché, qu'une seule âme qui, une seule fois et en chose légère, n'aurait pas répondu à l'amour de Dieu et aurait blessé sa nature aimante, j'en serais inconsolable jusqu'à la mort." Marie-Aimée est atterrée et elle écrit: "Ici, mon cœur se fondit, je donnai libre cours à mes larmes, et je jurai au Christ qu'il n'y aurait plus désormais pour moi de joie sur la terre sans mélange de sa profonde douleur."

Quelles sont les conséquences de cet amour infini de Dieu pour les âmes religieuses? Marie-Aimée, qui s'adresse, ne l'oublions pas, à des âmes religieuses, écrit: "Il n'y a vraiment que l'amour de Dieu qui puisse détruire en l'âme l'amour d'elle-même, la sensibilité sur elle-même, la recherche d'elle-même... mais encore faut-il que l'amour de Dieu soit devenu sa passion dominante... Jusque là, l'âme végète... Mais quand l'amour divin est arrivé en l'âme à l'état de passion, sa sollicitude pour elle-même l'abandonne, elle finit par s'oublier... Quant aux peines, aux souffrances elle les invite, les accueille... Plus l'amour divin augmente, moins l'âme est tendre pour elle-même, moins elle exige des autres; en revanche, plus elle aime, plus elle se donne au prochain...  car l'amour de Dieu qui déborde de l'âme, se verse toujours et nécessairement sur le prochain... L'amour afflue toujours, le vase est rempli, il ne peut que déborder..." C'est l'exemple que tous les saints nous ont donné. Marie-Aimée va encore plus loin: "Ce mystère d'intimité avec le Dieu aimant, est des plus compatibles avec la plus tendre charité. C'est la charité même des derniers jours de l'existence, alors que la vie du Christ déborde de tous les côtés et par toutes les issues de l'âme transformée en lui."

              3-1-23-Dieu paisible (tome 3, Chapitre 9, 24)

Le Christ adora Dieu infiniment paisible, et la paix même. Il adora Dieu paisible au milieu de toutes les dissensions, de toutes les guerres, étant la paix par essence. Et Marie-Aimée, selon son habitude, fait un retour sur la Sainte Trinité: "Il adora Dieu le Père qui, dans la paix, engendre un Fils qui n'a avec lui qu'une seule et même divinité, qu'une seule et même éternité, qu'une seule et même immensité, qu'un seul et même pouvoir, qu'un seul et même vouloir, qu'un seul et même amour, qu'un seul même esprit de paix, l'Esprit-Saint qui, dans la paix, procède du Père et du Fils, est leur paix substantielle, et forme avec la personne du seul Père et avec la Personne du Fils, la troisième personne de la Sainte Trinité, paix parfaite et Dieu indivisible, Seigneur de tous.

Jésus adora le Verbe... qui s'incarna dans le sein d'une Vierge... Il voyait le passé, il soutenait le présent et l'avenir, mais sans rien perdre de sa quiétude... Le Christ attendait les injustices, les persécutions... mais si paisiblement qu'en attendant il adorait; il adorait la paisible divinité dans sa paisible humanité..."

Marie-Aimée affirme que les âmes ardentes "soutiennent l'Église, instruisent les ignorants... tout cela par la prière..." car elles sont à leur Bien-Aimé. L'âme qui aime vraiment Dieu ne désire que la vie avec le Christ. "Elle ne voit que son Dieu, elle n'entend que lui, elle ne comprend que lui, elle ne respire que pour lui, elle ne soupire qu'après lui, elle ne veut que lui, lui partout, lui toujours..." Elle est paisible, car "l'amour paisible n'aboutit point à l'indifférence et sa sage conduite est la marque du bon esprit... Plus l'âme avance, mieux elle se possède. C'est que son amour croît de jour en jour... et il la dilate, la fortifie, l'épure, la met en contact plus familier avec Dieu... jusqu'à ce qu'elle aille se consommer[7] dans la gloire."

              3-1-24-Dieu silencieux (tome 3, Chapitre 9, 25)

Marie-Aimée contemple Jésus silencieux au désert. Il adore Dieu silencieux par nature. Et Marie-Aimée retrouve immédiatement la Sainte Trinité. Elle explique: "Dieu est Un en trois personnes; la personne du Père ne parle pas, mais elle engendre, dans le silence, une parole, et cette parole n'est autre que son Fils... et il ne cessera jamais d'engendrer sa parole... la parole éternelle. Cette parole engendrée par le Père lui est consubstantielle, de même nature, donc, silencieuse comme lui...

Le Père est silencieux, le Fils est silencieux. Ils s'aiment dans le silence, mais, ô merveille éternelle! Leur mutuel amour produit, dans le silence, le Saint-Esprit, lequel procède de la personne du Père comme de celle du Fils; le Saint-Esprit est donc de même nature que le Père et le Fils. Ô silencieuse Trinité, silencieuse dans le silence de l'unité... Voilà le Dieu silencieux que le Christ adore. Le Christ! Dieu même! Le Christ, Verbe incarné! Le Christ! Parole éternelle résonnant dans le temps. Le Christ... venant se faire entendre à nous pauvres exilés, par l'organe de l'humanité!

Le Christ adora le Père incréé. Il adora cette Parole incréée, ce Verbe qui a créé, dans le même silence, tout ce qui n'était pas... Il adora cette Parole, ce Verbe c'est-à-dire lui-même, incarné, venu en ce monde dans le silence de la nuit... Le Christ adora l'Esprit-Saint qu'il enverra sur les apôtres pour les enseigner, les purifier... Le Christ adora Dieu dans le silence de son âme..." Suivant son habitude, Marie-Aimée veut nous faire profiter de sa méditation et, pensant aux âmes qui se sont préparées et offertes au Christ, elle affirme: "C'est dans le silence du temps, le silence de l'âme que le Père forme en nous son Fils, par son Saint-Esprit..." Si l'âme entre dans le silence profond de la pensée de Dieu, elle entrera dans le silence, dans l'amour de Dieu.

L'âme, alors, ne parle que de son Bien-Aimé, et toujours avec calme et douceur. Cependant, ajoute Marie-Aimée, nous sommes peut-être encore loin de cette perfection. "Attendons paisiblement l'heure et le moment où notre amour, avec ses saints désirs, sera introduit dans le silence, car il ne lui appartient pas d'y entrer de lui-même; il ne le peut, d'ailleurs..." Mais voici un avertissement: "Prenons garde, n'éteignons pas le feu parce qu'il donne encore un peu de fumée... Ne l'oublions jamais, c'est là l'ouvrage de toute la vie, et cette consommation est plus l'œuvre de Dieu que la nôtre."

              3-1-25-Dieu infini et infiniment parfait (tome 3, Chapitre 9, 26)

"Le Christ adora Dieu qui est infini et infiniment parfait... qui a toutes les perfections et dont chaque perfection est infinie... Et le Christ adora... " On ne peut rien ajouter ni ôter à Dieu. Dieu seul doit être loué, et lui seul peut se louer dignement. De nouveau Marie-Aimée s'insurge: "Voilà donc cette divinité dont les impies osent dépouiller le Christ à la face des peuples chrétiens! Voilà ce poids immense de gloire qu'ils veulent lui ravir! ... efforts odieux, mais qui resteront absolument vains! Attentat sacrilège qui demeurera la honte éternelle de leurs auteurs! En effet, jamais les fils d'Arius ne pourront faire que Jésus-Christ ne soit pas le Fils de Dieu, le seul et unique vrai Dieu!... Le Christ est Dieu! Il est le Fils du Dieu vivant!  Impies, que vous le vouliez ou non... il en est ainsi, et vos blasphèmes ne changeront rien à la vérité!...

Pour moi... je voudrais vous venger, ô Jésus, de la haine des ingrats parce que je suis votre épouse... Et puis, pardonnez, ô mon Bien-Aimé, pardonnez aux malheureux qui nient votre divinité, car ils ne savent pas ce qu'ils font et ils ne peuvent ce qu'ils veulent." 

              3-1-26-Dieu vie (tome 3, Chapitre 9, 27)

Le Christ adora Dieu, la vie par essence, la vie vivante, incréée, éternelle.  Le Christ "adora Dieu qui, étant la vie, n'a besoin d'aucun soutien étranger, étant à lui-même sa propre subsistance et son propre élément. Il adora Dieu qui, étant la vie divine invisible à l'œil corporel, s'est découverte à nous sous le voile de la chair, en la personne sacrée de son Fils, engendré du sein du Père ou de sa substance... Vie éternelle comme le Père, vie vivante par elle-même comme le Père, vie qui lui est commune avec le Père comme avec le Saint-Esprit... Le Christ adorait, il offrait sa vie temporelle à la vie éternelle en reconnaissance de ce que celle-ci était venue habiter en celle-là..."

Marie-Aimée cherche à comprendre ce que sont la vie et la mort, pour nous. Elle écrit: "La vie naturelle, c'est l'union de notre âme avec notre corps... La vie surnaturelle, c'est l'union de notre âme avec Dieu par la grâce... Mais combien d'âmes ne savent ni ce qu'elle est, ni jusqu'où elle élève. Combien par suite de cette déplorable ignorance... vivent dans une vie misérable et toute personnelle... au lieu de vivre de Dieu, en Dieu, et pour Dieu! Combien vivent ainsi dans le monde! Combien souvent vivent ainsi, même parmi les âmes consacrées à Dieu!...

La mort naturelle s'effectue par la séparation de l'âme d'avec le corps; la mort spirituelle s'opère par la séparation de l'âme d'avec Dieu; la mort à la vie propre et personnelle s'effectue par la séparation de l'âme d'avec elle-même. Qu'est-ce que cette séparation? C'est un état de mort et de vie, de mort à tout ce qui n'est pas Dieu, de mort à soi-même et de vie en Dieu... L'âme est alors tout entière en Dieu par ses facultés intellectuelles, l'intelligence, la mémoire, et aussi la volonté... L'intelligence s'occupe à contempler Dieu, la mémoire veille à en conserver le souvenir, la volonté l'aime, l'adore, s'enivre de ses charmes et de son divin vouloir... L'âme vit donc en Dieu plus qu'en elle-même, elle y vit par le Christ, sa seconde vie quand elle est arrivée à s'affranchir du créé..."

Cependant il ne faut pas oublier le poids du corps et des nécessités de la vie qui partagent son attention. Et la contemplation de Dieu se fait souvent sous le voile de la foi. Alors, écrit Marie-Aimée, l'âme éprouve de la tristesse: "La vie de cette âme se passe donc, quoique toute en Dieu et pour Dieu, ou plutôt précisément à cause de cela, dans une tristesse ineffable. Nous disons ineffable, parce qu'ayant purement et simplement le Saint-Esprit pour auteur, elle n'a rien de commun avec la tristesse naturelle... mais, lui parle-t-on de Jésus ou de Marie, son visage s'anime et s'enflamme... C'est ce que nous appelons... vivre de Dieu, en Dieu et pour Dieu."

  • 3-2-La personne du Verbe Incarné (tome 3, Chapitre 10)

              Les oraisons de Jésus-Christ au désert

Le tome 3 de l'œuvre: JÉSUS-CHRIST EST LE FILS DE DIEU, veut raconter la vie de Jésus au désert, après son Baptême. Marie-Aimée de Jésus a contemplé Jésus dans sa vie de tous les jours: son jeûne, sa solitude, ses veilles, sa prière. Mais rapidement elle a dû abandonner une contemplation trop terrestre pour découvrir l'adoration de Jésus, qui, contemplant sa divinité s'adore lui-même en adorant sa divinité, sa nature de Verbe de Dieu. Mais voici que bientôt Marie-Aimée doit quitter ce qui est encore trop humain en Jésus pour Le contempler contemplant et adorant la Sainte Trinité, donc s'adorant Lui-même dans sa divinité.  Marie-Aimée écrit: "Jésus-Christ est la seconde personne de la Très Sainte Trinité, le Fils unique de Dieu fait homme. Toute la science du Christ est là. Cette science totale et absolue, le Christ la possède seul entièrement: aussi peut-il seul, remercier le Père d'un tel don fait à l'homme... Jésus-Christ au désert se contemple lui-même en la Trinité; homme parfait, il loue en lui-même le Dieu parfait; il se contemple comme Verbe incarné, il s'offre à son Père par le Saint-Esprit, redisant à nouveau cette parole: 'Me voici!'!"

              3-2-1-Jésus se contemple lui-même en la Trinité (tome 3, Ch. 10, 1)

"Le Christ voit, dans la pleine lumière où il vit, qu'il est dans la Trinité sainte, la seconde de ses personnes, sans être moins que la première, ni plus que la troisième. Le Christ peut dire: 'Je suis le Fils unique de Dieu parce que seul je suis engendré du Père... Je suis semblable au Saint-Esprit, car le Saint-Esprit... procède de mon Père et de moi.... Je viens du Père, parce que le Père est principe, je vais au Saint-Esprit, parce que le Saint-Esprit est procédant.'

Le Christ seul voit... comment le Père ne cesse de l'engendrer... de toute éternité... Il se voit lui-même vivre et régner éternellement avec ce Père qui l'engendre, en l'unité du Saint-Esprit, leur mutuel et personnel amour... Le Christ voit et admire comment il est descendu jusqu'à nous, comment il rend à Dieu tous les devoirs d'adoration et de reconnaissance que les créatures ne peuvent lui rendre... Oui, le Verbe s'est anéanti et dans quel néant! Le néant de l'homme... en prenant la forme de l'esclave... Devenant semblable à nous, il n'a pas cessé d'être semblable à son Père..." Et Marie-Aimée d'ajouter: "Si le Verbe s'est 'anéanti' en l'humanité, par le même mode nous pouvons dire qu'il a anéanti l'humanité en sa divinité..." pour ne faire en lui qu'une seule personne. "Le Christ a trouvé le secret incompréhensible de s'incarner seul sans rompre l'indissoluble lien de la divine unité.

Le Christ se voit à la fois Dieu et homme et seul Christ, Dieu parfait et homme parfait... l'égal du Père et du Saint-Esprit comme Dieu, inférieur au Père et à l'Esprit, comme homme... Et le Christ adorait!

Voilà Jésus-Christ, splendeur du Père, image visible du Dieu invisible... Voilà celui dont tous s'occupent, fidèles et infidèles, hérétiques et schismatiques, peuples barbares et nations civilisées... parce qu'il n'y en a pas d'autre au nom duquel ils puissent être sauvés..."

Marie-Aimée avoue, s'adressant à Jésus: "Cette nature divine que tant de vos ennemis se disputent en vain, avec tant d'acharnement, a été l'objet presque continuel de mes humbles contemplations... À la plaie d'amour, il ne faut qu'un baume d'amour, au mal d'amour, l'amour seul peut lui apporter remède..."

              3-2-2-Jésus-Christ, homme parfait, loue en lui-même le Dieu parfait (tome 3, Chapitre               10, 2)

Marie-Aimée écrit: "Jésus étant Dieu et homme est l'ensemble vivant de toutes les perfections et de toutes les vertus. Jésus-Christ se voit comme Dieu, infiniment parfait, et comme homme, parfaitement accompli...  Dieu, il peut se définir: 'Je suis celui qui suis.' Comme homme, il se voit parfait, ayant un corps qui est le chef-d'œuvre du Saint-Esprit, uni à une âme raisonnable digne à tous égards d'être l'âme du Christ Fils de Dieu. Parfait comme Dieu, parce que Dieu est la perfection même. Parfait comme homme, parce que son âme très sainte aussi bien que son corps sacré sont exempts de défauts. Parfait comme Dieu parce qu'il possède toutes les perfections, parfait comme homme parce qu'il possède toutes les vertus au suprême degré. Il voit comment ses vertus d'homme parfait louent les perfections divines, comment sa nature humaine loue et adore sa nature divine... Il se réjouit... de ce que sa vérité, sa justice et sa bonté, louent le Dieu seul vrai, juste et bon...

Combien le Christ est heureux de voir sa force et sa douceur révéler, en les louant, la force et la douceur de Dieu, de voir sa beauté humaine tant intérieure qu'extérieure, chanter et louer l'infinie beauté de Dieu. Avec quelle allégresse l'âme du Christ voit-elle l'amour humain et fini dont elle est douée, louer l'amour infini de Dieu! Et le Christ adorait!... Aucun homme, aucun ange, la Vierge Marie elle-même n'ont pu et ne pourront jamais entrevoir les admirables et divines opérations comme les voyait l'âme très sainte du Verbe incarné. Seule aussi, cette âme humaine, mais unie à la divinité, pouvait rendre au Père de dignes actions de grâces au nom de l'humanité toute entière.

Les actes du Christ sont si parfaits qu'il ne faut pas s'étonner, selon Marie-Aimée de Jésus, que Jésus ait voulu rester trente trois ans sur la terre... Et Dieu donna aux vertus que le Christ pratiqua comme homme, la valeur infinie qu'elles ne pouvaient avoir par elles-mêmes... Mais ces choses sont cachées dans le secret de son divin intérieur... Le Christ est un mystère, le plus beau des mystères! Ici, le silence est une louange...

Qui donc ne pourrait pas vous aimer? Celui-là seul qui ne vous connaît pas, ô Jésus, Fils de Dieu!... Qui me donnera de parcourir le monde en révélant vos charmes?... Qui me donnera de vous faire voir tel que je vous vois? Qui me donnera de vous faire aimer mille et mille fois plus que je vous aime?..." Et Marie-Aimée de s'écrier: "L'âme blessée par l'amour, loin de se replier sur elle-même... est tout entière à son bien-aimé... Elle est détachée de toute créature en général, mais elle se fond de tendresse pour chacune en particulier... Elle vit d'une vie réelle, ou plutôt ce n'est plus elle qui vit, 'c'est le Christ qui vit en elle'..."

              3-2-3-Jésus-Christ se contemple lui-même comme Verbe incarné (tome 3, Chapitre 10, 3)

Marie-Aimée de Jésus contemple toujours Jésus priant au désert et se contemplant Lui-même, ou plutôt contemplant le mystère qu'Il est: Verbe incarné, donc Dieu et homme à la fois. L'intégralité de ce texte serait à lire en entier. Nous ne pouvons vous en donner ci-dessous que les principaux thèmes:

"Jésus-Christ étant Dieu et homme tout ensemble est le centre unique, admirable, dans lequel s'unissent indissolublement les deux grands extrêmes entre lesquels, avant l'Incarnation, il y avait d'incommensurables distances: la nature divine et la nature humaine, l'infini et le fini, l'incréé et le créé... Dieu et l'homme. Le Christ voit et contemple comment s'est accomplie cette merveille, comment Dieu a pris l'humanité et l'a jointe à la nature divine, comment la divinité n'est pas devenue l'humanité, comment l'humanité n'est pas devenue la divinité...  L'âme du christ voit que la nature infinie n'est pas devenue finie, ni la nature finie devenue infinie... et elle adore...

Dans la même mesure, le Christ voit l'immensité n'être pas devenue petite, la petitesse n'être pas devenue immense... Il voit la puissance qui n'est pas devenue impuissante, mais s'est seulement humiliée... Il admire la force qui n'est pas devenue faible, et s'est seulement cachée dans la faiblesse... Le Christ admire cette petitesse qui, subsistant dans l'immensité, n'est point misérable mais très digne... En un mot, il voit cette nature humaine, au sein de l'éternelle divinité, non point comme une tache, mais comme un astre brillant, recevant d'elle son éclat et lui en renvoyant toute la gloire... Et le Christ adorait! Il adorait pour nous et en notre nom."

On comprend l'émerveillement de Marie-Aimée qui s'écrie: "Ô Christ, Fils de Dieu! Vous m'ôtez à la fois parole, mouvement et vie! Je vous vois! Je pénètre en vous! Je me perds dans vos grandeurs, je m'abîme en vos douceurs, vos amabilités me consument! Ô mort qu'attends-tu?..." Et Marie-aimée ajoute: "Plus l'âme aime le Christ, mieux elle le voit, aucune lumière ne supplée à celle de l'amour, mais celle de l'amour supplée à toutes les autres, la lumière de gloire exceptée..." Seules quelques âmes choisies par Dieu, rares, peuvent contempler Jésus ainsi, et seulement quand elles sont parvenues à une certaine connaissance de Dieu.

Marie-Aimée précise: "Quand la contemplation est en l'âme, une disposition habituelle provenant de la lumière qui éclaire son entendement et du feu divin qui embrase sa volonté, elle en vient, dès qu'elle se recueille, à être aussitôt unie très intimement à son objet. Dans ce cas, l'âme peut user de la liberté que l'Esprit-Saint lui laisse pour ne pas prolonger son oraison au-delà des bornes prescrites par l'obéissance... Quand l'âme est vraiment unie à Dieu, ses devoirs ne l'en détournent pas; elle ne sacrifie que sa propre satisfaction...."

              3-2-4-Jésus-Christ s'offre à son Père par le Saint-Esprit (tome 3, Chapitre 10, 4)

Marie-Aimée "contemple Jésus se contemplant lui-même" et cherche à découvrir les pensées de Jésus. Elle écrit: "Comme Dieu, pouvait dire le Christ, je suis avant tous les temps. Comme Dieu, je vis de toute éternité, dans le sein de mon Père... mais comme homme, il n'y a que quelques années, je me formais dans le sein de ma Mère. Comme Dieu, je suis celui qui est, mais comme homme, il y a peu de temps, je n'étais pas! 'Je', non pas moi, mais mon âme et mon corps!... Par moi, toutes choses ont été faites, mais mon humanité n'est créée que d'hier... Et le Christ adorait, le front dans la poussière... À cette vue, le Père céleste s'émeut, si on peut parler ainsi... 'Mon fils!' dit le Père... Qui pourrait dire les tressaillements du Christ en l'entendant?... Le Christ n'attend plus que l'heure et le moment. En attendant il adore et il s'offre..."

Et Marie-aimée de supplier: "Que ma vie désormais se perde et s'écoule en vous dans l'action de grâces du don que vous nous avez fait de vous, Jésus!..."

  • 3-3-Les relations Père et Fils, et Fils et Père (tome 3, Chapitre 11)

Nous avons souvent remarqué comment Sœur Marie-Aimée de Jésus, contemplant Jésus, se réfère souvent à la Sainte Trinité. Maintenant, continuant sa contemplation de Jésus priant dans le désert, elle découvre les relations existant entre Jésus-Christ et son Père. Elle écrit: "Le Christ adora le Père qui a tout créé par son fils et pour lui. Pour son Fils, Dieu créa Marie, la reine des vierges, pour être sa mère; pour son fils il créa les anges... et les hommes... Il a mis  toutes choses sous ses pieds. Le Christ offre à son Père en retour de ses dons, l'Église qui lui enfantera des âmes, les anges restés fidèles par ses mérites, les hommes sauvés par sa rédemption..."

              3-3-1-Pour Jésus-Christ le Père a fait Marie; pour le Père, le Christ rend l'Église (tome               3, Chapitre 11, 1)

Marie est une créature assez parfaite pour être la Mère du Fils et assez pure pour être l'Épouse du Saint-Esprit. "Le Christ après l'avoir longtemps contemplée, adora celui qui l'avait créée pour lui." Au Seigneur, le Christ donna l'Église une, sans tache, vierge comme la Mère est vierge. L'Église est une car le Christ est un; elle est sainte, parce qu'il est saint. Par l'Église, le Christ donne des millions d'âmes au Père.  

Nous sommes en 1865 quand Marie-Aimée, prévoyant les heures sombres que l'église traverse et traversera encore, écrit cependant: "Dix-neuf siècles de gloire vont bientôt la couronner et dans le sang de millions de martyrs... L'Église doit continuer sa marche triomphante mais pénible tant qu'elle habitera dans la vallée des pleurs; elle ne la quittera qu'au jour de la grande catastrophe prédite par les prophètes, qui précédera la venue de l'Époux. Tant qu'il y aura un chrétien sur la terre, l'Église y sera avec lui; elle ne montera au ciel qu'après avoir vaincu le dernier adversaire, l'antéchrist..."

              3-3-2-Dieu a donné à Jésus-Christ les anges et les hommes. Jésus, le Christ rendra à               Dieu les anges et les hommes (tome 3, Chapitre 11, 2)

Dieu a créé les anges pour son Fils: neuf chœurs et trois hiérarchies:

            - les Séraphins, les Chérubins, les Trônes,

            - Les Dominations, les Principautés, les Puissances,

            - Les Vertus, les Archanges, les Anges.

"Dieu a créé les anges pour son Fils; c'est pour cela que Michel a combattu pour lui contre le dragon."

L'homme a également été fait pour Jésus-Christ, l'homme fait à limage et à la ressemblance de Dieu. "Dieu a donné à l'homme un esprit capable de connaître, un cœur capable d'aimer, un corps capable de servir. Mais l'homme s'étant rendu indigne de sa haute destinée, le Père consentit à ce que le fils vint le racheter des mains de Satan auquel il s'était misérablement vendu..." Mais le temps passe, l'heure est venue pour le Christ de réconcilier en lui toutes choses. Et le Christ adore... Et Marie-Aimée supplie Marie, les Anges, les prophètes, les apôtres, les martyrs et les vierges de louer le christ et de l'adorer. Marie-Aimée supplie alors pour que les brebis égarées entrent dans le sein de l'Église, corps du Christ, "car le Christ est leur vie éternelle et sera leur magnifique récompense."

              3-3-3-Dieu a donné à Jésus-Christ le ciel et la terre. Jésus-Christ rendra à Dieu un               nouveau ciel et une nouvelle terre (tome 3, Chapitre 11, 3)

Les beautés que l'œil de l'homme ne peut voir ici-bas ont été préparées pour l'œil du Christ. C'est pour le Christ que Dieu a créé cette terre privilégiée digne d'être appelée Éden ou Paradis. "L'amour de son Père plongeait l'âme du Christ dans l'extase, enivrait son cœur et, au milieu du silence de sa contemplation, le Christ entonnait sous la touche de Dieu, de l'Esprit-Saint, le plus mélodieux de tous les chants... Et le Christ attendait le moment et l'heure, et en attendant, il adorait."

  • 3-4-Les adversaires du Christ (tome 3, Chapitre 12)

Jésus va commencer sa mission. Avant de quitter le désert, Il passe en revue les principaux obstacles qui s'y opposeront: l'ignorance, la concupiscence, l'incrédulité, l'ingratitude, et Satan.

              3-4-1-L'ignorance (tome 3, Chapitre 12, 1)

Le Christ contemple la terre désolée parce que plus personne ne réfléchit; la cause, c'est l'ignorance: "Le Christ voit le peuple juif dans une profonde ignorance, non pas à l'égard de Dieu, mais à l'égard de son Fils... L'Écriture a parlé d'un Christ Roi et le peuple juif croit qu'il règnera à la façon des hommes... Le peuple juif attend celui qui viendra rétablir le royaume d'Israël..." Jésus devra triompher de l'ignorance de son peuple. "Il fera sortir le monde païen, le monde frivole, les Juifs, les Gentils, de leurs voies ténébreuses..." À tous il confiera ses béatitudes pour qu'ils comprennent que le Fils de Dieu veut les sauver. "En attendant, le Christ adore et il prie pour ses apôtres et pour ceux qui leur succéderont dans l'évangélisation des âmes..."

              3-4-2-La concupiscence (tome 3, Chapitre 12, 2)

La concupiscence, c'est le penchant qui incline les hommes au mal, depuis le péché originel. Le Christ "ne vient pas détruire nos passions, il vient nous enseigner à les combattre et à les vaincre. Dieu seul a pu concevoir de tels desseins et les réaliser, ces desseins qui ravissent les anges et surprennent les démons..." Et le Christ relit l'histoire de son peuple privilégié, depuis Abraham... jusqu'à son Incarnation. Dans la pensée du Christ, seuls seront victimes de la concupiscence, ceux qui refuseront de le suivre sur ses chemins. "Et le Christ prie avec ardeur pour les âmes qui doivent profiter de ses enseignements et de ses exemples..."

Avec le Christ, Marie-Aimée prie: "Donnez à l'Église, ô mon Dieu, des ministres qui soient plutôt des anges que des hommes... Donnez à l'enfant des parents et des maîtres qui lui inspirent l'horreur du mal et l'amour de la vertu! Ayez pitié de l'adolescence!... Miséricorde, ô mon Dieu, pour les brebis infidèles dont vous êtes toujours le Bon Pasteur..."

              3-4-3-L'incrédulité (tome 3, Chapitre 12, 3)

L'incrédulité qui se présente devant le Christ a un caractère absurde et opiniâtre. "Le Christ sait que l'incrédulité l'attend avec sa froide ironie dès sa sortie du désert... mais rien ne le fera reculer... Les miracles seront la preuve de sa mission divine..." Mais le Christ sait que les hommes ayant une fausse idée du Messie et une fausse interprétation de l'Écriture le prendront pour un imposteur, et le feront mourir comme tels. Mais lui, rédempteur de tous les temps et de l'univers entier se laissera briser par la souffrance et crucifier. Mais il ressuscitera "et sera pour jamais le vivant entre les morts, et vainqueur de l'incrédulité comme de la mort..."

Marie-Aimée prie le Père pour qu'il confonde les incrédules mais qu'il épargne leurs âmes. Elle prie aussi pour que Dieu "rende les idoles muettes, ou plutôt rende muets les démons qui parlent par leurs odieux simulacres..."

              3-4-4-L'ingratitude  (tome 3, Chapitre 12, 4)

"Le quatrième adversaire qui se présente devant le Christ est l'ingratitude... Le Verbe s'est incarné pour sauver les hommes, et les hommes chercheront à anéantir jusqu'à son souvenir... Après sa mort, ils défendront de prononcer son nom, ils massacreront ses apôtres... ils insulteront les vierges, détruiront ses temples, profaneront ses autels; ils le poursuivront jusque dans le sacrement de son amour. La tempête, d'une haine infernale... sévira contre le vaisseau de son Église... " Mais déjà le Christ priait pour les pécheurs et suppliait le Père de leur pardonner.

              3-4-5-Le Christ triomphera de Satan (tome 3, Ch. 12, 5 et Ch. 14)

Enfin Satan le génie du mal, se présente devant le Christ qui, Fils de Dieu, n'a rien à redouter des démons. Mais il a pitié des pauvres hommes, et "il veut leur apprendre à se servir des armes qu'il leur offre et à triompher de leurs adversaires..." Le Christ est venu pour faire la volonté du Père. Le Christ décide: "Je multiplierai les moyens de mettre le diable en fuite: mes sacrements, le signe de la croix, l'invocation de mon nom sont autant d'armes que je déposerai entre les mains de mes serviteurs pour déjouer les ruses de l'ennemi... Ma loi d'amour sera plus parfaite que l'ancienne, et néanmoins elle sera plus douce et plus suave. À tous j'apprendrai à prier... Le monstre furieux, mais désormais enchaîné, s'attaquera encore aux hommes, mais il ne pourra mordre que les insensés ou les téméraires..."

Et le Christ adorait et s'offrait au Père.

De loin, Satan regarde le Christ; il est inquiet, car il soupçonne quelque chose de l'incomparable sainteté de Jésus. Mais il va quand même essayer de le tenter. Connaissant la faim qui broie les entrailles de Jésus, il lui propose de changer des pierres en pain, mais "l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu... Satan est encore plus inquiet, mais curieux et plein d'appréhension, il transporte Jésus sur le haut du temple et dit, reprenant une phrase de l'Écriture: 'Jette-toi en bas, car il est écrit que les anges te porteront dans leurs mains pour que ton pied ne heurte la pierre.' Mais Jésus répond par une autre phrase de l'Écriture: "Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu."

Furieux à cause de son échec, Satan transporte Jésus sur le sommet d'une montagne dominant toutes les nations de la terre et dit: "Tout cela, je te le donnerai si tu te prosternes devant moi et m'adore." Alors Jésus chasse Satan, vigoureusement, car on n'adore que Dieu seul.

Maintenant les anges s'approchent et servent Jésus.

Marie-Aimée s'unit encore plus à Jésus et à sa prière. Pensant à tous ceux qui suivent les hérétiques, elle écrit: "Je m'offre à vous, ô Jésus, pour fermer l'enfer à cette multitude d'âmes qui s'y précipitent... Je m'offre à vous pour empêcher toutes les offenses depuis les plus grandes jusqu'aux plus petites... Parce qu'elles blessent votre cœur... Je m'offre à vous, ô mon Jésus, pour vous faire connaître, aimer et servir par toute la terre...

Et parce que je vois que les âmes du Purgatoire ne peuvent pas vous rendre toute la gloire qu'elles vous rendraient dans le paradis, je m'offre à vous pour hâter leur délivrance... Je me multiplie selon que le peut mon amour dans tous les lieux du monde, où vous résidez sacramentellement, pour vous adorer, vous remercier, vous louer, vous prier, m'immoler en votre honneur.."  (tome 3, Chapitre 14)

  • 3-5-Le Christ va commencer sa vie publique (tome 3, Chapitre 13)

Quarantième jour de solitude au désert... De nouveau le Christ s'offre au Père, par l'Esprit-Saint, pour accomplir la volonté divine. Jésus est prêt à commencer sa vie publique et à faire connaître aux hommes, sa loi d'amour. Jésus sait ce qui l'attend, mais la volonté du Père sera faite...

 

Fin du tome III


[1] En celui qui est, il n'y a plus d'être personnel. L'âme doit faire disparaître son être individuel, personnel.
[2] 2 Corinth, 3, 17.
[3] l'âme humaine de Jésus.
[4] en lui, le Christ.
[5] N'oublions pas que Dorothée  Quoniam, Sœur Marie-Aimée de Jésus, vécut de 1839 à 1874, époque pendant laquelle ce langage, qui nous heurte aujourd'hui, était couramment utilisé.
[6] L'amour de l'homme.
[7] "Consumer" serait plus exact.

   

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