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Les enseignements de Jésus
5-1-Le langage de
Jésus (tome 4 – Chapitre 18)
Nous savons que Jésus
prêchait aussi souvent que possible. Il s'adressait à des foules
nombreuses. Mais parfois, Jésus devait enseigner des petits groupes
d'hommes ayant des besoins différents; c'est ainsi qu'il se retrouva
souvent au centre de petits groupes, de scribes, de docteurs, de
pharisiens mécontents, voire irrités par les attitudes de Jésus. Ils
ne comprennent pas, entre autres, pourquoi ses disciples ne jeûnent
pas alors qu'eux les pharisiens, jeûnent comme les disciples de Jean
le Baptiste. Jésus, avec douleur, leur fait comprendre "que les
amis de l'Époux ne peuvent pas jeûner quand l'Époux est avec eux..."
Or Jésus est l'Époux, non à la façon des hommes, car il est
l'Homme-Dieu... et ses disciples qui sont ses amis sont dans un
temps de grande joie. "Mais des jours viendront où l'Époux leur
sera enlevé, alors ils jeûneront."
Pour mieux enseigner
les petits groupes qui s'adressent à lui, Jésus utilise quelques
exemples que nous connaissons bien: les outres neuves et les outres
vieilles, le vin nouveau et le vin vieux, le fait de devoir violer
le sabbat dans les cas de graves nécessités, car "le Fils de
l'Homme est le Maître du Sabbat". Le langage de Jésus est
tellement plein d'amour que ses ennemis se taisent parfois. Ils
pourraient même répondre à la miséricorde de Dieu en cessant leurs
contestations ennemies de la charité et la destruction de la paix,
mais leur orgueil était le plus fort et le plus souvent ils se
retiraient enfermés dans leurs certitudes.
5-2-Le sermon sur la
montagne (tome 4 – Chapitre 22)
5-2-1-Les
Béatitudes
Après avoir choisi
officiellement ses douze apôtres (notre paragraphe 2-6) Jésus se mit
à enseigner la foule de ses disciples. Il s'agit de ce qui a été
appelé le "Sermon sur la montagne" lequel commence par
l'énoncé des Béatitudes inconnues mais sources du bonheur. Cet
enseignement est si important pour Marie-Aimée qu'elle commence la
présentation de ce texte bien connu de tous les chrétiens du monde
entier par ces mots étonnants: "Monde, tais-toi! Celui par qui tu
as été créé va parler... Hommes, faites silence, vous allez entendre
ce que jamais homme n'a entendu!" Marie-Aimée commentera ensuite
chacune des Béatitudes, toujours dans l'optique de montrer que Jésus
est vraiment le fils de Dieu. Ainsi:
— "Bienheureux les
pauvres d'esprit, c'est-à-dire ceux qui ont l'esprit de pauvreté,"
même au sein de l'indigence, c'est-à-dire qui ne désirent pas
les richesses, mais travaillent seulement pour accomplir la volonté
de Dieu, jusqu'à se laisser dépouiller de tout. Ces "pauvres
d'esprit sont bienheureux parce que le royaume des cieux leur
appartient."
— "Bienheureux ceux
qui sont doux parce qu'il posséderont la terre... Être doux d'esprit
c'est ne pas penser le mal... prendre tout en bonne part... c'est
n'avoir aucun ressentiment... Être doux à l'extérieur, c'est avoir
un air affable... C'est le parfum de la fleur... le rayon de la
lumière... La douceur rend l'âme qui en est ornée agréable à Dieu et
aux hommes, aussi Jésus lui promet-il la possession de la terre..."
— "Bienheureux ceux
qui pleurent..." ceux qui pleurent sur les chagrins de la vie,
ceux qui pleurent sur leurs péchés et les péchés des autres, ceux
qui sont touchés par les souffrances de Jésus, et ceux qui aspirent
à la vision de Dieu. Toutes ces âmes qui pleurent seront consolées
parce qu'elles verront au ciel, et parfois dès cette terre, le prix
de ces larmes.
— "Bienheureux ceux
qui ont faim et soif de la justice..." Ces assoiffés de justice,
ce sont les saints. N'ayant cherché que la volonté de Dieu et son
amour, au ciel "ils seront pleinement rassasiés."
— "Bienheureux ceux
qui sont miséricordieux..." ceux qui savent pardonner, excuser.
Comme tous les hommes sont pécheurs et ont quelque chose à se faire
pardonner de Dieu, "ils obtiendront la miséricorde de Dieu
lui-même."
— "Bienheureux les
cœurs purs, car ils verront Dieu..." Seuls les purs peuvent voir
Dieu.
— "Bienheureux les
pacifiques parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu..." En
effet, seule la paix imprime en nous la ressemblance avec Dieu.
— "Bienheureux ceux
qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des
cieux est à eux." Ici il s'agit, selon Marie-Aimée, de ceux qui
soutiennent les saints combats de la vertus, qui défendent Dieu et
l'Église, maintiennent la religion et les bonnes mœurs dans le
monde. Ici, la récompense n'est pas au futur, mais au présent comme
pour celle des pauvres car le royaume des cieux, la richesse des
pauvres et la joie des persécutés sont déjà à eux.
— Enfin, ajoute le
Sauveur, "vous serez heureux lorsque les hommes vous maudiront...
et diront faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi".
Ici, Marie-Aimée s'adresse directement à ses contemporains qu'elle
qualifie d'hérétiques et précise: "Hérétiques, vous entendez: 'à
cause de moi'; ces mots peuvent-ils trouver place sur d'autres
lèvres que sur celles d'un Dieu?" En effet, quand Jésus
"béatifie" ceux qui seront maudits... persécutés à cause de lui,
il est "évident qu'il est Dieu", ce Dieu attendu et dont Joël
avait écrit: "Enfants de Sion soyez dans l'allégresse, et
réjouissez-vous dans le Seigneur votre Dieu, parce qu'il vous a
donné un Maître qui vous enseignera la justice..."
Jésus poursuit:
"Vous serez heureux lorsque les hommes vous persécuteront et diront
de vous toute sorte de mal, à cause de moi, et repousseront votre
nom à cause du Fils de l'Homme... parce que votre récompense est
grande dans les cieux..." c'est-à-dire qu'elle est vue en
elle-même dans sa propre lumière, et non plus comme ici-bas au
travers de la nuée.
5-2-2-Les
malédictions
Jésus confirme les
béatitudes par les malédictions que nous connaissons bien:
"Malheur à vous les riches, parce que vous avez votre consolation;
malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim; malheur à
vous qui riez maintenant, car vous pleurerez; malheur à vous de qui
les hommes disent du bien sans que vous l'ayez mérité, car c'est
ainsi que vos pères parlaient des faux prophètes." On remarquera
que Marie-Aimée n'édulcore pas les paroles de Jésus. En effet, les
apôtres sont "le sel de la terre... et la lumière du monde."
Comme le sel qui conserve les aliments, les apôtres doivent être le
sel qui conserve la vérité des paroles de Jésus. Et leur lumière
doit luire devant les hommes.
5-2-3-Jésus est
venu accomplir la Loi
Jésus est venu
accréditer les prophètes en faisant connaître aux hommes, par le
maintien des préceptes fondamentaux, les exigences de Dieu. "Pas
un seul iota de la Loi ne passera avant que tout ne soit accompli",
dit Jésus, qui précise bien que seul, celui qui "fera et
enseignera,(la Loi) sera appelé grand dans le royaume de
Dieu." Maintenant Jésus peut dépasser les exigences de la Loi.
Ainsi, à propos du commandement de la Loi: "tu ne tueras pas",
Jésus ajoute: "et moi je vous dis que celui qui se mettra en
colère contre son frère sera condamné par le jugement de Dieu."
Ainsi, dans certains cas, l'injure peut être un péché mortel.
Jésus veut développer
la perfection chez les hommes et insiste sur la nécessité de la
réconciliation. D'où l'obligation de "s'accorder avec son
adversaire tandis que l'on est en chemin, de peur qu'il ne vous
livre au juge." De même Jésus aborde l'adultère: "Vous avez
entendu qu'il a été dit aux anciens: vous ne commettrez pas
d'adultère; et moi je vous dis que celui qui regarde une femme avec
convoitise a déjà commis l'adultère dans son cœur." Ainsi la loi
nouvelle de Jésus, va jusqu'à condamner les intentions. Il en est de
même du mariage qui est sacré; le divorce est inadmissible.
Jésus va encore plus
loin dans la perfection: "Que votre oui soit oui et que votre nom
soit non!" La vengeance est intolérable et Jésus demande que
nous ne réagissions pas violemment aux mauvais traitements: "et
si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui encore
l'autre." Ici Marie-Aimée s'insurge: "Il n'est donc pas
permis de se défendre?" Si, cela est permis, mais il est plus
parfait de s'en abstenir. Jésus, en nous donnant ce conseil "ne
nous livre pas à nos ennemis, mais nous donne plutôt le moyen de les
apaiser."
Jésus précise ses
enseignements: "À celui qui veut vous prendre votre tunique,
abandonnez aussi votre manteau... Quelqu'un vous demande de faire
mille pas avec lui; faites-en deux mille... donnez à celui qui vous
demande, ne repoussez celui qui veut vous emprunter..." Toutes
les marques d'apaisement, de confiance, d'amour sont résumées dans
cette sentence: "Ce que vous voudriez que les hommes vous
fassent, faîtes-leur de même." Ainsi on ne haïra pas ses
ennemis, mais on les aimera. On bénira ceux qui maudissent et on
priera pour ceux qui nous persécutent ou nous calomnient.
"Soyez parfaits
comme votre Père céleste est parfait", dit Jésus, comme pour
conclure, car maintenant Jésus va donner les moyens de réaliser ces
conseils apparemment impossibles à mettre en œuvre: "Aimez vos
ennemis et faites-leur du bien, prêtez sans espérer... Lorsque vous
faites l'aumône, que votre main gauche ignore ce que fait votre main
droite... Votre Père qui voit dans le secret vous le rendra... Quand
vous jeûnez, parfumez-vous la tête afin de ne pas montrer aux hommes
que vous jeûnez. Votre Père qui est dans le secret vous le rendra."
Et puis, mieux vaut
"ne pas amasser de trésor sur la terre où la rouille et les vers les
dévorent et où les voleurs les dérobent..." D'ailleurs le plus
dangereux pour les âmes, c'est que "là ou est notre trésor, là
aussi est notre cœur." On doit aussi se méfier des faux
prophètes, avoir des jugements sains et être prudents lorsque nous
enseignons, car "on ne doit pas donner les choses saintes aux
chiens..."
Jésus n'est pas venu
pour détruire, mais pour accomplir, et il donne le conseil
"d'entrer par la porte étroite qu'Il vient d'ouvrir." Alors
Jésus s'étonne: "¨Pourquoi m'appelez-vous Seigneur, et ne
faites-vous pas ce que je dis?..." Et Marie-Aimée de s'extasier
devant la divine sagesse de Jésus et son éloquence divine qui
pénètre l'âme et la subjugue. D'où son étonnement et un bref retour
à sa mission personnelle: "L'âme du Christ apporte aux âmes des
trésors de lumière et d'amour. Elle offre aussi, avec une majesté
propre à intimider l'incroyant, les incontestables preuves de la
divinité du Christ, car elle est l'âme du Fils de Dieu fait homme,
du Sauveur des hommes, du Messie législateur... de Dieu promulguant
la loi d'amour." (tome 4 – Chapitre 22)
5-3-Un grand
enseignement (tome 4 – Chapitre 30)
Jésus vient de guérir
un homme possédé par un démon muet et aveugle. Il se heurte alors à
l'incrédulité des pharisiens qu'il essaie de convaincre par sa
logique redoutable. Puis, pour confirmer ses paroles, il commence un
très long enseignement. Il précise d'abord qu'un bon arbre ne peut
pas avoir de mauvais fruits; puis, devant l'obstination des
pharisiens, Jésus devient très dur. Il s'écrie: "Race de vipères,
comment pourriez-vous dire de bonnes choses, vous qui êtes mauvais,
puisque la bouche parle de l'abondance du cœur..."
Marie-Aimée s'adresse
alors aux adversaires du Christ, spécialement à Ernest Renan:
"Tremblez, vous qui continuez, de par Satan, la mission des
pharisiens auprès du peuple! Tremblez, vous qui avez adressé votre
livre odieux aux petits et aux ignorants! Nous, nous tremblons parce
que le Seigneur a dit: 'Les hommes rendront compte au jour du
jugement, de toute parole inutile'... combien vous devez trembler,
vous qui n'avez pas craint de dire que Jésus est homme et non pas
Dieu. Ouvrier d'iniquité, je tremble, je pleure et je souffre toutes
les fois que l'occasion rappelle votre souvenir... Seigneur,
pardonnez à ce malheureux! Je fonds en larmes, quelle audace, quelle
hypocrisie!... Quel mal il fait à ceux qui aiment Jésus-Christ! Que
Dieu ait pitié de lui... en vérité, ce livre répand une amertume sur
toute ma vie..."
Marie-Aimée doit
poursuivre sa contemplation de l'enseignement de Jésus. Voici que
les pharisiens demandent un signe. Jésus est scandalisé par une
telle insolence. Ils viennent d'assister à de nombreux miracles, et
ils veulent encore un prodige dans le ciel! "Mais à cette
génération mauvaise, il ne sera pas donné d'autre signe que celui de
Jonas!" C'est à ce moment que Jésus annonce un autre prodige,
"incomparablement plus merveilleux et plus convaincant..." sa
propre résurrection. En effet, il y a ici, plus que Jonas, et plus
que Salomon. "Les pharisiens, comme le peuple, comprirent bien
que Jésus donnait à entendre qu'il était le Christ, mais ils le
nièrent en leur cœur, malgré les lumières qui éclairaient leur
esprit..."
Jésus, alors, prend un
autre exemple, celui d'un esprit impur chassé d'un homme, qui s'en
va à la recherche d'autres esprits et revient occuper l'homme.
Alors, dit Jésus: "le nouvel état de cet homme sera pire que le
premier. Il en sera ainsi de cette génération criminelle."
Pour se faire encore
mieux comprendre, Jésus emploie des comparaisons. Ainsi,
"personne n'allume une lampe pour la mettre sous un boisseau, mais
on la place sur un chandelier, afin que tous ceux qui entrent voient
la lumière." De même, notre œil est la lampe de notre corps. Si
l'œil est bon, tout le corps sera éclairé.
Après cette longue
méditation, Marie-Aimée aborde un thème rarement abordé: la
mystique. Elle écrit: "Pour peu qu'une âme soit entrée dans la
voie de la sainteté et que Jésus la gratifie de ses dons d'une
manière un peu particulière, elle est promptement et à la suite de
son divin Transformateur, jugée de diverses manières. Les uns
disent: le démon la trompe; les autres: l'imagination la séduit, ce
qui revient à la folie, dont la Sagesse infinie fut taxée. Tour à
tour ceux-ci l'admirent ou la condamnent, ou restent en suspens,
comme le peuple l'était à l'égard de Notre Seigneur."
5-4-Nouveaux
enseignements destinés au pharisiens (tome 4 – Chapitre 49)
Le temps passe. Les
chefs des juifs voudraient bien faire mourir Jésus qui multiplie les
miracles; mais les pharisiens et les scribes, forts de leur science,
ne veulent toujours pas croire, et ils cherchent tous les prétexte
pour pouvoir accuser Jésus. Ce jour-là, ils se scandalisent de ce
que les disciples ne se lavent pas les mains avant de manger. Et
Jésus, ayant convoqué toute la multitude, répond par une parole
surprenante: "Écoutez et comprenez: ce n'est pas ce qui entre
dans la bouche qui souille l'homme, mais ce qui sort de la bouche,
voilà ce qui souille l'homme." Aucun aliment ne peut souiller
l'homme; ce qui le souille c'est ce qui sort de lui, de son âme
raisonnable.
Les juifs ont été très
scandalisés par ces paroles de Jésus, mais "ce sont des aveugles
qui conduisent d'autres aveugles." Les apôtres n'ont pas mieux
compris, aussi Jésus s'exclame-t-il: "Vous êtes donc si peu
intelligents? Les mauvaises pensées, les homicides, les adultères...
les vols, les faux témoignages, l'avarice... voilà ce qui souille
l'homme." Ce qui souille l'homme, c'est ce qui sort de l'homme
même, c'est-à-dire de son âme raisonnable. La terre est infectée par
le péché. C'est à cause du péché de l'homme que la nature est en
souffrance et va à sa ruine. Marie-Aimée poursuit et précise
l'enseignement de Jésus. Elle écrit: "Le Christ est l'homme-Dieu,
l'homme saint, l'homme immaculé; c'est le vase incorruptible d'où la
divinité s'exhale... et qui devient à son tour le vase splendide
renfermant l'humanité.
Jésus, par ces
enseignements, découvre son âme avec son intellect élevé, son
jugement exact, sa conscience éclairée... L'esprit de Jésus est
grand, sérieux, religieux, tout aux choses de Dieu et de l'éternité;
mais en même temps, il est condescendant, il ne dédaigne pas de
s'abaisser aux détails nécessaires; il se fait un devoir d'instruire
les ignorants.... Qui n'aimerait un tel Maître et ne voudrait lui
ressembler?" Mais cela suppose que les âmes renoncent à leurs
habitudes et aspirent à vivre plus haut que là où elles sont.
Marie-Aimée ne fait aucune mention des athées à qui elle s'adresse,
mais il ne fait aucun doute que c'est à eux qu'elle s'adresse. |