« Notre-Seigneur
continue toujours à m’appliquer à faire la guerre aux
communistes. Il me donne grâce et lumière pour le combat. Les
instruments de sa Passion me servent d’armes; et son admirable
Nom qui est si terrible aux démons et celui de sa Sainte Mère me
servent de boulets de canon. Mais pour m’animer au combat contre
ses ennemis, que je vois dans la lumière de Dieu être si
redoutables, voici le triste secret que Notre-Seigneur m’a
révélé:
— Le soldat
qui sait le motif de la guerre à laquelle il est appelé, et qui
sait l’injure qui a été faite au Prince, s’arme alors
d’intrépidité contre les ennemis pour venger cet affront. Eh
bien, ma fille, c’est cette société de communistes qui m’a
arraché de mes tabernacles et a profané mes sanctuaires. Ils ont
porté la main sur l’Oint du Seigneur. Ils ne réussiront point
dans leurs desseins! N’ont-ils pas commis le crime de Judas? Ils
m’ont vendu pour de l’argent! Cette connaissance ne doit pas
être stérile en vous, car je ne vous la donne que pour vous
animer au combat. Agissez avec un esprit de simplicité; car si
vous voulez trop raisonner, vous ne serez point un instrument
propre entre mes mains. Pensez plutôt à la gloire que la cour
céleste me rendra d’avoir combattu de tels ennemis avec un si
chétif instrument.
Voilà, à peu près,
ma Révérende Mère, ce que Notre-Seigneur m’a fait entendre hier
et aujourd’hui, jour remarquable. C’est en ce jour du jeudi
saint qu’il institua le sacrement ineffable où il devait être
exposé aux outrages et aux profanations de ses ennemis. Je vais
donc de nouveau faire amende honorable à ce divin Sauveur, dans
le sacrement de son amour, pour ces profanations et ces vols
sacrilèges dont il m’a rappelé le triste souvenir, que j’avais,
hélas! trop tôt oublié. »
« Je suis entrée
dans la lice pour combattre les ennemis de Dieu. La calme est
revenu dans mon âme depuis que j’ai reçu, si je puis m’exprimer
ainsi, le drapeau de l’obéissance. Je suis en sûreté sous cette
enseigne et je ne crains plus le démon. Notre-Seigneur me donne
grâce pour dresser mes batteries. Aujourd’hui après la sainte
Communion, Il m’a encouragée au combat et Il m’a promis de me
donner une croix d’honneur qui, m’a-t-il dit, m’ouvrirait le
ciel. Si j’étais fidèle en ses combats, Il m’a promis aussi l’or
de la charité. J’ai compris que c’était quelque tribulation que
Notre-Seigneur me réservait dans sa miséricorde et qu’Il me
ferait la grâce de souffrir avec patience et amour. Que son
saint Nom soit béni. Mais revenons au combat, ma Révérende Mère,
car après avoir combattu de toutes mes forces les ennemis de
Dieu pendant ces trois jours de fête, j’en ai maintenant presque
la contrition. Mais je m’explique: c’est que je crains d’avoir
fait des imprécations contre eux. Je sais bien que le saint roi
David en fait bien dans les Psaumes (108 par exemple),
mais je ne sais pas si cela m’est permis. Enfin, j’ai dit tout
ce que Notre-Seigneur m’a inspiré; si c’est mal et que je me
trompe, je ne le ferai plus. Je vais vous dire que je commence
par mettre mon âme entre les mains de Notre-Seigneur. Je le prie
de bander son arc et de décocher ses flèches vers ses ennemis.
Ensuite, je commence à combattre par sa Croix et par les
instruments de sa Passion, ainsi qu’Il me l’a enseigné. C’est
ici mon inquiétude pour les imprécations car, si c’est mal, j’ai
dit ces paroles des centaines de fois; mais je n’ai point
l’intention de leur vouloir du mal. Je n’en veux qu’à leur
malice et à leurs passions. C’est ce que j’ai dit à
Notre-Seigneur. Voici donc ce que je dis:
“Que Dieu se
lève et que ses ennemis soient dissipés, et que tous ceux qui le
haïssent s’enfuient devant sa Face.
Que le Nom de
Dieu trois fois saint renverse tous leurs desseins.
Que le Nom sacré
de Dieu vivant divise tous leurs sentiments.
Que le Nom
terrible du Dieu de l’éternité anéantisse leur impiété”.
Je dis encore
d’autres, et quand je les ai ainsi bien battus, je dis:
“Je ne veux
point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il
vive. Mon Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils
font”.
Je fais cet
exercice sans contention d’esprit et avec une grande facilité,
parce que je me laisse conduire par la grâce qui me guide.
Ainsi, ma Révérende Mère; jugez si je dois continuer ainsi.
J’attendrai votre décision. Je crois bien que c’est le Général
de la patrie adverse qui veut me donner une alerte (le diable) ».
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