« Maintenant, je
crois qu’il ne sera pas inutile pour la gloire de Dieu que je
dise quelque chose de mon intérieur, afin qu’on puisse discerner
plus facilement quel est l’esprit qui me conduit. Je parlerai
sous les yeux de Dieu, dans la simplicité et la vérité.
La voie par
laquelle Notre-Seigneur me conduit est très pénible à la nature,
car ce divin Sauveur exige de moi une mortification continuelle
intérieure. J’ai rarement des consolations spirituelles et
toutes les communications que je reçois de Notre-Seigneur sont
plutôt de nature à me faire souffrir, puisqu’elles me montrent
si souvent la justice de Dieu irritée, la perte éternelle de
tous les pécheurs et la France sur le bord d’un abîme! Cette
œuvre de réparation que je porte depuis près de quatre ans, avec
des peines que Dieu seul connaît parce qu’Il est en Lui-même
l’auteur; œuvre par laquelle il me semble que Dieu ferait grâce
à la France, comme Il me l’a promis. Et cependant des époques
terribles approchent et l’Œuvre de la Réparation ne paraît pas:
“O mon Dieu,
levez-vous: c’est votre cause aussi bien que la nôtre que nous
vous prions de défendre. Cachez la France dans le secret de
votre Sainte-Face, et faites-lui miséricorde pour la gloire de
votre Saint Nom”.
Oui, dans la
lumière, je crois fermement que de cette œuvre dépend l’avenir
de la France. Je la vois toujours liée à la France comme moyen
de salut que Dieu a choisi dans son infinie miséricorde. Aussi
je voudrais donner jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour
l’obtenir; car Dieu s’apaiserait à cause de cette œuvre
réparatrice, et bien des âmes seraient sauvées.
Voilà les
sentiments que Dieu m’inspire et que je fais connaître pour
l’acquit de ma conscience. Je déclare aussi que personne au
monde ne m’a donné l’idée de cette œuvre que Dieu seul, et que
j’ignorais parfaitement qu’il y eût à Rome une œuvre semblable à
celle que Notre-Seigneur me communiquait. Je ne l’ai su que
longtemps après par une disposition toute spéciale de la
Providence. Je déclare aussi que je n’ai jamais été influencée
par personne pour demander l’établissement de cette œuvre, mais
au contraire de nos dignes et sages Supérieurs des réprimandes
et des humiliations à cause de cette nouvelle dévotion
.
Je déclare encore que la liaison qu’on trouvera dans la
succession de ces communications est de la grâce et non de mon
imagination, car à chaque lumière que je recevais de
Notre-Seigneur, j’en faisais bien vite un petit extrait que je
remettais à notre Mère, afin d’être soulagée; et je n’y pensais
plus que pour prier Dieu d’accomplir ses desseins. Je n’osais
même pas m’en entretenir avec notre très Révérende Mère, car
j’éprouvais une grande confusion à faire connaître ces lumières.
Lorsque Notre-Seigneur me chargea de cette mission, je Lui
demandai deux grâces, qu’Il a eu la miséricorde de m’accorder:
premièrement, celle de ne jamais avoir de sentiments de vanité à
cause de ces communications; et la seconde: de n’être point
connue comme instrument de Dieu dans cette Œuvre.
Notre-Seigneur qui
dirige Lui-même mon âme en cette voie a si bien soin — si je
peux m’exprimer ainsi — de me faire connaître ma misère et mon
néant, qu’il n’est pas possible que je ne sois couverte de
confusion à la vue de ces grâces singulières de mes
continuelles ingratitudes. Je laisse le soin à mes dignes
supérieurs de s’occuper de l’établissement de cette œuvre de
réparation. Pour moi, ma mission est de leur soumettre toutes
les lumières que je reçois de Dieu et de prier pour
l’accomplissement de ses grands desseins à la gloire de son Nom.
C’est ce que j’ai fait en copiant les lettres écrites dans cette
relation ».
« ... Voyant
l’œuvre se développer peu à peu dans chaque communication, on en
peut mieux juger, et il sera facile de voir quelle est la main
puissante qui, par sa grâce et sa miséricorde infinie a cultivé
un si beau fruit dans une aussi mauvaise terre! qui porte encore
des chardons et les épines du péché après avoir été arrosée tant
de fois des rosées divines de la grâce.
Cette œuvre, comme
on le voit dans ces deux relations, a deux buts: la réparation
des blasphèmes et la réparation du saint jour du dimanche
profané par les travaux. En conséquence, elle embrasse la
réparation des outrages faits à Dieu et la sanctification de son
saint Nom. Maintenant on demandera peut-être si la dévotion à la
Sainte-Face doit être unie à l’Œuvre? Oui, elle en fait la
richesse et le plus précieux ornement, puisque Notre-Seigneur a
fait présent de sa très Sainte-Face à l’Œuvre, pour être l’objet
de la dévotion de ses associés, afin que cette Face adorable qui
est en quelque sorte de nouveau méprisée et outragée — comme Il
s’en plaint Lui-même — par les blasphèmes des pécheurs, qu’elle
soit, dis-je, honorée et révérée avec un très profond respect
par un culte spéciale.
En second lieu,
Notre-Seigneur fait don de sa très Sainte-Face à l’Œuvre afin
que les associés deviennent tout puissants auprès de Dieu par
l’offrande qu’ils doivent Lui faire de cette Face auguste et
sacrée, dont la présence Lui est si agréable qu’elle apaise
infailliblement sa colère et attire sur les pauvres pécheurs sa
miséricorde infinie. Oui, quand le Père éternel regarde la Face
de son Fils bien-aimé, qui a été meurtrie par les soufflets et
couverte d’ignominie, quand Il regarde ce chef sacré qui a été
couronné d’épines, emblème des péchés des hommes qu’Il a pris
sur sa tête afin de sauver ses membres (comme il le dit un
jour), cette vue, dis-je, émeut les entrailles de sa
miséricorde.
Tâchons donc de
profiter d’un si précieux don et prions ce divin Sauveur de nous
cacher dans le secret de sa Sainte-Face pendant les jours
mauvais.
O Dieu!
notre protecteur, regardez-nous, et jetez les yeux sur la Face
de votre Christ! » (Ps.
83,9).
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