Chapitre V
La religion chrétienne
Jésus a parlé de la religion en
général, puis il a montré comment la religion catholique,
religion universelle, était sa religion à Lui, Fils de Dieu fait
homme pour le salut des hommes. En effet, seul Lui, Jésus,
pouvait offrir au Père le parfait sacrifice rédempteur qui
redonnerait la vie aux hommes séparés de Dieu, par le péché
originel. Le péché originel étant surtout un péché d'orgueil,
Jésus s'est attardé sur la plus grande des vertus: l'humilité.
Désireux de parfaire la formation chrétienne et théologique de
Marie Lataste, donc de nous par voie de conséquence, Jésus va,
très longuement, parler de la vie chrétienne, de ses épreuves,
de ses exigences et de ses vertus.
1
La prière
1-1-La vie de prière
1-1-1-Qu'est-ce
que la prière et pourquoi faut-il prier?(Livre
6, chapitre 1)
Jésus nous fait comprendre la
nécessité de prier Dieu. En effet, Dieu est un être infiniment
saint, infiniment juste, infiniment bon, infiniment parfait.
L'homme, au contraire, est un être créé, infiniment petit, qui
ne peut rien par lui-même. De plus, de par la faute originelle,
il est naturellement enclin au péché, et a besoin, à chaque
instant, d'un secours d’en haut, même pour conserver sa vie. Il
y a donc une distance infinie entre la bonté de Dieu et les
besoins de la créature. Cependant, Jésus-Christ, en s’incarnant,
a uni la divinité à l’humanité; dans ces conditions, l'homme se
trouve dans les rapports les plus intimes avec Dieu. Cette
intimité doit s'initier et se perpétuer par la prière.
Jésus explique: "Prier, c'est
reconnaître sa misère et la puissance de Dieu, c'est reconnaître
son néant et l’Être souverain de Dieu; prier, c'est témoigner
qu'on se défie de soi et qu'on a pleine confiance en Dieu;
prier, c'est renoncer à soi pour s’attacher à Dieu... c'est
faire acte de foi, d’espérance et d’amour; prier, c'est
demander... c'est puiser à l’éternelle source des biens qui ne
passent point, parce que celui qui prie est sûr d’être exaucé;
prier, c'est devenir fort dans la faiblesse, courageux dans les
dangers, triomphateur dans les combats." (Livre 6, chapitre
1)
1-1-2-Quand
faut-il prier? (Livre 6,
chapitre 2)
Notre nature pauvre, portée
constamment au mal, a besoin d'être aidée. Il faut donc prier
tous les jours, à chaque instant du jour, et faire de tous ses
actes une prière continuelle et une élévation de son âme à Dieu,
parce qu’à chaque instant du jour nous conservons notre titre de
créature et notre faiblesse.
Prier, c'est demander à Dieu tout ce
qui nous manque, avec le cœur plus qu’avec la langue, car les
désirs intimes du cœur arrivent plus facilement aux oreilles de
Dieu que les paroles de la langue. Le cœur ne se fatigue jamais
de désirer. Et tant que nous vivrons, nous désirerons Dieu et ce
qui est à Dieu. Notre vie ne devrait être qu'une constante vie
de prière, une prière que Dieu écouterait favorablement.
Jésus insiste: "Pour prier, il
n'est pas nécessaire de prononcer toujours des paroles... Ma
fille, vous pouvez prier partout, en tout lieu, en tout temps,
en toute circonstance, car votre cœur peut toujours désirer Dieu
et l’accomplissement de sa volonté. Votre cœur peut toujours
désirer vivre dans l’amitié de Dieu et dans sa grâce; votre cœur
peut toujours désirer éviter le mal, fuir le péché, résister aux
tentations du démon, du monde et de la chair... Or, désirer ces
choses du fond du cœur... c'est constamment demander à Dieu
qu'il les accomplisse en vous, et quels que soient le temps et
le lieu où vous vous trouvez... Faites-le, ma fille, et vous
prierez d'une manière bien agréable à Dieu.
Cependant,
ajouta Jésus, il est bon de choisir dans la journée quelques
instants où vous vous recueilliez avec plus d’attention, pour
vous placer en la présence de Dieu, lui exposer vos besoins et
vos nécessités, et lui adresser une voix plus suppliante. Alors
vous vous retirez un peu à l’écart, vous vous placez pour ainsi
dire seule à seule avec Dieu, vous acceptez l’audience
particulière et privée qu'il vous donne, et vous lui parlez avec
la confiance et l’amour d’un enfant; vous lui ouvrez votre cœur,
et Dieu vous reçoit, vous écoute et vous bénit.
C'est à l'heure du danger, dans les
tentations, dans les circonstances pénibles ou difficiles... que
vous devez invoquer Dieu et lui dire: 'Mon Dieu, je m’abandonne
à vous!... Mon Dieu, ne me laissez pas succomber à la tentation!
Mon Dieu, délivrez-moi de tout mal! Mon Dieu, que votre volonté
soit faite et non la mienne!'"
(Livre 6, chapitre 2)
1-1-3-Comment
faut-il prier? (Livre 6,
chapitre 3)
L'homme n'est que faiblesse et néant,
et il se trouve en face de Dieu, en qui résident l'être et la
force. Comme des mendiants nous devons demander une part de ses
biens. Jésus conseille à Marie Lataste de prier avec foi,
humilité et confiance. Il dit: "Vous devez prier avec foi,
c’est-à-dire croire que vous parlez à Dieu, qui... peut et veut
vous accorder tout ce qui vous est nécessaire. Vous devez
prier avec humilité, car Dieu est infiniment grand,
infiniment bon, infiniment saint et parfait... et vous... vous
n'êtes que misère, faiblesse, néant... Dieu vous a tirée du
néant, créée, rachetée, comblée de grâces. Vous, ma fille, vous
l’avez offensé, vous avez péché contre lui... et n’avez retiré
que peu de profit de toutes les grâces dont il vous a comblée.
Dieu mérite l’adoration... l'amour, la reconnaissance... Et
vous, ma fille, que méritez-vous?... Humiliez-vous profondément
devant Dieu et pensez que vous ne méritez que les châtiments de
sa colère. Présentez-vous devant lui... sans autre pensée que
celle de Dieu... dépouillée de tout... n’aimant que Dieu ou pour
Dieu... ne voulant que ce que Dieu veut, comme il le veut et
parce qu'il le veut.
Priez avec confiance...
non à cause de vos mérites ou de la ferveur de votre prière,
mais à cause de mes mérites et de la miséricorde de Dieu...
Jetez votre prière dans le sein de la divine miséricorde... les
unissant à mes prières sur la terre... et le Père les recevra en
vue de mes mérites et à cause de sa miséricorde."
(Livre 6, chapitre 3)
1-1-4-Quelques
exemples de prière (Livre
6, chapitre 4)
Marie Lataste se trouve parfois,
lorsqu'elle prie, dans un état qui l'étonne et qu'elle est
incapable de définir. Elle écrit: "Je goûte la présence de
Dieu d’une manière sensible; mon âme en est doucement accablée.
Quelquefois je reste devant Dieu sans sentiments aucuns, et
n’ayant que la force de fixer sur lui mes regards; d’autres fois
enfin, mon cœur est tout brûlant d’amour, mais je ne puis
exprimer à Dieu cet amour que par des soupirs ou les élans
secrets et intimes de mon âme; ma bouche est sans parole et ma
langue sans voix."
Marie s'afflige et Jésus vient la
rassurer: "Ma fille, il y a une sorte de prière qui m’est
très agréable: c'est celle d’une âme qui se tient devant Dieu...
sans autre volonté que la volonté de Dieu, qui... s’abandonne
totalement à ses soins paternels, ayant néanmoins les yeux
toujours attachés à lui pour recevoir ses ordres et les exécuter
au premier signe de sa volonté... Ah! ce silence est plus
éloquent que la plus éloquente des voix. Celui qui fait ainsi
dit tout à Dieu sans lui rien dire, et, sans lui rien demander,
il lui demande tout..."
D'où les conseil: "Quand vous
prierez, si vous goûtez la présence de Dieu et ne pouvez parler
sans perdre cette présence, laissez toute prière vocale... De
même, si vous êtes privée de la présence sensible de Dieu, ne la
recherchez pas avec trop d’empressement; sachez faire le
sacrifice du plaisir que vous éprouveriez, et attendez avec
soumission et humilité que Dieu vous accorde cette faveur s'il
le juge convenable.
La prière vocale, ma fille, et les
actes de piété sont pour exciter en soi des sentiments
affectueux envers Dieu... Si la prière vous donne des
distractions ou si les distractions surviennent dans vos
prières, détournez-les avec calme et remettez-vous doucement en
la présence de Dieu sans aucune inquiétude. Priez souvent, priez
sans cesse... restez en ma présence avec des sentiments pieux et
une intention pure et droite. Ne pouvez-vous pas faire cela au
milieu de vos travaux et de vos occupations? Eh bien! Vous me
serez agréable par votre travail qui est l’accomplissement de ma
volonté, et par ces sentiments de votre cœur."
(Livre 6, chapitre 4)
1-1-5-Importance
de la prière (Livre 6,
chapitre 4)
Par la prière, Dieu nous livre la clef
de ses trésors. Quand les hommes se plaignent de leur misère ou
de leur faiblesse, c'est qu'ils ne prient pas. Qu’ils prient, et
ils seront exaucés. Cependant Dieu n’exauce pas toujours, car il
veut souvent éprouver la patience et la persévérance des hommes.
Ils doivent alors persévérer dans la prière, en attendant le
moment du Seigneur... Jésus insiste auprès de Marie Lataste:
"Que le retard de la grâce que vous sollicitez ne vous décourage
pas; priez encore, priez jusqu’à ce que vous soyez exaucée, et
vous le serez certainement, parce que Dieu exauce toute bonne
prière. N’attribuez jamais à Dieu le refus de ce que vous
demandez, mais à votre prière mal faite ou au peu d’utilité que
vous retireriez si Dieu vous exauçait; et dans ce cas, si vous
avez bien prié, il vous accordera une grâce autre, mais plus
avantageuse pour vous que celle que vous sollicitez." (Livre
6, chapitre 4)
1-2- Les difficultés rencontrées dans
la prière
1-2-1-Comment
prier dans la sécheresse?
(Livre 2, chapitre 25)
Certaines personnes s’ennuient quand
elles doivent prier; elles ne savent comment entretenir
conversation avec le Seigneur; leur cœur est plein d’aridité et
de sécheresse... Que doivent-elles faire alors? C'est Jésus qui
nous enseigne: "Que ces âmes se tiennent silencieuses en ma
présence en adoration, qu'elles s’humilient et me demandent
grâce et pardon de leurs iniquités, en disant seulement:
'Seigneur Jésus, pardonnez-moi!' ou bien 'Seigneur Jésus, ayez
pitié de moi! Seigneur Jésus, venez à mon aide.' Ce ne sont pas
les longues prières qui me sont agréables; je préfère bien un
cœur humilié et contrit aux prières les plus longues et les
mieux faites.
Quand vous vous trouverez dans cet
état d’aridité et de sécheresse, adorez-moi en pensant à ma
grandeur divine... Excitez-vous au regret de vos fautes...
Pensez que je suis votre père et que vous êtes mon enfant, votre
cœur trouvera une parole d’affection pour moi. Sachez que vous
êtes bien pauvre et... vous saurez ce que vous devez me
demander. Vous voudrez sans doute retrouver la santé; ce désir
vous inspirera la manière dont vous devez vous adresser à moi...
Il faut se faire violence, s’exciter un peu, arrêter sa pensée
sur une chose pieuse..."
Alors Marie Lataste demanda:
"Seigneur, parlez à votre servante, vous avez les paroles de la
vie éternelle; parlez Sauveur Jésus, et enseignez-moi de quelle
manière je dois vous écouter." (Livre 2, chapitre 25)
1-2-2-Comment
écouter la parole de Dieu?
(Livre 2, chapitre 26)
Jésus répondit à la demande de Marie
Lataste: "Vous voulez que je vous apprenne de quelle manière
vous devez écouter ma parole... Heureuse serez-vous à jamais, ma
fille, si vous écoutez ma parole! Si vous l'écoutez comme vous
le devez faire, cette audition bien réglée vous portera à
accomplir ce que je vous dirai et vous inspirerai... Voici donc
les dispositions avec lesquelles vous devez écouter ma parole:
pureté du cœur ou désir d’acquérir cette pureté; soumission et
obéissance à correspondre à la grâce de ma parole; fidélité à
conformer votre conduite à ce qu'elle vous prescrira..."
1-2-3-La
pureté du cœur
"Aucun homme n'est parfait sur la
terre; mais il y a un certain degré de perfection auquel l'homme
doit aspirer... ce degré, c'est la pureté du cœur ou l’absence
de tout péché mortel. Celui qui veut entendre ma parole, doit
avoir cette pureté de cœur ou le désir d’acquérir et d’augmenter
cette pureté. Plus on est pur et plus ma parole est abondante...
Plus on a le désir d’entendre ma parole afin de devenir parfait,
plus uni à Dieu, plus je la fais entendre..."
(Livre 2, chapitre 26)
1-2-4-L'obéissance
à la parole de Dieu
Ordinairement la grâce de l’obéissance
à la parole de Dieu est précédée par une autre grâce qui dispose
et prépare le cœur, lequel est libre de la recevoir ou de la
rejeter. Jésus enseigne: "Quelquefois cette grâce prévenante
est tellement absolue, qu'on ne peut la repousser; mais elle est
rare. Et pourtant on peut se priver de la grâce de ma parole par
une fausse humilité, en disant: 'Je ne mérite pas que le
Seigneur me parle.'... Il est vrai, nul ne mérite que je lui
parle... mais on doit savoir aussi que je ne regarde point les
mérites personnels, mais uniquement ma miséricorde et ma bonté
toute paternelle. On doit donc se soumettre et ne point refuser
sous aucun prétexte ma parole, quand il me plait de la faire
entendre... Je suis comme l’époux des cantiques qui vient
frapper tout doucement à la porte de son épouse. Si l’âme qui
écoute ma parole est comme l’épouse elle se lèvera et viendra
m’ouvrir... Ma voix sera un commandement pour elle...
Il faut enfin conformer sa conduite
aux prescriptions de ma parole... Je ne m’offense pas si dès le
commencement on résiste à ma parole par crainte d’être trompé,
car agir ainsi, c'est agir avec prudence. Mais résister encore
quand on est raisonnablement assuré que c'est bien ma parole
qu’on entend, c'est me déplaire et m’offenser. Entendre ma
parole et ne point y conformer sa conduite, c'est pécher contre
moi... Augmentez donc de plus en plus la pureté de votre cœur,
recevez avec soumission ma parole, correspondez à cette grâce,
conformez-vous à ce qu'elle vous prescrira... "
(Livre 2, chapitre 26)
1-3-La prière à la Vierge Marie
(Livre 6, chapitre 5)
Le Sauveur Jésus parla aussi d'une
autre prière, et pendant qu'il parlait, Marie Lataste rapporte
qu'il se fit comme une clarté brillante autour de ses paroles.
Jésus parlait de la prière à Marie. Il dit, entre autres:
"Les honneurs que l'on rend et les prières qu'on adresse aux
statues et aux images saintes de Marie se rapportent directement
à elle, comme les injures des méchants et des impies ne
s’adressent point à ses images et à ses statues, mais à Marie
elle-même."
1-3-1-
Jésus parle de Marie
Tout d'abord, un petit retour à la
réalité: "Marie est grande, puissante, compatissante; mais la
bonté, la puissance et la grandeur de Dieu sont bien
supérieures, car elles sont infinies comme Dieu, tandis que
Marie n'est que la créature de Dieu. Aussi l'honneur qu'on rend
à Marie doit-il se rapporter à Dieu. Cependant il faut l’honorer
et l’aimer, parce que Dieu le veut. Marie est le chef-d’œuvre
des mains du Créateur. Il en a fait la plus belle, la plus
sainte, la plus parfaite de toutes les créatures. Il l’a aimée,
honorée, élevée en dignité, plus qu’aucune autre créature sur la
terre et dans le ciel. Aussi devez-vous honorer Marie, l’aimer
et la louer, en rendant grâce à Dieu de tout ce qu'il a fait
pour elle."
1-3-2-Il
faut honorer Marie
Jésus fait un vrai cours de théologie
mariale. Il enseigne: "Marie doit être l’objet de vos
hommages; elle est aussi celle à qui vous devez recourir dans
les tentations, les besoins de votre âme, vos malheurs et vos
peines, et elle vous accordera secours, grâces et consolations."
Mais attention! Jésus met Marie Lataste en garde: "Je vous
dis cela non pas pour vous faire supposer que Marie est plus
puissante que Dieu, mais pour vous apprendre que Dieu ne veut
rien accorder que par Marie. C'est là tout le plan et toute
l’économie de la Providence sur les hommes."
Puis Jésus se situe: "Je suis entre
Dieu et les hommes. Nul ne peut rien obtenir de mon Père, s’il
ne l’obtient par moi. Or, j'ai placé ma Mère entre les hommes et
moi, et je n’accorde rien aux hommes que par ma Mère... Que le
pécheur s’adresse à Marie, qu'il obtienne sa protection, et il
sera pardonné. Celui... qui a l’amitié de ma Mère possède aussi
mon amitié. Demandez à Marie toutes les grâces qui vous sont
nécessaires, elle vous les obtiendra; reconnaissant votre
indignité, adressez-vous à Marie, et Marie priera pour vous.
Toutes les grâces que Dieu distribue sont en moi comme dans un
immense réservoir. Je les fais couler dans Marie comme dans un
réservoir nouveau, et c'est là qu'il faut venir les puiser.
On demande une grâce, mon Père
consent, je l’accorde et Marie la donne. Si vous voulez toujours
être reçu par moi, priez Marie de vous présenter, ou bien
présentez-vous vous-même au nom de Marie, en me demandant de
vous recevoir non pas pour vos mérites, mais en considération de
Marie. Quand vous ne pourrez pas venir à moi, allez à Marie,
priez-la d’intercéder pour vous... Aller à Marie dans les
tentations... c'est être assuré de la victoire. Être sous la
protection de Marie, c'est avoir son salut en sûreté."
(Livre 6, chapitre 5)
1-4-Pour qui doit-on prier?
(Livre 6, chapitre 6)
Le Sauveur Jésus poursuit ses
enseignements sur la prière en indiquant pour qui nous devons
prier. "Ma fille, dit-il, en premier lieu, vous
devez prier pour vous... pour obtenir des grâces, et
ces grâces, vous devez les demander à Dieu pour vous avant de
les demander pour autrui. Car vous devez vivre avec Dieu, pour
Dieu et en Dieu, avant de demander cette vie pour les autres.
Vous devez vous sauver avant de sauver autrui. Ensuite, vous
devez prier pour vos parents, pour vos amis et bienfaiteurs;
vous devez prier pour les prêtres et pour la sainte Église...
pour que les pécheurs changent de vie, pour que les hérétiques
renoncent à leurs fausses doctrines et marchent dans la vérité
qui est une et indivisible; vous devez prier pour les
missionnaires qui vont au loin... annoncer la bonne nouvelle de
mon incarnation, de ma vie et de ma mort.
Priez pour les pauvres pécheurs, ma
fille; mais priez d’abord pour vous-même, en vous reconnaissant
pécheresse, et répétez souvent: 'Convertissez-nous à vous,
Seigneur, brisez nos cœurs. Ô... faites sortir de nos cœurs des
soupirs et des larmes de sincère pénitence. Quelque éloigné de
sa conversion que vous paraisse un pécheur, ne laissez pas pour
cela de prier pour lui: espérez toujours que Dieu vous exaucera,
car rien ne lui est impossible... Priez toujours et priez avec
confiance. Dieu peut-être lui réserve des grâces spéciales et
particulières pour sa conversion... Priez, sans perdre
confiance, vos prières du moins seront méritoires pour vous. Ne
vous contentez pas de prier; tâchez encore, par votre douceur,
votre gaieté, votre bonté, de faire comprendre aux pécheurs que
la piété est aimable; soyez prévenante et affable pour eux, pour
leur témoigner que ceux qui font le bien ne les méprisent pas et
ne refusent point de leur parler...
Vous devez prier pour les justes, afin
qu'ils persévèrent dans la justice; vous devez prier pour les
pécheurs, afin qu'ils se convertissent. Dieu aime les prières
qui lui sont dictées par ce sentiment de charité pour le
prochain. Ordinairement... on prie avec plus de ferveur pour
autrui que pour soi. Cette prière est dictée par la charité...
et cette charité est pleine de dévouement. Quand on prie ainsi,
on est tout occupé de ce qu'on demande, on a un ferme désir de
l’obtenir; on le demande avec foi et persévérance. Oui, ma
fille... priez beaucoup pour autrui.
Priez pour tous les
chrétiens... priez pour ceux qui ont le plus de responsabilité;
priez pour les vivants, mais surtout... priez pour les défunts
qui n'ont point encore pleinement satisfait à la justice de mon
Père... Vous pouvez abréger le temps de leurs peines en priant
pour eux... Priez pour ces pauvres âmes,
priez surtout pour celles qui sont le plus oubliées, le plus
abandonnées au milieu de leurs affreux tourments."
(Livre 6, chapitre 6)
1-5-Dissertation sur les différentes
sortes de prière (Livre 6,
chapitre 8)
Jésus insiste fortement: "Rien ne
manque à celui qui prie comme je vous ai enseigné à prier; la
prière... obtient tout de Dieu; et tous peuvent prier. La
prière convient à tous les états, à toutes les conditions, à
toutes les personnes; s'il y a tant de malheureux, c'est que le
nombre de ceux qui prient est très restreint..." Jésus cite
alors de nombreux cas où l'on doit prier, et Il poursuit:
"Rien de plus utile à l'homme qu'une prière bien faite; rien de
plus puissant sur Dieu. Tout le monde prie, et si peu pourtant
sont exaucés. Cela n'est pourtant indispensable. Demandez à
Dieu, ma fille, le don d’oraison... avec celui-là, vous aurez
tous les autres. Sans la prière, on ne peut rien; avec la
prière, on peut tout. Priez donc, ma fille, priez souvent, priez
toujours." (Livre 6, chapitre 8)
Jésus peut maintenant s'attarder sur
les diverses sortes de prière.
1-5-1-La
prière mentale (Livre 6,
chapitre 9)
Le Sauveur Jésus dit à Marie Lataste
qu'il y avait deux sortes de prières, la prière vocale et la
prière mentale, mais que cette dernière, vraie prière du cœur,
était la meilleure. Cependant la prière vocale et la prière
mentale, sont un entretien avec Dieu, une élévation de l'âme
vers lui. Donc, toute bonne pensée, comme tout bon désir, est
une prière.
Jésus parle de la prière mentale
qui est une élévation de notre esprit et de notre cœur à Dieu
pour lui rendre hommages, lui montrer nos besoins et implorer
ses grâces. Jésus parle:
"Dans cette prière, il y a quatre
choses: la considération, la réflexion, la demande et les
sentiments affectueux. La considération produit la réflexion;
la réflexion, la demande; et la demande, les sentiments
affectueux...
Dans la prière mentale on considère
Dieu et ses attributs, on se considère soi-même aussi avec ses
inclinations mauvaises... Cette considération fait naître dans
l’esprit la réflexion: puisque Dieu est si puissant et que je
suis si faible... je vais recourir à lui. Alors, on s’adresse à
Dieu, on lui expose son état, ses besoins; on s’attache à lui,
on lui offre tout ce que l’on est, le peu que l’on a; on lui
présente son cœur avec tout l’amour qu'il renferme, et on
s’abandonne à sa providence.
1-5-2-La
prière continuelle
La prière est plus ou moins parfaite,
selon que les sentiments de l'âme sont aussi plus ou moins
parfaits, les affections plus ou moins pures... Une des
principales dispositions à la prière, c'est le détachement de
toutes choses et de soi-même, et l'affection pour Dieu. Une des
principales dispositions pour la prière continuelle, c'est
l’entretien de ces bons sentiments et de ces saintes affections
par lesquels on entre aisément en colloque avec Dieu. À mesure
que l'âme se détache des choses de la terre et d’elle-même, le
Saint-Esprit l’éclaire de sa lumière et lui fait connaître Dieu
et ses perfections; et plus l'âme apprend à connaître Dieu, plus
aussi elle s’attache à lui, car connaître Dieu, c'est l’aimer."
1-5-3-Jouir
de Dieu
Jésus aborde aussi un problème très
important: peut-on jouir de Dieu? Il explique: "Le cœur de
l'homme n'est pas fait pour lui seul; il faut qu'il s’attache à
ce qui peut le contenter, et rien ne le satisfera jamais, si ce
n'est Dieu. C'est dans cette jouissance sensible de Dieu
que les saints ont goûté tant de douceurs et de consolations. Il
ne faut pourtant pas se représenter Dieu sous une forme
quelconque. Dieu n'a pas de forme, parce qu'il est esprit. Il
faut considérer en Dieu une immensité sans bornes, un tout qui
ne peut être compris et qui renferme infiniment toutes les
perfections. Dieu est partout; il n'est pas plus au ciel que sur
la terre; la terre le possède aussi bien que le ciel; seulement,
on ne le voit pas sur la terre. Ce n'est que dans le ciel qu'il
se manifeste dans toute sa gloire.
C'est vers ce lieu de la manifestation
de sa gloire que Dieu veut qu'on fasse monter les prières, parce
que c'est le lieu que les âmes doivent habiter un jour. Plus
l'âme se dégage d’elle-même et de la terre, plus elle s’avance
dans la contemplation. Quelquefois, en ces moments, elle se sent
reposer et s’endormir complètement en Dieu: c'est là l’extase.
D’autres fois, l'âme, par l’ardeur de ses sentiments et la
vivacité de ses affections, est toute transportée en Dieu et se
croit unie à lui: c'est ce qu'on appelle ravissement. L’extase
ou le ravissement ne sont pas nécessaires pour que la prière
soit parfaite. Ce sont des récompenses que Dieu donne à qui il
lui plaît, mais qui n’augmentent pas le mérite de la prière."
(Livre 6, chapitre 9)
1-5-4-La
contemplation. Quelques mises en garde
Maintenant Jésus met en garde sa
confidente, Marie Lataste: "On ne peut parvenir à la
contemplation de Dieu qu’après beaucoup de peines et de combats
et par une faveur toute spéciale. On ne peut s'y maintenir que
par une grande humilité et une vigilance continuelle... Lorsque
Dieu se laisse trouver, il faut goûter sa présence comme une
faveur signalée.
Mais la voie de la contemplation est
une voie dangereuse. L'âme dans cette voie est comme un aveugle:
malheur à lui s'il marche tout seul... L'âme ne doit marcher en
cette voie qu’autant que l’esprit de Dieu vient la guider et
l'éclairer. Quand la lumière paraît, il faut l’accepter avec
reconnaissance, marcher à sa clarté; quand elle ne paraît plus,
il faut s'arrêter, parce que cette voie est bordée de grands
précipices... L'âme doit donc rester là avec humilité et
attendre le retour de Dieu...
Il n'est pas nécessaire pour être
sauvé d'être entré dans la voie de la contemplation, Dieu n'y
fait marcher que par privilège les âmes qu'il a choisies
lui-même par un effet de sa bonté."
(Livre 6, chapitre 9)
1-5-5-Les
consolations (Livre 7,
chapitre 13)
L'homme, sur la terre, est tantôt dans
la joie et tantôt dans la peine; car rien n’est stable sur la
terre. La joie qui est dans l'homme disparaît soudain pour faire
place à la peine; cette peine remplace la joie qui est dans le
cœur de l'homme, jusqu'à ce que la consolation vienne enlever
peu à peu la peine elle-même, et redonner la joie à celui qui
l’avait perdue. Face à cette situation que l'homme ne maîtrise
pas, Jésus, aborda le thème des consolations et dit à Marie
Lataste: "Il y a plusieurs sortes de consolations: les
consolations divines et les consolations humaines.
Les consolations humaines sont celles
qui viennent des hommes ou sont puisées parmi eux ou dans la
nature humaine. Elles peuvent être bonnes; elles peuvent être
mauvaises aussi, parce qu’en l'homme il y a le bien et le mal.
On ne peut recevoir les consolations des hommes, quand ces
consolations viennent d’un principe qui est mauvais. Au
contraire, on peut les recevoir quand elles partent d’un
principe qui est bon. Mais pour bonnes que soient les
consolations des hommes, on peut toujours les repousser pour ne
vouloir uniquement que les consolations de Dieu.
Les consolations divines sont celles
qui viennent de Dieu, qui sont données par lui ou puisées en
lui. Les consolations divines sont toujours bonnes, parce que
Dieu est le bien, et que tout ce qui vient de lui est bien. Il y
eut des saints qui ont refusé constamment toute consolation
humaine; qui n’ont voulu avoir d’autre consolation, d’autre
appui, d’autre soutien que Dieu. Il faut pour cela être parvenu
à un haut degré de sainteté, être dans la plus grande
familiarité avec Dieu. Alors on ne pense qu’à Dieu, on ne veut
que Dieu, tout le reste semble fade et insipide. Dieu seul est
quelque chose pour ces âmes, Dieu seul est tout pour elles. Ma
fille, ne désirez pas les consolations des hommes, mais si elles
se présentent, acceptez-les et renvoyez-les à Dieu."
(Livre 7, chapitre 13)
1-5-6-La
prière vocale (Livre 6,
chapitre 10)
Jésus parle maintenant de la prière
vocale, qui est l'expression des sentiments du cœur et de ses
demandes à Dieu par la parole. Il dit: "La prière vocale est
plus usitée que la prière mentale... Dieu exige ce tribut
d’adoration et de louange dans la langue des hommes... Mais il
doit être présenté avec foi, espérance, charité, humilité,
persévérance. Pour qu'elle soit parfaite, la prière vocale doit
être précédée du détachement de soi-même et de toute affection,
de toute attache à la terre... qui l’empêcherait de s’élever
vers Dieu... Sa parole... monte vers Dieu et pénètre jusqu'à son
cœur. Quelquefois l'âme est tellement absorbée en Dieu, qu'elle
fait moins attention aux paroles prononcées qu’à Celui à qui
elles sont adressées. La prière n’en est que plus parfaite...
et Dieu qui connaît tout ce qui est nécessaire à cette âme,
l’entend et l'exauce avec bonté.
La prière vocale est aussi puissante
que la prière mentale... La prière vocale est le délassement de
la prière mentale... Quand vous userez de la prière vocale, ma
fille, faites moins attention aux paroles que vous emploierez
qu’à Celui à qui vous les adresserez... ne pensez qu'à une
chose: savoir que vous vous adressez à Dieu."
(Livre 6, chapitre 10)
1-5-7-Les
faveurs extraordinaires. Quelle conduite tenir? (Livre 8,
chapitre 5)
Marie Lataste était
inquiète. Son directeur ne la croyait plus, pensant qu'elle
était victime de quelque illusion. Jésus revient sur ce sujet
délicat et sur la conduite à tenir lorsque Dieu accorde des
faveurs extraordinaires: révélations, visions, extases, etc. Il
dit: "Ma fille, une personne qui éprouve de ces sortes
d’attraits... doit-elle s’y abandonner et les suivre? Mais
qu’arrive-t-il à cette pauvre âme si c'est le démon qui se
change en ange de lumière pour la séduire?...
– La première
chose à faire, c'est de déclarer à son directeur tout ce que
l’on éprouve et tout ce qui se passe dans l’âme; puis il faut
suivre en tout le conseil de son directeur.
– Le directeur,
s’il est sage, s’il est prudent, s’il est instruit, examinera
tout ce que cette âme lui aura rapporté; il verra si ces choses
sont conformes à l’esprit de piété et à celui de l’Église... Il
examinera les dispositions de la personne qu'il dirige, et s'il
juge que ce qui se passe en elle la porte à la vanité et à
l’indépendance ou opère en elle quelque résultat fâcheux, il
l’engagera à résister à ces attraits et à les repousser.
– S’il voit, au
contraire, que tout ce qu'elle dit est conforme à l'esprit de
piété et de l’Église, et qu’au lieu de perdre sa piété, cette
personne devient de plus en plus pieuse, simple, humble, soumise
et fidèle à remplir ses devoirs, il l’engagera à se soumettre
humblement à la volonté de Dieu et à s’abandonner à lui comme un
enfant aux bras de sa mère."
Dès lors, que doit
faire la personne? Comment doit-elle agir? Jésus enseigne
longuement:
"Au moment où
elle sent son âme attirée vers un état autre que son état
habituel ou normal, elle doit commencer par se dépouiller
complètement de sa volonté, pour embrasser entièrement celle de
son directeur, et puis conjurer Dieu de ne point permettre
qu'elle soit trompée. Elle doit reconnaître enfin qu'elle n'est
digne d’aucune de ces faveurs signalées et prier le Seigneur de
lui faire miséricorde.
Si cette âme
agit ainsi, il est certain, ma fille, que Dieu ne permettra pas
qu'elle soit victime d’aucune illusion, parce qu'elle a mis en
lui toute sa confiance... Cette personne pourra non seulement
s’abandonner aux ravissements qu'elle éprouvera, mais encore
écouter et retenir les enseignements qui lui seront donnés,
pourvu que ces enseignements soient conformes en tout aux
enseignements de la sainte Église de Dieu. Comme elle ne peut
pas en juger par elle-même, elle doit communiquer à son
directeur tout ce qui lui a été dit, comme cela lui a été dit,
autant qu'elle pourra se le rappeler. Son directeur jugera ces
enseignements avec prudence, discrétion, et consultera même,
s'il le faut, des hommes, ministres de Dieu comme lui, mais plus
instruits que lui. Après cela le directeur se prononcera.
Si la personne
qu'il dirige reçoit ses décisions avec humilité et soumission,
ce sera une preuve que l’esprit de Dieu est avec cette personne.
Si, au contraire, elle les reçoit avec peine, si elle brise le
joug de la dépendance pour suivre sa volonté, ce sera un signe
non équivoque que l’esprit de Dieu n'est pas en elle."
(Livre 8, chapitre 5)
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