Introductions générales

Mechtilde de Hackeborn
et Gertrude d’Helfta, dite
la Grande

Déjà, au XIIe siècle, saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), dans son Traité de l’Amour de Dieu, nous avait familiarisés avec le Cœur du Père, le Cœur de Jésus et sa compassion. Il nous avait dévoilé, avec émerveillement, l’amour de l’Époux pour l’épouse à travers le Cantique des cantiques.

Pendant le XIIIe siècle, Dieu se plaira à multiplier les grands saints: saint Thomas d’Aquin (mort en 1274), saint Albert le Grand (mort en 1280), saint Bonaventure (mort en 1274) saint Louis (mort en 1270) et bien d’autres.

Dans la présente étude, nous nous attarderons surtout sur une grande sainte et mystique allemande de ce même treizième siècle, sainte Mechtilde de Hackeborn, dont la vie et les révélations furent écrites surtout par sainte Gertrude d’Helfa, sa confidente, elle-même confidente du Cœur de Jésus. En effet, il est essentiel de remarquer tout d’abord, que le Cœur de Jésus s’est révélé fréquemment à sainte Mechtilde, puis à sainte Gertrude, toutes deux de grandes mystiques.

Réflexions sur les mystiques

Les mystiques sont d’abord presque toujours des gens ordinaires, souvent très ordinaires et même parfois pécheurs. Mais un jour Dieu les appelle. Ils sont d’abord très décontenancés, puis peu à peu ils ouvrent leurs cœurs et deviennent des saints. Il faut savoir que tous les saints furent des mystiques: la lecture des œuvres de ceux qui ont été conduits à écrire le prouve.  D’autres saints n’ont que peu ou pas écrit du tout, mais ils ont parlé, et leurs confidents ont recueilli leurs paroles pleines de bon sens et d’amour de Dieu: c’est ainsi que nous connaissons les richesses inestimables dont Dieu les a comblés pour le bien et le salut de tous les hommes.

Aimant Dieu de tout leur cœur, de toutes leurs forces et de tout leur esprit, tous les saints et les mystiques ont beaucoup aimé leur prochain. Beaucoup furent même de grands ouvriers au service du Seigneur, et nombre de leurs œuvres subsistent encore de nos jours...

Les mystiques ne sont pas forcément des “voyants” au sens actuel du terme, mais tous ont prié, médité, fait oraison. Leur union à Dieu était visible. Mais la meilleure preuve de leur sainteté, c’est leur attachement à la volonté de Dieu qu’ils se sont efforcés d’accomplir jusque dans les moindres détails, avec beaucoup d’amour, et parfois beaucoup de patience.

Autre point remarquable: tous, ou presque, ont été la cible de nombreuses calomnies et de persécutions.

Le point sur les visions et les révélations

Les hommes, pour se comprendre, ont besoin de mots. Comment faire passer des messages si les mots n’existent pas? Les images qui sont “vues” et les paroles “entendues” par les mystiques ont toujours une mission principale: enseigner. Mais cela ne peut se faire qu’à partir de ce que le mystique et le monde dans lequel ils se situent connaissent. Ainsi, si nous prenons l’exemple de l’Apocalypse, comment Dieu aurait-il pu parler des avions et des bombes ou des chars d’assaut à une époque où non seulement ces choses n’existaient pas, mais où même leurs composants élémentaires étaient inimaginables. En conséquence les avions et les bombes furent symbolisés par “des étoiles qui tombaient du ciel”. Les dragons, les sauterelles ou les chevaux qui crachaient le feu par la bouche et par l’arrière ne nous font-ils pas penser à nos actuels chars d’assaut ou autres armes modernes?

Les mystiques du Moyen-âge utilisent aussi d’autres symboles, notamment beaucoup de couleurs, des objets en or et des pierres précieuses. Comment découvrir la signification des scènes étranges riches et très colorées? Tout simplement grâce aux explications données par le Seigneur lui-même, ou par la Sainte Vierge. Rien n’est laissé au hasard dans ces visions grandioses, étonnantes ou terrifiantes. Dieu utilise simplement une imagerie que les voyants connaissent bien, et qu’il explique ensuite. Nous verrons comme cela est très courant dans les révélations de Sainte Mechtilde.

En effet, Mechtilde fut certes une grande mystique, mais il est nécessaire de noter la simplicité de ses visions, de ses remarques, de ses explications. Elle se pose beaucoup de questions et le Seigneur lui répond inlassablement, clairement, sans jamais entrer dans de grandes considérations théologiques ou philosophiques qu’elle n’aurait probablement pas comprises. Le Seigneur s’exprime, pour enseigner Mechtilde, avec un solide bon sens, des remarques très terre à terre: toutes ses paroles sont remarquables, non seulement par leur justesse, mais aussi par leur simplicité et leur équilibre exceptionnels.

    

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