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L'enfance de Marie
Les
Évangiles ne nous disent rien de l'enfance de la Saine Vierge.
Aussi, des auteurs inconnus, pour contenter de pieuses
curiosités, l'ont-il racontée en donnant d'aimables détails sur
sa venue, enfant, au Temple de Jérusalem. Le principal de ces
textes vient du Protévangile de Jacques. Ce texte, présenté
comme l'œuvre de Jacques le Mineur, fut utilisé par Origène qui
s'y réfère explicitement dans son Commentaire de S. Matthieu.
Étonnant! Officiellement nous ne savons rien de l'enfance de la
Vierge Marie, et pourtant nos esprits sont très imprégnés
d'images candides montrant la toute petite Marie qui monte
l'escalier conduisant dans le Temple de Jérusalem. À partir de
ces images, notre imagination peut travailler. Ce qui en sortira
ne sera jamais dogme de foi; mais peu importe, l'essentiel étant
de s'imprégner des pensées de Marie qui, dès son plus jeune âge,
se donne à son Seigneur, sans aucune restriction.

Marie, Joachim et Anne, ses parents
La petite
Marie est donc confiée aux maîtres et maîtresses du temple pour
y être éduquée conformément aux exigences de la Loi d'Israël.
Marie est pensionnaire dans "l'école des filles" du Temple. Que
va-t-elle y apprendre? Certainement les prières et le chant des
psaumes. Apprendra-t-elle à lire et à écrire? On peut le
supposer, mais on n'en aura jamais la pleine certitude. Et ses
connaissances littéraires seront toujours très élémentaires
compte tenu des habitudes de cette époque concernant les femmes.
Par contre, Marie apprendra à coudre, à filer, à tisser, et à se
débrouiller dans toutes les compétences que les femmes, futures
mères de famille, devaient obligatoirement connaître. Et puis,
Marie priait...
Marie
priait. Mais comment priait-elle? Il est certain qu'elle ne se
faisait pas remarquer; au milieu de ses compagnes, elle était
l'une d'elles. Avec elles, elle chantait les psaumes et tous les
cantiques liés à la liturgie du Temple. Avec elles, elle devait
réciter de nombreuses prières et aussi prier dans son cœur et
retrouver son Seigneur quand elle était seule. Que pouvait-elle
dire à Dieu? Son amour, c'est sûr; le désir de faire toujours sa
sainte Volonté. Certainement. Et puis, elle devait prier aussi
pour la venue du messie que l'on croyait toute proche. Comme
elle le désirait ce Messie qui sauverait son peuple et qui
délivrerait les hommes du péché! Mais comment le voyait-elle, ce
messie? Comme un grand roi qui délivrerait Israël de
l'occupation romaine, ainsi que l'imaginaient tous les juifs
d'alors? Ou bien comme un grand prophète qui revivifierait la
foi de tous les peuples en un Dieu unique et bon? Nous ne
saurons jamais.
Nous ne
connaîtrons jamais la teneur et le contenu de la prière de Marie
enfant ou adolescente. Nous savons seulement qu'elle avait voué
à Dieu sa virginité, chose inexplicable, car la seule raison
d'être de toutes les femmes juives, c'était de donner la vie.
Marie savait-elle qu'un jour une Femme écraserait la tête du
dragon? Probablement, mais dans son humilité, elle ne pouvait
pas imaginer que cette Femme, ce serait elle. Marie savait aussi
qu'on la marierait un jour, mais elle avait tellement confiance
en Dieu qu'elle savait que quelque chose se passerait et qu'elle
pourrait garder sa virginité. Marie baignait dans la foi, dans
la confiance en Dieu, dans l'humilité et dans l'amour pour Dieu
qui la conduisait à faire seulement ce qui était la volonté de
Dieu. |