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L'union à Dieu
Marie a été conçue
immaculée. Elle se trouve donc dans la situation d'Adam et d'Ève
avant leur péché. Alors, Adam et Ève étaient splendidement
heureux; ils ne connaissaient pas la souffrance qui n'existait
pas
encore
pour eux. Ils étaient pleinement unis à Dieu qui "venait les
voir tous les soirs dans le jardin du Paradis". Adam et Ève
jouissaient de Dieu dans un bonheur total, que nous nous ne
connaîtrons jamais sur la terre. Marie est comme une nouvelle
Ève, conçue immaculée et toujours immaculée. Jamais aucune tache
ne la salira. Dès lors, on peut se demander comment elle vécut
sur la terre. Nous ne connaissons rien de sa jeunesse sinon
qu'elle se donna totalement à Dieu par un vœu de virginité. Dans
ces conditions: immaculée, donnée à Dieu, unie à Lui, consacrée
à Dieu via sa virginité, on pourrait se dire: alors Marie,
totalement unie à Dieu, ne devait pas connaître la souffrance,
ni les peines.

Marie n'aurait
jamais dû souffrir. Or, nous savons combien elle eut à souffrir,
au moins à partir du moment où elle fut enceinte par l'opération
du Saint-Esprit: avant, nous ne savons pas. Pauvre Marie qui
aurait pu être traitée comme une femme adultère! Pauvre Marie
dont la vie fut toujours pleine d'imprévus: naissance à Bethléem
alors que rien n'appelait Joseph à quitter Nazareth, massacre
des Innocents, fuite en Égypte, craintes pour l'Enfant, fugue de
Jésus lors de sa majorité, et tout ce que nous ignorons... Et
pourtant, Marie était toujours unie à Dieu. Cela nous surprend,
mais c'est que nous oublions que c'est seulement par les mérites
de son Fils qui prit sur Lui tous les péchés du monde et fut
crucifié que Marie fut préservée de la tache originelle.
Jésus, Fils de Dieu
et de Marie, vint sur la terre pour sauver les hommes. Jésus,
Verbe de Dieu incarné, se chargea de tous les péchés du monde
pour les expier sur la Croix, Jésus, dont les mérites furent
infinis, à la taille de Dieu qu'Il est, Jésus mérita la grâce de
faire de sa Mère l'Immaculée Conception. Mais Jésus, le
Rédempteur, voulait associer sa Mère à sa tâche surhumaine pour
que l'humanité participât à son propre salut. C'est pourquoi
Marie, que certains qualifient de co-Rédemptrice, eut à souffrir
comme nous, tout au long de sa vie. Les souffrances de Marie
furent inouïes pendant la Passion de son Fils et au pied de la
Croix, “lorsqu'un glaive de douleur lui transperça le cœur”.
Et pourtant, dans
toutes ses souffrances de Mère et collaboratrice du Rédempteur,
Marie demeurait constamment unie à Dieu, renouvelant sans cesse
le “fiat” qui l'avait rendu Mère du Fils de Dieu, Mère du
Sauveur et de tous les hommes. Nous sommes un peu effrayés quand
nous pensons à ces choses si saintes? Pourtant, il nous faut
aller plus loin et méditer sur l'union à Dieu qui, en quelque
sorte, façonnait la vie de Marie.
Pour comprendre
comment Marie fut unie à Dieu pendant toute sa vie, même pendant
les périodes les plus douloureuses, il faut commencer par sa
petite enfance. Marie quitta très jeune ses vieux parents. Son
père, Zacharie, grand-prêtre, devait assurer une éducation
soignée à sa fille, et au Temple, Marie ne serait pas délaissée:
elle aurait d'autres compagnes, et nous, nous pouvons imaginer
qu'elle fut une petite fille joyeuse, pleine de vie et de
bonheur. Elle courait avec ses compagnes, et jouait avec
beaucoup de conviction. Mais, dès que les jeux ou les activités
extérieures étaient terminées, Marie devenait une enfant
silencieuse, réfléchie, constamment en contemplation de son
Seigneur. Car Dieu, elle Le connaissait bien. À l'école du
Temple, on enseignait Dieu aux enfants, et on leur apprenait à
L'aimer et à Le craindre, surtout s'ils n'écoutaient pas.
Mais Marie écoutait
Dieu. Dans son cœur elle L'entendait, elle Le comprenait et elle
s'efforçait de répondre à ses demandes. Quand Dieu semblait se
taire, Marie L'appelait, et Dieu était là, près d'elle. Chère
petite Marie, nous te contemplons contemplant ton Seigneur et
Maître. Tu ne dis rien, Tu regardes au loin ou tu fermes les
yeux. Dieu te parle et tu sais combien Dieu t'aime. Tu Lui dis
que tu ne désires que Lui, et même à ton âge si tendre, tu Lui
offres ce dont tu peux disposer sans offenser personne :
toi-même. Tu offres à Dieu le meilleur de toi-même, et déjà tu
sais que tu n'appartiendras qu'à Dieu seul. Comment cela se
fera-t-il ? Peu importe ; seule compte la volonté de Dieu.
La vie continue au
temple. Tes professeurs apprécient beaucoup ta gentillesse et
ton intelligence. Ils s'étonnent parfois, car très souvent, tu
sais mieux qu'eux tout ce qui concerne Dieu. Ils ne savent pas
que Dieu t'instruit Lui-même. Ils ne savent pas qu'entre Dieu et
toi, il y a des liens indestructibles. Tu ne sais pas encore que
tu es immaculée : cela tu ne le sauras probablement qu'au ciel,
mais pour rien au monde tu voudrais offenser Dieu. Pour rien au
monde tu imiterais Adam et Ève. Alors tu t'appliques à obéir
aussi bien que tu le peux, car tu sais que l'obéissance aux
désirs des éducateurs est la meilleure formation qu'un petit
enfant puisse recevoir. Et puis, tu ne veux pas peiner ton
Seigneur... car les éducateurs représentent Dieu auprès des
enfants et des jeunes.
Marie, tu es unie à
Dieu ; tu Le connais, tu L'aimes. Dieu te parle et tu L'écoutes.
Parfois tu lui poses des questions et souvent Il te répond. Tu
Lui demandes si le Messie va venir bientôt, et Dieu te répond :
oui, il va venir bientôt, et tu le verras. Marie jubile: elle se
dit qu'elle aimerait être la servante, non pas du Messie : elle
n'en est pas digne, mais servante de la femme qui lui donnera la
vie. Quelle joie ce serait pour elle de tenir dans ses bras
l'enfant béni qui deviendra le Sauveur d'Israël. Marie est une
jeune fille de son temps, élevée au temple, et sa formation
humaine est celle de tous les juifs. Sa formation spirituelle,
elle la reçoit de Dieu lorsqu'elle lui est spécialement unie,
mais cela, elle ne le sait pas. Car, aux yeux de ceux qui la
connaissent, Marie est une jeune fille normale. Dieu seul la
connaît vraiment.
De plus en plus
souvent les médias d'aujourd'hui, tous les médias, attaquent non
seulement l'Église, mais aussi le Seigneur Lui-même, et jusqu'à
ce qui est le plus précieux pour les Chrétiens : sa Passion. Ces
gens, athées, exigent pour eux la tolérance, le respect, etc.,
etc... Mais pourquoi ne respectent-ils pas les chrétiens ? Il y
a là un étonnant mystère. Pendant plus de cinquante ans,
Satan s'est caché, pour mieux faire croire qu'il n'existait pas.
Ainsi il pouvait agir en toute impunité Aujourd'hui les dégâts
sont tels qu'on commence à comprendre qu'il existe vraiment et
qu'il faut absolument se méfier de lui. Pourtant, les chrétiens
étaient prévenus, et déjà, au XIXe siècle, M. Léon
Dupont, le Saint Homme de Tours, estimait qu'il était important
que Satan soit connu et qu'il aurait moins de serviteurs si on
le connaissait mieux. Mais disait-il aussi, parlant des dégâts
commis dans le monde qui était le sien, celui du XIXe
siècle : “Le mal est si grand que Dieu seul peut donner le
triomphe à son Église, et d'une manière assez éclatante pour que
ses ennemis soient manifestement confondus. Il est visible que
nous n'avons pas à combattre la chair et le sang, mais l'esprit
infernal, c'est-à-dire celui-là que l'on nomme ‘la bête’, la
mauvaise bête qui n'a perdu dans son ignoble chute que sa
sainteté: sa puissance est toujours fort grande...” Monsieur
Dupont aurait-il écrit aussi pour nous du XXIe
siècle ?
Quel rapport ce qui
précède a-t-il avec la Vierge Marie ? C'est très simple : Marie
est la Femme qui doit écraser la tête du serpent. Dans tous ses
contacts avec les hommes lors de ses apparitions, elle insiste
constamment sur la nécessité de la conversion, de la prière et
de la pénitence. Chaque homme doit se convertir, entrer en
lui-même et reconnaître ses fautes, puis changer de vie. Alors
Marie conduit celui qui retrouve Dieu sur le chemin de la prière
et de l'union à Dieu, en un mot vers la sainteté. Vierge Marie,
quand vous étiez une jeune fille, entièrement donnée à Dieu,
préoccupée d'accomplir sa volonté sans vous tourmenter de votre
avenir, mais en ayant une confiance absolue dans les désirs de
Dieu, vous étiez déjà le modèle des hommes d'aujourd'hui.
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