Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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L'union à Dieu

Marie a été conçue immaculée. Elle se trouve donc dans la situation d'Adam et d'Ève avant leur péché. Alors, Adam et Ève étaient splendidement heureux; ils ne connaissaient pas la souffrance qui n'existait pas encore pour eux. Ils étaient pleinement unis à Dieu qui "venait les voir tous les soirs dans le jardin du Paradis". Adam et Ève jouissaient de Dieu dans un bonheur total, que nous nous ne connaîtrons jamais sur la terre. Marie est comme une nouvelle Ève, conçue immaculée et toujours immaculée. Jamais aucune tache ne la salira. Dès lors, on peut se demander comment elle vécut sur la terre. Nous ne connaissons rien de sa jeunesse sinon qu'elle se donna totalement à Dieu par un vœu de virginité. Dans ces conditions: immaculée, donnée à Dieu, unie à Lui, consacrée à Dieu via sa virginité, on pourrait se dire: alors Marie, totalement unie à Dieu, ne devait pas connaître la souffrance, ni les peines.

Marie n'aurait jamais dû souffrir. Or, nous savons combien elle eut à souffrir, au moins à partir du moment où elle fut enceinte par l'opération du Saint-Esprit: avant, nous ne savons pas. Pauvre Marie qui aurait pu être traitée comme une femme adultère! Pauvre Marie dont la vie fut toujours pleine d'imprévus: naissance à Bethléem alors que rien n'appelait Joseph à quitter Nazareth, massacre des Innocents, fuite en Égypte, craintes pour l'Enfant, fugue de Jésus lors de sa majorité, et tout ce que nous ignorons... Et pourtant, Marie était toujours unie à Dieu. Cela nous surprend, mais c'est que nous oublions que c'est seulement par les mérites de son Fils qui prit sur Lui tous les péchés du monde et fut crucifié que Marie fut préservée de la tache originelle.

Jésus, Fils de Dieu et de Marie, vint sur la terre pour sauver les hommes. Jésus, Verbe de Dieu incarné, se chargea de tous les péchés du monde pour les expier sur la Croix, Jésus, dont les mérites furent infinis, à la taille de Dieu qu'Il est, Jésus mérita la grâce de faire de sa Mère l'Immaculée Conception. Mais Jésus, le Rédempteur, voulait associer sa Mère à sa tâche surhumaine pour que l'humanité participât à son propre salut. C'est pourquoi Marie, que certains qualifient de co-Rédemptrice, eut à souffrir comme nous, tout au long de sa vie. Les souffrances de Marie furent inouïes pendant la Passion de son Fils et au pied de la Croix, “lorsqu'un glaive de douleur lui transperça le cœur”.

Et pourtant, dans toutes ses souffrances de Mère et collaboratrice du Rédempteur, Marie demeurait constamment unie à Dieu, renouvelant sans cesse le “fiat” qui l'avait rendu Mère du Fils de Dieu, Mère du Sauveur et de tous les hommes. Nous sommes un peu effrayés quand nous pensons à ces choses si saintes? Pourtant, il nous faut aller plus loin et méditer sur l'union à Dieu qui, en quelque sorte, façonnait la vie de Marie.

Pour comprendre comment Marie fut unie à Dieu pendant toute sa vie, même pendant les périodes les plus douloureuses, il faut commencer par sa petite enfance. Marie quitta très jeune ses vieux parents. Son père, Zacharie, grand-prêtre, devait assurer une éducation soignée à sa fille, et au Temple, Marie ne serait pas délaissée: elle aurait d'autres compagnes, et nous, nous pouvons imaginer qu'elle fut une petite fille joyeuse, pleine de vie et de bonheur. Elle courait avec ses compagnes, et jouait avec beaucoup de conviction. Mais, dès que les jeux ou les activités extérieures étaient terminées, Marie devenait une enfant silencieuse, réfléchie, constamment en contemplation de son Seigneur. Car Dieu, elle Le connaissait bien. À l'école du Temple, on enseignait Dieu aux enfants, et on leur apprenait à L'aimer et à Le craindre, surtout s'ils n'écoutaient pas.

Mais Marie écoutait Dieu. Dans son cœur elle L'entendait, elle Le comprenait et elle s'efforçait de répondre à ses demandes. Quand Dieu semblait se taire, Marie L'appelait, et Dieu était là, près d'elle. Chère petite Marie, nous te contemplons contemplant ton Seigneur et Maître. Tu ne dis rien, Tu regardes au loin ou tu fermes les yeux. Dieu te parle et tu sais combien Dieu t'aime. Tu Lui dis que tu ne désires que Lui, et même à ton âge si tendre, tu Lui offres ce dont tu peux disposer sans offenser personne : toi-même. Tu offres à Dieu le meilleur de toi-même, et déjà tu sais que tu n'appartiendras qu'à Dieu seul. Comment cela se fera-t-il ? Peu importe ; seule compte la volonté de Dieu.

La vie continue au temple. Tes professeurs apprécient beaucoup ta gentillesse et ton intelligence. Ils s'étonnent parfois, car très souvent, tu sais mieux qu'eux tout ce qui concerne Dieu. Ils ne savent pas que Dieu t'instruit Lui-même. Ils ne savent pas qu'entre Dieu et toi, il y a des liens indestructibles. Tu ne sais pas encore que tu es immaculée : cela tu ne le sauras probablement qu'au ciel, mais pour rien au monde tu voudrais offenser Dieu. Pour rien au monde tu imiterais Adam et Ève. Alors tu t'appliques à obéir aussi bien que tu le peux, car tu sais que l'obéissance aux désirs des éducateurs est la meilleure formation qu'un petit enfant puisse recevoir. Et puis, tu ne veux pas peiner ton Seigneur... car les éducateurs représentent Dieu auprès des enfants et des jeunes.

Marie, tu es unie à Dieu ; tu Le connais, tu L'aimes. Dieu te parle et tu L'écoutes. Parfois tu lui poses des questions et souvent Il te répond. Tu Lui demandes si le Messie va venir bientôt, et Dieu te répond : oui, il va venir bientôt, et tu le verras. Marie jubile: elle se dit qu'elle aimerait être la servante, non pas du Messie : elle n'en est pas digne, mais servante de la femme qui lui donnera la vie. Quelle joie ce serait pour elle de tenir dans ses bras l'enfant béni qui deviendra le Sauveur d'Israël. Marie est une jeune fille de son temps, élevée au temple, et sa formation humaine est celle de tous les juifs. Sa formation spirituelle, elle la reçoit de Dieu lorsqu'elle lui est spécialement unie, mais cela, elle ne le sait pas. Car, aux yeux de ceux qui la connaissent, Marie est une jeune fille normale. Dieu seul la connaît vraiment.

De plus en plus souvent les médias d'aujourd'hui, tous les médias, attaquent non seulement l'Église, mais aussi le Seigneur Lui-même, et jusqu'à ce qui est le plus précieux pour les Chrétiens : sa Passion. Ces gens, athées, exigent pour eux la tolérance, le respect, etc., etc... Mais pourquoi ne respectent-ils pas les chrétiens ? Il y a là un étonnant mystère. Pendant plus de cinquante ans[1], Satan s'est caché, pour mieux faire croire qu'il n'existait pas. Ainsi il pouvait agir en toute impunité Aujourd'hui les dégâts sont tels qu'on commence à comprendre qu'il existe vraiment et qu'il faut absolument se méfier de lui. Pourtant, les chrétiens étaient prévenus, et déjà, au XIXe siècle, M. Léon Dupont, le Saint Homme de Tours, estimait qu'il était important que Satan soit connu et qu'il aurait moins de serviteurs si on le connaissait mieux. Mais disait-il aussi, parlant des dégâts commis dans le monde qui était le sien, celui du XIXe siècle : “Le mal est si grand que Dieu seul peut donner le triomphe à son Église, et d'une manière assez éclatante pour que ses ennemis soient manifestement confondus. Il est visible que nous n'avons pas à combattre la chair et le sang, mais l'esprit infernal, c'est-à-dire celui-là que l'on nomme ‘la bête’, la mauvaise bête qui n'a perdu dans son ignoble chute que sa sainteté: sa puissance est toujours fort grande...” Monsieur Dupont aurait-il écrit aussi pour nous du XXIe siècle ?

Quel rapport ce qui précède a-t-il avec la Vierge Marie ? C'est très simple : Marie est la Femme qui doit écraser la tête du serpent. Dans tous ses contacts avec les hommes lors de ses apparitions, elle insiste constamment sur la nécessité de la conversion, de la prière et de la pénitence. Chaque homme doit se convertir, entrer en lui-même et reconnaître ses fautes, puis changer de vie. Alors Marie conduit celui qui retrouve Dieu sur le chemin de la prière et de l'union à Dieu, en un mot vers la sainteté. Vierge Marie, quand vous étiez une jeune fille, entièrement donnée à Dieu, préoccupée d'accomplir sa volonté sans vous tourmenter de votre avenir, mais en ayant une confiance absolue dans les désirs de Dieu, vous étiez déjà le modèle des hommes d'aujourd'hui.


[1] Surtout depuis 1960.

   

 

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