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Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice
“Heureux ceux
qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!
Mais, Malheur à vous, qui êtes repus maintenant, car vous
aurez faim !”
La justice ! Quelle
justice ? Celle qui concerne une bonne répartition des
"richesses", c'est-à-dire des moyens de vivre correctement?
Alors, oui, tous seront rassasiés. Ou bien la justice telle
qu'on l'entend souvent actuellement et qui concerne les
sanctions contre les délinquants et les meurtriers ? Alors là,
dans notre pauvre pays de France, il y a fort à faire! D'une
manière générale, ce sont les victimes qui ont tort !...

On vit dans un
monde à l'envers, un monde qui a perdu Dieu, et qui, ayant perdu
(ou chassé) Dieu, a perdu aussi tout bons sens et tout sens de
la vraie justice. Il semble que Jésus ait pensé à ces deux
sortes de justice: celle de la répartition juste des moyens
d'existence, et celle concernant la sauvegarde des innocents et
la condamnation des coupables.
L'Ancien Testament
parle très souvent de la justice. Au hasard, citons:
(Ps 102, 17 et 18)
"Mais l'amour du Seigneur, sur
ceux qui le craignent, est de toujours à toujours, et sa justice
pour les enfants de leurs enfants, pour ceux qui gardent son
alliance et se souviennent d'accomplir ses volontés."
Ou encore "Dieu garde à jamais
sa fidélité, il fait justice aux opprimés; aux affamés, il donne
le pain; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les
yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le
Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger."
(Ps 145, 7 et 8)
Le prophète Isaïe s'écrie: "Oh!
sois attentif à mes commandements, et ta paix sera comme un
fleuve, ta justice comme les flots de la mer." (Isaïe 48,
18) "Car moi, Yahweh, j'aime la justice; je hais le pillage
fait avec perfidie; je leur donnerai fidèlement leur salaire, et
je ferai avec eux une alliance éternelle... Je (Isaïe) serai
ravi d'allégresse en Yahweh, et mon cœur se réjouira en mon
Dieu, parce qu'il m'a revêtu des vêtements du salut et m'a
couvert du manteau de la justice." (Isaïe 61, 8 et 10) Et
aussi: "À cause de Sion, je ne me tairai point, et à cause de
Jérusalem je ne prendrai point de repos, jusqu'à ce que sa
justice se lève comme l'aurore, et que son salut brille comme un
flambeau. Les nations verront ta justice, et tous les rois ta
gloire..." (Isaïe 62, 1 et 2)
N'oublions pas, enfin, que tous les
jours, les personnes qui disent l'Office récitent le cantique de
Zacharie dans lequel il est dit: "afin que, délivrés de la
main des ennemis, nous le servions dans la justice et la
sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours." (Luc
1, 74, et 75)
La justice que Dieu demande aux
hommes tout au long des Écritures renvoie à la justice des
hommes entre eux, c'est-à-dire à la charité, mais le plus
souvent, cette justice que Dieu réclame, c'est le respect de ses
Commandements, donc de sa Volonté. Et les deux premiers
commandements sont: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et tu
n'adoreras que Lui seul... Tu aimeras ton prochain comme
toi-même." C'est cela la justice que Dieu nous demande: L'aimer,
Le servir et aimer notre prochain. Mais qui, de nos jours pense
encore à aimer Dieu et à Le servir?
On ne peut pas
vivre correctement quand on a chassé Dieu, et l'auteur de ces
lignes voudrait donner ici un exemple, en fait une page
d'histoire: "Ayant presque 85 ans, j'ai vécu des événements
consternants qui ont tous été présentés à travers des mensonges
incroyables, mensonges qui n'ont pas encore été rectifiés. Je
pense à ce que l'on appelait "les colonies". Jusqu'en 1945-46
environ, ce que l'on appelait les colonies françaises étaient
souvent des pays que la France avait équipés, enrichis. Certes,
comme toujours, il y eut des maladresses, des brebis galeuses,
mais, dans tous ces pays, la France avait construit des routes,
des écoles, des hôpitaux; dans certains endroits elle avait
planté des forêts d'hévéas: le caoutchouc synthétique n'existait
pas alors. La France planta aussi des forêts de cacaoyers. Mais
surtout et partout, les missionnaires arrivaient pour apporter
la paix de Dieu et le christianisme: car ces missionnaires
étaient de vrais missionnaires.
Immédiatement après
la guerre on a commencé à nous calomnier parce que nous
"exploitions" ces pays, que nous "leur prenions tout, etc,
etc... Et on nous a chassés. Résultats: ces pays sont redevenus
des pays très pauvres: les hôpitaux n'ont généralement ni les
médicaments ni les appareils, ni le personnel pour fonctionner
normalement. La plupart des routes sont redevenues des pistes
non entretenues... Les écoles, quand elles existent sont dans un
état pitoyable; et, curieusement, celles qui fonctionnent
normalement sont tenues par des missionnaires chrétiens. Les
inégalités sont flagrantes, la corruption règne, et
l'islamisation est galopante... et tout est si sale partout!..."
"Malheur à vous,
qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim!" a dit
Jésus. Aujourd'hui une crise économique menace, et les riches
ont peur... Jésus, nous ne savons pas quoi penser, mais il nous
semble que tes paroles peu à peu se réalisent; d'ailleurs, Toi,
la Vérité, Tu ne peux pas Te tromper. Nous, nous sommes
incapables de prédire l'avenir, car l'avenir n'appartient qu'à
Dieu. Nous sommes presque tous incapables d'avoir une opinion
sûre, car pour cela il nous faudrait avoir toutes les données du
problème. Or, nous n'avons pas les données du problème qui sont
toutes faussées ou occultées. On continue à nous tromper, mais
il semble que cela ne pourra pas durer très longtemps. Alors les
repus auront faim, pas seulement de pain, mais de leur confort,
de leurs petits désirs, de leurs plaisirs, de leurs exigences,
et surtout des modes qui leur ont ôté le sens de la vie...
Alors, ayant faim, les peuples reviendront peut-être à Dieu. Et
ils retrouveront un sens à leur vie.
"Heureux ceux
qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!"
Oui, heureux ceux qui ont faim et soif de la justice de
Dieu, notre Père céleste et béni qui connaît le fond des cœurs.
La justice de Dieu basée sur l'amour, son Amour, c'est l'Amour
qu'Il porte à chacun de ses enfants, l'Amour qui emplit les
cœurs et les rassasie, l'Amour qui rassasie les cœurs sans
jamais les lasser, et même qui donne toujours faim de Lui. Car
la faim de Dieu n'est jamais rassasiée pour ceux qui aiment
Dieu. La sainte Vierge Marie, elle non plus ne comprenait pas
toutes ces choses. Elle les gardait dans son cœur: elle
comprenait la mission de son Fils qu'elle aurait pourtant bien
voulu garder auprès d'elle. Mais, servante du Seigneur, elle se
soumettait à sa volonté. Elle se soumit à la volonté de Dieu
jusqu'au Calvaire, jusqu'à la Résurrection, où, enfin, elle
comprit.
Que de paradoxes
dans tout cela! Mais c'est que Dieu EST, Il est l'Infini, et
nous, nous ne sommes que par Dieu et ne pourrons jamais être
rassasiés que par Lui et de Lui; or Lui étant infini, notre faim
de Lui, est infinie elle aussi.
Comment, dès lors,
comprendre cette autre béatitude :
Heureux ceux qui
souffrent persécution pour la justice, car le Royaume des cieux
est à eux!
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