Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice
 

“Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! Mais, Malheur à vous, qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim !”

La justice ! Quelle justice ? Celle qui concerne une bonne répartition des "richesses", c'est-à-dire des moyens de vivre correctement? Alors, oui, tous seront rassasiés. Ou bien la justice telle qu'on l'entend souvent actuellement et qui concerne les sanctions contre les délinquants et les meurtriers ? Alors là, dans notre pauvre pays de France, il y a fort à faire! D'une manière générale, ce sont les victimes qui ont tort !...

On vit dans un monde à l'envers, un monde qui a perdu Dieu, et qui, ayant perdu (ou chassé) Dieu, a perdu aussi tout bons sens et tout sens de la vraie justice. Il semble que Jésus ait pensé à ces deux sortes de justice: celle de la répartition juste des moyens d'existence, et celle concernant la sauvegarde des innocents et la condamnation des coupables.

L'Ancien Testament parle très souvent de la justice. Au hasard, citons:

(Ps 102, 17 et 18) "Mais l'amour du Seigneur, sur ceux qui le craignent, est de toujours à toujours, et sa justice pour les enfants de leurs enfants, pour ceux qui gardent son alliance et se souviennent d'accomplir ses volontés." Ou encore "Dieu garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés; aux affamés, il donne le pain; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger." (Ps 145, 7 et 8)

Le prophète Isaïe s'écrie: "Oh! sois attentif à mes commandements, et ta paix sera comme un fleuve, ta justice comme les flots de la mer." (Isaïe 48, 18) "Car moi, Yahweh, j'aime la justice; je hais le pillage fait avec perfidie; je leur donnerai fidèlement leur salaire, et je ferai avec eux une alliance éternelle... Je (Isaïe) serai ravi d'allégresse en Yahweh, et mon cœur se réjouira en mon Dieu, parce qu'il m'a revêtu des vêtements du salut et m'a couvert du manteau de la justice." (Isaïe 61, 8 et 10) Et aussi: "À cause de Sion, je ne me tairai point, et à cause de Jérusalem je ne prendrai point de repos, jusqu'à ce que sa justice se lève comme l'aurore, et que son salut brille comme un flambeau. Les nations verront ta justice, et tous les rois ta gloire..." (Isaïe 62, 1 et 2)

N'oublions pas, enfin, que tous les jours, les personnes qui disent l'Office récitent le cantique de Zacharie dans lequel il est dit: "afin que, délivrés de la main des ennemis, nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours." (Luc 1, 74, et 75)

La justice que Dieu demande aux hommes tout au long des Écritures renvoie à la justice des hommes entre eux, c'est-à-dire à la charité, mais le plus souvent, cette justice que Dieu réclame, c'est le respect de ses Commandements, donc de sa Volonté. Et les deux premiers commandements sont: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et tu n'adoreras que Lui seul... Tu aimeras ton prochain comme toi-même." C'est cela la justice que Dieu nous demande: L'aimer, Le servir et aimer notre prochain. Mais qui, de nos jours pense encore à aimer Dieu et à Le servir?

On ne peut pas vivre correctement quand on a chassé Dieu, et l'auteur de ces lignes voudrait donner ici un exemple, en fait une page d'histoire: "Ayant presque 85 ans, j'ai vécu des événements consternants qui ont tous été présentés à travers des mensonges incroyables, mensonges qui n'ont pas encore été rectifiés. Je pense à ce que l'on appelait "les colonies". Jusqu'en 1945-46 environ, ce que l'on appelait les colonies françaises étaient souvent des pays que la France avait équipés, enrichis. Certes, comme toujours, il y eut des maladresses, des brebis galeuses, mais, dans tous ces pays, la France avait construit des routes, des écoles, des hôpitaux; dans certains endroits elle avait planté des forêts d'hévéas: le caoutchouc synthétique n'existait pas alors. La France planta aussi des forêts de cacaoyers. Mais surtout et partout, les missionnaires arrivaient pour apporter la paix de Dieu et le christianisme: car ces missionnaires   étaient de vrais missionnaires.

Immédiatement après la guerre on a commencé à nous calomnier parce que nous "exploitions" ces pays, que nous "leur prenions tout, etc, etc... Et on nous a chassés. Résultats: ces pays sont redevenus des pays très pauvres: les hôpitaux n'ont généralement ni les médicaments ni les appareils, ni le personnel pour fonctionner normalement. La plupart des routes sont redevenues des pistes non entretenues... Les écoles, quand elles existent sont dans un état pitoyable; et, curieusement, celles qui fonctionnent normalement sont tenues par des missionnaires chrétiens. Les inégalités sont flagrantes, la corruption règne, et l'islamisation est galopante... et tout est si sale partout!..."

"Malheur à vous, qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim!" a dit Jésus. Aujourd'hui une crise économique menace, et les riches ont peur... Jésus, nous ne savons pas quoi penser, mais il nous semble que tes paroles peu à peu se réalisent; d'ailleurs, Toi, la Vérité, Tu ne peux pas Te tromper. Nous, nous sommes incapables de prédire l'avenir, car l'avenir n'appartient qu'à Dieu. Nous sommes presque tous incapables d'avoir une opinion sûre, car pour cela il nous faudrait avoir toutes les données du problème. Or, nous n'avons pas les données du problème qui sont toutes faussées ou occultées. On continue à nous tromper, mais il semble que cela ne pourra pas durer très longtemps. Alors les repus auront faim, pas seulement de pain, mais de leur confort, de leurs petits désirs, de leurs plaisirs, de leurs exigences, et surtout des modes qui leur ont ôté le sens de la vie... Alors, ayant faim, les peuples reviendront peut-être à Dieu. Et ils retrouveront un sens à leur vie.

"Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!" Oui, heureux ceux qui ont faim et soif de la justice de Dieu, notre Père céleste et béni qui connaît le fond des cœurs. La justice de Dieu basée sur l'amour, son Amour, c'est l'Amour qu'Il porte à chacun de ses enfants, l'Amour qui emplit les cœurs et les rassasie, l'Amour qui rassasie les cœurs sans jamais les lasser, et même qui donne toujours faim de Lui. Car la faim de Dieu n'est jamais rassasiée pour ceux qui aiment Dieu. La sainte Vierge Marie, elle non plus ne comprenait pas toutes ces choses. Elle les gardait dans son cœur: elle comprenait la mission de son Fils qu'elle aurait pourtant bien voulu garder auprès d'elle. Mais, servante du Seigneur, elle se soumettait à sa volonté. Elle se soumit à la volonté de Dieu jusqu'au Calvaire, jusqu'à la Résurrection, où, enfin, elle comprit.

Que de paradoxes dans tout cela! Mais c'est que Dieu EST, Il est l'Infini, et nous, nous ne sommes que par Dieu et ne pourrons jamais être rassasiés que par Lui et de Lui; or Lui étant infini, notre faim de Lui, est infinie elle aussi.

Comment, dès lors, comprendre cette autre béatitude :

Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux!

   

 

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