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Heureux les doux et les pacifiques
“Heureux ceux
qui sont doux, car ils posséderont la terre !”
Tout d'abord, il
convient de se poser une question: qu'est-ce que la douceur, et
qui sont ceux que Jésus appelle "les doux"? Les doux n'ont rien
à voir avec ceux qui n'ont pas d'opinion personnelle, qui
acceptent toutes les idées sans jamais les approfondir, qui se
taisent toujours et approuvent tout, parce qu'ils ont peur. Les
doux ne sont pas des gens qui ont des opinions mais qui n'osent
pas l'avouer par crainte de représailles, de persécutions plus
ou moins perfides. Non! Les doux ont d'authentiques opinions, et
ils savent les présenter et les défendre, car ils ne sont pas
des lâches.

Jules Laure - “Laissez
venir à moi les petits enfants”
De qui le Seigneur
veut-il parler lorsqu'il dit que les doux posséderont la terre?
Jésus a vécu pendant trente ans au milieu du monde. Alors qu'il
était encore tout petit, ses parents ont dû fuir en Égypte pour
échapper à la haine d'un usurpateur. Puis Jésus a dû travailler,
comme tous les autres hommes, et rencontrer toutes sortes de
gens: des humbles, des personnes compréhensives, mais aussi des
malhonnêtes, des voleurs, des menteurs, des violents, des gens
jamais contents. Il a vu des querelles au sein de nombreuses
familles, parce que personne ne voulait céder; ou bien on ne
voulait pas reconnaître ses torts et encore moins ses erreurs.
Jésus avait vécu toutes ces difficultés, aussi avait-il apprécié
la douceur de ses parents, et surtout celle de Marie.
Si donc l'on
contemple la Vierge Marie dans sa vie de tous les jours, on
comprendra ce qu'est la douceur qui rend heureux tous ceux qui
ont acquis cette grande vertu. Ainsi Marie ne se fâchait jamais:
oh! cela ne veut pas dire qu'elle était d'accord avec tout ce
qui se passait autour d'elle. Oh! Non! Mais elle savait
reprendre "doucement" ceux qui faisaient mal; elle leur montrait
en quoi ils avaient tort, avec le sourire, et même avec beaucoup
d'amour. Son sourire et son amour aplanissaient bien des
difficultés. Marie était douce de la douceur de Dieu, une
douceur ferme car pleine de vérité et d'amour. Car la vraie
douceur est la manifestation d'un amour véritable, donc de la
vérité.
La douceur est
manifestation de l'amour et de la vérité? Donc elle n'a rien à
voir avec la lâcheté comme on voudrait trop souvent nous le
faire croire. Au contraire, on peut parfois souffrir beaucoup
dans son cœur, mais avoir assez de sang-froid pour conserver à
la fois son calme et son intelligence. On souffre, mais on
essaie de comprendre les raisons qu'a l'autre pour agir comme il
le fait. Parfois nous avons envie de nous énerver, de crier,
d'expliquer brutalement les raisons de notre désaccord. Mais la
douceur nous dit: sois calme, donne tes raisons avec la foi que
tu as en Dieu, mais surtout ne te fâche pas, tu ferais plus de
mal que de bien.
Mais alors, il faut
que je laisse passer ces erreurs monstrueuses? Il faut que
lâchement je me taise, que je laisse ce mal se faire? Ce n'est
pas en laissant tout dire et tout faire que je posséderai la
terre, bien au contraire. Alors la douceur nous dit: non tu n'es
pas lâche, car tu as dit la vérité à ceux qui étaient contre
Dieu. Maintenant prie, prie beaucoup, avec la foi qui déplace
les montagnes... Et travaille, doucement, avec les moyens, même
très petits, qui sont à ta disposition pour faire connaître la
vérité. Et le Seigneur te donnera la terre, c'est à dire la joie
et le bonheur de travailler pour Lui et pour la conversion de
tous les malheureux. Et sans même t'en rendre compte, devenu
enfant de Dieu, tu feras la paix autour de toi.
Alors là, nous
devons nous arrêter et réfléchir: ainsi, je ne fais rien, ou pas
grand'chose, et je possède la terre? Je ne dis rien, et je fais
la paix car je suis un véritable enfant de Dieu? Mais alors
Seigneur, nous arrivons, sans que nous nous en soyons aperçu, à
une nouvelle béatitude, la béatitude de ceux qui font la paix
autour d'eux.
Faire la paix
autour de soi, est-ce possible, même dans des circonstances
blessantes, surtout lorsque c'est Dieu que l'on blesse et que
nous-mêmes nous nous sentons persécutés? Immédiatement une
béatitude exprimée par saint Luc qui vient à notre esprit:
"Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'ils
vous excommunieront et insulteront, et proscriront votre nom
comme mauvais à cause du Fils de l'homme." (Luc 6, 22) Par
ailleurs actuellement, depuis bientôt six mois, voire davantage,
des impies créent des spectacles ignobles pleins de blasphèmes
contre Jésus. Un responsable d'un spectacle blasphématoire qui
se joue à Paris en ce moment, se justifie en citant une parole
de Jésus rapportée par saint Matthieu: "Ne pensez pas que je
sois venu apporter la paix sur la terre; je suis venu apporter,
non la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer le fils de
son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère; et on
aura pour ennemis les gens de sa propre maison." (Matthieu
10, 34) Et, naturellement, de rapporter quelques faits
évidemment douloureux qui se sont produits au cours des siècles
dans l'Église... Mais revenons à la béatitude de ceux qui font
la paix.
“Heureux les
pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu !”
Seigneur, il
faudrait d'abord que Tu T'expliques. Es-Tu venu apporter le
glaive sur la terre, ou la paix? Apporter le glaive sur la
terre, nous comprenons très bien. Quand il y a un ou plusieurs
chrétiens dans une famille majoritairement athée, que de
réflexions perfides et destructrices le ou les chrétiens doivent
entendre! Car la liberté de pensée, n'est-ce pas, elle n'existe
que pour les athées ou ceux qui travaillent à la destruction de
l'Église Catholique. Mais cette liberté n'est pas pour les
Catholiques.
De nos jours la
liberté n'est pas pour les Catholiques, ni le respect. Que de
gens se régalent lorsqu'on souille l'Église! Et comme ils
jubilent si l'un des responsables de l'Église (évêques, prêtres,
religieux...) se laisse aller à commettre des péchés graves. On
n'aura de cesse d'abreuver les médias de ces informations
toujours tendancieuses... On en rajoutera même. Quelle
souffrance pour les cœurs purs! Et comme, dans certains cas, il
est difficile d'aimer, non pas nos ennemis personnels qui
généralement ne sont pas très nombreux, mais les ennemis de
l'Église et de Jésus-Christ!
Trop souvent nous
perdons la paix intérieure, car vraiment, les gens sont trop
méchants. Et voici que soudain nous comprenons la parole de
Jésus: "Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur
la terre; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive.
Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa
mère, et la bru de sa belle-mère; et on aura pour ennemis les
gens de sa propre maison."
Oui, ce sont
souvent ceux de notre propre famille qui nous font le plus
souffrir; ils sont été "notre glaive". Et lorsqu'on voit la
haine qui déferle de plus en plus sur les chrétiens, et les
persécutions de plus en plus nombreuses et violentes qu'ils
doivent subir de nos jours, nous nous demandons comment Jésus a
pu dire aussi: "Heureux les pacifiques, car ils seront
appelés enfants de Dieu!"
Nous sommes devant
un dilemme insoluble, et seule la sainte Vierge Marie pourra
nous faire comprendre ce mystère trop grand pour chacun d'entre
nous, et aussi trop contradictoire. "Heureux les pacifiques,
car ils seront appelés enfants de Dieu!" Comment concilier
cette béatitude avec cette autre: "Heureux serez-vous,
lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'ils vous excommunieront
et insulteront, et proscriront votre nom comme mauvais à cause
du Fils de l'homme." Et comment y intégrer le fait que Jésus
ait dit qu'il n'était pas venu apporter la paix sur la terre,
mais le glaive? |