Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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Le triomphe de Jésus
 

Marie est arrivée à Jérusalem avec quelques autres femmes. Elle s'est installée dans une maison que Lazare, ce grand ami de Jésus, a mis à sa disposition, pour lui et pour ses disciples. Elle n'a pas encore rencontré Jésus qui s'est éloigné de Jérusalem après la résurrection de Lazare à Béthanie. Marie est de plus en plus étonnée: quoi! Mon Fils ressuscite aussi les morts! Mais Dieu seul peut ressusciter des morts!!! Alors, Jésus est aussi Dieu... Marie ne comprend plus. Elle savait que, venu de Dieu, Jésus pouvait avoir des pouvoirs exceptionnels que d'ailleurs, avant d'avoir quitté Nazareth il ne montrait jamais. Mais de là à dire que Jésus est Dieu, cela Marie a bien du mal à l'assimiler.

Gioto - La resurrection de Lazare

Marie réfléchit... Alors, si Jésus est vraiment Dieu tout en étant un homme, si Jésus ressuscite les morts, pourquoi les pharisiens et nos docteurs s'élèvent-ils contre lui? Et pourquoi mettent-ils en doute cette résurrection, car mort depuis quatre jours, et sentant déjà mauvais, aucune supercherie n'était possible? Tout le monde l'a constaté. Marie est de plus en plus perplexe; elle est perplexe et inquiète car quelque chose ne va pas bien dans son pays et dans son entourage. On met tout en doute de ce qui concerne Jésus, on se moque des uns et des autres, et surtout de ceux qui suivent Jésus; on accuse à tort et à travers: Seigneur que se passe-t-il? Cependant Marie ne montre pas son inquiétude aux femmes qui sont avec elles et qui manifestent, parfois très fort, leur enthousiasme et leur foi envers Jésus. Marie attend le retour de Jésus.

Deux ou trois jours sont passés. Tout est calme à Jérusalem, lorsque soudain Marie entend des cris de joie, des cris de bonheur... De loin elle aperçoit des palmes qui s'agitent dans tous les sens; les gens se précipitent chez eux et ressortent avec des manteaux pour mettre sous les pieds du Messie qui revient. Car c'est Jésus qui revient, et tout le peuple l'acclame, le loue, le bénit, lui rend grâce. Jérusalem n'est plus qu'un cri de louange : "Hosannah! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosannah!"

Plus tard, bien plus tard, les Évangélistes nous raconteront en détail ce qui s'est passé ce jour-là à Jérusalem. Ils mettront aussi l'accent sur les oppositions qui s'élèvent entre Jésus et les responsables de la communauté juive. Mais en ce moment, tout le peuple est en liesse. Et Marie vit cette joie, la joie du peuple qui est aussi la sienne.  Elle vit, de loin ce que son fils vit. Elle ne sait pas que ce qui se vit en ce moment à Jérusalem passera à la postérité. Elle se souvient seulement des textes de l'Écriture que l'Évangéliste Matthieu rapportera, bien plus tard, dans son Chapitre 21, dans lequel il racontera tous les faits de ce jour. Ainsi, les versets 1 à 11 rappellent: "Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem et furent arrivés à Bethphagé, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples, leur disant: 'Allez au village qui est en face de vous; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et un ânon avec elle; détachez-les, et amenez-les-moi. Et si quelqu'un vous dit quelque chose, vous direz: Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra bientôt.' Or ceci arriva afin que s'accomplît la parole du prophète disant: Dites à la fille de Sion: 'Voici que ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et sur un ânon, fils de celle qui porte le joug'. Les disciples... amenèrent l'ânesse et l'ânon, mirent sur eux leurs manteaux, et il s'assit dessus. Une foule énorme étendit ses manteaux sur le chemin; d'autres coupaient des branches aux arbres et les étendaient sur le chemin. Et les foules qui allaient devant lui et qui le suivaient, criaient: 'Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux!' Lorsqu'il entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi... Et les foules disaient: C'est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée."

Marie regarde cette étonnante procession. Tout le monde semble tellement content! Il y a bien quelques prêtres qui regardent en hochant la tête: ils n'ont pas l'air d'accord: pourquoi? Parce que Jésus fait trop de miracles, guérit trop de malades; ou parce que Jésus prêche l'amour les uns pour les autres? Les prêtres et les scribes ne sont-ils donc pas contents que quelqu'un demande la paix et non la guerre? Mais la procession avance et "Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes; et il leur dit: 'Il est écrit: Ma maison sera appelée maison de prière; mais vous, vous en faites une caverne de voleurs.' Des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit. Mais les grands prêtres et les scribes, voyant les miracles qu'il venait de faire et les enfants qui criaient dans le temple et disaient: 'Hosanna au fils de David!' s'indignèrent, et ils lui dirent:

— Entendez-vous ce qu'ils disent?

— Oui, leur dit Jésus. N'avez-vous jamais lu: De la bouche des petits enfants et des nourrissons vous avez préparé une louange ? " (Mt 21, 12 à 16)

Marie se souvient de l'instant où la grande procession arriva dans la rue où elle résidait. Elle aperçut, de loin, Jésus monté sur un âne et elle tressaillit: le prophète n'avait-il pas vu cette scène étonnante lorsqu'il disait: "Tressaille d'une grande joie, fille de Sion! Pousse des cris d'allégresse, fille de Jérusalem! Voici que ton Roi vient à toi; il est juste, lui, et protégé de Dieu; il est humble; monté sur un âne, sur le petit d'une ânesse." (Zacharie, 9, 9) Le cœur de Marie bondit de joie; elle aurait voulu se précipiter vers Jésus et le prendre dans ses bras, mais toujours humble et discrète elle se contenta de lui faire un signe de la main auquel Jésus répondit par un sourire de paradis. Marie rentra chez elle en essuyant les larmes que ses yeux ne pouvaient retenir.

Oh! Le sourire de Jésus ! Quelle merveille ! Quel bonheur indicible, indescriptible! Marie est comme inondée d'une joie inconnue, d'une joie qui la met en Dieu d'une manière nouvelle presque palpable. Marie vit en Dieu; la servante du Seigneur se transforme en une Reine bien-aimée. Marie ne comprend pas; depuis toujours, depuis sa plus petite enfance elle vit en Dieu, elle connaît Dieu, elle est de plus en plus servante de Dieu, offerte pour faire la volonté de Dieu. Mais aujourd'hui, tout s'est transformé : le sourire de Jésus lui a montré le monde de Dieu.

Marie prie, émerveillée. Son union à Dieu est devenue réalité sensible; oui dans le sourire de Jésus, Marie a vu le Cœur de Dieu. Marie a compris que le Père et le Fils étaient UN. Et en elle, le Saint-Esprit chante l'amour: Hosannah in excelsis !

   

 

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