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L'agonie de Marie
L'Évangile
de Matthieu raconte: "Après le chant de l'hymne, ils s'en
allèrent au mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit: 'Je vous
serai à tous, cette nuit-ci, une occasion de chute, car il est
écrit: Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront
dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous
précéderai en Galilée." (Matthieu 26, 30 à 32)

Arrangement et adaptation: AR
Jésus a
donné un très long enseignement à ses disciples. Puis, suivi des
onze apôtres qui restent après le départ de Judas, Il est parti
vers le Jardin des Oliviers. Nous connaissons la suite: l'agonie
de Jésus, la venue de l'Ange, puis l'arrestation de Jésus par
une troupe de gardes menés par Judas qui trahit son Maître par
un baiser. Et Marie? Jésus n'est pas venu dire adieu aux femmes,
ni à Marie qui est toujours seule dans sa petite chambre. Marie
a cependant entendu un certain remue-ménage et elle a compris
que toute la petite troupe menée par son Fils avait quitté la
salle du Cénacle.
Marie prie;
elle est inquiète, angoissée même. Elle sait que l'Heure est
arrivée, mais elle ne voit pas comment cette Heure va se passer.
Qui aurait, aujourd'hui, l'idée d'arrêter et de tuer son fils?
Tout est si calme à Jérusalem... Et puis, les fêtes pascales ont
déjà commencé et beaucoup de personnes l'ont célébrée
aujourd'hui. Non, rien vraiment ne peut arriver. Pourtant, son
fils ne se trompe jamais. Alors Marie prie avec encore plus
d'insistance. Marie prie le Père de protéger son Enfant. Marie
est anxieuse; elle ne comprend plus rien, et voici que soudain,
surgissent devant les yeux de son cœur les paroles de Zacharie:
"Ils regarderont Celui qu'ils ont transpercé." Transpercé
avec quoi? se demande Marie. Avec quel glaive, quelle épée? Avec
le glaive qui doit transpercer mon cœur. Mais, mon cœur
seulement. Comment le même glaive pourrait-il transpercer et mon
cœur, et son corps?
Contemplons
Marie et reconnaissons que Marie Immaculée souffre les mêmes
douleurs morales que nous, les hommes. Marie, sur la terre,
était une femme comme les autres, beaucoup plus pure et très
sainte, mais totalement humaine et capable de supporter en elle
les mêmes interrogations, les mêmes angoisses, les mêmes peurs.
Le cœur de Marie souffrant se prépare à de plus grandes
souffrances. Mais elle ne sait pas lesquelles, et elle a mal.
Elle a mal, mais elle se retourne vers le Père et redit "Fiat,
Père!"
Jésus est à
Gethsémani. Marie occupe une petite pièce dans la maison du
Cénacle. Jésus souffre une agonie surhumaine, et le cœur de
Marie est peu à peu fendu par un glaive invisible. Elle cherche
à se rassurer, mais elle ne peut plus car son Fils crie vers le
Père. Jésus supplie le Père: "Père si cela est possible, que
cette coupe passe loin de Moi!... Mais que ta volonté soit
faite!" Marie, dans son cœur a entendu ce cri de Jésus.
Marie pleure et implore le Père... Et Marie redit "Amen!"
Étrange! Marie souffre les mêmes douleurs morales que Jésus;
Marie éprouve les mêmes angoisses, les mêmes douleurs
spirituelles que Jésus, Marie "prend" avec son Fils, les péchés
du monde, pour les racheter avec Lui. Marie dit avec Jésus:
"Père! Que ta volonté soit faite!" Le cœur de Marie se
laisse transpercer par ce glaive inconnu. Et soudain la paix
revient en elle.
La paix est
revenue dans le cœur de Marie en même temps que l'Ange arrivait
près de Jésus avec le Calice de sa consolation. Jésus but et
retrouva toutes ses forces: il pouvait aller vers sa Passion.
Alors il se leva et réveilla ses apôtres. Marie acceptait la
volonté de Dieu mais, épuisée par cette terrible lutte, elle
s'allongea et s'endormit sereinement. Jésus, Lui, fut conduit
aux grands-prêtres Anne et Caïphe qui avaient décidé sa mort,
car, affirmait Caïphe, "il vaut mieux qu'un seul homme meure
et que le peuple soit sauvé."
Un simulacre
de jugement commence. Seuls Pierre et Jean sont restés près de
Jésus, tous les autres apôtres étant partis après l'intervention
de Jésus: "Si c'est moi que vous cherchez, laissez ceux-ci
s'en aller en paix!" Pierre et Jean se réchauffent auprès
d'un feu, et voici qu'une servante reconnaît Pierre qui, par
trois fois, nie connaître Jésus, réalisant ainsi la prophétie de
Jésus, qui lui avait dit: "Je te le dis, en vérité, cette
nuit-même, avant que le coq ait chanté trois fois, tu me
renieras deux fois." (Mt. 26, 35)
Mais il est
tard, et il a été estimé que Jésus méritait la mort, bien que
Nicodème ait affirmé qu'on, "ne devait pas condamner un homme
sans l'avoir jugé." On enferma Jésus dans un réduit infect
en attendant le lendemain matin.
Il ne fait
pas encore jour quand Marie se réveille brusquement. Que se
passe-t-il? Elle "entend" des cris ignobles qui s'adressent à
son Fils que l'on sort de son cachot pour le conduire à Pilate;
"et ils
se mirent à l'accuser, en disant: 'Nous avons trouvé que cet
homme détourne notre nation en l'empêchant de payer les impôts à
César et en disant de lui-même qu'il est Christ-roi.' Pilate
l'interrogea, disant: 'Es-tu le roi des Juifs.' Jésus lui
répondit: 'Tu le dis'." (Mt. 23, 1 à 3)
Pilate n'est
pas dupe: il connaît les intentions des juifs et leurs
mensonges. Car il est bien informé, Pilate. Il cherche donc à se
défaire de cette sale affaire en envoyant Jésus chez Hérode qui
le renvoya à Pilate. Pilate convoqua alors les grands prêtres,
les chefs et le peuple, et leur dit qu'il ne trouvait rien de
coupable en Jésus. Mais, redoutant une émeute, Pilate libéra
Barabbas et livra Jésus pour qu'il fût crucifié. Immédiatement
Jésus, après avoir été durement flagellé et couronné d'épines,
fut chargé de sa croix.
Et Marie?
Marie est de nouveau dans l'angoisse. Elle ignore les détails de
ce qui se passe autour de Jésus, mais elle sait que c'est très
grave. Elle ne sait pas si elle doit rester dans la maison ou
aller vers le temple comme l'ont fait les autres femmes. Marie
réfléchit: "Que voudrait Jésus?" Elle ne sait pas, elle ne sait
plus, elle pleure. Mais voici que Jean est devant elle et lui
raconte aussi doucement que possible ce qui se passe à
Jérusalem. Marie pleure toujours... Enfin, Jean demande à Marie,
avec insistance, de l'accompagner et d'aller retrouver Jésus. Ce
sera très dur pour elle, mais elle doit le faire car Jésus a
besoin d'elle. Désormais Jean ne quittera plus Marie.
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