Introduction
La vocation sacerdotale
de Paul de la Croix (1694-1775) est un cadeau de Jésus crucifié pour
Son Église. En instituant une année consacrée au sacerdoce, le pape
Benoît XVI a demandé aux croyants de méditer sur l’importance du
prêtre dans l’Église, et de rendre grâce à Dieu de susciter de
telles vocations. En retraçant la manière dont le P. Paul comprit et
vécut son propre sacerdoce, je voudrais montrer comment un tel appel
de Dieu est à la fois unique et universel. Il répond au cri de Jésus
sur la croix : « J’ai soif » (Jn. 19,28).
Importance des prêtres
au cours de la jeunesse de Paul de la Croix
Les prêtres ont joué un
grand rôle dans la vocation de st Paul de la Croix. C'est d'abord
par le biais de l'éducation, alors presque exclusivement entre les
mains du clergé, que Paul reçut leur influence bénéfique. On sait
ainsi que la famille Danei ayant résidé à Cremolino entre 1701 et
1709, Paul fut confié aux soins d'un religieux carme de cette ville.
Il fut si bon élève, que son professeur confia à son père : « Je
n'ai plus rien à lui apprendre, car il en sait déjà autant que
moi ». L'emphase du compliment est évidente, mais elle montre les
belles qualités intellectuelles de Paul, en même temps que l'amitié
de ce religieux à l'égard de son élève. Dans cette période, de 7 à
15 ans, Paul eut ainsi l'occasion de se familiariser avec la
spiritualité carmélitaine ; outre les leçons, il avait accès à la
bibliothèque du monastère, et participait aux prières de la
communauté.
En 1718, la famille de
Paul s'installe à Castellazzo, la ville natale de son père, Luc
Danei, les affaires de ce dernier allant mal. Paul est alors âgé de
24 ans. L'oncle paternel de Paul, don Cristoforo, qui est prêtre, va
alors jouer un grand rôle dans la famille. Ayant une certaine
aisance financière, don Cristoforo aide son frère et les siens, et
tente de ménager à Paul un avenir confortable, en le mariant. Mais
le Seigneur a d'autres vues pour le jeune homme ; et la mort de don
Cristoforo, peu de temps après, mettra un terme définitif à ces
tentatives de mariage arrangé. En tout cas, à Castellazzo, Paul
bénéficiera de la bibliothèque de son oncle pour approfondir sa
formation spirituelle.
Cette période de la vie
de st Paul de la Croix coïncide avec les immenses grâces mystiques
que le Seigneur lui accorde en vue de la fondation de la
congrégation Passioniste. A son arrivée à Castellazzo, Paul se mit
sous la direction d'un « curé » de la ville, dont nous ignorons le
nom[1].
Ce prêtre était en réalité peu adapté pour comprendre la vie
intérieure de Paul. Sa méthode de direction spirituelle consistait à
humilier son dirigé autant qu'il le pouvait, afin de l'éprouver. Il
refusait par exemple de donner la communion à Paul lorsque ce
dernier se présentait pour la recevoir, ce qui ne manquait pas de
faire jaser les personnes qui en étaient témoins. Il lui commandait
de se tenir à genoux au milieu de l'église. Lors de la confession,
au lieu de le prendre à son tour, il l'obligeait à attendre
longuement que toutes les personnes présentes se fussent confessées.
D'autres fois il interpellait Paul à haute voix en public, le
réprimandant pour des choses insignifiantes, comme s'il était un
grand pécheur. Il l'obligeait aussi à aller dans la ville avec des
accoutrements ridicules qui attiraient sur le pauvre Paul les
moqueries des enfants et même des grands. Une fois, le terrible curé
se mit en tête d'imposer à Paul de danser, ce qui bien sûr était
tellement contraire au mode de vie de son si pieux dirigé ! Là, Paul
marqua un arrêt, protestant qu'il ne convenait pas de lui imposer
cela, puis, soucieux qu'il était de l'obéissance, il se décida
cependant à faire ce qui lui répugnait tant. La mort dans l'âme, et
le visage tout enflammé de honte, il s'apprêtait à mettre l'ordre
absurde à exécution, lorsqu'à l'improviste toutes les cordes des
instruments de musique se rompirent. Les gens, furieux de cet
incident, le chassèrent de la salle de bal en le traitant de
« mage » ; et lui, riant de l'aventure, s'en alla délivré de la
terrible pénitence. On peut s'étonner de ce que Paul n'ait pas
changé de directeur spirituel ; mais, lui, répétait simplement : « Ce
confesseur me fait du bien, parce qu'il me fait courber la tête »
! L'étrange directeur spirituel de Paul finit cependant par avouer à
son dirigé qu'il ne le comprenait pas, et il lui conseilla d'aller
trouver un autre prêtre pour assurer sa direction.
Paul choisit le P.
Girolamo de Tortone, supérieur des capucins de Castellazzo,
monastère où il se rendait souvent pour y entendre la messe. Parce
qu'il était bien connu des religieux franciscains il reçut la
permission de communier tous les jours, ce qui était fort rare à
cette époque. C'est sa réputation de sainteté qui lui valut ce
privilège. Cette fois, le P. Girolamo comprit parfaitement son
dirigé, et il l'engagea à suivre les lumières intérieures dont Dieu
le gratifiait. On ignore combien de temps dura exactement cette
direction spirituelle. Paul choisit ensuite le P. Paolo Policarpo
Cerruti, qui était le pénitencier de la cathédrale d'Alexandria, le
diocèse dont dépendait Castellazzo. Le P. Cerruti reprit la méthode
du premier directeur spirituel de Paul, plus subtilement il est
vrai, mais lui aussi ne tint pas compte des grâces extraordinaires
de Paul ; et il ne manquait de l'humilier de diverses manières. Par
exemple, lorsque Paul arrivait exténué de Castellazzo, situé à plus
de quinze kilomètres, le P. Cerruti le faisait attendre au
confessionnal la matinée entière avant de le recevoir. Il lui
imposait des modes de prières inadaptés à son état intérieur. Mais
Dieu savait récompenser Paul de son obéissance. Cela lui valut un
jour, tandis qu'il méditait malgré lui de façon un peu scolaire sur
le Paradis, d'être élevé mystiquement, et de pouvoir goûter
l'intensité d'union qui existe entre Dieu et les bienheureux du Ciel
! Pourtant, la direction spirituelle du P. Cerruti porta du fruit,
et il demeura sa vie durant un admirateur de Paul, et un bienfaiteur
de la congrégation Passioniste.
Les faveurs
surnaturelles de Paul devenaient toujours plus intenses ; et c'est
sans doute pour lui permettre de bien discerner son appel reçu à
fonder un institut centré sur la Passion du Christ que le P. Cerruti
conseilla à son dirigé de s'en ouvrir à son évêque, Mgr Gattinara.
C'est en 1720 que Mgr Gattinara devient le directeur spirituel de
Paul. L'évêque d'Alessandria était un homme de grande foi. Il avait
compris que les interminables intrigues politiques sévissant en
Italie et dans l'Église étaient la source de la plupart des maux de
son temps ; le remède ne pouvait venir que de Dieu. Orateur
apprécié, il était aimé du peuple, notamment pour sa générosité
envers les pauvres. Il accueillit Paul avec simplicité. Il
comprenait bien l'intensité de l'action divine envers jeune homme,
se réjouissant d'être témoin de la miséricorde du Seigneur : en
écoutant Paul, l'évêque « versait d'abondantes larmes »[2].
Mgr Gattinara croyait en la vocation de Paul, puisqu'il le consacra
comme ermite le 22 novembre 1720. Paul ayant demandé à faire suivre
cette cérémonie de quarante jours de retraite, Mgr Gattinara lui
demanda de tenir au jour le jour un journal sur l'état de son âme,
afin de le lui soumettre. L'évêque demanda aussi à un théologien
avisé, le P. Colombano de Gênes, d'examiner les faveurs mystiques de
Paul. On le voit, Mgr Gattinara était très exigeant dans
l'accompagnement qu'il prodiguait à son dirigé de Castellazzo. Un an
plus tard, l'évêque donnera l'habit d'ermite au frère de Paul,
Jean-Baptiste Danei, afin que ce dernier partage la vie consacrée de
Paul.
Pourtant, Mgr Gattinara
ne sera pas en mesure d'aider Paul à fonder sa congrégation, et
c'est pour ce motif que les deux frères Danei quitteront Castellazzo
à la fin de l'année 1721. De 1722 à 1727, année de leur ordination
sacerdotale, ils seront assistés ponctuellement par des prêtres ou
même des évêques. Lorsque son frère sera ordonné prêtre avec lui,
Paul demandera à Jean-Baptiste de devenir son directeur spirituel.
Qui mieux que Jean-Baptiste, le compagnon de sa vie de famille et de
sa vie consacrée, pouvait assurer une telle fonction ? Jean-Baptiste
sera le directeur spirituel le plus important de Paul de la Croix.
Lorsque Jean-Baptiste meurt, en 1765, Paul se tourne vers un de ses
religieux, le P. Cioni ; il assumera la direction spirituelle de
Paul de la Croix jusqu'à sa mort. Ainsi, le P. Cioni sera le dernier
directeur spirituel de Paul.
La place du sacerdoce
dans le charisme passioniste
Dans les commencements
de sa vie consacrée, Paul n'avait pas immédiatement compris la
nécessité du sacerdoce pour mettre en œuvre les inspirations qu'il
recevait à fonder la congrégation passioniste. Son humilité ne
l'incitait certainement pas à envisager une telle responsabilité,
dont il se sentait si indigne. C'est pourtant grâce à son projet de
fondation de la congrégation qu'il allait finalement se décider à
embrasser l'état clérical.
Paul n'était pas
seulement un contemplatif. Son cœur ne parvenait à contenir la joie
et l'espérance qu'il ressentait à s'unir à la Passion de Jésus. Il
lui fallait annoncer au monde entier cette vérité : « La Passion
est l'œuvre la plus grande et la plus étonnante de l'amour divin »[3].
Dès l'époque de sa vêture d'ermite à Castellazzo, on le voit déjà
prêchant avec grand succès dans les églises de la ville, alors qu'il
n'est pas encore prêtre. Le charisme de la prédication se révèle
chez Paul en même temps que celui de l'oraison, car pour lui, en
vérité, c'est bien la parole qui déborde du cœur. C'est pourquoi,
dans la pensée de Paul, la dimension contemplative, sans être
exclusive, est cependant première : c'est du cœur à Cœur avec Dieu
que procède l'annonce du salut.
En 1724, Paul est
invité par l'évêque de Troia, Mgr Cavalieri, qui a entendu parler de
la sainteté des deux frères Danei. Paul et Jean-Baptiste vont
demeurer six mois dans l'évêché de Troia. Une amitié profonde et
confiante se tisse entre Paul et l'évêque. Ce dernier prend à cœur
le projet de fondation, et entreprend un examen minutieux de la
Règle que Paul avait rédigée à Castellazzo. C'est lui qui va décider
Paul à embrasser la vocation sacerdotale : « Il explique à Paul
que les évêques n’ont pas le pouvoir de fonder une congrégation
religieuse. Seul le Saint-Siège le peut. Il avertit aussi son ami
que l’apostolat de la prédication exige que les religieux soient
prêtres. Paul pensait sans doute trop facilement que les permissions
de prêcher qui lui avaient été concédées par les différents évêques
seraient également valables pour ses futurs religieux. Mais seul ce
don surnaturel qu’il avait reçu, et qui attirait les foules pour
venir l’entendre, avait permis à Paul de bénéficier de ces
autorisations. A l’époque, aucun laïc ne pouvait ainsi prêcher dans
les églises, et encore moins aux séminaristes et aux prêtres, comme
il le faisait de surcroît. De plus, l’efficacité des missions
paroissiales imposait que les religieux prissent également en charge
les confessions durant le temps de la mission, afin de permettre aux
fidèles d’ouvrir totalement leur cœur et de se convertir
profondément, ce qu’ils n’eussent pu faire aussi facilement avec
leurs pasteurs habituels. Enfin, l’ordination des religieux exigeait
une congrégation dûment approuvée par le Saint-Siège »[4].
Ordonnés prêtres le 7
juin 1727, les deux frères Danei vont dès lors ajouter, à la
dimension érémitique de leur vocation, celle du sacerdoce. Il n'y a
pour eux aucune contradiction entre ces deux aspects de leur vie
consacrée. La méditation de la Passion devient tout naturellement le
roc sur lequel s'édifie leur vie sacerdotale. Ils légueront à la
congrégation passioniste le modèle d'un prêtre tirant son
inspiration, sa force, et sa raison d'être, de la contemplation
assidue de la Passion de Jésus Christ. De fait, c'est « sur le
Golgotha » que Paul célèbre la messe et qu'il prépare ses
enseignements pour les fidèles.
La situation du clergé au temps de
Paul de la Croix
A l'époque de Paul le
clergé était très nombreux en Italie ; et cependant, il y avait fort
à faire pour que les prêtres prennent leur vocation au sérieux. Ils
avaient en effet tendance à se laisser porter par la vie, plutôt
qu'à prendre en main les affaires du Seigneur : Quelle est alors la
situation du clergé ? Mgr. Ciani, évêque de Massa Marittima, la
résume en 1731 de façon lapidaire : « Les prêtres abondent, mais
ils ne valent presque rien, parce qu’ils manquent totalement de
formation. Ils ne peuvent être d’aucune utilité, et ils sont déjà à
peine capables de célébrer la messe. Il est donc impossible de les
charger d’offices plus difficiles »[5].
Dans les paroisses de la Maremme, voisines du mont Argentario, pas
plus du quart des prêtres en réalité ne s’occupent des fidèles.
L’ignorance et l’oisiveté sont les deux caractéristiques du clergé
de cette région, comme du clergé en général en Europe à cette époque
d’ailleurs »[6].
A l'époque de Paul de
la Croix, beaucoup de prêtres vivaient sans charge pastorale,
demeurant en famille, et vivant de la célébration des messes. Dans
un contexte aussi oisif, la tenue morale du clergé manquait le plus
souvent de rigueur. Le P. Gaétan, qui contribua grandement en son
temps à faire connaître Paul de la Croix, résume la situation par
une citation : « Beaucoup de prêtres, dit le P. Berthe, ne se
distinguaient point des laïques par leur costume. Des vêtements
séculiers, parfois même tout à fait mondains, remplaçaient la
soutane. Plusieurs portaient des cheveux frisés, bouclés, parfumés ;
d'autres, des perruques selon la mode des grands seigneurs ... Les
ecclésiastiques portaient des habits ornés de galons d'or, de rubans
et de dentelles ; des manteaux de couleur qui les faisaient
ressembler à de jeunes pages. Des prêtres allaient à la chasse, aux
chasses les plus bruyantes, en dépit des saints canons. Les jeux de
hasard, même dans des lieux publics, ne leur semblaient pas
prohibés. Certains fréquentaient les théâtres et assistaient à des
comédies, honnêtes sans doute, mais qui n'en constituaient pas moins
un amusement indécent pour des hommes consacrés à Dieu. A la suite
de ces habitudes profanes, on avait à déplorer bien des
fréquentations dangereuses, sinon des désordres scandaleux »[7].
Paul de la Croix, sa
vie durant, tentera de remédier à cette situation qui le faisait
beaucoup souffrir : « Le bien et le mal du peuple proviennent du
bon ou du mauvais exemple des ecclésiastiques, parce que les laïcs
observent leur comportement. Et souvent ils ont beaucoup à dire et à
commenter à leur sujet ! Tous les jours, ils voient les prêtres de
divers états et de toutes conditions occupés à certaines choses que
les fidèles sont invités à rejeter. Tout le jour, on les voit
oisifs, allant ci ou là, et d’une maison à une autre. Oh ! Que
vois-je ! Des ecclésiastiques débordant de paresse ! »[8].
« Le
diocèse de Pitigliano, dont dépend l’Argentario, est à la fois riche
et pauvre en prêtres. En 1724, il y a à Orbetello 22 prêtres pour
1500 habitants ; pourtant, seulement quatre ou cinq d’entre eux ont
une activité réelle ! Aussi l’évêque, Mgr. Palmieri, va-t-il
rapidement favoriser l’action apostolique des deux frères Danei. En
mars 1729, l’évêque examine leur Règle, les interroge en matière de
dogmes et de morale, et les autorise à confesser dans leur ermitage
de l’Argentario, ainsi que dans tout son diocèse. Cette permission
doit être renouvelée chaque année, mais dès 1731 Mgr. Palmieri les
dispense de cette obligation ! Sa confiance est totale. En 1738,
Paul et Jean-Baptiste obtiennent, grâce à l’évêque et aux amis de
Rome, le titre de « missionnaires apostoliques » pour toute
l’Italie. Paul est très fier de ce titre
qui constitue en
effet une belle reconnaissance de ses efforts. Une promotion aussi
rapide ne s’explique que par la perfection de l’existence menée par
les deux fondateurs de la congrégation passioniste. Le contraste de
leur vie avec celle du clergé est en effet patent »[9].
Paul était rempli de
compassion pour la pauvreté spirituelle où se trouvait le clergé de
son temps, comme en témoigne ce qu'il en dit à un évêque, Mgr Oldo :
« L'expérience que j'ai de tant d'années de missions prêchées
dans les pauvres maremmes de la Toscane, et aussi dans les états
pontificaux, m'a fait toucher du doigt les besoins extrêmes qui se
rencontrent très souvent chez les pauvres ecclésiastiques, qui sont
non rarement en plus grand état de besoin que les laïcs eux-mêmes. Ô
Dieu, comme cela me fait pleurer ! »[10].
Paul de la Croix
« réformateur du clergé »
L'amour de Paul
de la Croix pour les prêtres
Paul avait un grand
amour des prêtres. Nous l'avons vu au temps de sa jeunesse supporter
sans murmurer leurs excès ; et sa vie durant, il cultivera un
profond respect à leur égard. Il éprouvait, en effet, un immense
respect envers le sacerdoce, au point de se comporter de manière un
peu excessive : « A Troia, dans la chapelle privée de Mgr
Cavalieri, ayant assisté pour la première fois à une ordination, il
fut si illuminé de la dignité sacerdotale qu'il décida de ne plus
jamais s'asseoir auprès des prêtres ». Il multipliait les signes
d'humilité en leur présence : « Je me souviens encore que le
serviteur de Dieu donna une grande démonstration de sa profonde
humilité, lorsqu’à Capranica il fit venir le clergé dans la
sacristie de l’insigne collégiale st Jean, et où, après avoir fait
un discours très fervent, il voulut baiser les pieds de tous les
prêtres … »[11].
Son affection pour les prêtres était vraiment sincère, au point
qu'il pouvait affirmer : « J'ai confessé tant de prêtres, et de
toutes les sortes ; cependant, je n'ai jamais eu besoin de me
confesser pour avoir mal jugé aucun d'eux, parce que j'ai toujours
eu pour eux une grande estime et une bonne opinion, les ayant
regardés avec l'œil de la foi »[12].
La grande responsabilité des prêtres
devant Dieu
Paul savait combien est
grande la responsabilité d'une âme sacerdotale. C'est pourquoi il
affirmait que la ferveur est une nécessité, en particulier dans les
commencements : « Malheur au prêtre qui devient tiède dès les
commencements de sa vie sacerdotale. A mon avis, cela est un signe
très clair de sa damnation »[13].
Il confia à Rosa Calabresi une de ses visions de l'Enfer, tandis
qu'il priait pour quelqu'un, et où la place des prêtres est mise en
grand relief : « Je vis des démons effrayants. Ils me montrèrent
les tortures qu'ils préparaient pour le pauvre pécheur pour le salut
duquel je priais. Oh ! Quelles peines ! Oh ! Quelles peines ! De
plus, ils me montrèrent un lieu de douleur beaucoup plus terrible,
préparé pour un prêtre, il me fut dit : 'Ceci est pour un semblable,
un comme toi'. Mon épouvante grandissait, mais dans le fond de mon
cœur je demeurais dans la paix. Ainsi, Dieu me fit comprendre de
façon particulière la peine du dam[14].
Si je pouvais exprimer par la parole et faire comprendre par des
gestes comment je compris alors cette réalité, je ferais descendre
vivants tous mes auditeurs dans la fosse, vivants ! » Il ajouta
qu'il s'était empressé de prier avec succès pour le laïc, mais aussi
pour le prêtre, et il conclut : « Dieu m'épargne de descendre en
ces abîmes. Les prêtres s'y trouvent sous les pieds de tous, de tous
... »[15].
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