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Saint Joseph
dans le Nouveau Testament

Pour des raisons de commodité il a paru  nécessaire de rassembler tous les textes du Nouveau Testament qui font mention de Saint Joseph. Saint Joseph, homme de la Nouvelle Alliance quoique à la charnière des deux alliances, est véritablement le Grand Silencieux. Aucune parole de lui n’est rapportée par les Évangélistes. Même Jésus, qui sut mettre en évidence la sainteté de Jean le Baptiste, même Jésus se tait sur les vertus de son père légal, son père adoptif, le saint gardien de son enfance et de son adolescence. Quand les Évangélistes citent Joseph, c’est toujours et seulement pour le situer dans le mystère de l’Incarnation. Cela est très caractéristique dans le Nouveau Testament où Joseph et Marie semblent encadrer Jésus, Parole de Dieu. En effet l’Évangile commence par la parole de l’Ange à Joseph: “Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse.”  (Mat 1, 20) Il se termine par la parole de Jésus à Saint Jean: “voici ta Mère.”  (Jn 19, 26)

Évangile de Saint Matthieu

Matthieu achève la généalogie de Jésus par ces mots (Mat 1, 15-16)

“Éléazar engendra Mathan, Mathan engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qu’on appelle Christ.”

Matthieu peut, dès lors, entrer directement dans le mystère de l’Incarnation

“Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ. Marie était fiancée à Joseph. Avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par l’action de l’Esprit-Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer, envisagea de la répudier secrètement. Alors qu’il y réfléchissait, l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: “Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, car l’enfant qui est engendré en elle est l’oeuvre de l’Esprit-Saint. Elle mettra au monde un fils, tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés.”

Tout cela arriva pour que fut accompli tout ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: “Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils à qui on donnera le nom d’Emmanuel” ce qui signifie: Dieu avec nous. A son réveil, Joseph fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit. Il prit chez lui son épouse; il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle ait enfanté un fils auquel il donna le nom de Jésus.”

Matthieu passe sous silence les évènements de la naissance. L’épisode des mages est raconté, mais Joseph n’est pas mentionné. Joseph n’apparaîtra que lors de la fuite et du séjour de la Sainte Famille en Égypte.

“Après le départ des mages, l’Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit: “Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Tu y resteras jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va chercher l’enfant pour le faire périr.” Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère durant la nuit et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: “d’Égypte, j’ai appelé mon Fils.”

Suit l’histoire du massacre des innocents. On ne retrouve Joseph que quelques années plus tard:

“Après la mort d’Hérode, l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit: “Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant sont morts.”  Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère et rentra au pays d’Israël. Mais apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, il eut peur d’y aller. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qu’avaient dit les prophètes: “On l’appellera Nazaréen.”

Les années passent. Joseph est mort, en silence, bien sûr, car rien n’est dit sur la mort de celui qui deviendra le Patron de la bonne mort.

Jésus a commencé sa vie publique et dans sa patrie, à Nazareth, on s’étonne à son sujet: “D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles? N’est-ce pas là le fils du charpentier? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joseph, Simon et Jude? Ses soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous? D’où lui vient donc tout cela?”  (Mat 13, 53-58)

Certes, on évoque Joseph dans cet épisode, mais on ne peut cependant s’empêcher de remarquer que Joseph n’est pas nommé: il n’est plus que le charpentier...

Évangile selon Saint Marc

Curieusement, l’Évangile de Saint Marc ne mentionne jamais Saint Joseph. Une seule fois il y est fait mention du père de Jésus, et pour se scandaliser au sujet de Jésus. La scène se passe à Nazareth, un jour de Sabbat:

“Les auditeurs rassemblés dans la synagogue, pleins d’étonnement au sujet de Jésus, disaient: “D’où lui vient tout cela? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée? Et de si grands miracles qui se font par ses mains? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frères de Jacques, de José, de Jude et de Simon.? et ses soeurs ne sont-elles pas ici, parmi nous?” Et ils étaient choqués à son sujet.”  (Marc 6, 2-3)

On remarquera qu’en fait, il n’est même pas question de Joseph. Ici, chez Marc, Jésus n’est plus que le fils de Marie. Joseph est donc bien mort!... Et Jésus n’est plus le fils, ni de Joseph, ni du charpentier: Jésus n’est que “le charpentier.”

Évangile selon Saint Luc

Chez Saint Luc, Saint Joseph est à la fois plus présent que chez Saint Matthieu, tout en se situant cependant très en retrait derrière Marie et Jésus, ce qui est assez étonnant  lorsque l’on considère les habitudes de la société juive de l’époque.

Joseph apparaît d’abord lorsque l’Évangéliste raconte l’Annonciation:

“Le sixième mois (de la grossesse d’Élisabeth) l’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge fiancée à un homme de la Maison de David, nommé Joseph.”  (Luc 1, 26-27) Aucun commentaire sur Joseph jusqu’à la naissance de Jésus au sujet de laquelle les principales circonstances sont racontées par Saint Luc.

D’abord la venue à Bethléem pour le recensement:

“En ce temps-là, parut un édit de César Auguste ordonnant un recensement de tout l’univers. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David qui s’appelait Bethléem -car il était de la maison et de la famille de David- pour se faire recenser avec Marie, son épouse, qui était enceinte.” (Luc 2, 1-5)

Puis l’annonce aux bergers et leur venue auprès de la crèche:

“Quand  les anges les eurent quittés, pour repartir au ciel, les bergers se dirent entre eux: “Allons donc jusqu’à Bethléem voir ce qui s’est passé et que le Seigneur nous a fait connaître.” Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie et Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire.”  (Luc 2, 15-16)

Et la Circoncision et la Présentation au Temple:

Luc indique discrètement la présence de Joseph, mais sans le nommer. Cette présence était obligatoire puisque, selon la loi juive, c’était le père qui devait donner son nom à l’enfant, et que d‘autre part l’Ange de Dieu avait expressément confié cette mission à Joseph.

D’abord, lors de la Circoncision, Joseph est remplacé par “ON” “Quand vint le jour de la circoncision de l’Enfant, huit jours plus tard (après la naissance), ON lui donna le nom de Jésus, nom qui avait été indiqué par l’Ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.”  (Luc 2, 21)

Puis, lors de la Présentation de Jésus au Temple, alors que seule Marie devait, là encore, selon la loi juive, être purifiée, Joseph et Marie sont confondus dans cet acte de purification. “Puis, lorsque furent accomplis les jours où, selon la loi de Moïse, “ILS” devaient être purifiés, “ILS”le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,  comme il est écrit dans la Loi du Seigneur: tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, selon ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes.” (Luc 2, 21-24)

Enfin, toujours à l’occasion de la Présentation de Jésus, lorsque Siméon puis Anne vinrent au Temple, Joseph est encore anonymement associé à Marie. “Le père et la mère étaient stupéfaits de ce qu’on disait de lui . “ (Luc 2, 33) et “Quand ““ILS” eurent achevé tout ce qui était conforme à la Loi du Seigneur,  “ILS” s’en retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.”  (Luc 2, 39)

Enfin, à la majorité de Jésus:

Nous retrouvons la Sainte Famille, donc Joseph, quand Jésus eut douze ans, lors de l’épisode du recouvrement de Jésus au Temple parmi les docteurs. Mais là encore, et il est incontestable que cela doit avoir une signification pour nous, Joseph n’est jamais nommé par son nom: il disparaît dans le “ILS” qui englobe Marie et Joseph.

“Ses “parents” allaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque... (Luc 2, 41)Ne le trouvant pas, “ILS” s’en retournèrent à Jérusalem à sa recherche. Après trois jours  “ILS”  le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs...  (Luc 2, 46) En le voyant,  “ILS” furent saisis d’émotion et sa mère lui dit: Mon Enfant pourquoi as-tu agi ainsi avec nous? Vois, ton père et moi, tourmentés, nous te cherchions...  Mais  “ILS” ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux et vint à Nazareth; et il leur était soumis.”  (Luc 2, 48-51)

Si on comprend bien ce qu’a écrit Saint Luc, peut-être d’ailleurs à son insu, la façon dont Joseph, le Chef de Famille, est occulté est pour nous riche d’enseignements. La femme juive devait être entièrement soumise à son époux. En public, elle devait se taire. Et voilà qu’ici, c’est Marie qui parle: Joseph ne fait que suivre, et on peut très bien imaginer qu’il approuve ce que dit Marie. Mais Marie remet vite Joseph à sa vraie place, celle qu’il occupe devant les hommes: le père de Jésus. “Vois,  ton père et moi, nous te cherchions.” 

L’Esprit-Saint, qui a inspiré l’auteur sacré, ne voudrait-Il pas nous montrer que la vraie grandeur de Joseph, c’est son humilité? Les tâches les plus nobles, les plus glorieuses, que le Seigneur nous confie, n’ont de valeur que dans la mesure où elles sont remplies avec humilité. Car, le Seul qui agit vraiment alors, c’est Dieu et seulement Dieu: l’homme, même le plus habile, doit rester, dans ces cas-là,  l’outil dont le Seigneur veut bien se servir, intelligent certes, mais docile et humble dans la main de Dieu.

L’Évangéliste Saint Luc nous fait, d’un seul coup, sauter près de dix huit ans. Joseph est mort. Jésus a commencé sa vie publique. C’est alors seulement que Luc nous présente la généalogie de Jésus: “Jésus, à ses débuts, avait environ trente ans; il était, à ce qu’on croyait, fils de Joseph, fils d’Héli, fils de Mathat, fils de Lévi...”  (Luc 3, 23)

Évangile selon Saint Jean

L’Évangile de Saint Jean ne reprend pas ce que les trois synoptiques ont rapporté de la vie et de l’enseignement de Jésus. La mission de Saint Jean est tout autre: faire connaître au monde le mystère de Dieu, Trinité et Amour,  Dieu de Miséricorde. Cependant, il rappelle l’étonnement de Nathanaël lorsque Philippe veut le conduire vers Jésus. “Celui dont a écrit Moïse dans la Loi, et dont ont parlé les prophètes, nous l’avons trouvé: Jésus, fils de Joseph, de Nazareth.”  A cette présentation Le “vrai israélite qu’il était ne peut s’empêcher de rétorquer: “De Nazareth, peut-il venir quelque chose de bon?”  (Jean 1, 45-46)

Involontairement, et inspiré par l’Esprit-Saint, l’évangéliste Saint Jean aurait-il ainsi ajouté encore à l’humilité, donc à la grandeur, de Saint Joseph?

   

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