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La sainteté de Saint Joseph

Dans ce chapitre ont été réunies les phrases, des auteurs et des saints que nous avons retenus, qui résument le mieux la sainteté de Saint Joseph.

Saint Joseph est le modèle des saints qui présentent l’image de la réserve: calme au milieu de l’inquiétude, paisiblement attentif, le coeur tranquille uni à une sensibilité exquise, prompt et docile à répondre à la volonté du Père, doux, malgré des soucis accablants, modeste, réservé, simple, sans curiosité, se reposant tout entier sur Dieu... [1]

Louis Veuillot (1813-1883)

Louis Veuillot, polémiste chrétien, écrivit en 1876, une ”Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ”  destinée à contrer la”Vie de Jésus”  d’Ernest Renan. Pour lui, Saint Joseph est une merveilleuse réussite de la grâce: il était juste. “Il est fait sur le modèle de Marie: comme elle, fils de David, vierge comme elle, humble comme elle, obéissant, plein de prudence et de courage... Joseph est le type des apôtres qui porteront le Christ dans tout l’univers... Joseph, en face de Jésus, était visiblement à la place du Père...

C’est pourquoi, devant l’humble et doux Joseph le respect surtout nous domine, à cause de cette ombre d’identité avec le Père... Joseph a été une apparition dans le monde, une apparition du Père non engendré et Éternel. Il est doux, clément, il est pauvre et obscur, il est passif et docile; il est en même temps la forteresse inexpugnable où s’abritent l’honneur de Marie et la vie de Jésus... Il communique avec Dieu pendant son sommeil, comme si son sommeil n’était que le repos mystique de la contemplation.

Le premier après Marie il adora Jésus, et l’Enfant le sanctifia de nouveau, l’élevant à une sphère plus éminente de sainteté, afin qu’il pût être le supérieur officiel de son Dieu.”  [2] 

Mgr Gay (1815-1892)

Ce qui frappe Mgr Gay,“ce sont les ombres épaisses qui enveloppent Saint Joseph... Cet homme est dans la nuit: sa vie est pour le monde une nuit véritable, obscure comme la nuit l’est toujours; mais comme toute nuit l’est, aussi profonde, majestueuse et religieusement émouvante... Joseph est un abîme, un sanctuaire, un tabernacle.”  Plus on contemple Saint Joseph, plus ce qu’on découvre est beau: “L’âme se sent en présence d’un abîme. Elle est comme insensiblement soulevée au-dessus du monde ordinaire de ses préoccupations et de ses pensées, elle respire un air plus pur et comme embaumé; on dirait qu’une brise lui arrive de la patrie éternelle.”

Car Joseph est du Ciel; c’est le plus caché des fils d’Adam. C’est un homme saint dans tous les sens du terme, un homme à part, réservé, retiré, séparé. “C’est un homme de Dieu, tout de Dieu, tout en Dieu... un enfant de Dieu... Il y a une analogie frappante entre la vie et l’âme de Saint Joseph et le sein du Père Éternel? Ce sein du Père est le lieu incréé où naît, s’épanouit et se consomme le mystère tout entier de Jésus et de Marie; l’âme et la vie de Joseph sont, à leur manière, le lieu créé où ce même mystère adorable se pose, demeure et grandit... La paternité de Joseph au regard de Jésus est le miroir de la paternité éternelle : elle en reflète l’autorité, l’imperturbable sérénité, l’immensité, la suavité.”

Tout en Joseph, appartient à Dieu “non seulement en droit et par la loi de sa prédestination, mais en fait et par son choix libre qui l’ajuste à sa destinée, et le rend merveilleusement fidèle à sa grâce.”   [3]

Ernest Hello (1828-1885)

Pour le traducteur d’Angèle de Foligno et de Ruisbroeck, Ernerst Hello, Saint Joseph est surtout l’ombre du Père, et c’est son silence qui lui rend le plus bel hommage. “Saint Joseph, l’ombre du Père! Celui sur qui l’ombre du Père tombait épaisse et profonde, Saint Joseph, l’homme du silence... Le silence de Saint Joseph fait le silence autour de Saint Joseph. Le silence est sa louange, son génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne... Quand l’ombre de Saint Joseph tombe quelque part, le silence n’est pas loin...

Le silence de Saint Joseph ressemble à un hommage rendu à l’inexprimable. C’est l’abdication de la parole devant l’Insondable et devant l’Immense. Cependant l’Évangile qui dit si peu de mots, a les siècles pour commentateurs... Les siècles creusent ses paroles (de l’Évangile) et font jaillir du caillou l’étincelle vivante... Au milieu du tonnerre et des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.”  [4]

Chanoine Thellier de Poncheville (1875-1956)

Ce prédicateur réputé, s’étonne que Saint Joseph n’ait été connu que bien tardivement. C’est que “l’adorable figure du Sauveur devait commencer par briller seule à l’horizon, afin d’attirer tous les regards vers elle. Une fois mis en pleine possession de sa gloire, le Christ en projettera le reflet sur sa Mère, en faisant apparaître l’un après l’autre ses privilèges les plus éclatants: sa maternité divine, sa Conception immaculée, sa glorieuse Assomption. A son tour, Saint Joseph sortira de l’ombre où son humilité s’était longtemps complue, et on verra briller ses titres à la vénération des âmes chrétiennes...

Un tel Saint, au coeur plein de sollicitude, aux mains débordantes de grâces, devait attirer peu à peu à lui une clientèle innombrable qui le chargerait de présenter ses requêtes à Dieu... La conscience chrétienne reconnaît aujourd’hui dans la Mère du Sauveur la Médiatrice universelle par laquelle se répand à travers l’humanité le flot inépuisable des largesses divines. De tous les seviteurs de Dieu, Saint Joseph fut le grand privilégié sur lequel cette action sanctifiante de la Vierge s’est exercée le plus puissamment. Outre le bienfait d’une longue cohabitation avec elle, il a eu droit de participer, comme son époux, à tous ses biens, en particulier à ses biens spirituels.” [5] 

Mgr Joseph Martin (1891- ?)

Mgr Joseph Martin a consacré sa Lettre Pastorale du Carême 1954 à Saint Joseph le silencieux.

“Quel exemple pour notre siècle où l’on parle tant, que le silence de Saint Joseph!

Le silence de Joseph n’était pas seulement un silence de réserve et de prudence; c’était aussi un silence de recueillement et d’union à Dieu... Ayant constamment sous les yeux l’exemple de la sainteté la plus éminente, des vertus les plus sublimes, Saint Joseph, en les admirant et en les méditant, concevait un amour toujours plus grand pour Jésus et Marie.”  [6] 

Père Marie-Dominique Philippe

Nous le savons bien, Saint Joseph, le juste, c’est-à-dire, le saint par excellence, est un homme de silence”qui allie merveilleusement bien la contemplation, le travail, la charité fraternelle et le service.”  Joseph a caché la virginité de Marie et la divinité de Jésus, car il importait de tromper le Prince de ce monde et de protéger la Sainte Famille. “Il semble donc qu’on puisse dire que Joseph a, durant toute la vie cachée, empêché le démon de s’infiltrer dans la Sainte Famille.”  [7] 

Avec le Père Marie-Dominique Philippe, on peut s’écrier: “Comme c’est simple, la sainteté de Saint Joseph! Comme c’est proche du coeur de l’homme, et comme c’est grand! Parce que c’est caché, c’est quelque chose qui se réalise dans le silence, dans le don total de lui-même, entièrement donné à Marie comme époux et acceptant d’elle et de Dieu cette pauvreté dans son coeur d’époux. Pauvreté pour aimer plus, mais pauvreté tout de même, qui lui est imposée par la sagesse de Dieu. Pour un homme, c’est rude, mais si l’homme sait dépasser la pauvreté pour aimer plus, alors, c’est grand.”

Saint Joseph a du faire des actes particulièrement héroïques. Il a compris que sa vie devait être un continuel héroïsme, “mais c’était un héroïsme d’amour. Dans la joie, certes, et une immense joie; mais il peut y avoir un héroïsme de joie. Il n’y a pas que des héroïsmes de douleur, il y a aussi des héroïsmes de joie, des dépassements extrêmes qui nous sont demandés dans une très grande joie.”  [8] 

Et cet héroïsme de joie ne fut certainement pas le moindre des aspects de la sainteté de Saint Joseph.


[1] Selon Le Père Faber (1814-1863)

[2] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[3] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[4] Ernest Hello, “Physionomie des Saints”

[5] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[6] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[7] Père Marie-Dominique “Le mystère de Joseph”    - Éditions Saint Paul

[8] Père Marie-Dominique “Le mystère de Joseph”    - Éditions Saint Paul

   

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