Depuis le XIVe siècle, époque à partir de laquelle
les théologiens se sont penchés avec attention sur le mystère de Saint Joseph,
de très nombreux auteurs ont contemplé, non seulement les vertus éminentes de
Saint Joseph, mais également les caractéristiques de sa paternité, paternité
authentique et réelle, quoique partielle et exceptionnelle.
Bérulle, fondateur en France, de la Congrégation
de l’Oratoire, exerça sur la spiritualité française une influence
décisive. Il
introduisit en France le Carmel réformé de Sainte Thérèse d’Avila et adopta sa
grande dévotion envers Saint Joseph.
Le Cardinal de Bérulle a peu écrit sur Saint
Joseph. Toutefois, dans son ouvrage, “Les grandeurs de Jésus” , on peut
lire, dans le discours XI sur la seconde naissance de Jésus:
“La naissance intérieure de Jésus
(à Nazareth)
se passe sans éclat et sans bruit au monde, se
passe entre le Saint-Esprit, l’Ange et la Vierge, en l’intime de son coeur, au
secret de son sein, au cabinet de Nazareth, tout le reste de la terre ignorant
ce mystère, et Joseph même, qui toutefois est un ange en la terre, choisi en la
terre pour être le seul participant à ce grand conseil, le tuteur du Fils,
l’époux de la Mère, le chef de la famille et de la maison du Père Éternel en la
terre, comme étant établi de Dieu en la puissance et principauté, et son
lieutenant sur la partie la plus noble de son État et de son empire; car le plus
noble empire du Père Éternel, c’est Jésus et Marie, et Joseph a puissance sur
l’un et sur l’autre par le vouloir du Père. Et toutefois cet ange, ce prince,
cet époux, ce tuteur du Fils et de la Mère de Dieu, n’est point appelé au secret
de cette naissance intérieure de Jésus. Secret qui adore le secret de la
naissance éternelle, comme la résidence intime du Fils en la Mère par cette
naissance intérieure, va adorant la résidence intime du Fils au Père par la
naissance divine.”
Pour J.J. Olier “l’admirable
Saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer sensiblement les perfections
adorables de Dieu le Père. Dans sa seule personne il portait ses beautés, sa
pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion.
Un seul saint est destiné pour représenter Dieu le Père tandis qu’il faut une
infinité de créatures, une multitude de saints pour représenter Jésus-Christ;
car toute l’Église ne travaille qu’à manifester au dehors les vertus et les
perfections de son chef adorable et le seul Saint Joseph représente le Père
Éternel... Aussi faut-il considérer l’auguste Saint Joseph comme la chose du
monde la plus grande, la plus célèbre, la plus incompréhensible... Le Père
s’étant choisi ce Saint pour en faire sur la terre son image, il lui donne avec
lui une ressemblance de sa nature invisible et cachée et, à mon sens, ce Saint
est hors d’état d’être compris des esprits des hommes.”
[1]
En effet,
“le Fils de Dieu s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il
conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de
Saint Joseph, par lequel le Père se rendait visible à Lui... Jésus regardait en
Joseph le Père Éternel comme son père; de son côté la Très Sainte Vierge
considérait, en la personne de Joseph, le même Père Éternel comme son épouse....
Aussi devons-nous aimer avec tendresse Dieu le Père en Saint Joseph... et parce
qu’en Dieu le Père, Saint Joseph est source de tout bien et de toute
miséricorde, on dit de ce Saint qu’on ne lui demande rien qu’on ne l’obtienne.”
Pour Bossuet, le mystère de l’Incarnation, c’est
l’union très étroite de Dieu et de l’homme, de la divinité avec la chair. Le
Père éternel va mettre, en les mains de Joseph, Jésus-Christ lui-même, et Il
veut qu’Il soit conservé par ses soins. “Car Jésus, ce divin Enfant sur
lequel Joseph a toujours les yeux et qui est l’admirable sujet de ses saintes
inquiétudes, est né sur la terre comme un orphelin, et il n’a point de père en
ce monde.”
Joseph est choisi pour être le père de cet
orphelin! Et pour avoir un amour de père en faveur de cet orphelin! Et Saint
Joseph comprendra rapidement que le mystère de l’Incarnartion, c’est le mystère
de la souffrance. Car, heureux époux de Marie, à peine commençait-il à jouir du
Fils de Dieu, qu’il dut songer à Le défendre et à s’enfuir pour Le soustraire
aux menaces d’Hérode.
Jésus orphelin du Père Éternel! Oui, et Il s’en
plaindra un jour sur la Croix: “Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné?” Mais dès
sa naissance Jésus semble orphelin puisque dès ses premiers instants sur la
terre le Père l’expose aux persécutions. Alors, “pour montrer qu’Il ne
l’oublie pas, du moins à ce qui paraît à nos yeux, c’est de Le mettre en la
garde d’un homme mortel qui conduira sa pénible enfance: et Joseph est choisi
pour ce ministère...”
Daniel Joseph Lallement découvrit la place unique
de Saint Joseph dans l’Incarnation rédemptrice en scrutant le mystère de la
Maternité divine. Prédicateur, conférencier, professeur de théologie, il fut
ainsi amené à méditer pendant longtemps sur le mystère de la paternité de Saint
Joseph, paternité d’abord à l’égard de Jésus, et qui s’étend naturellement en
une action spirituelle de père envers l’Église du Christ et chacun des êtres
humains que le Christ est venu appeler à être tous ses frères. Il en résulte que
le mystère de la paternité de Saint Joseph n’est pas seulement une question pour
théologiens, mais surtout un objet de contemplation pour ceux qui désirent
progresser dans la vie spirituelle.
Les méditations du Chanoine Lallement l’ont
conduit à quelques conclusions essentielles. Pour lui, la paternité de Saint
Joseph est une paternité humaine au sens propre, mais c’est une paternité
partielle. Il faut aller à Joseph pour bien entrer dans le grand dessein de Dieu
qu’est l’Incarnation. De plus, la fonction de Joseph la plus marquée est celle
d’insérer le Christ dans son peuple. Enfin, il est nécessaire d’entrer chez
Joseph, chef de la Sainte Famille, pour entrer dans l’intimité de Marie et de
Jésus.
La paternité de Saint Joseph est une paternité
unique. “Il s’agit d’une dignité unique, d’une union à Dieu unique, donc,
d’une sainteté unique.” Il faut passer par Saint Joseph pour entrer dans le
grand dessein de Dieu qu’est l’Incarnation et toute la théologie de Saint Joseph
est intimement liée à la théologie de l’Incarnation.
“Indirectement et moralement Saint Joseph
appartient à l’ordre de l’union hypostatique par ses rapports et ses relations à
la Sainte Vierge: indirectement, c’est-à-dire par la Sainte Vierge; moralement,
cela veut dire par ses fonctions à l’égard de la Sainte Vierge...
La théologie de Saint Joseph consiste tout
entière à comprendre comment il est père du Christ par ses relations avec la
Sainte Vierge... il s’ensuit qu’il est évidemment le modèle éminent de toute
voie mariale, c’est-à-dire de tout accès au Christ par la Vierge. “
Mais, et c’est peut-être là une découverte
originale de D.J. Lallement, “il n’y a
pas de place pour une paternité humaine complète dans l’Incarnation, de sorte
que la maternité de Marie est une dignité incomparablement supérieure à la
paternité de Joseph, lequel apparaîtra de plus en plus comme l’antidote de
l’humanisme activiste par son service de la Vierge toute à la réception de
Dieu.”
Selon D.J. Lallement,
“la maternité divine est complète, mais il ne
pouvait pas y avoir de paternité complète d’un homme à l’égard de Dieu... Il
fallait que dans l’oeuvre de l’Incarnation toute l’initiative vienne de Dieu.
C’est le pur don de Dieu. Il n’y avait pas de place pour une intervention
paternelle...”
Si l’Enfant-Dieu ne pouvait pas être procréé
humainement, il était cependant à recevoir, et il lui fallait un père. “La
paternité de Saint Joseph est donc une paternité humaine au sens propre, en ce
qu’il pose la condition de l’Incarnation en consacrant la virginité de son
épouse; mais une paternité partielle, parce qu’il n’engendre pas... ” C’est
par Marie, et seulement parce qu’il est son époux, que Saint Joseph exerce sa
paternité à l’égard du Fils de Dieu. Saint Joseph a accepté l’Incarnation en
acceptant et en consacrant la virginité de Marie.
“La virginité de Marie était strictement
requise pour l’Incarnation... Saint Joseph, vierge avec la Vierge, et comme
assistant de la virginité de Marie...”
réalise la condition de l’entrée du Fils de Dieu dans le monde. Saint Joseph
exercera toutes les fonctions d’un père envers Jésus, mais d’une manière cachée,
dans une vie de contemplation silencieuse, une vie de souffrance. Et c’est en
cela que Joseph est l’antithèse de l’humanisme, de l’homme qui cherche à se
faire dieu.
C’est dans l’Incarnation rédemptrice que culmine
l’oeuvre de l’Amour miséricordieux.
“L’Incarnation va jusqu’au bout de l’Amour
divin qui voulait pour la création l’union à Dieu. L’amour veut l’union au
bien-aimé... Dans l’Incarnation ce sera l’union d’une nature finie à une
Personne divine... et la nature humaine était particulièrement apte pour cette
union à une Personne divine comme Dieu voulait la réaliser... car elle fait la
jonction du monde spirituel et du monde matériel...”
Reprenant une parole de Saint Bernard, D.J.
Lallement affirme: “Le Seigneur a fait
de Saint Joseph son unique et parfaitement fidèle assistant sur la terre pour
l’accomplissement de son grand dessein.”
L’Incarnation fut réalisée en Marie, mais en Marie
qui était déjà sous l’autorité familiale de Joseph. Marie apporte un concours
physique; Joseph apporte un concours social, de l’ordre des institutions et du
droit, car, “prendre une nature humaine, c’était de la part du Verbe de Dieu,
prendre une nature sociale... Pour que le Fils de Dieu nous fût donné, il ne
suffisait pas qu’Il prît chair dans le sein d’une mère, il fallait encore qu’Il
fût accueilli dans le sein spirituel, moral, d’une famille. “ Et d’une
famille dotée d’un chef éminent: Saint Joseph. “Il fallait que Joseph fût un
humble, un petit selon le monde, un pauvre, un persécuté, un réfugié... un
obéissant dans la nuit.”
Saint Joseph appartenait à la descendance de David
de laquelle devait naître le Messie. Par son obéissance à la Loi, Joseph inséra
Jésus dans une famille, dans son peuple. Il L’initia à toutes les exigences de
la Loi et il Lui donna un métier. Aux yeux de tous, Jésus sera le Fils de Joseph
le Charpentier.
Cependant la fonction de Joseph dans la Sainte
Famille ne pouvait pas être celle d’un père selon la chair; sa fonction,
“primordiale pour que le Verbe de Dieu s’incarnât dans les conditions voulues
par la divine Sagesse,” devait être entièrement consacrée à la réalisation
du mystère de l’Incarnation et à la préparation du sacrifice de la Rédemption.
“Le Fils de Dieu a été confié à Joseph, comme
un petit enfant naissant dans la race déchue d’Adam, comme petit enfant ayant
toutes les faiblesses des enfants d’Adam, hormis la faiblesse de l’intelligence
et la faiblesse de la concupiscence ou du péché, mais du moins toutes les
faiblesses naturelles corporelles des enfants d’Adam. S’il a fallu que Joseph
protège le Christ, s’il a fallu qu’il en prenne soin, dans des conditions de vie
extrêmement précaires et menacées, s’il a fallu qu’il peine, pendant des années,
pour nourrir le Christ, c’est en raison de la vocation de Rédempteur qu’avait le
Fils de Dieu Incarné... Nous comprenons pourquoi la paternité de Saint Joseph a
commencé par un sacrifice, par une immolation et une offrande. La paternité de
Joseph a commencé par sa consécration virginale avec la Vierge... La paternité
de Joseph est ainsi, dès son principe, paternité sacrificielle, parce qu’elle
est paternité à l’égard du Rédempteur.”
Il faut entrer chez Saint Joseph pour entrer dans
l’intimité de Jésus et de Marie
“La sainteté de Joseph n’est rien d’autre que
sa fidélité à laisser le Seigneur entrer... En entrant chez Joseph nous serons
en face de la divine Présence... et le silence de Joseph, plein de la Parole de
Dieu, venue pour nous racheter, nous apprendra comment la Parole de Dieu vint à
nous .”
D.J. Lallement estime que la grandeur de Saint
Joseph ne sera reconnue qu’après une très profonde purification des âmes.
“Ce sont les âmes vraiment brûlées de la
jalousie de Dieu unique, de Dieu seul, qui peuvent comprendre Saint Joseph...Ce
sont les âmes très intimes avec Dieu, ce sont les âmes très détachées de tous
les biens de ce monde qui peuvent entrer dans l’intelligence de Saint Joseph.”
[3]
Les divers aspects de la paternité de Joseph
demeurent mystérieux dans l’éternité. Cependant ils continuent à s’exercer en
faveur des membres de la grande famille du Christ qu’est l’Église universelle.
“Demandons surtout à Saint Joseph de
vivre pleinement le mystère de la Rédemption... Car ce mystère comporte des
exigences... Précisément parce que le mystère de la Rédemption est terrible, ce
serait de la présomption de nous y offrir sans demander, comme des tout petits,
d’être portés, d’être aidés, d’être soutenus... Demandons par conséquent à Saint
Joseph ces bienfaits que les pères, les grands-pères surtout, savent donner aux
tout petits. Demandons-lui cela humblement.”
Un autre point est à signaler concernant la
paternité de Saint Joseph que le Chanoine D.J. Lallement rapproche de la
paternité de la première Personne de la Sainte Trinité. Il écrit: “La
paternité de Saint Joseph est divine par son terme parce que s’exerçant à
l’égard d’une Personne divine, le Fils. Cela donne à Joseph une étonnante
ressemblance avec la première Personne de la Sainte Trinité, ressemblance qui
paraît bien être l’aspect le plus profond du mystère de Joseph.” Pour cela
D.J. Lallement s’appuie sur l’Évangile de Saint Luc, d’abord au chapître 2,
versets 48 à 51 lorsque Marie dit à Jésus: “Votre père et moi nous vous
cherchions...”, à quoi Jésus répond: “Ne saviez-vous pas que je me dois aux
choses de mon Père?” Ensuite, au chapître 3, versets 22 et 23, lors du Baptême
de Jésus quand le Père Céleste se manifesta en disant: “Celui-ci est mon Fils
bien-aimé...”, alors que Jésus passait pour être le Fils de Joseph le
Charpentier.
D.J. Lallement médite aussi sur la paternité
virginale de Joseph, encore plus mystérieuse que la maternité virginale de Marie
et, pour tenter de l’expliquer revient à l’Évangile:
“Très nettement ce que l’Évangile nous montre le
plus dans la conduite de Saint Joseph, c’est sa souplesse sous l’initiative
divine. Joseph est un homme qui ne prend pas d’initiative, Joseph est un homme
qui est dans l’attente de l’initiative divine, qui est aux écoutes de Dieu, qui
est mû par Dieu, qui est obéissant à Dieu. Et c’est ce qui a permis à Dieu de
faire de lui son seul assistant sur la terre pour la réalisation de son grand
dessein, assistant très fidèle. C’est Dieu et Dieu seul qui agit par Joseph.”
L’union hypostatique est l’union d’une nature
créée à l’une des trois Personnes divines.
“Joseph ayant une paternité à l’égard d’une
Personne divine, se trouve nécessairement en de très spéciales relations avec
les deux autres Personnes. Par sa relation au Verbe Incarné, Joseph appartient
vraiment à l’ordre de l’union hypostatique.”
Avant de développer sa thèse, D.J. Lallement fait
quelques rappels théologiques dont voici l’essentiel:
“Il existe trois ordres d’union des créatures à
Dieu: l’ordre de la nature, l’ordre de la grâce et l’ordre de l’union
hypostatique.”
L’ordre de la nature
Dieu est le principe des créatures, êtres limités
capables d’opérations correspondant à leur nature. Dieu est le principe des
natures créées, et il existe des hiérarchies dans l’ordre des natures.
L’ordre de la grâce
Dieu est le principe de la grâce qui est
infiniment au-dessus de la nature mais qui la présuppose. Il s’agit ici, d’abord
“de la grâce sanctifiante avec ce qui résulte d’elle, les vertus
surnaturelles, spécialement les vertus théologales et les dons de l’Esprit
Saint,” puis “des grâces actuelles
qui mettent les vertus et les dons surnaturels en exercice... La grâce est
principe d’une sainteté qui glorifie Dieu d’une gloire incomparablement plus
haute et directement connue de Lui seul.”
L’ordre de l’union
hypostatique
Dieu est le principe de l’union hypostatique,
laquelle est infiniment au-dessus de la nature et de la grâce, mais suppose
l’une et l’autre.
“L’union hypostatique suppose la nature humaine
de Notre-Seigneur,... une nature humaine créée, avec ses limites... L’union
hypostatique, qui comporte une nature créée, implique aussi la grâce
sanctifiante, est réalisée au moment même où la nature humaine du Christ est
formée dans le sein de sa mère... Cette union comporte donc une double sainteté,
suprême louange de la gloire de Dieu.”
Il existe des rapports entre ces trois ordres:
“Dieu crée librement des natures finies... Puis Il leur donne la grâce,
gratuitement...” L’union hypostatique n’était pas obligatoire:
“elle est libre par rapport aux deux autres
ordres... La nature est ordonnée à la grâce, et la grâce est ordonnée à la
gloire de l’union hypostatique... La nature est donc embellie par sa
subordination à la grâce, la grâce chrétienne, ressemblance de la grâce du
Christ. La grâce chrétienne nous fait fils adoptifs de Dieu, mais en fraternité
avec Celui qui est Fils par nature.”
Ainsi, et en un certain sens, on peut dire que
tout appartient à l’ordre de l’union hypostatique, c’est-à-dire à l’ordre de
l’Incarnation. Mais attention! “Tout
n’appartient pas à l’ordre de l’union hypostatique constitutivement. Tout
appartient à cet ordre, comme ayant en lui sa fin, l’Incarnation, mais tout
n’appartient pas à cet ordre pour sa constitution.”
Et Saint Joseph?
Entendons-nous bien:
“L’union hypostatique n’est réalisée
substantiellement que dans le Christ lui-même, dans le seul Christ. Il y a
cependant deux personnes créées qui, par leur vocation, ont été principalement
voulues par Dieu pour la réalisation directe du mystère de l’Incarnation...
Premièrement la Sainte Vierge qui a été appelée à coopérer physiquement et
moralement... Quant à Saint Joseph, il est vraiment aussi coopérateur dans la
réalisation du mystère de l’Incarnation, mais il l’est uniquement dans l’ordre
moral et juridique. Joseph a permis l’Incarnation en sanctionnant de son
autorité humaine, en gardant, en protégeant la virginité de Marie...” C’est par
cette relation au Verbe Incarné qu’il appartient vraiment à l’ordre de l’union
hypostatique.”
Et cela fait de Saint Joseph un saint à part parmi
tous les autres saints.
André Doze, dans son livre ”Joseph, ombre du
Père”
[5] s’attarde
d’abord sur la nuée qui conduisit le peuple de Dieu à travers le désert. La nuée
révélait Dieu, mais elle le révélait en le cachant. Elle exprime le mystère du
Père. “Elle traduit à la perfection le Père agissant par son Esprit pour
susciter des fils, dans le Fils. Elle traduit exactement ce que deviendra le
couple de Joseph et de Marie, Joseph abritant Marie, au service de
l’Incarnation, l’ombre du saint Mariage.” Car Dieu a voulu deux conditions,
deux êtres particulièrement saints pour réaliser la venue de son Fils sur la
terre: Marie et Joseph. Il a voulu
“Joseph et Marie, deux êtres parfaitement humbles, simples, courageux, sans
défense, et cependant doués d’une force et d’une supériorité tellement
indiscutables que l’image du Dieu invisible, le Premier-Né de toute créature, a
choisi de leur être soumis... Joseph est celui en qui se cache le Père pour
accueillir cet Enfant et Le cacher à son tour, L’entourer de tendresse, Le
protéger, L’aider à grandir de toutes les manières... Joseph est l’ombre du
Père. Il est directement préfiguré par cette nuée biblique...”
Quand commencera la mission de Jésus, Joseph aura
complètement disparu, car “il ne faut
pas qu’il y ait la moindre équivoque lorsque Jésus parle de son Père. Joseph
disparaît. Il sait parfaitement le faire: c’est sa spécialité, cacher sa
personne et celle de ceux qui lui sont confiés.”
Cependant le Père ne l’oublie pas:
“C’était en Joseph, pour l’éternité, que Jésus
avait appris à dire “Père”. Cette expérience fondamentale du Coeur de Jésus a
introduit entre le Père Éternel et l’humble Joseph, des liens tout à fait
mystérieux qui sont, présentement, ce mystère dans lequel nous sommes invités à
entrer.”
Et mystérieusement Joseph restera présent auprès
de Jésus jusqu’à la Croix lorsqu’un certain Joseph (d’Arimatie) offrira son
tombeau neuf pour garder le Corps de Jésus mort.
“Ce n’est pas un hasard. Le nom est important dans
la Bible: il accompagne non seulement une personne mais aussi une fonction.
Joseph, soit en personne, soit par une mystérieuse présence spirituelle qui ne
peut être qu’insinuée, est chargé de veiller sur le Corps du Christ.”
En 1522, dans un ouvrage dédié au pape Adrien VI,
intitulé ”La somme des dons de Saint Joseph”, Isidore de Isolani a
souvent contemplé Saint Joseph et la Sainte Famille. Il a écrit:
“Pendant que Joseph travaillait, combien de fois Jésus lui disait-il: ô mon père
bien-aimé! Je donnerai à ces travaux une éternelle récompense. Et Saint Joseph
lui répondait: ô mon fils, ô Dieu très- Haut! ce bonheur d‘entendre vos paroles
ne compense-t-il pas tous ces travaux, et ne surpasse-t-il pas toute récompense?
Votre voix a pour moi une douceur extrême, et vos discours sont plus doux que le
miel... Recevez, ô Fils de Dieu, mes travaux de charpentier comme un hommage
envers Vous dont la bonté m’a choisi pour être regardé comme votre père. Dans le
Ciel ce sont les anges qui vous servent; sur la terre, c’est un homme, un
charpentier. Vous, la félicité des esprits bienheureux, Vous ne dédaignez pas de
charmer les peines d’un ouvrier.”
[6]
Dans un livre intitulé ”Les excellences du
glorieux Saint Joseph”, Jérôme Gratien de la Mère de Dieu rappelle que
plusieurs auteurs avaient pensé que Joseph était forgeron! Cette interprétation
résulte de l’Évangile qui nomme Joseph “faber”. Ce terme peut, en effet,
s’appliquer, soit aux forgerons, dans l’expression “faber ferrarius”,
soit aux charpentiers, dans l’expression “faber lignarius”. Pour des
raisons essentiellement pratiques, Jérôme Gratien de la Mère de Dieu estime que
Joseph, même s’il savait travailler le fer, ne pouvait pas être forgeron, et
voici pourquoi: “Dieu ayant élu Joseph
pour servir, nourrir et accompagner en tous leurs voyages Marie et Jésus, selon
les conditions de leur pauvreté, l’état de forgeron n’aurait pas été convenable.
Pour porter seulement les soufflets, l’enclume, les marteaux et les limes, un
mulet eût été nécessaire. Quant au menuisier, sa scie sur l’épaule, le rabot à
la ceinture, un compas et un ciseau dans sa poche, il peut parcourir le monde,
muni des instruments nécessaires pour gagner son pain. En traversant les
déserts, quatre branches sciées du premier arbre eussent fait une cabane pour se
mettre à couvert...
Saint Justin, philosophe et martyr, dit que
Joseph fut menuisier, et qu’en cet état il eut pour aide, Jésus; que celui-ci,
après la mort de Joseph, continua le même métier pour subvenir aux besoins de sa
mère. Il faisait des jougs et des charrues...”
Jérôme Gratien devient soudain plein de lyrisme à
l’adresse des charpentiers: “Heureux
pouvez-vous être appelés, vous autres frères charpentiers, puisque vous avez en
votre office deux si bons compagnons, Jésus et Joseph! Oui, heureux si vous
savez les imiter, leur être reconnaissants et les servir. Heureux état!
Excellent art dont nous ne retrouvons d’autre inventeur que Dieu lui-même, et
Joseph et Jésus parmi ceux qui l’ont exercé!...”
[7]
Continuant son panégyrique, Jérôme Gratien de la
Mère de Dieu en arrive à l’Église: “...
pour servir, accompagner et subvenir tant à la Mère qu’au Fils, Dieu créa un
autre charpentier et architecte, et il en fit l’époux de la Vierge. en
travaillant ensemble et exerçant toutes les choses conformes à leur état, Joseph
et Jésus communiquaient encore, parlaient et traitaient de l’édifice de la
Sainte Église en présence de la glorieuse Vierge Marie... “
Dom Guéranger énumère aussi les sentiments qui
remplirent le coeur de Joseph, cet homme juste, ainsi que les motifs de sa
gloire: “l’affection conjugale qui avait
pour objet la plus sainte et la plus parfaite des créatures... les joies de
Bethléem lorsqu’il assista à la naissance de Jésus,... les alarmes qui
interrompirent tant de bonheur quand, au milieu de la nuit il fallut fuir en
Égypte... les rigueurs de l’exil, la pauvreté... la vie humble et laborieuse
qu’il mena à Nazareth où tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le
Créateur du monde partageant avec lui un travail grossier...
Paul Claudel a écrit, le 24 mars 1911:
“Que de contrastes chez Saint Joseph! Il est le
Patron des célibataires et des pères de famille, celui des laïcs et celui des
contemplatifs! Celui des prêtres et celui des hommes d’affaires. Car Joseph
était charpentier. Il était obligé de discuter avec les clients et de signer de
petits contrats, de poursuivre les débiteurs récalcitrants... d’acheter des
fournitures, etc... Parfois c’est Jésus qui prend l’outil en mains... Et cela se
passe au pied d’une montagne toute ronde qui est le Thabor, et au loin on voit
le long faîte du Carmel. Les villages voisins s’appellent Cana, Nathum, Endor,
Mageddo...”
De nombreux saints ont pressenti que, si Joseph
avait été un père et un éducateur pour Jésus Enfant, rapidement Jésus devint un
maître pour Saint Joseph, le grand favorisé.
“C’est du matin au soir qu’il vit dans l’intimité
de Jésus. C’est près de lui qu’il travaille, qu’il prend ses repas. C’est dans
la même chambre, sans doute, qu’ils dorment... Dans la mesure où Jésus se
révèle à lui, son obéissance à Dieu se fait plus entière; sa nourriture comme
celle de Jésus, c’est de faire toute la volonté du Père.”
Jésus et Joseph travaillent ensemble, à des tâches
que l’on qualifie trop souvent d’obscures. En réalité
“Jésus est venu nous apprendre que
l’accomplissement des tâches humbles est, à ses yeux, chose si sacrée, qu’Il n’a
pas estimé indigne de sa divinité de s’y astreindre Lui-même.”
Daniel Foucher, auteur contemporain, ne craint pas
d’écrire, dans son livre ”Notre, père,
Joseph le Charpentier”
[8]:
“Ce qui constitue l’enchantement de la vie de
Nazareth c’est toute la vie trinitaire qui enveloppe Marie et Joseph, grâce à
Jésus situé au centre. Ce qui doit définir notre bonheur c’est notre insertion
dans le même Royaume d’amour et de partage, de paix et de joie. Le moindre geste
sur terre devient l’écho, la réplique de ce qui se déroule à l’intérieur de la
Sainte Famille... N’ayons pas peur de demander à Joseph de nous aider à nous
construire dans cet univers à trois dimensions et d’y édifier les autres. On
comprend pourquoi Marie ne peut rester seule à seul avec son Fils; bien que
vierge-mère, elle n’est pas une maman célibataire; Joseph est là, principalement
à la naissance pour les disjoindre et éviter une relation trop fusionnelle...”
[9]
André Doze contemple le Shabbat qui, dans la
Bible, est présenté comme l’achèvement de l’action du Dieu Créateur, le
lendemain de la création du premier couple humain. Saint Joseph est étroitement
lié au mystère de l’Incarnation. C’est vraiment un pauvre de coeur
“ayant la conviction profonde de son incapacité
personnelle, un sentiment d’écrasement et, d’autre part, une immense confiance
qui le fait se tourner vers Dieu avec la certitude de ne pas être repoussé...“
Le mystère de l’Incarnation s’est réalisé à
Nazareth, “lieu toujours inconnu, toujours à découvrir, de l’enfance
spirituelle confiée à Joseph, le Patron de la Bonne Mort.” De plus, Dieu
n’improvisant pas, à Nazareth,
“l’Incarnation, ce n’est pas seulement un Enfant d’apparence humaine venant
traduire le Dieu invisible, mais c’est un Enfant avec des parents,
indissociables, le couple que Dieu a uni, s’il en fut, de Joseph et de Marie.”
[11]
En effet,
“Le sommet et la source de cette merveille (la gloire de Dieu) est l’Incarnation
dont la clé est le couple de Joseph et Marie. Ils définissent un espace aux
propriétés étonnantes, l’espace divin sur la terre, confié par le Seigneur au
juste Joseph.”
[12]
Sur Joseph, le Père s’est reposé pour accomplir
cette œuvre essentielle, l’Incarnation. Car, pense André Doze, “une clé
manque d’ordinaire, pour entrevoir l’importance unique du repos de Dieu, du rôle
du Septième jour, (de la Création)
cette clé, c’est le rôle de Joseph... Et Joseph donne l’exemple de ce repos
divin quand nous le voyons recevoir, pendant son sommeil, les avis les plus
indispensables.”
[13]
Bérulle, cité par André Doze, avait déjà entrevu
“ce qu’on ne voit jamais, d’ordinaire...
Bérulle voit où Dieu se repose, le Septième
jour de la création. Il est introduit dans le jardin secret et soigneusement
fermé où s’élabore l’Incarnation. Il devine ce qu’il appelle, en toute rigueur
de termes, le Paradis céleste en la terre, l’âme de Marie.”
[14]
La contemplation du mystère de l’Incarnation, vu
sous cet angle, ne peut manquer de révéler le mystère du couple de Jésus et de
Marie. André Doze s’y attarde longuement: “Si l’être humain masculin veut se
situer par rapport au Christ, qui est sa tête, comme le Christ se situe par
rapport au Père Éternel, un seul modèle: la femme... La femme en face de
l’homme, dit Saint Paul (1 Co 11, 3),
est le modèle de ce que l’homme doit être en face
du Christ. Je veux que vous le sachiez. L’illustration parfaite de cette loi est
donnée par le couple de Joseph et de Marie. Joseph ne devient l’être remarquable
qu’il est, que parce qu’il sait s’ouvrir totalement à l’influence de son épouse.
L’Annonciation faite à Marie est première par rapport à l’Annonciation à Joseph
et la conditionne... La sainteté de Joseph, sa pureté, n’ont pu naître que dans
la lumière exceptionnelle de l’Immaculée. Cet homme ne devient le père terrestre
du Verbe Incarné que par cette femme.”
[15]
Sainte Bernadette Soubirous ne craignait pas de
dire: “La Sainte Vierge et Saint Joseph sont parfaitement d’accord. Au Ciel,
il n’y a pas de jalousie.” Non, au ciel, il n’y a pas de jalousie, ni dans
les couples humains, ni entre les élus. Méditer sur Saint Joseph a curieusement
conduit André Doze à se pencher sur le couple “Joseph-Marie”, puis, à partir de
ce couple exceptionnel, sur la jalousie. L’importance de cette réflexion est si
grande qu’on ne peut pas ne pas s’y attarder un peu, bien qu’elle ait l’air de
s’écarter du sujet: Saint Joseph, l’Incarnation et la paternité de Saint Joseph.
En effet, Jésus nous a redit que nous ne devons
pas séparer ce que Dieu a uni. Or, si tant de couples se déchirent, “c’est
que nous n’avons pas compris que c’est justement le couple et pas l’être humain
en tant que tel qui est le centre de la Création. Dans le Seigneur, dit
Saint Paul (1 Co 11,11), ni la femme ne
va sans l’homme, ni l’homme sans la femme... Et pour le Seigneur, Marie est
indissociable de son époux. L’annonciation à Joseph suit logiquement celle à
Marie et l’Ange dit des paroles d’une force extrême, qu’il n’est pas possible de
comprendre ici-bas: “ Joseph, fils de David, ne craint pas de prendre chez toi
Marie, ta femme, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint.” La
grandeur de ces quelques mots est incommensurable... L’Ange fait savoir aux
hommes que Joseph, cet homme absolument unique entre tous les hommes, est celui
qui a été choisi pour être l’époux de celle que nous savons être, maintenant,
l’Immaculée, et le père terrestre de celui que nous connaissons avec certitude
comme le Messie. “
Dès l’origine de la création tout devait monter
ves le Christ que l’Esprit nous donne en Marie, chez Joseph. Marie, la
Bien-Aimée de Dieu, “assimilable au jardin clos où Dieu cache la source de
Vie, mais, de toute éternité, Dieu a uni le couple. Cette Bien-Aimée est confiée
à Joseph, fils de David, dont le travail est de manier “la clé de David” (Is
22,22), précisément celle qui permet au
Seigneur d’ouvrir et de fermer à volonté sur la terre, comme Joseph le fera
parfaitement dans sa maison de Nazareth qui abritera les plus divins secrets
pendant trente ans.
C’est lui, Joseph, le gardien de ce jardin,
celui qui garde la porte (Jn 10, 3),
(cette porte qui est Jésus Lui-même),
Lui, ce descendant de David à qui sont confiés l’Immaculée et le Sauveur
qu’elle porte. Il est le gardien du Shabbat, puisque le Shabbat est comme le
temps, comme le lieu spirituel de tous ces mystères.”
[16]
Saint François de Sales avait bien compris
“les secrets de ce divin repos de l’âme que
Dieu propose dans le jardin de la Sulamite, en se référant au Cantique des
Cantiques, jardin qu’il savait, quant à lui, confié à Joseph: Ô Marie et Joseph,
paire sans pair, lis sacré d’incomparable beauté entre lesquels le Bien-Aimé se
repaît et repaît tous ses amants.”
[17]
Lucien Deiss se penche, lui aussi, sur la
paternité de Saint Joseph. Pour lui, le mystère de l’Incarnation, mystère de
Jésus, apparaît particulièrement émouvant dans le clair-obscur de Nazareth.
Jésus, la deuxième personne de la très Sainte Trinité domine les siècles
éternels, mais Marie et Joseph l’ont contemplé Enfant. Jésus proclame la loi
nouvelle, mais “c’est Joseph et Marie qui lui ont appris à parler, avec
l’accent galiléen qu’on reconnaissait si bien à Jérusalem.” Jésus, Verbe
Éternel, est l’artisan de l’univers, mais
“c’est Joseph qui lui a appris à raboter les
planches et à se servir d’une équerre.”
La conception de Jésus est uniquement l’oeuvre de
l’Esprit-Saint. Cependant, il y eut vraiment un mariage entre Joseph et Marie,
lorsque, sur l’invitation de l’Ange, Joseph prit chez lui, Marie, enceinte. Par
ailleurs, selon la tradition biblique, toute paternité étant un appel de Dieu à
accueillir l’Enfant comme un don de Dieu, il y eut pleine reconnaissance de
paternité devant le monde, lorsque Joseph, toujours sur l’invitation de l’Ange,
donna son nom, à l’Enfant Jésus. Jamais dans le monde il n’y eut une paternité
semblable à celle de Joseph. “Ce qui
fait la beauté inexprimable de cette paternité reste le secret entre Dieu et
Joseph.”
Quelles sont les sources de la formation de Jésus?
On pense immédiatement d’une part à la tradition d’Israël, et d’autre part à
l’influence familiale de Joseph et de Marie.
“Sa formation ressemble à celle des fils et des
filles de Nazareth de son temps. Cette tradition comprenait non seulement la
révélation écrite, c’est-à-dire ce que Jésus appelait la loi et les Prophètes,
mais aussi les lois jadis transmises oralement, qui étaient en usage à l’époque,
et qui furent rassemblées par la suite dans la Mishnah.
Sur le plan familial “nous ignorons comment
Joseph et Marie ont vécu et exprimé au sein de leur foyer l’amour qui les liait
l’un à l’autre, et nous ne pouvons que deviner leurs deux mains jointes en un
geste de tendresse mutuelle et d’offrande à Dieu; mais le parfait équilibre de
Jésus, tant sur le plan simplement humain que sur le plan religieux, révèle la
qualité de l’amour qui unissait Joseph et Marie... La splendeur de cette
humanité révèle, comme dans un miroir, la beauté de celle de Joseph et de
Marie... ” Avec Lucien Deiss, nous pouvons nous émerveiller “sur la
réalité la plus sublime que Dieu ait créée sur terre, c’est-à-dire l’amour d’un
homme et d’une femme -ici de Joseph et de Marie- amour qui s’est unifié dans
l’amour de leur Enfant, Jésus.” Et surtout rappelons-nous sans cesse, en
contemplant la Sainte famille, l’importance de la famille dans le développement
harmonieux de n’importe quel être humain: “Le développement de la
personnalité de Jésus s’est réalisé sous le soleil de son Père d’En-Haut,
certes, dans son dialogue le plus intime avec son Père du Ciel, mais aussi dans
la chaleur du foyer de son père Joseph et de sa mère Marie.” Car,“son
intelligence et son coeur, comme en tout homme, demeuraient soumis à la loi
humaine de la croissance.”
“Joseph était si bon, si tendrement aimable, si
affectionné, que Jésus Enfant a appris à découvrir en lui l’image du Père
Céleste... Dans la Sainte Famille de Nazareth, on n’avait du père qu’une image
de bonté... Joseph fut pour Jésus l’icône de l’Abba du Ciel. La découverte de la
tendresse humaine dont l’entourait Joseph fut le chemin de découverte de la
tendresse infinie dont l’entourait le Père du Ciel.“
Jo Croissant, comme son époux, Éphraïm, fondateur
de la communauté des Béatitudes, a été amenée, dans le cadre de son apostolat, à
soulager des âmes blessées, parfois profondément. De nombreux jeunes ont
complètement perdu la notion de père, soit parce que le père s’était montré
défaillant dans son rôle paternel, soit parce que le père avait été inexistant.
Aussi un certain nombre de techniques de guérison ont-elles pour but de faire
retrouver toute la valeur irremplaçable du père, et surtout de rencontrer Dieu,
le Père par excellence. Saint Joseph et la Sainte Famille se trouvent souvent
sur le chemin qui mène au Père. La scène du recouvrement de Jésus au Temple est
un exemple caractéristique de ce retour au Père.
“Quitter la maison de son père signifie quitter
les fausses images que nous avons de Dieu, car il veut se révéler à nous tel
qu’Il est... Dans le recouvrement de Jésus au Temple, la Sainte Famile elle-même
vit cette séparation. Pour Joseph et Marie, elle se fait dans la souffrance.
Marie rappelle à Jésus les liens de la chair: “Ton père et moi, nous te
cherchions,...” et Jésus leur montre le Père Céleste: “Ne savez-vous pas que je
me dois aux affaires de mon Père?” Il fallait donc que Jésus lui-même soit
séparé de Joseph et Marie, pour qu’Il puisse rentrer pleinement dans son
identité de Fils de Dieu. Et bien qu’Il retourne avec ses parents à Nazareth, et
qu’Il leur soit soumis, Il est entré dans une nouvelle dimension.”
[20]
L’achèvement de toute chose, c’est le retour au
Père: “Marie, dans toutes les étapes de
la vie de Jésus ne cesse de le conduire au Père, tout d’abord dans sa soumission
à Joseph, son époux. C’est lui Joseph, qui aura toutes les initiatives, qui
prendra les décisions de leurs déplacements. C’est à lui et non à Marie que
l’Ange parle en songe, comme pour l’établir dans son autorité de chef de
famille. Et au moment du recouvrement de Jésus au Temple, Marie rappelle à son
Fils la soumission à son père.”
[21]
[1] Jean-Jacques Olier -
La journée chrétienne - Cité par André DOZE dans
”Joseph, ombre du Père”
[2]D.J. Lallement
“Mystère de la Paternité de Saint Joseph” Éditions Téqui
[3] D.J. LALLEMENT
”Mystère de la paternité de Saint Joseph “ Éditions TÉQUI
[4] André DOZE
“Joseph, Ombre du Père” - Éditions des Béatitudes
[5] André DOZE
”Joseph, Ombre du Père “ - Éditions des Béatitudes
[6] Cité par le Chanoine
LAMOTHE-TENET “Saint Joseph Patron des communautés religieuses”
Éditeur J. Martel aîné, Imprimeur de N.S.P. le Pape. Montpellier
(1879)
[7] Cité par Mrg
Villepelet dans “Les plus beaux
textes sur Saint Joseph”
[8] Daniel Foucher
“Notre Père, Joseph le charpentier” Éditions de Montligeon
[9] Daniel Foucher
“Notre Père, Joseph le charpentier” Éditions de Montligeon
[10] André DOZE
”Joseph, Ombre du Père” Éditions des Béatitudes
[11] André DOZE
”Joseph, Gardien du Shabbat” Éditions des Béatitudes
[12] André DOZE
”Joseph, Ombre du Père” Éditions des Béatitudes
[13] André DOZE
”Joseph, Gardien du Shabbat” Éditions des Béatitudes
[14] Cité par André
DOZE Joseph, Gardien du Shabbat “ Éditions des Béatitudes
[15] André DOZE “Joseph,
Gardien du Shabbat” - Éditions des Béatitudes
[16] André DOZE “Joseph,
Gardien du Shabbat” - Éditions des Béatitudes
[17] Cité par André DOZE
dans “Joseph, Gardien du Shabbat” - Éditions des Béatitudes
[18] Deiss Lucien
“Joseph, Marie, Jésus” - Éditions Saint Paul
[19] Deiss Lucien
“Joseph, Marie, Jésus” - Éditions Saint Paul
[20] Jo Croissant ”Le
Corps, Temple de la Beauté” Éditions des Béatitudes
[21] Jo
Croissant ”Le Corps, Temple de la Beauté” Editions des
Béatitudes
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