COMMENTAIRE

Infiniment parfait et bienheureux en Lui-même, Dieu, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l'homme pour le rendre participant de sa vie bienheureuse. Lorsque les temps furent accomplis, Dieu le Père a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur des hommes tombés dans le péché, pour les appeler dans son Église et pour leur donner d'être ses fils adoptifs par l'action de l'Esprit Saint et les héritiers de son éternité bienheureuse.

« Tu es grand, Seigneur, et louable hautement… Tu nous as faits pour Toi et notre cœur est sans repos tant qu'il ne se repose pas en Toi » (saint Augustin).

En créant l'homme à son image, Dieu lui-même a inscrit dans son cœur le désir de le voir. Même si un tel désir est ignoré de l'homme, Dieu ne cesse d'attirer l'homme à lui pour qu'il vive et trouve en Lui la plénitude de vérité et de bonheur qu'il ne cesse de chercher. Par nature et par vocation, l'homme est donc un être religieux, capable d'entrer en communion avec Dieu. Ce lien intime et vital avec Dieu confère à l'homme sa dignité fondamentale.

« L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l’homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec Lui commence avec l’existence humaine. » (Gaudium et apes)

L’aventure de l’homme a commencé dans le jardin d’Eden quand Dieu le créa. A la question "Pourquoi Dieu nous a-t-il créés ?" nous pouvons répondre facilement : parce qu’il l’a voulu, parce qu’il nous a voulus et aimés. Et tout au fond de nos cœurs, Dieu s’est créé une place que rien ni personne ne peut combler. C’est la conscience de cet espace qui pousse les hommes à la quête de Dieu et de Lui Seul parce qu’Il est Seul comme une clef pour une serrure, à pouvoir remplir cette place et donc à ouvrir à l’homme, les portes de son bonheur, du vrai bonheur.

Toutes les cultures et toutes les civilisations aussi avancées ou primitives soient-elles, accordent toujours une place à « un » dieu même si l’humanité a connu ces dernières années des systèmes qui se voulaient sans Dieu. Il y a une évidence qui se dégage dans tous les cas: tout le monde se préoccupe de Dieu, qui pour le trouver et l’aimer davantage, qui pour l’exclure, le chasser et le haïr. L’homme ne se suffit pas à lui seul.

La quête de Dieu prend des formes multiples dans le comportement des hommes. Elle passe par la prière, la méditation, le culte ou des sacrifices. Toutes ces formes visent à créer une relation entre l’homme et la divinité. « C’est en elle en effet que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 26-28).

Il arrive aussi que cette relation qui doit lier l’homme à son créateur soit oubliée, méconnue, ou rejetée. Bien souvent l’homme est tellement préoccupé par « les soucis de cette vie » qu’il ne sent plus ce vide qui est en lui, ou il pense le combler en accumulant les biens de ce monde. Parfois c’est l’effort que ce souci de Dieu peut nous demander qui paralyse et pousse à la démission. L’ignorance et la mauvaise information peuvent tout aussi bien nous éloigner de Dieu. Mais lui ne cesse de nous appeler à Lui.

À partir de la création, c'est-à-dire du monde et de la personne humaine, l'homme, par sa seule raison, peut avec certitude connaître Dieu comme origine et fin de l'univers, comme souverain bien, et comme vérité et beauté infinie.

« La Sainte Église, notre mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées » Concile Vatican I.

Les voies d’accès à la connaissance de Dieu sont en réalité « des preuves de l’existence de Dieu » lesquelles sont en fait des « arguments convergents et convaincants » que l’esprit créé à l’image et à la ressemblance de Dieu peut accueillir comme vrais et certains. La première voie est la création elle-même. « Ce que l’on peut connaître de Dieu est clair pour eux : Dieu le leur a montré clairement. En effet depuis que Dieu a créé le monde, ses qualités invisibles, c'est-à-dire sa puissance éternelle et sa nature divine, se voient dans les œuvres qu’il a faites » (Rm 1, 19-20).

4. Suffit-il de la lumière de la raison pour connaître le mystère de Dieu ?

Dans sa connaissance de Dieu par la seule lumière de sa raison, l'homme rencontre beaucoup de difficultés. De plus, il ne peut entrer par lui-même dans l'intimité du mystère divin. C'est pourquoi Dieu a voulu l'éclairer par sa Révélation, non seulement sur les vérités qui dépassent la compréhension humaine, mais aussi sur les vérités religieuses et morales, qui, tout en étant en elles-mêmes accessibles à la raison, peuvent ainsi être connues de tous, sans difficulté, avec une ferme certitude et sans risque d'erreur.

« Bien que la raison humaine, en effet, à parler simplement, puisse vraiment par ses forces et sa lumière naturelle arriver à une connaissance vraie et certaine d’un Dieu… ainsi que d’une loi naturelle mise par le Créateur dans nos âmes, il y a cependant bien des obstacles empêchant cette raison d’user efficacement… de son pouvoir naturel » Pie XII, encyclique Humani Generis.

Dans ce monde dans lequel nous vivons, les embûches sur les chemins de la vraie connaissance de Dieu, sont insurmontables par les seules qualités de l’homme et sa seule volonté. C’est pour suppléer à ces insuffisances de l’homme que Dieu l’éclaire par la révélation. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » nous dit le Seigneur Jésus

On peut parler de Dieu à tous les hommes et avec tous les hommes, à partir des perfections de l'homme et des autres créatures, qui sont un reflet, bien que limité, de la perfection infinie de Dieu. Il faut donc sans cesse purifier notre langage en ce qu'il a d'imagé et d'imparfait, en sachant que l'on ne pourra jamais exprimer pleinement l'infini mystère de Dieu.

Que dire de Dieu pour ne pas le trahir ? Dieu Lui-même se dit dans ses œuvres dont le sommet est l’homme. Il se dit encore plus à travers la parole de l’homme par le mystère de l’Église. La conscience de la souffrance de nos amis et frères séparés de Dieu est suffisante pour parler de Dieu à tous et partout.