Le Livre d'Osée rapporte une
Parole du Seigneur adressée à son peuple: "Mon épouse
infidèle, je vais l'entraîner jusqu'au désert, et je lui
parlerai cœur à cœur." Cette parole s'adresse aussi à
chacun de nous qui nous conduisons, à un moment ou à un
autre, comme une épouse infidèle. Cela s'adresse aussi aux
peuples que Dieu a visités particulièrement, et qui, après
avoir aimé leur Seigneur se sont écartés de Lui. L'avenir de
ces peuples est entre les mains de Dieu qui, plein de
miséricorde saura leur envoyer les grâces de conversion que
peut-être ils attendent déjà. De même chaque personne
individuellement, épouse infidèle, sera conduite au désert,
et Dieu parlera à son cœur. Car il est certain que la
destinée d'un peuple est liée à la destinée de chacune des
personnes qui le constituent. Nous allons essayer de méditer
ces choses difficiles.
Chaque chrétien fervent peut se
dire un jour: j'essaie de ne pas être trop infidèle, mais
malheureusement je suis un pécheur comme tous les hommes,
donc une épouse infidèle. Je sais que le Seigneur m'emmènera
au désert et parlera à mon cœur qui sera tout brûlant. Et je
serai heureux car j'aime quand le Seigneur me parle, bien
que son langage à Lui ne soit pas toujours accessible
directement à mon intelligence...
Le Seigneur peut aussi nous
parler à travers notre inconscient qui le transmettra à
notre conscient quand le moment sera venu. Vivre avec Dieu
est bien étonnant, parfois déconcertant, mais aussi bien
excitant, car on vit toujours des choses nouvelles.
Donc, le Seigneur nous a tous
entraînés un jour dans son désert pour parler à nos cœurs.
Il nous a certainement dit qu'Il nous aimait: cela Il le dit
sans cesse à tous les hommes qu'Il aime, car tous les hommes
sont ses enfants bien-aimés. Tous les hommes sont les
enfants bien-aimés de Dieu, mais ils ne le savent plus, et
le cœur de ceux qui le savent encore souffre avec le Cœur de
Jésus.
Oui, nous sommes de plus en plus
douloureux quand nous constatons à quel point notre
civilisation occidentale s'est dégradée jusqu'à perdre tous
ses points de repère qui étaient ses liens avec Dieu. Mais
ce qui blesse le plus, c'est de voir l'indifférence de tant
de chrétiens qui ne semblent même pas s'en apercevoir, ni
s'en inquiéter: "Cela a toujours été comme ça... L'Église
en a vu d'autres... Cela s'arrangera: il faut espérer."
Et l'on reste tranquille dans son coin. Il faut dire qu'on
ne sait pas vraiment quoi faire; prier beaucoup, implorer
Marie. Éventuellement agir dans sa paroisse quand on le
peut. Et surtout enseigner.
Oui, il faut enseigner.
Malheureusement nos jeunes instituteurs ne connaissent plus
la morale, ni chrétienne, ni même laïque. Ils sont
complètement imbibés des nouvelles philosophies où le mal
est devenu le bien et où l'on se moque ouvertement de ceux
qui pratiquent encore ce qu'autrefois on appelait le bien,
la morale chrétienne, les commandements de Dieu. Maintenant
des lois nouvelles imposent ce qui révolte les cœurs et de
nombreuses consciences: l'avortement, l'homosexualité, ou
l'euthanasie, entre autres.
Comment en est-on arrivé là, et
que pouvons-nous faire? Il faudrait aussi former les
catéchistes qui, pour des raisons pas très claires, ne
connaissent plus les commandements de Dieu. Pourtant, ces
pauvres commandements de Dieu que l'on a tant décriés sont
toujours la source du vrai bonheur. Les jeunes prêtres qui
arrivent dans nos paroisses se sentent souvent seuls dans ce
désert. Comment n'auraient-ils pas des tentations étant
obligés de rester en contact avec tant de femmes impudiques?
Mais n'est-ce pas normal, dans le désert, d'avoir des
tentations!!! Oui, mais nous devons prier beaucoup pour eux.
Les réflexions qui précèdent nous
ramènent à notre sujet principal: 'sentir' Dieu. Maintenant
on peut affirmer qu'il s'agit d'un problème de vocabulaire,
car tous les chrétiens, de tous les temps et de tous les
lieux, ont parlé souvent "de la tendresse de Dieu"
ou du Saint-Esprit qui "embrase le cœur ou éclaire
l'intelligence". Pouvoir parler de la tendresse de Dieu,
c'est incontestablement l'avoir expérimentée. Découvrir que
notre cœur est embrasé d'amour pour Notre Seigneur ou que
notre esprit est illuminé par les lumières de
l'Esprit-Saint, c'est encore le résultat d'une forte
expérience d'union à Dieu. Et de ces rencontres avec Dieu,
nous avons tous besoin et nous ne pouvons pas nous en
passer. Certes, le Seigneur permet des purifications
obligatoires afin que nous puissions répondre à une question
très importante: qui préférons-nous? Lui, ou ses
consolations ?
Oui, le Seigneur conduit parfois
les êtres qu'Il aime beaucoup dans des déserts arides ou des
ténèbres déconcertantes. Mais il veille toujours sur eux, et
Il pense toujours à ouvrir de temps en temps les fenêtres
qui permettent aux âmes éprouvées de pouvoir respirer un
peu, de retrouver "sensiblement" leur milieu vital. Sinon,
elles mourraient. Nous pensons aussi aux grands saints
soumis à des souffrances physiques qui nous paraissent
insupportables; et voici qu'ils en redemandent!!! Nous ne
comprenons plus rien, mais un jour ces grands saints nous
font comprendre que leurs souffrances les introduisent au
plus intime de Dieu; et c'est alors qu'ils goûtent un
bonheur exceptionnel, ainsi que l'écrivit, notamment, sainte
Thérèse d'Avila.
Ces choses sont difficiles à
exprimer, mais nous ne pouvons nier qu'elles sont réelles,
car elles sont rapportées par tous les grands mystiques qui
ont pu écrire ou s'exprimer sur ces sujets délicats. Sur la
terre, les hommes disposent de sens qui leur permettent de
vivre normalement leur existence charnelle. De même nos
relations avec Dieu ne sont possibles que parce qu'il y a en
nous des sens spirituels, que nous ne savons pas nommer mais
qui existent d'une manière certaine. Comment aimerions-nous
Dieu, comment Lui parlerions-nous dans la prière véritable,
comment Le comprendrions-nous et entendrions-nous ses appels
si des relations spirituelles évidentes quoique
matériellement insensibles ne s'établissaient pas entre Lui
et nous ?
À son épouse infidèle, Dieu
communique son Esprit d'Amour, Il lui partage son
Intelligence, car Il veut qu'elle se convertisse, qu'elle
L'aime, qu'elle fasse sa volonté; et nous savons que pour
faire la volonté de Dieu, il faut bien la connaître. Mais
nous devons aussi constater que cette connaissance de la
volonté de Dieu considérée au jour le jour, n'est pas
toujours évidente quand nous sommes laissés seuls au
désert... Alors Dieu visite son épouse et se révèle à elle. |