Paulette Leblanc



DES CRIS VERS DIEU
UN CRI DU CŒUR

Réflexions d'un chrétien de la base

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Dieu de tendresse et d'amour

Maintenant, essayons de résumer. Pour tous les hommes, de tous les temps et de tous les milieux, Dieu fut, et est toujours, "Dieu de tendresse et d'amour". Dieu est le Père de tous les hommes, un Père qui aime tous ses enfants et leur montre son amour en les entourant de tendresse, certes, mais aussi en les éduquant, les guidant, leur faisant des remontrances, et parfois aussi en les punissant. Pendant des siècles Dieu a ainsi dirigé son peuple choisi afin qu'il soit prêt à accueillir son Fils, son Verbe, lorsque le temps serait venu pour les hommes de recevoir la révélation de l'Être de Dieu.

"Et le Verbe s'est fait chair, et Il a habité parmi nous..." Et la Très Sainte Trinité s'est révélée publiquement, à plusieurs reprises, notamment quand le Père, au moment du Baptême de Jésus, ou lors de la Transfiguration, déclara: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute ma confiance; écoutez-le!" L'Esprit-Saint n'est mentionné que lors du Baptême de Jésus dans le Jourdain, sous la forme d'une colombe, et parce que Jean le Baptiste devait en témoigner. Ce ne fut que plus tard, à la Pentecôte, que l'Esprit promis par Jésus fut manifesté vigoureusement aux hommes. Dès lors, l'Église pouvait se développer, être persécutée comme Jésus l'avait annoncé, être parfois en grand danger, mais toujours se redresser et manifester la gloire de Dieu et le salut des hommes.

Mais nous, aujourd'hui? Nous, à une époque où les médias se réjouissent publiquement qu'il y ait de moins en moins de chrétiens et où la moralité la plus élémentaire a disparu et où Dieu est bafoué et "mis sous le boisseau", nous que certains appellent "le petit reste", nous, encore chrétiens, mais parfois si douloureux, si bouleversés, que faisons-nous, comment vivons-nous? Quels liens avons-nous encore avec Dieu, si tant est que nous ayons encore des liens avec Dieu qui semble disparaître ?

Écoutons les chrétiens déjà âgés, qui ont dû traverser tant d'épreuves et à qui l'on a tellement rabâché que "l'on n'avait pas besoin de sentir Dieu". Écoutons les jeunes chrétiens[1], presque tous des convertis revenant parfois de très loin, et qui s'exclament: "J'ai rencontré Dieu! Dieu, je l'ai entendu, et son appel était si fort que je ne pouvais pas me dérober." Essayons de comprendre le pourquoi de ces différences.

Les "vieux chrétiens" restés fidèles malgré de terribles épreuves venant souvent de l'Église elle-même, ont vécu de leur foi, de la présence de Dieu dans l'Eucharistie, de l'Évangile et de l'amour que Dieu versait dans leurs âmes sans qu'ils en aient vraiment conscience. Oh! ils ne "sentaient" pas Dieu matériellement, mais ils vivaient en Dieu, sans toujours s'en rendre compte quand les tâches professionnelles ou familiales se faisaient trop lourdes. Ils ne s'en rendaient pas compte, mais curieusement, parfois, au moment où ils s'y attendaient le moins, 'quelque chose' arrivait qui leur redonnait le courage dont ils avaient besoin. D'autres fois c'était un événement qui venait les rassurer. Il n'y avait rien de spectaculaire dans leurs relations avec Dieu, mais un Cœur à cœur permanent qui leur permettait de traverser leur désert peuplé de détresses, à l'image de Jésus à Gethsémani, mais aussi désert avec ses oasis de larmes, de confiance et d'accueil de la volonté de Dieu.

Et les autres chrétiens, ces "jeunes" d'aujourd'hui qui ont rencontré Dieu, qui L'ont entendu et qui ont dû, presque du jour au lendemain, changer de vie et retrouver la Loi de Dieu, ses commandements d'amour qu'ils ne connaissaient pas, ont-ils conscience des grâces qui leur sont accordées? Quand on interroge ces jeunes adultes, on est surpris de les entendre dire: "J'ai senti Dieu!" Ils ne savent pas expliquer ce qui s'est passé en eux, et continue souvent à se passer, car, face à notre monde qui ne vit que de sensations, Dieu s'adapte. Oui, Dieu qui sait tout et qui est l'Amour, Dieu qui ne rejette jamais ses enfants, surtout s'ils ne sont pas responsables de la situation dans laquelle ils ont été placés à leur insu, face à toutes les horreurs que ses enfants subissent, Dieu s'adapte...

Sentir Dieu, vivre de Dieu, baigner dans notre milieu vital, parler à Dieu et entendre ses réponses, au fond, n'est-ce pas la même chose? Ce qui manque aux vieux chrétiens, ne serait-ce pas tout simplement, par crainte du ridicule ou des moqueries, de ne pas être assez attentif aux tendresses de Dieu, à sa Parole, ou à ses dons? Ou bien, ce qui est plus que probable, ne veulent-ils tout simplement, pas en parler ?


[1] Entre 30 et quarante ans environ.

   

 

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