Maintenant, essayons de résumer.
Pour tous les hommes, de tous les temps et de tous les
milieux, Dieu fut, et est toujours, "Dieu de tendresse et
d'amour". Dieu est le Père de tous les hommes, un Père
qui aime tous ses enfants et leur montre son amour en les
entourant de tendresse, certes, mais aussi en les éduquant,
les guidant, leur faisant des remontrances, et parfois aussi
en les punissant. Pendant des siècles Dieu a ainsi dirigé
son peuple choisi afin qu'il soit prêt à accueillir son
Fils, son Verbe, lorsque le temps serait venu pour les
hommes de recevoir la révélation de l'Être de Dieu.
"Et le Verbe s'est fait chair, et
Il a habité parmi nous..."
Et la Très Sainte Trinité s'est
révélée publiquement, à plusieurs reprises, notamment quand
le Père, au moment du Baptême de Jésus, ou lors de la
Transfiguration, déclara: "Celui-ci est mon Fils
bien-aimé en qui j'ai mis toute ma confiance; écoutez-le!"
L'Esprit-Saint n'est mentionné que lors du Baptême de
Jésus dans le Jourdain, sous la forme d'une colombe, et
parce que Jean le Baptiste devait en témoigner. Ce ne fut
que plus tard, à la Pentecôte, que l'Esprit promis par Jésus
fut manifesté vigoureusement aux hommes. Dès lors, l'Église
pouvait se développer, être persécutée comme Jésus l'avait
annoncé, être parfois en grand danger, mais toujours se
redresser et manifester la gloire de Dieu et le salut des
hommes.
Mais nous, aujourd'hui? Nous, à
une époque où les médias se réjouissent publiquement qu'il y
ait de moins en moins de chrétiens et où la moralité la plus
élémentaire a disparu et où Dieu est bafoué et "mis sous
le boisseau", nous que certains appellent "le petit
reste", nous, encore chrétiens, mais parfois si
douloureux, si bouleversés, que faisons-nous, comment
vivons-nous? Quels liens avons-nous encore avec Dieu, si
tant est que nous ayons encore des liens avec Dieu qui
semble disparaître ?
Écoutons les chrétiens déjà âgés,
qui ont dû traverser tant d'épreuves et à qui l'on a
tellement rabâché que "l'on n'avait pas besoin de sentir
Dieu". Écoutons les jeunes chrétiens,
presque tous des convertis revenant parfois de très loin, et
qui s'exclament: "J'ai rencontré Dieu! Dieu, je l'ai
entendu, et son appel était si fort que je ne pouvais pas me
dérober." Essayons de comprendre le pourquoi de ces
différences.
Les "vieux chrétiens" restés
fidèles malgré de terribles épreuves venant souvent de
l'Église elle-même, ont vécu de leur foi, de la présence de
Dieu dans l'Eucharistie, de l'Évangile et de l'amour que
Dieu versait dans leurs âmes sans qu'ils en aient vraiment
conscience. Oh! ils ne "sentaient" pas Dieu matériellement,
mais ils vivaient en Dieu, sans toujours s'en rendre compte
quand les tâches professionnelles ou familiales se faisaient
trop lourdes. Ils ne s'en rendaient pas compte, mais
curieusement, parfois, au moment où ils s'y attendaient le
moins, 'quelque chose' arrivait qui leur redonnait le
courage dont ils avaient besoin. D'autres fois c'était un
événement qui venait les rassurer. Il n'y avait rien de
spectaculaire dans leurs relations avec Dieu, mais un Cœur à
cœur permanent qui leur permettait de traverser leur désert
peuplé de détresses, à l'image de Jésus à Gethsémani, mais
aussi désert avec ses oasis de larmes, de confiance et
d'accueil de la volonté de Dieu.
Et les autres chrétiens, ces
"jeunes" d'aujourd'hui qui ont rencontré Dieu, qui L'ont
entendu et qui ont dû, presque du jour au lendemain, changer
de vie et retrouver la Loi de Dieu, ses commandements
d'amour qu'ils ne connaissaient pas, ont-ils conscience des
grâces qui leur sont accordées? Quand on interroge ces
jeunes adultes, on est surpris de les entendre dire: "J'ai
senti Dieu!" Ils ne savent pas expliquer ce qui s'est passé
en eux, et continue souvent à se passer, car, face à notre
monde qui ne vit que de sensations, Dieu s'adapte. Oui, Dieu
qui sait tout et qui est l'Amour, Dieu qui ne rejette jamais
ses enfants, surtout s'ils ne sont pas responsables de la
situation dans laquelle ils ont été placés à leur insu, face
à toutes les horreurs que ses enfants subissent, Dieu
s'adapte...
Sentir Dieu, vivre de Dieu,
baigner dans notre milieu vital, parler à Dieu et entendre
ses réponses, au fond, n'est-ce pas la même chose? Ce qui
manque aux vieux chrétiens, ne serait-ce pas tout
simplement, par crainte du ridicule ou des moqueries, de ne
pas être assez attentif aux tendresses de Dieu, à sa Parole,
ou à ses dons? Ou bien, ce qui est plus que probable, ne
veulent-ils tout simplement, pas en parler ?
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