Un autre point semble devoir être
traité, c'est celui de la mort. Tous les hommes sont
mortels: c'est une vérité que jusqu'à présent personne n'a
pu nier. Par ailleurs, nous savons qu'il y aura une
résurrection finale, mais aujourd'hui, personne ne sait ni
quand, ni comment cela se fera. Et personne, de tous les
hommes de tous les temps, personne n'est revenu nous dire ce
qui se passait après la mort. Seuls Jésus et Marie le
savent. En ce qui concerne Jésus-Christ, Dieu et Homme et
réelle incarnation du Verbe de Dieu, c'est normal: son
humanité devait mourir puisqu'elle était vraiment humaine,
mais sa divinité devait la ressusciter afin que le Christ
soit "toujours avec nous jusqu'à la fin des temps".
Pour la Vierge Marie le sujet est
peut-être plus difficile à aborder, au moins dans un premier
temps, mais on comprend vite que celle qui fut la Mère du
Christ, vrai Dieu et vrai Homme, donc Mère de Dieu comme
l'Église l'appelle, devait, immédiatement après sa
dormition, retourner nécessairement auprès du Fils,
retrouver le Saint-Esprit dont elle fut l'épouse et
"plonger" dans le Père dont elle sera éternellement la Fille
bénie et chérie.
Jésus et Marie sont ainsi les
signes de notre future résurrection. Ils sont notre
espérance et le gage de notre propre résurrection. Mais
notre résurrection, ce n'est pas pour demain, et, de toutes
façons, quel qu'en soit le jour, il nous faudra toujours,
comme d'ailleurs Jésus et Marie l'ont fait, il nous faudra
toujours traverser l'épreuve redoutée de notre mort.
Redouter la mort, c'est normal, et même les plus grands
saints ont connu des traversées de désert terribles, des
crises de la foi redoutables avant de vivre une mort
étonnamment paisible, vraie rencontre avec Dieu qu'ils
avaient tant aimé et servi durant leur vie.
On ne peut pas raconter une mort,
car ce que l'homme qui s'en va vers Dieu vit pendant son
passage, ou mieux, sa naissance au monde de Dieu, personne
n'a pu venir nous le raconter, même si certaines EMI
(Expérience de mort imminente) ont pu nous en donner une
petite idée. Alors, pourquoi parler de la mort dans un
document consacré à la notion de "sentir Dieu"? Peut-être
parce que la mort est à la fois la dernière expérience de la
rencontre avec Dieu sur la terre, et la première expérience
de cette rencontre, mais dans le monde de Dieu. Une
expérience, deux "sensations"...
D'après les médecins et des
prêtres,
la mort comprendrait au moins deux étapes: l'une pendant
laquelle le mourant, inconscient dans son corps mais
conscient dans son âme, revoit sa vie et peut, s'il le veut,
regretter ses péchés et revenir à l'amour de Dieu. Certes,
il pourra faire un long purgatoire, mais il est sauvé, pour
l'éternité. Vient ensuite la deuxième étape de la mort dont
on ne connaît encore rien. La mort est là, l'homme a fait
son choix définitif acceptant ou refusant Dieu pour
l'éternité. Le corps va commencer à se décomposer; quant à
l'âme qui vient de revivre toute sa vie, c'est elle-même
qui, devant Dieu qu'elle a "vu" et dont elle a découvert
l'amour l'espace d'un instant, se juge elle-même et choisit
son "avenir". Est-elle très pure et pleine d'amour: elle
rejoint le Père qui l'accueille en son sein: c'est le ciel.
Il se peut aussi que l'âme aime
beaucoup Dieu et ait longtemps travaillé pour Lui; mais
voici que soudain elle découvre en elle de trop nombreuses
taches ou imperfections qu'elle doit nettoyer avant de
rejoindre Dieu: elle doit aller se purifier; mais ayant "vu"
Dieu l'espace d'un instant, son cœur plein d'amour souffre
beaucoup de la séparation: c'est le Purgatoire.
Enfin, il y a ceux qui ne veulent
pas de Dieu et qui, délibérément, comme Lucifer, choisissent
l'enfer. Sont-ils nombreux ces gens qui font ce choix
redoutable? Nous ne savons pas. De nos jours, certains, y
compris des prêtres!... mettent en doute l'existence de
l'enfer; c'est tellement stupéfiant qu'on pourrait être en
droit de se demander si ces gens ont lu l'Évangile, car les
enseignements de Jésus sont très clairs à ce sujet et ne
peuvent faire l'objet d'aucun doute.
Nous venons de parler du jugement
particulier. Plus tard viendront la fin des temps,
le jugement dernier et la résurrection des corps; mais ce
n'est pas notre sujet.
Alors, faut-il avoir peur de la
mort? Pourquoi tant de gens ont-ils peur de la mort? Et
pourquoi beaucoup d'honnêtes gens, des gens qui n'ont pensé
qu'à faire du bien à leur prochain, pourquoi ces gens-là
ont-ils aussi peur de la mort? La mort est le châtiment du
péché d'Adam. Nous ne pouvons pas accuser Dieu d'injustice
car, malheureusement, nous sommes tous pécheurs. Et le
péché, même véniel, est toujours comme un refus de l'amour
de Dieu, donc une tache sur notre âme, tache que nous devons
effacer avant de nous présenter devant Dieu. Le purgatoire
est donc facile à comprendre: il n'est qu'une séparation,
très douloureuse, certes, d'avec Dieu, mais momentanée.
Alors pourquoi cette peur de la mort ?
Nous avons longuement expliqué
que Dieu était notre milieu vital. Mais nous sommes
tellement accoutumés à ce milieu vital que nous n'y pensons
plus, que nous ne le sentons plus, sauf à des occasions
particulières et généralement rares. Et puis, n'est-ce pas,
nous n'avons pas besoin de "sentir" Dieu. Alors nous vivons
notre moment présent tel qu'il se présente, donc terrestre,
c'est-à-dire matériel, sans penser à autre chose; et Dieu
est vite oublié. Mais la mort va nous remettre brutalement
en présence de Dieu que nous avions oublié, négligé et comme
nous ne souvenons plus de ce qu'est "sentir" Dieu, de ce
qu'est l'amour de Dieu pour nous, soudain nous avons peur.
Je voudrais faire ici une petite
remarque pour que l'on me comprenne bien: "sentir" Dieu
n'est ni de l'exaltation, ni une joie ou un bonheur anormaux
mais passagers. Même pendant les grandes épreuves de
purification que tous les saints ont connues, même pendant
les périodes de ténèbres spirituelles où l'on peut même
aller jusqu'à se demander si Dieu existe vraiment, on peut
connaître des instants de rémission qui redonnent des forces
pour continuer le sacrifice qui, en lien avec le sacrifice
du Christ, sauvera des âmes. Instants de rémission où l'on
retrouve Dieu, donc, où on le "sent".
En conséquence, n'ayons pas peur
de "sentir" Dieu. Nous devrions avoir moins peur de la mort.
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