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FLEURS DE LA PASSION PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIXPRÉFACENous espérons, disions-nous dans notre Histoire de saint Paul de la Croix [1], offrir bientôt aux âmes pieuses les lettres spirituelles de notre Fondateur. Nos Pères, en effet, s’occupaient alors à Rome de former le recueil de ces lettres. Mais hélas ! les malheurs du temps ont suspendu ce beau travail. Désirant toutefois satisfaire la piété des fidèles, nous avons recueilli dans un volume spécial les fragments de ces lettres qui sont épars dans les différentes vies du Saint ; et nous les avons rattachés à un titre particulier qui en résume la pensée dominante. Cependant, bien que ces lettres soient incomplètes, nous osons l’affirmer, elles suffiront pour révéler en saint Paul de la Croix un grand maître de la vie spirituelle, un guide sûr dans les voies de la perfection, un cœur brûlant du divin amour : son âme, enfin, nous apparaîtra dans toutes ses grâces et sa radieuse beauté. Ceux qui sont au courant des goûts et des tendances de notre époque, savent avec quel empressement elle recherche la correspondance des hommes célèbres, afin de mieux saisir, dans ce négligé et cet abandon de la forme épistolaire, le drame toujours si intéressant de leur vie intime. Or, ce que les enfants du siècle font le plus souvent dans un but de satisfaction humaine, les enfants de Dieu pourraient-ils ne pas le faire quand il s’agit de découvrir les secrets mêmes de l’action divine sur le théâtre de l’âme chrétienne ? Peut-il, en effet, se rencontrer un intérêt et un charme supérieurs à ceux qu’on éprouve en lisant clairement dans l’intérieur et jusque dans le fond de l’âme des amis de Dieu et de ses saints ? Il n’est pas étonnant, après cela, que l’usage se soit établi de publier la correspondance des plus renommés et des plus illustres d’entre eux. Qui ne connaît par exemple, qui n’a surtout admiré les lettres de direction de saint François de Sales, si empreintes de sagesse, de douceur et d’onction ? celles de Bossuet, de Fénelon et de tant d’autres maîtres dans l’art si important et si difficile du gouvernement des âmes ? Saint Paul de la Croix devait avoir sa place à côté de tous ces grands directeurs spirituels : et c’est pourquoi nous livrons à la publicité l’opuscule qu’on va lire. Nous avons ajouté à la suite de ces lettres quelques réflexions du Saint, sous forme de sentences et de maximes, qui en sont comme le résumé substantiel ; traits lumineux, éclairs divins, échappés de son âme, et qui pénètreront dans celle du lecteur, pour y apporter la lumière avec l’amour et la consolation. Saint Paul de la Croix fut par excellence le prédicateur des souffrances et de la Passion de Notre Seigneur. Son âme ne cessa d’habiter et de contempler le Calvaire : dans cet admirable horizon il avait renfermé ses pensées, ses sentiments et sa vie tout entière ; là, dans ses lettres, il appelle toutes les âmes qui s’étaient placées sous la conduite de la sienne. Aussi croyons-nous donner son vrai nom à ce modeste recueil, en l’appelant les Fleurs de la Passion. C’est donc au Calvaire, c’est sur la sainte montagne que le Saint les avait cueillies. Mais, qu’on le sache bien, pour apprécier la grave beauté de ces Fleurs, et pour en respirer le suave et salutaire parfum, il faut accepter, au risque d’en être ensanglanté, les épines qui les entourent et leur servent de garantie et de sauvegarde. Car telle est la loi constante de la vie spirituelle : la croix n’est douce que pour ceux qui l’aiment ; et les joies profondes du sacrifice sont réservées aux âmes qui ne reculent pas devant ses austérités. [1] Louis-Th de Jésus Agonisant, Histoire de st Paul de la croix, Poitiers-Bordeaux 1869.
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