

FLEURS DE LA PASSION
PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIX
LA PASSION
ET LA PRÉSENCE DE DIEU
Si l’on me demandait, n’importe en
quel moment : « A quoi penses-tu ? » il semble que je pourrais répondre que Dieu
seul occupe mon esprit.
Bien que je me trouve dans un état
si misérable, qu’il me semble ne plus avoir ni foi, ni espérance, ni charité, ni
même cette lumière naturelle dont jouissent les autres hommes, et qu’ainsi je
sois tout semblable à un animal ; malgré cela, si l’on me demandait à tout
moment : « A quoi penses-tu ? » il me semblerait pourvoir répondre que j’ai Dieu
seul en vue dans la partie supérieure de mon âme.
Il me semble impossible de ne pas
penser à Dieu, notre âme étant toute remplie de Dieu, et nous tout plongés en
Dieu…
Cela se trouve dans notre Pater.
Ne dites-vous pas : Qui es in caelis ? Eh bien ! notre âme est ce ciel
spirituel où la divine majesté réside comme sur son trône. Comment donc est-il
possible d’oublier Dieu et de ne pas l’aimer ?
Je vous recommande particulièrement
de vous maintenir en la présence de Dieu, non par une étude sèche et stérile,
mais d’une manière affectueuse, paisible et tranquille, pour vous pénétrer de
son esprit. Cette pratique est un moyen très puissant pour établir entre Dieu et
votre âme une sainte union de charité… Marchez devant moi, et vous serez
parfait (Gn. XVII.1.).
Que tout vous rappelle la présence
de Dieu. Si, par exemple, vous allez au jardin et que vous voyiez des fleurs,
demandez un peu à l’une d’elle : Qui es-tu ? – Elle ne vous répondra pas, sous
doute : Je suis une fleur. – Non ; mais elle vous dira : Ego vox, je suis
un prédicateur ; je prêche la puissance, la sagesse, la bonté, la beauté, la
prudence de notre grand Dieu… Figurez-vous qu’elle vous ait fait cette réponse,
et laissez votre cœur s’en pénétrer, s’en imbiber, s’en humecter tout entier.



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