Isaïe
Livre Deuxième

Le Livre de la consolation

Présentation

Le Livre du Premier Isaïe s’est achevé d’abord sur la délivrance de Jérusalem au temps du roi Ézéchias, puis, après l’évocation rapide de nouveaux épisodes dramatiques, sur des visions de bonheur et sur un chant d’action de grâces.

Un siècle plus tard, après le règne de plusieurs rois qui “avaient fait ce qui est mal aux yeux de Yahvé”, Nabuchodonosor s’empara de Jérusalem, y multiplia les destructions, et emmena en exil, en Assyrie, une bonne partie du peuple, dont Ézéchiel. Les années passèrent, douloureuses, mais, bientôt, Ézéchiel affirmera que le peuple reviendrait un jour dans son pays, converti et fidèle à son Dieu.

Mais en attendant, les exilés souffraient... C’est alors que l’Éternel envoya, pour la consolation de son peuple, un autre prophète, resté anonyme. Ce sont les poèmes de ce prophète, que la tradition juive a glissés dans les écrits d’Isaïe, et qui constituent le deuxième Livre d’Isaïe, parfois appelé le Livre de la consolation. (Isaïe chapitres 40 à 55)

Le premier Isaïe présentait l’Éternel comme un Dieu fort, puissant, et surtout très sévère, punissant impitoyablement toutes les incartades de son peuple rebelle. Mais il était alors  nécessaire d’éduquer fortement le peuple de qui sortirait le Messie que le prophète Isaïe laissait déjà entrevoir. L’Éternel, l’Unique, était le Dieu jaloux à qui il fallait obéir.

Cependant, on ne peut nier que même à travers les souffrances et les humiliations qu’Il infligeait à son peuple, Dieu manifestait déjà son amour et sa sollicitude. Dieu est, en effet, le Sauveur de son peuple. On devine également que Dieu éduque aussi les nations, même si elles sont les adversaires d’Israël ; car tous les hommes sont les enfants de Dieu, et tous seront sauvés par le Serviteur qu’Il enverra.

À plusieurs reprises, en effet, on découvre les deux thèmes fondamentaux du Livre d’Isaïe. Le premier, sans cesse repris, concerne Israël :

        – Israël a péché et s’est rebellé contre Dieu.

        – Alors l’Éternel se fâche contre son peuple et le punit durement.

        – Mais Dieu a un Cœur de Mère, Il aime ses enfants, Il a pitié d’eux, et Il vient les sauver.

Le deuxième thème, plein d’espérance, concerne tous les hommes, sans exception. Dieu s’était servi des nations païennes pour châtier son peuple. Mais ces nations ont largement outrepassé leurs droits, et, à leur tour, elles seront punies. Pourtant, elles aussi bénéficieront de la miséricorde et de la tendresse divines.

Le deuxième Isaïe est le prophète de la tendresse de Dieu. Par lui, les hommes vont découvrir l’étendue de l’amour de Dieu et de sa tendre affection pour les hommes. Grâce à lui, les hommes découvriront combien Dieu est aussi une mère, une mère pleine de délicatesse et de miséricorde, une mère dont les entrailles tressaillent dès que ses enfants sont en danger. C’est ce Dieu d’amour que les chrétiens découvriront plus tard en Jésus, le Serviteur fidèle, le Serviteur souffrant révélé par Isaïe, que l’on peut qualifier de prophète mystique.

Le deuxième Isaïe approfondira une autre révélation, à la fois étrange et consolante, du premier Isaïe. Malgré toutes les épreuves subies par Israël, un Petit Reste sera préservé. Ce Petit Reste, ce sont les hommes restés fidèles à la Loi de l’Éternel, ce sont ceux que l’on appellera plus tard les “pauvres de Yahvé”, les Anawims, ces pauvres de cœur, ceux qui aiment leur Seigneur plus que tout, et qui sont des justes” devant Lui. Oui, c’est du Petit Reste d’Israël,  serviteur de Yahvé, que naîtra le Serviteur, le Sauveur du monde, comme cela fut, autrefois, promis à Abraham. C’est de la descendance d’Abraham, choisi par Dieu pour être le Père d’Israël, que viendra au monde le Messie Serviteur, élu de Dieu, bien-aimé du Père depuis toute éternité.

Tout le Livre du deuxième Isaïe est un Livre de Consolation. Tout au long des 16 chapitres qui le constituent on verra se dégager l’image étonnante de Dieu-Amour, Dieu qui aime et console son peuple. Incontestablement, le deuxième Isaïe prépare annonce et prépare la venue de Jésus. Ce livre est un peu comme l’Avent du christianisme.

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