11-Jérémie prie encore

11-1-À propos de la sécheresse

Une grande sécheresse s’était abattue sur le pays. Jérémie se tint dans le Temple, devant Yahvé; il écoutait Yahvé et il priait. Mais l’Éternel dit à Jérémie à l'occasion de la sécheresse :

― Juda est dans le deuil, ses villes sont désolées, tristes, abattues, et les cris de Jérusalem s'élèvent. Les riches envoient leurs serviteurs chercher de l'eau, et ces derniers vont aux citernes, mais n’ayant pas trouvé d'eau, ils reviennent avec leurs cruches vides, confus, honteux, et la tête voilée. La terre est crevassée parce qu'il ne tombe point de pluie dans le pays. Les cultivateurs sont désolés et se couvrent la tête. Même la biche dans la campagne abandonne ses petits, parce qu'il n'y a point de verdure. Les ânes sauvages se tiennent sur les lieux élevés, aspirant l'air comme des serpents et leurs yeux se troublent, parce qu'il n'y a point d'herbe.

11-2-Jérémie implore son Seigneur

Jérémie alors se mit à implorer Yahvé au nom de son peuple :

― Si nos iniquités témoignent contre nous, agis à cause de ton nom, ô Éternel ! Oui nos infidélités sont nombreuses, nous avons péché contre toi. Toi qui es l'espérance d'Israël, son sauveur au temps de la détresse, pourquoi serais-tu comme un étranger dans le pays, comme un voyageur de passage pour une seule nuit ? Pourquoi restes-tu comme un homme stupéfait, comme un guerrier incapable de nous secourir ? Tu es pourtant au milieu de nous, ô Éternel, et nous sommes sous ta protection: ne nous abandonne pas ! (Jér 14, 1 à 9)

Mais comme le peuple de Juda a trop péché, et comme il ne veut pas écouter les paroles du Seigneur et se convertir, Dieu rejette la prière de son prophète :

Voici ce que l'Éternel dit à propos de ce peuple: “Ils aiment à courir çà et là, ils ne savent retenir leurs pieds, ils courent de tous les côtés.” L'Éternel n'est pas du tout content d’eux et il se souvient maintenant de leurs crimes, et il veut les châtier à cause de leurs péchés. Et l'Éternel me dit :

― N'intercède pas en faveur de ce peuple. S'ils jeûnent, je n'écouterai pas leurs supplications. S'ils offrent des holocaustes et des offrandes, je ne les agréerai pas. Je veux les détruire par l'épée, par la famine et par la peste. Je répondis :

― Ah! Seigneur Éternel ! Regarde ce que leurs prophètes leur racontent: vous ne verrez point d'épée, vous n'aurez point de famine, mais je vous donnerai dans ce lieu une paix assurée.

Et voici la réponse de l'Éternel :

― Ce sont des mensonges que prophétisent en mon nom ces prophètes. Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d'ordre, je ne leur ai point parlé. Ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, les tromperies de leur cœur qu'ils vous prophétisent. C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel contre ces prophètes qui prophétisent en son nom, sans qu’il les ait envoyés, et qui disent qu’il n'y aura dans ce pays ni épée ni famine :

― Ces prophètes périront par l'épée et par la famine. Et ceux à qui ils prophétisent seront étendus dans les rues de Jérusalem, par la famine et par l'épée. Il n'y aura personne pour leur donner la sépulture, ni à eux, ni à leurs femmes, ni à leurs fils, ni à leurs filles. C’est ainsi que je ferai retomber sur eux leur péché. Dis-leur encore cette parole: les larmes coulent de mes yeux nuit et jour, et elles ne s'arrêtent pas, car la vierge, fille de mon peuple, a été frappée d'un grand coup, d'une plaie très douloureuse.

Bien que son Cœur de Dieu en souffre, Yahvé punit son peuple pour le convertir. La misère est partout, ainsi que le constate Jérémie:

“Si je vais dans les champs, je vois des hommes que le glaive a transpercés; si j'entre dans la ville, j’en vois d’autres que torture la faim. Les prophètes et les prêtres qui parcourent le pays ne comprennent pas.”  (Jér 14, 10 à 20)

Pourtant Jérémie intervient encore auprès du Seigneur :

― As-tu donc rejeté Juda, et ton âme a-t-elle pris Sion en horreur ? Pourquoi nous frappes-tu sans qu'il y ait pour nous de guérison ? Nous espérions le salut et il n'arrive rien d'heureux, un temps de guérison, et voici la terreur !

Ô Yahvé, nous reconnaissons notre faute et l'iniquité de nos pères, oui, contre toi nous avons péché. Mais à cause de ton Nom, ne méprise pas tout, ne déshonore pas le trône de ta gloire! N'oublie pas, ne romps pas ton alliance avec nous! Parmi toutes les idoles des nations, en est-il une qui fassent pleuvoir ? Est-ce le ciel qui donne la pluie ? N'est-ce pas toi, Éternel, notre Dieu qui fais toutes choses ? Nous espérons en toi. (Jér 14, 19 à 22)

11-3-Mais l’Éternel n’aura pas pitié

L'Éternel répondit :

― Quand Moïse et Samuel se présenteraient devant moi pour me supplier, je n’aurais pas pitié de ce peuple. Chasse-les loin de ma face, qu'ils s'en aillent! Et s'ils te disent : “Où irons-nous ?” Tu leur répondras : “Ainsi parle l'Éternel : à la mort ceux qui sont pour la mort, à l'épée ceux qui sont pour l'épée, à la famine ceux qui sont pour la famine, à la captivité ceux qui sont pour la captivité !” J'enverrai contre eux quatre espèces de fléaux : l'épée pour les tuer, les chiens pour les traîner, les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre pour les dévorer et les détruire. Je ferai d’eux un objet d'effroi pour tous les royaumes de la terre, à cause de Manassé, fils d'Ézéchias, roi de Juda, et de tout ce qu'il a fait dans Jérusalem. Parole du Seigneur ! (Jér 15, 1 à 4)

La guerre est venue, les malheurs ravagent Jérusalem, mais l’Éternel demeure inflexible :

― Qui aura pitié de toi, Jérusalem, qui te plaindra ? Qui ira s'informer de ton état ? Tu m'as abandonné, dit l'Éternel, tu t’es éloignée de moi. C’est pourquoi j'étends ma main sur toi pour te détruire, car je suis las d'avoir compassion.

Je les ai vannés avec le vent aux portes du pays. J’ai laissé mon peuple sans enfant, j’ai fait périr mon peuple, mais il ne s'est pas détourné de ses voies mauvaises. J’ai fait que les veuves soient plus nombreuses que les grains de sable de la mer. J'ai amené le désastre sur eux, sur la mère et sur ses fils, en plein midi. J’ai fait soudain tomber sur elle l'angoisse et la terreur. Celle qui avait enfanté sept fils est désolée, elle rend l'âme: son soleil se couche quand il est encore jour; elle est désemparée, affolée. Les survivants, je les livre à l'épée de leurs ennemis, Parole de l'Éternel. (Jér 15, 5 à 9)

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