
Saint Jean-Baptiste
De La Salle
(1651-1719)
Troisième
partie
La
spiritualité de
Saint-Jean Baptiste De La Salle

4
Une spiritualité pratique
Les premiers
Frères consacraient la plus grande partie de la journée scolaire à instruire des
pauvres. Pour eux, faire leur salut signifiait instruire et éduquer,
c’est-à-dire
enseigner la lecture, l’écriture, et toutes les connaissances qui permettraient
plus tard à leurs élèves de gagner leur vie. Ils devaient aussi, et surtout,
donner à leurs enfants une solide instruction religieuse. Ils travaillaient pour
les pauvres et ils ne devaient jamais l’oublier. Jean-Baptiste écrit:
“Vous avez
tous les jours de pauvres enfants à instruire; aimez-les tendrement comme ont
fait les saints, suivant en cela l'exemple de Jésus-Christ. Ce sont les pauvres
aussi dont Dieu vous a chargés, et auxquels vous êtes obligés d'annoncer les
vérités du saint Evangile.“(MF 166, 2, 2)
La
spiritualité lasallienne trouve ses racines dans une intériorité profonde, dans
une relation de confiance amoureuse avec Dieu qui, selon les termes de De La
Salle, veut que tous les hommes parviennent à la connaissance de la vérité,
et qu’ils soient tous sauvés. (MF 193, 3, 1) Mais cette spiritualité des
Frères doit être vécue à travers leur vocation spécifique et éducative, au
milieu de toutes les difficultés et contradictions de la vie, qui peuvent
parfois engendrer des relations conflictuelles et difficiles.
La
spiritualité lasallienne est vraiment une spiritualité “pratique” et
Jean-Baptiste va entrer minutieusement dans de nombreux détails qui peuvent nous
paraître superflus, mais qui étaient alors indispensables s’adressant à des
êtres pleins de bonne volonté, mais cependant assez rustres. Ainsi les petits
traités envisagent non seulement l’emploi du temps des Frères, mais également
les prières vocales dès le lever, l’office et l’oraison, l’examen de conscience
et la confession hebdomadaire, la lecture spirituelle et la manière de suivre la
messe, sans omettre les autres actions de la journée: le travail, les repas, les
récréations, les conversations, etc... Tout y passe.
Jean-Baptiste De La Salle va encore plus loin: concernant tous ces thèmes il
établira un Directoire (RD)
passant en revue tout ce qu’a fait, ou doit faire un Frère, pour en rendre
compte, tous les deux mois, au Frère Supérieur de l’Institut. En particulier il
revient souvent sur les vertus indispensables aux pédagogues, mettant en
parallèle les vices et les vertus. Ainsi:
Pour les
péchés capitaux
Il y en a
sept: l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la
paresse.
(DB 2)
Et pour les
vertus
Il y a trois
vertus théologales: la foi, l’espérance et la charité
Les vertus
cardinales sont la prudence, la force, la justice et la tempérance.
Les vertus
morales sont opposées aux sept vices capitaux. Ce sont l’humilité opposée à
l’orgueil, la charité et le zèle du bien du prochain opposée à l’envie, la
libéralité opposée à l’avarice, la chasteté opposée à l’impureté, la sobriété
opposée à la gourmandise, la douceur opposée à la colère, la dévotion et la
diligence opposées à la paresse.
4-1-Les
obstacles à la mise en œuvre de cette spiritualité pratique
4-1-1-La
tentation
J. B. De La
Salle parle souvent de la nécessité de la pénitence, surtout pendant le carême.
Un jour des Cendres, il interroge ses Frères:
– Voulons-nous mourir saintement?
Vivons-nous en véritables pénitents?
Et il poursuit
par une longue dissertation sur la tentation:
– Jésus-Christ
est allé dans le désert... pour y être tenté; et cela afin de nous faire
connaître que le premier pas qu’on doit faire, quand on veut se donner à Dieu,
est de quitter le monde pour se disposer à combattre ce monde même et tous les
ennemis de notre salut. C’est dans la retraite, dit saint Ambroise, qu’on doit
s’attendre à être tenté et mis à bien des épreuves... Avez-vous cru que, pour
vous donner tout à fait à Dieu, vous devez être disposés à être tentés?
Ce qui doit
engager une âme, qui est véritablement à Dieu, à être toujours préparée à la
tentation, c’est parce que la vie de l’homme, dit Job, est une tentation, un
combat continuel... C’est ce qui fait dire à saint Jérôme qu’il est impossible
que notre âme ne soit pas tentée en cette vie, et que si Jésus-Christ notre
sauveur a été lui-même tenté, nul homme ne peut espérer de passer la mer
orageuse de cette vie sans être exercé par la tentation.... Soyez persuadés que
c’est un grand malheur de ne pas ressentir de tentation, parce que c’est une
marque qu’on ne se surmonte en rien, et qu’on se laisse facilement vaincre par
ses passions... Ne croyez donc pas, dit saint Chrysostome, que vous soyez
abandonnés de Dieu lorsque vous êtes tentés; au contraire, c’est une des plus
grandes marques que vous puissiez avoir que Dieu a un soin tout particulier de
votre salut...
(MD
17)
Jésus est venu
sur la terre pour y régner... pour établir son règne dans les âmes... Afin que
Jésus-Christ règne dans votre âme, vous y devez combattre, sous sa conduite, les
ennemis de votre salut, qui sont les siens...
(MD 22)
4-1-2-Les
consolations spirituelles et les sécheresses
La conduite
ordinaire de Dieu est qu’après les tentations et les peines intérieures, quand
on les a souffertes avec patience, il prenne soin de soutenir une âme pure par
des consolations spirituelles... La transfiguration de N.S. Jésus-Christ est un
symbole des consolations spirituelles dont Dieu favorise quelquefois les âmes
qui vivent d’une vie véritablement intérieure... Sur les âmes qui s’appliquent
beaucoup à l’oraison, et qui aiment ce saint exercice, Dieu répand ses
consolations...
Dieu qui se
plaît à se communiquer aux âmes pures, qui n’ont aucune attache au péché, ne
veut pas cependant qu’elles s’attachent trop à ses dons... C’est pourquoi, comme
Dieu se sert de la consolation pour soutenir une âme et lui donner lieu de
respirer un peu après qu’elle a soutenu elle-même l’épreuve de la tribulation,
elle doit prendre ce petit soulagement dans une simple vue du bon plaisir de
Dieu, sans se complaire dans le plaisir personnel qu’elle y trouve...
La
transfiguration de Jésus dura peu, pour nous marquer que les consolations que
Dieu donne quelquefois en cette vie, ne sont qu’un rafraîchissement que Dieu
procure aux âmes saintes, au milieu de leurs désolations intérieures, pour les
aider à les supporter avec plus de courage, et pour augmenter leur affection qui
s’affaiblit quelquefois par l’abattement de la nature... et cela, afin de nous
faire connaître que ces sortes de consolations passagères ne doivent servir qu’à
nous animer, à nous fortifier dans l’amour des souffrances, dans l’amour des
peines intérieures et extérieures, dont il ne faut pas s’attendre d’être exempt
en cette vie.
Il faut se
souvenir de ce que Jésus-Christ a dit à ses apôtres: il leur est avantageux
qu’il se retire d’eux sensiblement... Et pour les Frères, il est quelquefois
plus avantageux d’être privé des consolations spirituelles que d’en avoir; parce
que plus on est dégagé de ce qui plaît aux sens, et plus on a de moyens d’aller
à Dieu purement, et avec un entier détachement de toutes les créatures; c’est
alors, en effet, que l’Esprit de Dieu vient dans une âme et qu’il la comble de
ses grâces. (MD 35)
4-1-3-Les
persécutions et la force de l'oraison
Jésus-Christ a prédit à ses apôtres qu’ils seraient persécutés et que tous ceux
qui voudront le suivre seront persécutés... Aussi Jean Baptiste De La Salle
prévient-il ses Frères: Si on n’enlève pas la vie, aujourd’hui, à ceux qui
sont à Dieu et qui travaillent pour sa gloire, que ne fait-on pas pour leur
enlever l’honneur par les plus noires calomnies
en les traitant comme s’ils étaient indignes de vivre. C’est ainsi que vous
devez être bien aises d’être traités.
Mais pourquoi
les disciples de Jésus-Christ sont-ils ainsi maltraités? C’est que ce monde
ne connaît ni le Père ni lui... et vous, vous avez quelquefois à instruire des
enfants qui ne connaissent pas Dieu parce qu’ils sont élevés par des parents qui
ne le connaissent pas eux-mêmes. (MD 41)
Les
persécutions sont inévitables: “Si vous vous acquittez fidèlement de votre
ministère, et si vous travaillez utilement et avec succès au salut des âmes qui
vous sont confiées, la persécution, soit de la part des démons, soit de la part
du monde, sera toujours votre partage... Vous ne ferez jamais rien qui puisse
contribuer à votre salut et à celui de votre prochain, que le monde ne s’y
oppose... Ce sera par l’oraison plus que par tout autre moyen, que vous pourrez
vous y disposer, parce que c’est à Dieu à combattre en vous et pour vous, contre
le démon et contre le monde, et que ce ne peut être que par son secours
particulier que vous vaincrez l’un et l’autre... (MF 182)
4-2-L'abandon
à la volonté de Dieu
Parfois,
pour mieux convaincre ses Frères, Jean-Baptiste De La Salle contemple la
soumission de Jésus-Christ à son Père. Curieusement, évoquant la Passion du
Christ, il semble revivre intérieurement ses propres et douloureuses
expériences: Jésus-Christ, nonobstant la haine que les Juifs lui portaient,
et les mauvais desseins qu’ils avaient contre lui, ne laisse pas de leur parler,
sur ce qui le regarde, avec toute la douceur imaginable... Et un peu plus
loin, dans une autre méditation consacrée au Mardi saint, il conseille:
“Étudiez-vous, à l’exemple de Jésus-Christ,
votre divin Maître, à ne vouloir que ce que Dieu veut, quand il le veut et comme
il le veut... Ô aimable abandon de la volonté humaine de Jésus, soumise en tout
à la volonté divine...
Pour le Mercredi saint, contemplant le désir de Jésus de mourir sur la croix, il
ajoute: “Jésus-Christ voyait que le feu de l’amour de Dieu ne pouvait être en
nous que par la destruction du péché, et que le péché ne pouvait être détruit
que par ses souffrances et par sa mort. Et Jean-Baptiste De La Salle
regrette: “N’est-il pas honteux pour
vous que Jésus-Christ ait tant désiré votre salut, et qu’il le désire encore si
fort aujourd’hui, et que vous correspondiez si peu à cet ardent désir?
D’où la
nécessité de s’abandonner à Dieu dans les peines et les sécheresses.
Il y a des
occasions de peines et de sécheresses dans lesquelles les âmes ne peuvent tirer
beaucoup de secours des hommes, soit qu’ils n’ont pas assez de lumières
naturelles ou acquises, soit parce que Dieu ne leur donne pas une assez grande
abondance de grâces pour qu’ils puissent soulager ceux qui sont dans de telles
dispositions... Dieu veut alors que vous vous teniez dans un entier abandon à sa
conduite... Vous devez, en effet, être persuadés que Dieu ne permettra pas que
vous soyez tentés et peinés au-dessus de vos forces... C’est pourquoi vous devez
vous abandonner à Dieu comme firent ces gens qui suivirent Notre Seigneur... Il
arrive ordinairement qu’après s’être ainsi abandonné à Dieu, il fait sentir des
effets tout extraordinaires de sa bonté et de sa protection comme il en donne
des marques dans l’Évangile de la multiplication des pains.
4-3-Saint
Jean-Baptiste De La Salle et les saints
4-3-1-Avec
saint Jean l'évangéliste
L’amour de
Jésus pour saint Jean et réciproquement
Jean-Baptiste
De La Salle a souvent médité sur la sainteté de saint Jean qui fut si près de
Jésus. Voici quelques-unes de ses réflexions:
Voici les
marques que le Sauveur lui a données de son amour spécial: il l’a fait reposer
sur sa poitrine, il lui a révélé les plus hauts mystères de sa divinité et de sa
sainte humanité; en mourant il l’a substitué en sa place pour être le fils
adoptif de sa sainte mère.
Par ailleurs, si saint Jean a été
beaucoup aimé de Jésus... il a été le seul apôtre qui l’ait suivi jusqu’à la
mort, ayant voulu être le témoin de ses souffrances jusqu’à la fin.
L’amour de
Jésus pour saint Jean et de saint Jean pour Jésus a produit un amour réciproque
de saint Jean pour la sainte Vierge et de la sainte Vierge pour saint Jean... Si
nous avons de l’amour pour Jésus, et si nous sommes aimés de lui, il ne se
pourra faire que nous ne soyons très chéris de la sainte Vierge; car comme il y
a un rapport très grand entre Jésus et sa très sainte mère, tous ceux qui aiment
Jésus et sont aimés de lui, honorent beaucoup Marie et sont très chéris de cette
sainte mère de Dieu.
(MF 88)
4-3-2-Quelques
petits conseils pratiques de saint Chrysostome
Il faut prier Dieu plusieurs fois par jour. Jean-Baptiste rapporte les paroles
de saint Chrysostome qui veut que nous
ne manquions jamais de prier Dieu avant que de nous mettre à table, nous faisant
regarder comme une extrême ingratitude de prendre la liberté de manger ce qui
nous est servi sans avoir, auparavant, rendu honneur à celui de qui nous l’avons
reçu, et qui nous fait tant de bien. Ce saint exige bien plus de tous les
chrétiens, à qui il ordonne de ne pas laisser écouler une seule heure pendant le
jour, sans offrir à Dieu quelque prière, afin que le cours de nos prières puisse
égaler le cours de la journée...
C’est aussi
prier sans interruption, selon le sentiment du même Père (saint Chrysostome)
d’avoir dans toutes ses actions une faim et un désir continuels de jouir de
Dieu... car la prière est continuelle lorsque cette attention à Dieu demeure
toujours dans sa ferveur.
(DA 402)
4-3-3-Contemplation de quelques saints
Les textes qui
suivent, en italique, sont extraits des Méditations pour les Fêtes (MF)
Saint André, a eu l’honneur d’être le
premier disciple de Jésus-Christ.
Saint François Xavier eut un grand amour
pour les souffrances et surtout pour la mortification de son corps et de ses
sens... Si vous ne pouvez pas pratiquer de si grandes mortifications, au moins
vous devez mortifier vos sens et votre esprit propre qui ne doit plus vivre en
vous, puisque Dieu demande de vous que vous ne viviez et que vous ne vous
conduisiez que par son divin Esprit... Ç’a été dans cet esprit d’humilité que
saint François Xavier a toujours fait ses voyages à pied, quelque longs qu’ils
fussent, si ce n’est ceux dans lesquels il fallait traverser les mers... Ce fut
ainsi que ce saint se disposa à la conversion d’un grand nombre d’âmes...
À
propos de saint Nicolas, évêque de Myre, Jean-Baptiste De La Salle aborde les
thèmes de la pauvreté et de l’obéissance:
La vie austère et pénitente est la gardienne de la
chasteté, et dispose l’âme à l’amitié de Dieu... Ce saint aimait l’oraison...
L’obligation que vous avez d’instruire les enfants et de les élever dans
l’esprit du christianisme, vous doit engager à être fort assidus à la prière,
afin d’obtenir de Dieu les grâces dont vous avez besoin, pour vous bien
acquitter de votre emploi, et afin d’attirer sur vous les lumières dont vous
devez être éclairés, pour former Jésus-Christ dans le cœur des enfants qui sont
confiés à votre conduite.
Vous êtes dans
l’obligation d’instruire les enfants des pauvres; vous devez, par conséquent,
avoir une tendresse toute particulière pour eux, et procurer leur bien spirituel
autant qu’il vous est possible, les regardant comme les membres de Jésus-Christ
et comme ses bien-aimés... Pour commencer à être tout à fait à Dieu, il faut se
rendre pauvre.
À propos de
l’infidélité de saint Thomas
Cette
infidélité de saint Thomas nous est d’une bien plus grande utilité, dit saint
Grégoire, que la foi des autres apôtres, qui ont cru la résurrection de
Jésus-Christ dès lors qu’il leur est apparu; car l’incrédulité de saint Thomas
nous a servi, ajoute ce Père, pour nous affermir dans la foi, puisqu’en ne
voyant que l’homme, il a confessé que cet homme était son Dieu.
Saint Antoine, après s’être dépouillé de
tous ses biens en faveur des pauvres, se retira dans le désert où il travailla
de ses mains pour gagner de quoi vivre, et soulager les pauvres; il joignit à
son travail une prière continuelle... Sa propre sanctification l’avait retenu
dans la solitude, mais le zèle qu’il avait pour le salut de ses Frères l’en
retira...
La conversion de saint Paul inspire cette réflexion à Jean-Baptiste De La Salle:
Jésus-Christ vous ayant appelés pour
accomplir son ministère et pour enseigner les pauvres, êtes-vous aussi fidèles à
la voix de Dieu que l’a été saint Paul?
4-3-4-En
l’honneur de saint Joseph
Peuples chrétiens, assemblez-vous, venez louer un chaste époux,
Joseph est cet époux fidèle, qui digne d’un choix glorieux,
Fut joint à la source immortelle des plus riches trésors des cieux.
Si par
un don du Saint-Esprit Marie a conçu Jésus-Christ,
Joseph à ce sacré mystère mérite d’être associé:
Aux yeux de tous il est cru Père du Rédempteur crucifié.
(CB 4,
32)
4-4-Jean-Baptiste De La Salle et la Sainte Vierge
À propos de
l’Immaculée Conception
Il est
intéressant de noter que Jean-Baptiste De La Salle parle de l’Immaculée
Conception deux siècles avant la promulgation du dogme en 1854. Il écrit:
Dieu a exempté
Marie, par un privilège tout particulier, du péché originel. Nous ne pouvons pas
comprendre comment cela s’est fait; cependant il ne nous convient pas de douter
de l’exemption qu’elle a eue du péché dans sa conception, puisque c’est le pieux
et commun sentiment des fidèles et que l’Église l’a pour agréable... Non
seulement la très sainte Vierge a été préservée du péché originel en sa
conception, mais aussi elle a eu, en ce moment, une grâce assez abondante pour
la préserver de tout péché actuel; et cette grâce a été si efficace en elle,
qu’elle n’en a jamais commis un seul... Dieu, pour rendre la très sainte Vierge
toute pure au moment de sa conception, l’a encore préservée de la concupiscence,
c’est-à-dire de l’inclination au péché...
(MF 82)
Nous devons
toujours faire attention que cette divine mère, au moment que son âme sainte
fut créée fut comme une belle étoile éclairée des lumières de la grâce, et douée
de raison... Imitons ces admirables dispositions de la très immaculée Vierge;
aimons et gardons volontiers la retraite, le silence et le recueillement... La
très sainte Vierge a connu Dieu par la foi infuse; elle l’a aimé par la charité
du Saint-Esprit dont elle est remplie dès le premier moment de son être; elle
l’a loué, béni, remercié et glorifié par ses opérations spirituelles et
intérieures, plus excellemment que tous les anges ensemble... (MA 83)
Comme Marie,
les Frères doivent se donner à Dieu complètement:
Apprenez de
Marie à ne vouloir en rien vous distinguer des autres, et à ne point demander ni
vouloir avoir d’exemption dans la pratique de vos règles... Vous ne devez pas
vous contenter de vous être une fois offerts à Dieu; vous devez tous les jours
renouveler cette offrande, et lui consacrer toutes vos actions, en ne les
faisant que pour lui...
Et
Jean-Baptiste De La Salle de s’écrier: Ah! qu’il fait bon de se donner à
Dieu; il récompense dès cette vie, et il remplit une âme qui se consacre à lui
de très sensibles consolations, et il fait estimer et honorer des hommes, ceux
qui se plaisent dans l’humiliation. Plus vous donnerez à Dieu, plus il vous fera
de bien; plus vous serez méprisés, et plus vous serez grands devant Dieu... Nous
devons toujours être disposés à mourir: c’est le fruit du détachement de toutes
choses; on n’a peine à mourir que parce qu’on a peine à quitter ce qu’on aime et
ce qui attache. Prenez donc à tâche d’imiter la très sainte Vierge dans son
entier détachement, et demandez à Dieu par son secours, la grâce de bien mourir.
(MF 156)
Un chant à
Marie
Ô Vierge sainte, à la loi, très fidèle,
Peut-on trop chanter votre zèle...
Sans tache et sans défaut vous allez à l’autel,
Vous présenter aux yeux de l’Éternel...
De vous aimer qui pourrait se défendre?
Est-il une mère plus tendre?
Je vais vous imiter, et je vous fais serment
De vous aimer jusqu’au dernier moment.
(CB 3, 17)
Mère de Dieu, du monde souveraine,
Vous qui voyez à vos pieds tous les rois,
Je vous choisis aujourd’hui pour ma mère,
Et me soumets pour toujours à vos lois.
Jamais, jamais, serviteur de Marie
Ne périra, ni sera malheureux,
Qui l’a trouvée a rencontré la vie,
Et le moyen de la voir dans les cieux.
(CB 5, 43)
Je me prosterne au pied de votre trône,
Reine des rois, maîtresse de mon cœur,
Vous êtes ma charitable patronne,
Entre vos mains je remets mon bonheur,
Ma confiance, mon espérance, se trouvent en vous,
Après Dieu mon Sauveur.
Recevez-moi très honorée dame,
Pour votre esclave entre vos serviteurs,
Je vous consacre mon corps et mon âme
Pour servir à votre plus grand honneur;
Vierge très pure, oui je vous jure
L’obéissance et l’amour de mon cœur.
(CB 7, 62)
Les litanies
de la Vierge Marie selon J. B. De La Salle
Marie, ô miroir de pudeur! Et des vierges la protectrice,
Comme nous avons le bonheur d’être admis à votre service,
Nous avons tous recours à vous.
Sainte Vierge, priez pour nous.
Merveille de fidélité, Parfait miracle de prudence,
Vous avez toute autorité...
Cause aimable de nos plaisirs, Rare modèle de justice,
Avocate de nos désirs,...
Vaisseau rempli de sainteté, Vase d’un prix inestimable,
Vaisseau que la divinité nous rend à jamais honorable...
Rose mystique, Palais d’or, Tour de David inébranlable,
Tour d’ivoire, Riche trésor en qui tout est incomparable...
Arche d’alliance et d’amour, Astre du matin, claire étoile,
Porte de cet heureux séjour, où Dieu se découvre sans
voile...
Source ineffable de tous biens, Puissant refuge des
coupables,
Secours assuré des chrétiens, soulagement des misérables,
Reine de la terre et des Cieux, des patriarches et des
prophètes,
De tant d’apôtres glorieux, de tant de courageux athlètes,
Reine à qui tous les confesseurs doivent l’honneur de leurs
victoires,
Reine à qui tous les chastes cœurs et tous les saints
doivent leur gloire.
(CB 8, 78)



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