SAINT PAUL DE LA CROIX
 1694-1775

 SA VIE ET SA SPIRITUALITÉ

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La jeunesse de Paul-François

Très jeune encore, Paul-François Danei commença à mener une vie austère orientée vers la prière et l'oraison. Dans son ardeur juvénile, il entraînait son frère Jean-Baptiste à le suivre dans sa vie déjà pénitente, méditant souvent les souffrances de Jésus crucifié. D'une manière générale, sa piété était remarquable. Paul-François dut quitter sa famille relativement jeune pour s'occuper du service des malades dans l'hospice de Saint Gallican. Cependant son amour pour Dieu continuait à se développer, et rapidement, afin de gagner des âmes, il fonda une petite société de jeunes gens à qui il prit l'habitude d'enseigner la manière de traiter avec Dieu dans l'oraison, source de la sainteté. Plusieurs de ces jeunes  abandonnèrent le monde et embrassèrent la vie religieuse.

Grâce à ses prières, ses oraisons et sa vie pénitente, Paul-François  parvint à une haute perfection: son entourage le considérait comme un saint... Il mettait à profit l'autorité naturelle que le Seigneur lui donnait sur les autres, pour les exhorter de plus en plus au bien. Dieu, pour aider son dévoué serviteur lui confia même plusieurs charismes, dont celui de pénétration des consciences. "Paul découvrait le fond des cœurs. Souvent même, quand c'étaient des pécheurs, il ressentait une puanteur horrible, mais surnaturelle, qui était comme l'indice de la laideur et de la difformité des crimes dont ils étaient souillés. Éclairé par ce moyen sur les besoins des âmes et brillant du désir de les sauver, Paul manifestait, tantôt à celui-ci, tantôt à celui-là, les fautes qu'il avait commises, mais en secret et en tête à tête. Mon frère, disait-il avec une pleine assurance, vous avez fait tel péché; allez vous confesser. Puis il instruisait le coupable pour lui faciliter le moyen de faire une bonne confession, et finalement, il l'adressait à quelque bon confesseur dont les charitables avis pussent guérir les plaies de sa pauvre âme."[1]

Durant l'été 1713 Paul-François[2] reçut une grande illumination spirituelle et décida de se vouer totalement à Dieu. Vers l'âge de dix-neuf ans et demi, il résolut de mener une vie simple et parfaite. Il choisit comme directeur de son âme le curé de sa paroisse, lequel ne manqua jamais de mortifier et d'humilier publiquement ce jeune homme particulièrement comblé des grâces de Dieu.  Paul-François, loin de se révolter, croissait en humilité. Heureusement, le curé, un peu dépassé par ce qui se passait en Paul-François, l'invita à s'adresser au Père Colomban de Gênes, prêtre capucin...

Paul-François avait un oncle prêtre qui, à l'insu de son neveu, se mit en tête de le marier à une jeune fille pleine de grandes qualités et de plus ouvrant une alliance des plus avantageuses; une telle alliance retirerait sa famille de la pauvreté dans laquelle elle se trouvait. Mais Paul-François avait décidé de demeurer vierge; que faire? Paul-François pria beaucoup. Bientôt le pauvre oncle tomba gravement malade et mourut, laissant tous ses biens à Paul-François qui renonça généreusement à cet héritage...

À la même époque, la République de Venise cherchant à lever une armée pour combattre les Turcs, Paul-François s'enrôla, mais le Seigneur lui fit rapidement comprendre qu'Il le voulait ailleurs. Il quitta l'armée, retourna chez lui, et reprit sa vie de sacrifices fortifiée par l'usage fréquent des sacrements. Plus tard, il avouera à un confesseur: "Dans ces premières années, le Seigneur m'avait donné faim de deux choses: de la sainte communion et des souffrances."

En 1727, Luchino Danei, son père, involontairement renversé à terre, fit une chute mortelle. Joseph, un de ses fils, présent sur les lieux, lui recommanda de pardonner, et c'est dans des sentiments éminemment chrétiens  qu'il se disposa à la mort. Mais pour toute la famille et pour la maman, le coup fut terrible. Cependant, les activités de Paul-François ne l'empêchaient pas de gérer ce que sa famille possédait alors, et d'y exercer son zèle, conseillant à ses frères et sœurs de méditer souvent sur la Passion de Jésus-Christ.


[1] Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi.
[2] Qui avait alors 17 ans.

   

  

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