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Quelle est la cause
du péché des hommes ?

L'homme revient constamment sur son problème. Pourquoi ses épreuves, ses souffrances? Pourtant, comme nous l'avons vu dans le psaume 25, il se croit tout à fait innocent et implore le Seigneur: "Rends-moi justice, Yahweh, car j'ai marché dans mon innocence. (Ps 25, 1)

L'homme est très perplexe; oui, il est innocent, il ne va pas avec les méchants et il loue et il redoute Dieu… Incontestablement ce sont les méchants qui sont la cause de tous les malheurs, et Dieu doit les exterminer, sinon le juste mourrait: "Seigneur, mon rocher, c'est toi que j'appelle: ne reste pas sans me répondre, car si tu gardais le silence, je m'en irais, moi aussi, vers la tombe." (Ps 27, 1) D'où la supplication: "Entends la voix de ma prière quand je crie vers toi, quand j'élève les mains vers le Saint des Saints! Ne me traîne pas chez les impies, chez les hommes criminels; à leurs voisins ils parlent de paix quand le mal est dans leur cœur. Traite-les d'après leurs actes et selon leurs méfaits; traite-les d'après leurs œuvres, rends-leur ce qu'ils méritent. Ils n'ont compris ni l'action du Seigneur ni l'œuvre de ses mains; que Dieu les renverse et jamais ne les relève!" (Ps 27, 2 à 5)

Incontestablement on est très loin de la charité et du commandement d'amour de Jésus-Christ, le vrai Messie que pourtant ce psaume annonce déjà: "Béni soit le Seigneur qui entend la voix de ma prière! Le Seigneur est ma force et mon rempart; à lui, mon cœur fait confiance: il m'a guéri, ma chair a refleuri, mes chants lui rendent grâce. Le Seigneur est la force de son peuple, le refuge et le salut de son messie. Sauve ton peuple, bénis ton héritage, veille sur lui, porte-le toujours." (Ps 27, 6 à 9)

5-1-La tristesse des hommes

L'homme a soif de Dieu, mais Dieu se cache. L'homme pense à Dieu et pleure. Pourquoi cette tristesse? "Comme le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant: quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu? Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit, pendant qu'on me dit sans cesse: Où est ton Dieu?" (Ps 41, 2 à 4)

Il n'en était pas ainsi autrefois, se souvient l'homme perdu dans sa profonde tristesse. Il n'en était pas ainsi, dans le passé: "Je me rappelle, chante le psalmiste, et à ce souvenir mon âme se fond en moi, quand je marchais entouré de la foule, et que je m'avançais vers la maison de Dieu, au milieu des cris de joie et des actions de grâces d'une multitude en fête! Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme, et t'agites-tu en moi? Espère en Dieu, car je le louerai encore, lui, le salut de ma face et mon Dieu! Mon âme est abattue au dedans de moi; c'est pourquoi je pense à toi, du pays du Jourdain, de l'Hermon, de la montagne de Misar. Un flot en appelle un autre, quand grondent tes cataractes: ainsi toutes tes vagues et tes torrents passent sur moi. Le jour, Yahweh commandait à sa grâce de me visiter; la nuit, son cantique était sur mes lèvres; j'adressais une prière au Dieu de ma vie." (Ps 41, 5 à 9)

Il n'en est plus ainsi aujourd'hui: Dieu semble oublier les hommes, les délaisser tandis que les méchants les insultent: "Maintenant je dis à Dieu mon rocher: 'Pourquoi m'oublies-tu?' Pourquoi me faut-il marcher dans la tristesse, sous l'oppression de l'ennemi? Je sens mes os se briser, quand mes persécuteurs m'insultent, en me disant sans cesse: Où est ton Dieu? Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme, et t'agites-tu en moi?"

Heureusement, de nouveau l'homme revient à l'espérance: "Espère en Dieu, car je le louerai encore, lui, le salut de ma face et mon Dieu!" (Ps 41, 10 à 12) Car Dieu est le seul salut de l'homme.

5-2-Une première délivrance

Soudain, c'est comme une lumière, faible encore, mais qui devrait rapidement conduire l'homme à la vérité. La psalmiste s'écrie: "J'ai mis en Yahweh toute mon espérance: il s'est incliné vers moi, il a écouté mes cris. Il m'a retiré de la fosse de perdition, de la fange du bourbier; il a dressé mes pieds sur le rocher, il a affermi mes pas." (Ps 39, 2 et 3)

Oui, Yahweh a soulagé l'homme encore trop faible mais qui espère et cherche la volonté divine: "Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu; beaucoup le voient, et ils révèrent Yahweh, ils se confient en lui. Heureux l'homme qui a mis en Yahweh sa confiance, et qui ne se tourne pas vers les orgueilleux, et vers ceux que le mensonge égare! Tu as multiplié, Yahweh, mon Dieu, tes merveilles et tes desseins en notre faveur: nul n'est comparable à toi. Je voudrais les publier et les proclamer; ils surpassent tout récit. Tu ne désires ni sacrifice ni oblation… Tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire. Alors j'ai dit: 'Voici que je viens… Je veux faire ta volonté, ô mon Dieu, et ta loi est au fond de mon cœur'." (Ps 39, 4 à 9)

Et la première demande de Dieu, c'est qu'on proclame ses merveilles; l'homme commence à le comprendre et chante: "J'annoncerai la justice dans une grande assemblée; je ne fermerai pas mes lèvres, Yahweh, tu le sais. Je ne tiendrai pas ta justice cachée dans mon cœur; je publierai ta fidélité et ton salut, je ne tairai pas ta bonté et ta vérité à la grande assemblée."  (Ps 39, 10 et 11)

Et voici la grande découverte : "Toi, Yahweh, ne me ferme pas tes miséricordes; que ta bonté et ta vérité me gardent toujours! Car des maux sans nombre m'environnent; mes iniquités m'ont saisi, et je ne puis voir; elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête, et mon cœur m'abandonne. Qu'il te plaise, Yahweh, de me délivrer! Yahweh, hâte-toi de me secourir!"  (Ps 39, 12 à 14)

Mais l'homme revient à ses anciennes erreurs: le coupable, c'est quelqu'un d'autre que lui. Ce coupable n'est pas désigné nommément, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à Satan, le grand ennemi des hommes. "Qu'ils soient confus et honteux tous ensemble,  ceux qui cherchent mon âme pour la perdre! Qu'ils reculent et rougissent,  ceux qui désirent ma ruine! Qu'ils soient dans la stupeur à cause de leur honte, ceux qui me disent: Ah! Ah!" (Ps 39, 15 et 16)

Heureusement l'homme revient à la vérité et à l'espérance: "Qu'ils soient dans l'allégresse et se réjouissent en toi, tous ceux qui te cherchent!  Qu'ils disent sans cesse: Gloire à Yahweh! ceux qui aiment ton salut! Moi, je suis pauvre et indigent, mais le Seigneur prendra soin de moi. Tu es mon aide et mon libérateur: mon Dieu, ne tarde pas!" (Ps 39, 17 et 18)

Petite remarque: Ce psaume 39 est assez surprenant: c'est presque le portrait de l'évolution spirituelle de tous les hommes, de tous les temps. Oui, et bientôt l'homme ira encore plus loin dans sa vérité, et il reconnaîtra qu'il est vraiment pécheur.

5-3-L'aveu

L'homme dit: "Seigneur, corrige-moi sans colère et reprends-moi sans violence. Tes flèches m'ont frappé, ta main s'est abattue sur moi. Rien n'est sain dans ma chair sous ta fureur, rien d'intact en mes os depuis ma faute. Oui, mes péchés me submergent, leur poids trop pesant m'écrase. Mes plaies sont puanteur et pourriture: c'est là le prix de ma folie." (Ps 37, 2 à 6)

Cette découverte est vraiment trop dure pour l'homme qui gémit et implore: "Accablé, prostré, à bout de forces, tout le jour j'avance dans le noir. La fièvre m'envahit jusqu'aux mœlles, plus rien n'est sain dans ma chair. Brisé, écrasé, à bout de forces, mon cœur gronde et rugit. Seigneur, tout mon désir est devant toi, et rien de ma plainte ne t'échappe. Le cœur me bat, ma force m'abandonne, et même la lumière de mes yeux."  (Ps 37, 7 à 11) 

Mais il y a pire encore; l'homme pécheur est seul: ses amis comme ses ennemis l'ont abandonné. Le psalmiste fredonne: "Amis et compagnons se tiennent à distance, et mes proches, à l'écart de mon mal. Ceux qui veulent ma perte me talonnent, ces gens qui cherchent mon malheur; ils prononcent des paroles maléfiques, tout le jour ils ruminent leur traîtrise. Moi, comme un sourd, je n'entends rien, comme un muet, je n'ouvre pas la bouche,  pareil à celui qui n'entend pas, qui n'a pas de réplique à la bouche."  (Ps 37, 12 à 15)

D'où une très courte prière au Seigneur avant l'aveu: "C'est toi que j'espère, Seigneur: Seigneur mon Dieu, toi, tu répondras. J'ai dit: 'Qu'ils ne triomphent pas, ceux qui rient de moi quand je trébuche!' Et maintenant, je suis près de tomber, ma douleur est toujours devant moi. Oui, j'avoue mon péché, je m'effraie de ma faute." (Ps 37, 16 à 19)

Le pécheur se sent très vulnérable et ses ennemis reviennent à la charge; d'où un dernier appel au Seigneur: "Mes ennemis sont forts et vigoureux, ils sont nombreux à m'en vouloir injustement. Ils me rendent le mal pour le bien; quand je cherche le bien, ils m'accusent. Ne m'abandonne jamais, Seigneur, mon Dieu, ne sois pas loin de moi. Viens vite à mon aide, Seigneur, mon salut!"  (Ps 37, 20 à 23) 

Remarque: Ici, on pense automatiquement au Messie, à Jésus qui a pris sur Lui tous les péchés du monde, et qui a été abandonné par les hommes pendant toute sa Passion.

5-4-L'homme est pécheur dès sa naissance

Et, dans le Ps 50, l'homme procède à une véritable confession, car il a reconnu que son péché est une blessure faite à Dieu: "Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait. Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire." (Ps 50, 3 à 6)

Et l'homme reconnaît qu'il est pécheur depuis toujours: "Moi, je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère. Mais tu veux au fond de moi la vérité; dans le secret, tu m'apprends la sagesse." Dieu seul peut purifier l'homme pécheur: "Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige. Fais que j'entende les chants et la fête: ils danseront, les os que tu broyais. Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés. Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint."  (Ps 50, 7 à 13)

Alors l'homme retrouvera la joie, et fera connaître les bontés de Dieu mais aussi ses exigences: "Rends-moi la joie d'être sauvé; que l'esprit généreux me soutienne. Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins; vers toi, reviendront les égarés. Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice. Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem. Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes; alors on offrira des taureaux sur ton autel." (Ps 50, 14 à 21)

5-5-Et voici la lumière

L'homme a beaucoup réfléchi; il s'est souvent révolté; il interrogeait Dieu ne comprenant pas pourquoi les méchants étaient mieux traités que lui. Mais peu à peu l'homme a découvert que lui aussi était pécheur; il découvre qu'il appartient à un peuple qui a péché; il voit même que lui aussi a péché personnellement et il avoue sa faute. Alors c'est soudain la lumière et il rend gloire à Dieu. Ce résumé c'est toute la substance du psaume 72 qui commence par un constat et un remerciement: "Vraiment, Dieu est bon pour Israël, pour les hommes au cœur pur." (Ps 72, 1)

Puis le psalmiste rappelle l'histoire du peuple et la cause de ce qui aurait pu être sa propre chute: "Un rien, et je perdais pied, un peu plus, et je faisais un faux pas; car j'étais jaloux des superbes, je voyais le succès des impies." (Ps 72, 2 et 3) Et voici le constat cruel: "Jusqu'à leur mort, ils ne manquent de rien, ils jouissent d'une santé parfaite; ils échappent aux souffrances des hommes, aux coups qui frappent les mortels." (Ps 72, 4 à 6) Et pourtant: "L'orgueil est leur collier, la violence, l'habit qui les couvre; leurs yeux qui brillent de bien-être trahissent les envies de leur cœur. Ils ricanent, ils prônent le mal, de très haut, ils prônent la force; leur bouche accapare le ciel, et leur langue parcourt la terre." (P 72, 7 à 9)

Voyant cela et comprenant qu'il a été trompé: "Le peuple se tourne vers la source d'une telle abondance. Ils[1] disent: 'Comment Dieu saurait-il? le Très-Haut, que peut-il savoir? Voyez comme sont les impies: tranquilles, ils amassent des fortunes." (P 72, 10 à 12) Et l'homme regrette son honnêteté: "Vraiment, c'est en vain que j'ai gardé mon cœur pur, lavé mes mains en signe d'innocence! Me voici frappé chaque jour, châtié dès le matin." (P 72, 13 et 14) Pourtant l'homme réfléchit: "Si j'avais dit: 'Je vais parler comme eux', j'aurais trahi la race de tes fils." L'homme tourné vers Dieu reconnaît qu'il s'est posé beaucoup de questions: "Longtemps, j'ai cherché à savoir, je me suis donné de la peine." (P 72, 15 et 16)

Et près de Dieu la lumière se fait et l'homme comprend que les riches allaient vers leur ruine: "Mais quand j'entrai dans la demeure de Dieu, je compris quel serait leur avenir. Vraiment, tu les as mis sur la pente: déjà tu les entraînes vers la ruine. Comment vont-ils soudain au désastre, anéantis, achevés par la terreur? À ton réveil, Seigneur, tu chasses leur image, comme un songe au sortir du sommeil."  (P 72, 17 à 20)

Et enfin l'aveu et la reconnaissance de l'action de Dieu: "Oui, mon cœur s'aigrissait, j'avais les reins transpercés. Moi, stupide, comme une bête, je ne savais pas, mais j'étais avec toi. Moi, je suis toujours avec toi, avec toi qui as saisi ma main droite. Tu me conduis selon tes desseins; puis tu me prendras dans la gloire. Qui donc est pour moi dans le ciel si je n'ai, même avec toi, aucune joie sur la terre? Ma chair et mon cœur sont usés: ma part, le roc de mon cœur, c'est Dieu pour toujours."  (P 72, 21 à 26) D'où l'espérance et la résolution: "Qui s'éloigne de toi périra: tu détruis ceux qui te délaissent. Pour moi, il est bon d'être proche de Dieu; j'ai pris refuge auprès de mon Dieu pour annoncer les œuvres du Seigneur aux portes de Sion."  (P 72, 27et 28)

Tout naturellement on comprend que les œuvres du Seigneur pour les hommes, c'est en fait, la Loi de Dieu. Mais quelle est cette Loi?


[1] Les hommes.

   

  

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