Nous commençons à être
fatigués, et à la lecture des psaumes nous ne pouvons nous empêcher
de penser : ces psaumes disent tous la même chose. En effet, les
hommes qui se croient justes sont jaloux des riches qui réussissent;
les bons sont toujours victimes des méchants. Et le psaume 128 est
un constat très clair: "Que de mal
ils m'ont fait dès ma jeunesse, à Israël de le dire, que de mal ils
m'ont fait dès ma jeunesse: ils ne m'ont pas soumis! Sur mon dos,
des laboureurs ont labouré et creusé leurs sillons…"
(Ps 128, 1 et 2)
D'où l'appel à la vengeance: "Qu'ils
soient tous humiliés, rejetés, les ennemis de Sion! Qu'ils
deviennent comme l'herbe des toits, aussitôt desséchée! Les
moissonneurs n'en font pas une poignée, ni les lieurs une gerbe, et
les passants ne peuvent leur dire: 'La bénédiction du Seigneur soit
sur vous!'" (Ps 128, 5 à 8)
Mais voici un ton un peu nouveau:
"Mais le Seigneur, le juste, a brisé l'attelage des impies." (Ps
128, 5)
Pourtant les haines et
les désirs de vengeance sont omniprésents. Mais nous voyons aussi
que, peu à peu, ceux qui se croient bons comprennent que les impies,
d'où vient le mal, sont vaincus par le Seigneur. Mais eux, les
"bons", doivent se souvenir que c'est Dieu seul qui les sauve: "Sans
le Seigneur qui était pour nous, qu'Israël le redise, sans le
Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent,
alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère.
Alors le flot passait sur nous,
le torrent nous submergeait; alors nous étions submergés par les
flots en furie. Béni soit le Seigneur qui n'a pas fait de nous la
proie de leurs dents!
Comme un oiseau, nous avons échappé au
filet du chasseur; le filet s'est rompu: nous avons échappé.
Notre secours est le nom du
Seigneur qui a fait le ciel et la terre." (Ps 123, 1 à
8)
Oui, seul le Seigneur
sauve les hommes en détresse: "Dans
ma détresse, j'ai crié vers le Seigneur, et lui m'a répondu.
Seigneur, délivre-moi de la langue perfide, de la bouche qui ment.
Que t'infliger, ô
langue perfide, et qu'ajouter encore? La flèche meurtrière du
guerrier, et la braise des genêts.
Malheur à moi: je
dois vivre en exil et camper dans un désert!
Trop longtemps, j'ai
vécu parmi ces gens qui haïssent la paix. Je ne veux que la paix,
mais quand je parle ils cherchent la guerre."
(Ps 119)
L'homme a vécu trop longtemps parmi
ceux qui cherchent la guerre. Donc, comme ceux qui haïssent la paix,
l'homme qui se plaint est certainement en partie responsable de son
malheur. Lui aussi est pécheur et, ayant reconnu ses torts, il
appelle Dieu à son secours: "Des profondeurs je crie vers toi,
Seigneur, Seigneur, écoute mon appel! Que ton oreille se fasse
attentive au cri de ma prière! Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera? Mais près de toi se trouve le pardon pour
que l'homme te craigne." (Ps 129, 1 à 4)
Car seul le Seigneur peut rendre le
bonheur et l'innocence: "J'espère le Seigneur de toute mon âme;
je l'espère, et j'attends sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus
qu'un veilleur ne guette l'aurore. Plus qu'un veilleur ne guette
l'aurore, attends le Seigneur, Israël. Oui, près du Seigneur, est
l'amour; près de lui, abonde le rachat. C'est lui qui rachètera
Israël de toutes ses fautes." (Ps 129, 5 à 8)
Oui, quand Dieu sauve
l'homme, Il sauve tout son peuple et le délivre de ses fautes. Mais
d'où vient tout ce mal? Pourquoi les hommes pêchent-ils?
Peu à peu l'homme va
comprendre que le mal vient de ce que les hommes ayant écouté le
Mal, c'est-à-dire le Maudit, n'observent plus les commandements de
Dieu et ont mangé "le fruit de l'Arbre". L'homme est pris dans les
filets de la mort, et seul Dieu peut le sauver. Ainsi le psalmiste
s'écrie: "J'aime le Seigneur: il entend le cri de ma prière; il
incline vers moi son oreille: toute ma vie, je l'invoquerai.
J'étais pris dans les filets de la mort, retenu dans les liens de
l'abîme, j'éprouvais la tristesse et l'angoisse; j'ai
invoqué le nom du Seigneur: 'Seigneur, je t'en prie, délivre-moi!'
Le Seigneur est justice et pitié, notre Dieu est tendresse. Le
Seigneur défend les petits: j'étais faible, il m'a sauvé. Retrouve
ton repos, mon âme, car le Seigneur t'a fait du bien. Il a sauvé
mon âme de la mort, gardé mes yeux des larmes et mes pieds du
faux pas. Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des
vivants." (Ps 114)
Ayant écouté les
paroles du Menteur, les hommes ont mangé le fruit de l'arbre et ont
oublié les com-mandements de Dieu. Mais de quels commandements
particuliers s'agit-il?
7-2-1-Le
mensonge
Le psalmiste constate;
il est consterné : "Seigneur, au
secours! Il n'y a plus de fidèle! La loyauté a disparu chez les
hommes. Entre eux la
parole est mensonge, cœur double, lèvres menteuses.
Que le Seigneur supprime ces lèvres
menteuses, cette langue qui parle insolemment,
ceux-là qui disent: 'Armons notre
langue! À nous la parole! Qui sera notre maître?'"
(Ps 12, 2 à 5) Le Seigneur a pitié et Il répond: "Pour le pauvre
qui gémit, le malheureux que l'on dépouille, maintenant je me lève,
dit le Seigneur; à celui qu'on méprise, je porte secours." (Ps
12, 6)
Et le psalmiste s'incline devant la
fidélité du Seigneur: "Les
paroles du Seigneur sont des paroles pures, argent passé au feu,
affiné sept fois. Toi,
Seigneur, tu tiens parole, tu nous gardes pour toujours de cette
engeance, de ces impies qui s'agitent de tous côtés: la
corruption gagne chez les hommes." (Ps 12, 7 à 9)
7-2-2-L'homme
pêche avec sa langue
Nous venons de voir que
le mensonge est un péché grave, car du mensonge naît la corruption.
Mais comment et avec quoi peut-on mentir? Tout simplement avec la
langue qui est aussi la source de nombreux autres péchés. Aussi le
psalmiste prend-il une grande résolution: "J'ai
dit: 'Je garderai mon chemin sans laisser ma langue s'égarer; je
garderai un bâillon sur ma bouche, tant que l'impie se tiendra
devant moi." Hélas!
l'homme a manqué de patience: "Je
suis resté muet, silencieux; je me taisais, mais sans profit. Mon
tourment s'exaspérait, mon cœur
brûlait en moi. Quand j'y pensais, je m'enflammais, et j'ai
laissé parler ma langue…"
(Ps 38, 2 à 4)
7-2-3-L'argent
n'est rien et il n'empêche pas de mourir
Le psalmiste va prophétiser, laissant la
sagesse de Dieu parler en lui pour s'adresser à tous les peuples:
"Écoutez ceci, tous les
peuples, entendez bien, habitants de l'univers,
gens illustres, gens obscurs, riches et
pauvres, tous ensemble. Ma bouche
dira des paroles de sagesse, les propos clairvoyants de mon cœur;
l'oreille attentive aux proverbes, j'exposerai sur la cithare mon
énigme. Pourquoi craindre
aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m'encercler,
ceux qui s'appuient sur leur fortune
et se vantent de leurs grandes richesses?
Nul ne peut racheter son frère ni payer
à Dieu sa rançon: aussi cher
qu'il puisse payer, toute vie doit finir." (Ps 48, 2
à 9)
Car tous les hommes
doivent mourir: les sages comme les fous. Alors à quoi serviront
leurs richesses: "Peut-on vivre
indéfiniment sans jamais voir la fosse?
Vous voyez les sages mourir:
comme le fou et l'insensé ils périssent, laissant à d'autres leur
fortune. Ils croyaient leur
maison éternelle, leur demeure établie pour les siècles; sur des
terres ils avaient mis leur nom. L'homme comblé ne dure pas: il
ressemble au bétail qu'on abat.
Tel est le destin des insensés et
l'avenir de qui aime les entendre:
troupeau parqué pour les enfers et que
la mort mène paître. À l'aurore, ils feront place au juste; dans la
mort, s'effaceront leurs visages: pour eux, plus de palais!"
(Ps 48, 10 à 15)
C'est vraiment
désespérant pour le juste, mais Dieu va intervenir: "Mais
Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort: c'est lui qui me
prendra." Donc, sur la terre
l'homme juste n'a rien à craindre: "Ne
crains pas l'homme qui s'enrichit, qui accroît le luxe de sa maison:
aux enfers il n'emporte rien;
sa gloire ne descend pas avec lui.
De son vivant, il s'est béni lui-même:
on t'applaudit car tout va bien pour toi!
Mais il rejoint la lignée de ses
ancêtres qui ne verront jamais plus la lumière.
L'homme comblé qui n'est pas clairvoyant
ressemble au bétail qu'on abat." (Ps 48, 16 et suivants)
7-2-4-La
calomnie et la médisance
Parmi les péchés de la langue, la
calomnie et la médisance figurent parmi les plus grands parce que ce
sont les armes sataniques par excellence. En effet, le juste qui
s'adresse à Dieu pour le louer, implore sa bonté. Puis il fait la
distinction entre les traîtres et ceux qui sont fidèles: "Je
chanterai justice et bonté: à toi mes hymnes, Seigneur! J'irai par
le chemin le plus parfait; quand viendras-tu jusqu'à moi? Je
marcherai d'un cœur parfait avec ceux de ma maison; je n'aurai
pas même un regard pour les pratiques démoniaques. Je haïrai
l'action du traître qui n'aura sur moi nulle prise; loin de
moi, le cœur tortueux! Le méchant, je ne veux pas le
connaître." (Ps 100, 1 à 4)
Et Dieu lui-même semble
répondre: "Qui dénigre en secret son prochain, je le
réduirai au silence; le regard hautain, le cœur ambitieux, je ne
peux les tolérer. Mes yeux distinguent les hommes sûrs du pays: ils
siégeront à mes côtés; qui se conduira parfaitement celui-là me
servira. Pas de siège, parmi ceux de ma maison, pour qui se livre
à la fraude; impossible à qui profère le mensonge de tenir
sous mon regard. Chaque matin, je réduirai au silence tous les
coupables du pays, pour extirper de la ville du Seigneur tous les
auteurs de crimes." (Ps 100, 5 à 8)
7-2-5-L'orgueil
et la jalousie conduisent à l'idolâtrie, le plus grand des péchés
De nouveau le psalmiste
va rendre gloire à Dieu pour ses bienfaits passés. Au passage, il
comprend que la justice et l'observation de la Loi rendent heureux
celui qui les pratique: "Alléluia! Rendez grâce au Seigneur! Il
est bon! Éternel est son amour! Qui dira les hauts faits du
Seigneur, qui célébrera ses louanges? Heureux qui pratique la
justice, qui observe le droit en tout temps! Souviens-toi de
moi, Seigneur, dans ta bienveillance pour ton peuple; toi qui le
sauves, visite-moi: que je voie le bonheur de tes élus; que j'aie
part à la joie de ton peuple, à la fierté de ton héritage." (Ps
105, 1 à 5)
Le psalmiste se
souvient que lui aussi, comme tous les hommes, est pécheur, mais que
Dieu sauva son peuple: "Avec nos pères, nous avons péché, nous
avons failli et renié. En Égypte, nos pères ont méconnu tes
miracles, oublié l'abondance de tes grâces et résisté au bord de la
mer Rouge. Mais à cause de son nom, il (Dieu) les sauva, pour que
soit reconnue sa puissance. Il menace la mer Rouge, elle sèche;
il les mène à travers les eaux comme au désert. Il les sauve des
mains de l'oppresseur, il les rachète aux mains de l'ennemi. Et les
eaux recouvrent leurs adversaires: pas un d'entre eux n'en réchappe.
Alors ils croient à sa parole, ils chantent sa louange." (Ps
105, 6 à 12)
Malheureusement cela
dure peu, et le peuple pèche de nouveau, par convoitise, et par
jalousie: "Ils s'empressent d'oublier ce qu'il a fait, sans
attendre de connaître ses desseins. Ils se livrent à leur
convoitise dans le désert; là, ils mettent Dieu à l'épreuve: et
Dieu leur donne ce qu'ils ont réclamé, mais ils trouvent ses dons
dérisoires. Dans le camp ils sont jaloux de Moïse et d'Aaron, le
prêtre du Seigneur."
Et comme toujours Dieu
est le plus fort: "La terre s'ouvre: elle avale Datan, elle
recouvre la bande d'Abiron; un feu détruit cette bande, les flammes
dévorent ces méchants." (PS 105, 13 à 18) Pourtant, malgré ces
mises en garde, c'est le retour à l'idolâtrie: on pense que
les idoles sont plus puissantes que le Seigneur: "À l'Horeb ils
fabriquent un veau, ils adorent un objet en métal: ils échangeaient
ce qui était leur gloire pour l'image d'un taureau, d'un ruminant.
Ils oublient le Dieu qui les sauve, qui a fait des prodiges en
Égypte, des miracles au pays de Cham, des actions terrifiantes sur
la mer Rouge. Dieu a décidé de les détruire." (Ps 105, 19 à 22)
L'intervention de Moïse
auprès de Dieu les sauve: "C'est alors que Moïse, son élu,
surgit sur la brèche, devant lui, pour empêcher que sa fureur les
extermine." Mais "ils dédaignent une terre savoureuse, ne
voulant pas croire à sa parole; ils récriminent sous leurs tentes
sans écouter la voix du Seigneur. Dieu lève la main contre eux,
jurant de les perdre au désert, de perdre leurs descendants chez les
païens, de les éparpiller sur la terre. Ils se donnent au Baal de
Pégor, ils communient aux repas des morts; ils irritent Dieu par
toutes ces pratiques: un désastre s'abat sur eux. Mais Pinhas s'est
levé en vengeur, et le désastre s'arrête: son action est tenue pour
juste d'âge en âge et pour toujours. Ils provoquent Dieu aux eaux de
Mériba, ils amènent le malheur sur Moïse; comme ils résistaient à
son esprit, ses lèvres ont parlé à la légère." (Ps 105, 23 à
34)
La désobéissance
s'ajoute maintenant à la convoitise, d'où l'idolâtrie intolérable:
"Refusant de supprimer les peuples que le Seigneur leur avait
désignés, ils vont se mêler aux païens, ils apprennent leur manière
d'agir. Alors ils servent leurs idoles, et pour eux c'est un
piège: ils offrent leurs fils et leurs filles en sacrifice aux
démons. Ils versent le sang innocent, le sang de leurs fils et
de leurs filles qu'ils sacrifient aux idoles de Canaan, et la terre
en est profanée. De telles pratiques les souillent; ils se
prostituent par de telles actions." (Ps 105, 35 à 40)
Cette fois la vengeance
de l'Éternel sera terrible: "Et le Seigneur prend feu contre son
peuple: ses héritiers lui font horreur; il les livre aux mains des
païens: leurs ennemis deviennent leurs maîtres; ils sont opprimés
par l'adversaire: sa main s'appesantit sur eux. Tant de fois
délivrés par Dieu, ils s'obstinent dans leur idée, ils
s'enfoncent dans leur faute." (Ps 105, 43 à 40) Mais le
Seigneur est toujours fidèle et plein de miséricorde: "Et lui
regarde leur détresse quand il entend leurs cris. Il se souvient de
son alliance avec eux; dans son amour fidèle, il se ravise: il leur
donna de trouver grâce devant ceux qui les tenaient captifs."
(Ps 105, 41 à 46)
Les hommes ont-ils
enfin compris? Nous savons que les hommes continueront, tout au long
des siècles, à pécher et à se séparer de Dieu, mais après avoir
appelé au secours, les hommes savent que Dieu va les sauver: aussi
le remercient-ils: "Sauve-nous, Seigneur notre Dieu,
rassemble-nous du milieu des païens, que nous rendions grâce à ton
saint nom, fiers de chanter ta louange! Béni soit le Seigneur, le
Dieu d'Israël, depuis toujours et pour la suite des temps! Et tout
le peuple dira: Amen! Amen!" (Psaume 105, 47 à 48)
7-2-6-Le
manque de foi et de confiance
Nous avons pu sentir,
tout au long de leur lecture, que, très souvent, les psaumes
laissent filtrer comme un manque de foi du peuple hébreu envers leur
Seigneur qui est pourtant tout puissant. Cela est particulièrement
sensible dans le psaume 113. Comme toujours lorsqu'un enseignement
important est nécessaire, le psaume rappelle les bienfaits de Dieu:
"Quand Israël sortit d'Égypte, et Jacob, de chez un peuple
étranger, Juda fut pour Dieu un sanctuaire, Israël devint son
domaine. La mer voit et s'enfuit, le Jourdain retourne en
arrière. Comme des béliers, bondissent les montagnes, et les
collines, comme des agneaux. Qu'as-tu, mer, à t'enfuir, Jourdain, à
retourner en arrière? Montagnes, pourquoi bondir comme des béliers,
collines, comme des agneaux? Tremble, terre, devant le Maître,
devant la face du Dieu de Jacob, lui qui change le rocher en source
et la pierre en fontaine!"
D'où l'appel: "Israël,
mets ta foi dans le Seigneur: le secours, le bouclier, c'est
lui! Famille d'Aaron, mets ta foi dans le Seigneur: le
secours, le bouclier, c'est lui! Vous qui le craignez, ayez foi
dans le Seigneur: le secours, le bouclier, c'est lui!"
Le Seigneur écoute
l'homme qui a la foi: "Le Seigneur se souvient de nous: il
bénira! Il bénira la famille d'Israël, il bénira la famille d'Aaron;
il bénira tous ceux qui craignent le Seigneur, du plus grand au plus
petit. Que le Seigneur multiplie ses bienfaits pour vous et vos
enfants! Soyez bénis par le Seigneur qui a fait le ciel et la terre!
Le ciel, c'est le ciel du Seigneur; aux hommes, il a donné la terre.
Les morts ne louent pas le Seigneur, ni ceux qui descendent au
silence. Nous, les vivants, bénissons le Seigneur, maintenant et
pour les siècles des siècles! (Ps 113)
7-2-7-Enfin,
l'homme si faible va espérer en Dieu
La
prière de l'homme se fait de plus en plus humble. Certes, il
conserve toujours des ressentiments contre ceux qui lui font du mal,
mais, dans le psaume 140, il insiste pour recevoir avec profit les
corrections du Seigneur, pleines de bonté: "Seigneur, je
t'appelle: accours vers moi! Écoute mon appel quand je crie vers
toi! Que ma prière devant toi s'élève comme un encens, et mes
mains, comme l'offrande du soir. Mets une garde à mes
lèvres, Seigneur,
veille au seuil de ma bouche. Ne laisse pas mon cœur pencher vers le
mal ni devenir complice des hommes malfaisants. Jamais je ne
goûterai leurs plaisirs: que
le juste me reprenne et me corrige avec bonté…
Je regarde
vers toi, Seigneur, mon Maître;
tu es mon refuge: épargne ma vie! Garde-moi du filet qui m'est
tendu, des embûches qu'ont dressées les malfaisants…" (Ps
140)
L'homme consterné se rapproche de Dieu
et L'interroge: comment peut-il, lui, l'homme qui n'est qu'un
souffle, comment peut-il rester fidèle à son Dieu? "Seigneur,
fais-moi connaître ma fin, quel est le nombre de mes jours: je
connaîtrai combien je suis fragile.
Vois le peu de jours que tu m'accordes:
ma durée n'est rien devant toi. L'homme ici-bas n'est qu'un
souffle; il va, il vient, il
n'est qu'une image. Rien qu'un souffle, tous ses tracas; il amasse,
mais qui recueillera?" (Ps
38, 5 à 7)
Oui, l'homme est fragile, mais bientôt,
en Dieu, il trouve son espérance: Dieu seul peut le protéger et le
délivrer de ses fautes: "Maintenant,
que puis-je attendre, Seigneur? Elle est en toi, mon espérance.
Délivre-moi de tous mes péchés,
épargne-moi les injures des fous."
(Ps 38, 8 et 9) Alors, de nouveau
l'homme va se taire et prier le Seigneur qui seul peut le sauver:
"Je me suis tu, je n'ouvre pas
la bouche, car c'est toi qui es à l'œuvre.
Éloigne de moi tes coups: je succombe
sous ta main qui me frappe. Tu
redresses l'homme en corrigeant sa faute, tu ronges comme un ver
son désir; l'homme n'est qu'un souffle.
Entends ma prière, Seigneur, écoute mon
cri; ne reste pas sourd à mes pleurs. Je ne suis qu'un hôte chez
toi, un passant, comme tous mes pères.
Détourne de moi tes yeux, que je respire
avant que je m'en aille et ne sois plus." (Ps 38, 10 à
14)
Voici que le serviteur
de l'Éternel, David, va réaliser, dans le psaume 35, comme une
sorte de tableau de l'humanité sans Dieu. D'abord, les impies qui
narguent Dieu, car c'est le péché qui parle au fond de leur cœur:
"C'est le péché qui parle au cœur de l'impie; ses yeux ne voient pas
que Dieu est terrible. Il se voit d'un œil trop flatteur pour
trouver et haïr sa faute; il n'a que ruse et fraude à la bouche, il
a perdu le sens du bien. Il prépare en secret ses mauvais coups. La
route qu'il suit n'est pas celle du bien; il ne renonce pas au
mal." (Ps 35, 1 à 4)
Puis viennent les bons
(ceux qui se croient bons) qui contemplent la bonté de Dieu et ses
bienfaits, mais qui demeurent bien timides, et ne savent prendre
aucune décision; ils s'adressent à Dieu, mais sans chercher à réagir
contre le mal: "Dans les cieux, Seigneur, ton amour; jusqu'aux
nues, ta vérité! Ta justice, une haute montagne; tes jugements, le
grand abîme! Tu sauves, Seigneur, l'homme et les bêtes: qu'il est
précieux ton amour, ô mon Dieu! À l'ombre de tes ailes, tu abrites
les hommes: ils savourent les festins de ta maison; aux torrents du
paradis, tu les abreuves. En toi est la source de vie; par ta
lumière nous voyons la lumière. Garde ton amour à ceux qui t'ont
connu, ta justice à tous les hommes droits."
Ensuite, arrive un
vague souhait qui exprime bien la peur et l'indécision des hommes:
"Que l'orgueilleux n'entre pas chez moi, que l'impie ne me jette pas
dehors! (Ps 35, 5 à 11)
Enfin voici Dieu et sa
toute puissance, Dieu qui a vaincu définitivement les mauvais:
"Voyez: ils sont tombés, les malfaisants; abattus, ils ne pourront
se relever." (Ps 35, 13)
Certes, ce tableau a
été "peint" il y a près de 3000 ans. Le psalmiste décrivait ce qu'il
voyait: les détresses des hommes dues à leurs péchés, les
implorations du peuple d'Israël qui avait tant de mal à se croire
pécheur, lui aussi. La puissance de Dieu qui punissait durement les
méchants pour essayer de ramener l'humanité à Lui, mais sans grand
succès, hélas! car cette pauvre humanité retombait sans cesse dans
son péché. Ce tableau ne décrit-il pas aussi le spectacle de notre
humanité contemporaine ? |