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Louange et action de grâce

Les psaumes étaient la grande prière du peuple juif à l'époque de Jésus. Ils rappelaient l'histoire de ce peuple et comment Dieu l'avait choisi pour montrer sa puissance et surtout qu'Il était le seul Dieu, le Dieu unique. Les idoles n'étaient que l'œuvre de mains humaines, et adorer ces idoles était le plus grand péché que le peuple pouvait commettre. Malheureusement, comme les peuples environnants, étant tous des  adorateurs d'idoles, les tentations furent grandes, pour Israël, et cela tout au long des siècles, de rendre un culte à ces idoles. Mais Dieu veillait et punissait durement les coupables. D'où cette dureté présente dans la plupart des psaumes, ces combats sans cesse renouvelés, ces haines, ces désirs de vengeance. Mais Dieu était toujours vainqueur, aussi tous les psaumes reconnaissent-ils la puissance de Dieu: peu à peu la prière des hommes devenait imploration et louange.

Dieu est toujours vainqueur car Il est tout puissant. Mais les hommes ne Le voient pas, et constamment ils reviennent à leurs péchés. Alors, Dieu a pitié de ses pauvres petits enfants, et Il leur promet un Messie. Les psaumes sont relativement peu clairs sur l'éventuelle nature de ce Messie souvent confondu avec les rois d'Israël. Mais le peuple sait, et il le croit fermement, qu'un Sauveur viendra les délivrer. Que sera ce Sauveur? Les juifs ne le savent pas très bien[1]; mais ce qui est sûr, c'est que ce Messie les délivrera de tous les peuples qui l'oppriment. Aussi l'allégresse éclate-t-elle à la fin de chaque psaume, comme un cri d'espérance. De plus, plusieurs psaumes sont intégralement consacrés à la reconnaissance des bienfaits de Dieu et à sa louange. C'est ce qu'expriment particulièrement les psaumes 146-147 (numérotation liturgique) et 99. Il y a plus, concernant ces psaumes: incontestablement ils nous font penser à l'allégresse ressentie par les disciples de Jésus après sa Résurrection, et surtout après la Pentecôte.

9-1-Merci à Dieu pour ses bienfaits

Les psaumes 146 et 147 (147 dans la septante) rappellent les bienfaits de Dieu envers son peuple:

"Alléluia! Il est bon de fêter notre Dieu, il est beau de chanter sa louange! Le Seigneur rebâtit Jérusalem, il rassemble les déportés d'Israël;  il guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures. Il compte le nombre des étoiles, il donne à chacune un nom; il est grand, il est fort, notre Maître: nul n'a mesuré son intelligence. Le Seigneur élève les humbles et rabaisse jusqu'à terre les impies. Entonnez pour le Seigneur l'action de grâce, jouez pour notre Dieu sur la cithare! Il couvre le ciel de nuages, il prépare la pluie pour la terre; il fait germer l'herbe sur les montagnes et les plantes pour l'usage des hommes; il donne leur pâture aux troupeaux, aux petits du corbeau qui la réclament. La force des chevaux n'est pas ce qu'il aime, ni la vigueur des guerriers, ce qui lui plaît; mais le Seigneur se plaît avec ceux qui le craignent, avec ceux qui espèrent son amour."  (Ps 146)

Le psaume 147 de la numérotation liturgique est, en réalité, la suite du psaume 146 (147 de la septante). Il poursuit l'élan du psaume 146, en rappelant tous les bienfaits de Dieu en faveur de son peuple Israël: "Glorifie le Seigneur, Jérusalem! Célèbre ton Dieu, ô Sion! Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants; il fait régner la paix à tes frontières, et d'un pain de froment te rassasie… Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël. Pas un peuple qu'il ait ainsi traité; nul autre n'a connu ses volontés. Alléluia!"  (Ps 147, 12 à 14 et 19 et 20)

Mais les bienfaits de Dieu concernent aussi toute l'humanité, et même la nature. Ainsi: "Il envoie sa parole sur la terre: rapide, son verbe la parcourt. Il étale une toison de neige, il sème une poussière de givre. Il jette à poignées des glaçons; devant ce froid, qui pourrait tenir? Il envoie sa parole: survient le dégel; il répand son souffle: les eaux coulent. (Ps 147, 15 à 18)

Incontestablement les bienfaits de Dieu ont été immenses, et le peuple qui s'en souvient, chante sa reconnaissance: "Tu as aimé, Seigneur, cette terre, tu as fait revenir les déportés de Jacob; tu as ôté le péché de ton peuple, tu as couvert toute sa faute; tu as mis fin à toutes tes colères, tu es revenu de ta grande fureur." (Ps 84, 2 à 4) Maintenant c'est au peuple de revenir à Dieu; mais seul, il ne pourra jamais, il lui faut l'aide de Dieu: "Fais-nous revenir, Dieu, notre salut, oublie ton ressentiment contre nous. Seras-tu toujours irrité contre nous, maintiendras-tu ta colère d'âge en âge? N'est-ce pas toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple? Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut." Le peuple alors écoutera, enfin! "J'écoute: que dira le Seigneur Dieu? Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple et ses fidèles; qu'ils ne reviennent jamais à leur folie!'"  (Ps 84, 5 à 9)

Alors seulement la paix et le bonheur reviendront:  "Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin."  (Ps 84, 10 à 14)

9-2-La pure action de grâce

Le peuple a remercié son Seigneur et l'a loué pour ses bienfaits. Mais cette louange sera parfois, comme le psaume 99 en est un exemple, une pure action de grâce: "Acclamez le Seigneur, terre entière, servez le Seigneur dans l'allégresse, venez à lui avec des chants de joie! Reconnaissez que le Seigneur est Dieu: il nous a faits, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau. Venez dans sa maison lui rendre grâce, dans sa demeure chanter ses louanges; rendez-lui grâce et bénissez son nom! Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d'âge en âge." (Ps 99, 1 à 5)

Oui! Il faut rendre grâce au Seigneur; tous les peuples doivent rendre grâce au Seigneur qui nous comble de ses bienfaits. Oui, tous les peuples sans exception sont appelés à cette action de grâce. C'est la prière du psaume 66 qui a, et cela est très rare dans l'ancien Testament, une portée universelle: Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce; qu'ils te rendent grâce tous ensemble! Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice; tu gouvernes les peuples avec droiture, sur la terre, tu conduis les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce; qu'ils te rendent grâce tous ensemble! La terre a donné son fruit; Dieu, notre Dieu, nous bénit. Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l'adore!" (Ps 66, 2 à 8)

Prier et chanter, c'est bien, mais parfois le peuple a besoin d'exprimer sa reconnaissance et sa joie par d'autres moyens. Écoutons le psaume 150:

"Alléluia! Louez Dieu dans son temple saint, louez-le au ciel de sa puissance; louez-le pour ses actions éclatantes, louez-le selon sa grandeur! Louez-le en sonnant du cor, louez-le sur la harpe et la cithare; louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par la danse et le tambour! Louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes! Et que tout être vivant chante louange au Seigneur! Alléluia"!"  (Ps 150)


[1] Les juifs n'ont pas compris ce que sera le Messie qu'ils attendent avec foi. La plupart ne le reconnaîtront pas en Jésus qu'ils crucifieront. Jésus sera même obligé, après sa Résurrection d'expliquer à ses disciples tout ce qui, dans l'Écriture, le concernait. (Luc 24, 13 à 35).

   

  

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