Maria Graf-Suter
laïque, épouse et mère
la mère spirituelle des prêtres
1906-1964

LA RÉVÉLATION DE L’AMOUR DIVIN

 

 

 

LE GRAND SACRIFICE DE JESUS

Novembre 1948 : Aujourd’hui, de bon matin, alors que je pensais aux saintes Plaies de Jésus et en même temps à moi-même et à tous ceux pour qui j’ai le devoir de prier : tout mon peuple — Son peuple pour lequel Il a donné Sa vie — ce fut comme si je voyais Jésus S’offrir au Père céleste, chaque fois qu’un prêtre, en célébrant la messe, offre comme Victime le Corps et le Sang de Jésus. Jésus porte Ses regards vers Son Père avec un Amour infini, Il Lui montre Ses bras étendus, Ses Plaies, Son Cœur saignant surtout, en Lui disant : « Père, dans Votre Amour infini, Je me suis dévoué pour eux, pour ceux que Vous m’avez donnés. Père, jetez les yeux sur Mes Plaies. C’est par Votre Amour infini que Mon Sang coule. Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Et le Saint-Esprit, l’Amour incommensurable qui unit le Père et le Fils, déverse à Son tour, par les Plaies de Jésus, des torrents de grâces _les torrents de Son Sang divin, versé sur la Croix_ sur tous ceux qui s’unissent au Sacrifice de la Messe et tous ceux qu’on y unit. Dans la nuit du jeudi au vendredi 30 septembre 1947, je m’éveillai. Ma première pensée fut, comme souvent quand je m’éveille d’un bon sommeil : Dieu saint en trois Personnes, je peux me reposer dans Votre Main Paternelle si bonne ! Alors mon âme vit — à moins que ce fût avec les yeux du corps — je ne le sais pas au juste ; je vis donc la très Sainte Trinité tout au haut des cieux. Dieu le Père et Dieu le Fils Se penchaient l’un vers l’autre et il y avait au milieu d’eux une Flamme très brillante. Cette Flamme s’unissait avec les Cœur du Père et du Fils, au point que je ne voyais d’Eux que le contour de leurs Personnes. Car la Flamme — le Saint-Esprit — était aussi claire que celle d’un feu flamboyant. Puis il en descendit une très grande flamme sans que l’autre devînt plus petite. Je la suivis et je ne vis plus la Trinité, mais la flamme reposa sur l’autel au moment où le prêtre consacrait l’hostie. La flamme demeura sur l’autel, le prêtre prit l’hostie et communia. Mais cette flamme d’amour ne l’accompagna pas. Tout autour du prêtre qui communiait, il y avait des ombres noires d’autos, de motos et de vélos et même un beau lit. J’entendis alors ces paroles : « L’amour des choses de ce monde chasse mon Amour divin. Je laisse frapper pour la purifier. » J’étais incapable de m’arracher à ce spectacle. Il me semblait comprendre que ce sont surtout les prêtres qui, à la messe, doivent offrir au Père céleste le précieux Sang de Jésus avec le don total d’eux-mêmes pour la conversion des pécheurs, comme me l’a dit le Sauveur : « Mon précieux Sang doit couler pour eux. », c’est-à-dire pour les pécheurs. Mais il m’incombe, à moi, la tâche de prier pour les prêtres, afin que Dieu purifie leur cœur au feu de Son très saint Amour, pour qu’ils suivent les traces de leur Maître et ne cherchent qu Son Amour. Alors, leurs sermons, pénétrés de Son Amour, enflammeront aussi les cœurs des fidèles.

11 avril 1956 : Pendant que j’assistais à un messe, je vis en esprit le plus grand de tous les mystères : le Père céleste faire descendre sur l’autel le feu de Son Amour à la voix du prêtre, au moment de la consécration. Cet Amour divin change ces dons en Chair et en Sang de Jésus. Mais au moment de l’élévation de l’hostie, je vis ce que jamais encore je n’avais vu ni entendu. Jésus mourant était suspendu à la Croix. Son Corps tremblait et frémissait. Ces mouvement élargissaient Se Plaies, provoquant des douleurs musculaires indicibles, inconcevables, qui, tels des traits, traversaient Son Corps sacré. J’entends ces mots : « Voilà ce que Je souffre pour vous. Oui, pour chaque âme, Mon Amour endure cette douleur cachée ! » Je compris que, par chaque messe, Jésus offre à Son Père ces terribles douleurs cachées avec Ses souffrances et Sa mort, pour le salut de ceux qu’Il a rachetés. Mais nous devons nous offrir avec Lui, jusqu’à ce que nous participions à l’abondance de Ses grâces. Depuis, quand un prêtre élève l’hostie à la Consécration, je me représente Jésus en Crois tel que je L’ai vu.

20 mai 1956 : Je dus avouer de nouveau que, par faiblesse, je ne pouvais pas souvent offrir spirituellement le sacrifice de la messe. Après la communion, je demandai à Jésus si le Père céleste acceptait Son Sacrifice comme une perpétuelle offrande pour implorer la conversion des pécheurs, quand je le Lui offrais spirituellement par tous les prêtres ! Mais Jésus me dit : « Il y a si peu de prêtres qui offrent Mon Précieux Sang à Mon Père selon les intentions de Ma très sainte Mère. » Il voulait dire, par là, que peu de prêtres offrent Son Précieux Sang, Ses Souffrances et Sa Mort au Père céleste, pour la conversion des pécheurs.

C’était le premier vendredi du mois d’août 1956. Après avoir reçu le sacrement de pénitence et communié, il me vint l’idée que je ne n’avais pas reçu Jésus. Il y avait en moi un tel vide, une telle froideur spirituelle, que je saurais les exprimer. Alors Jésus me montra Son très saint Cœur. Il était exsangue, la Plaie de Son côté était grande ouverte, Son Cœur comme épuisé. Et Jésus me dit : « Ceux qui, sans cesse, s’unissent à Mon Sacrifice sur la Croix et offrent au Père Mon précieux Sang pour le salut des âmes, peuvent en quelque sorte épuiser Mon Cœur, car ils ont puissance sur Lui. Je purifierai leurs âmes en les lavant de Mon Sang. »

15 août 1956 : Hier, j’ai fêté mon cinquantième anniversaire. J’ai jeté un regard en arrière sur ma vie passée, au cours de laquelle j’ai reçu de Dieu tant de grâces. Voici qu’une nouvelle année commence. Je veux me donner toute à Dieu, comme le chapelain Schmid m’y a exhortée en confession. Mon directeur spirituel étant en vacances, je me suis adressée à ce prêtre en confession. Il m’a dit avec une particulière insistance : « Aimons toujours Dieu par-dessus tout, tenons-nous pour peu de chose. Donnons tout à Dieu, absolument tout ; ne demandons rien pour nous-mêmes. Nous serons sûrs, ainsi, d’accomplir en tout et partout Sa Volonté. » Ces paroles se sont gravées si profondément en moi, que je les répétais encore mot pour mot sur le chemin en rentrant à la maison. Ce prêtre était grand aux yeux de mon âme, et d’un coup, je sus que ce simple prêtre vivait lui-même tout à fait d’après ces principes. Je me dis : « Un tel prêtre pourrait conduire l’âme à la perfection. » Donner à Jésus absolument rien pour soi-même.

20 août 1956 : Voici que ce prêtre est décédé victime d’un accident de la route. Dieu a rappelé à Lui un bon prêtre pour le ciel. Quand j’appris cet accident et ce décès, j’ai offert au Père éternel les souffrances de Jésus, Sa mort et Son Précieux Sang pour l’âme de ce prêtre. Comme je voulais de nouveau offrir Ses souffrances et Sa mort, Jésus m’a dit : « Pense aux âmes de ceux qui préfèrent le monde à Moi ! Par sa parfaite humilité et sa parfaite charité, par le don continuel qu’il M’a fait de lui-même, ce prêtre est entré au ciel avec les bienheureux. » Jésus me fit connaître aussi que ce prêtre avait répondu à la demande de la Mère de Dieu concernant la récitation quotidienne du chapelet. Quand Marie intervient pour un de Ses enfants, Elle lui obtient les dons du Saint-Esprit, sans lesquels nul ne peut devenir un élu. Car leur fruit, c’est la charité et l’abandon de soi à Dieu. Il est beaucoup pardonné à ces âmes parce qu’elles ont beaucoup aimé.

26 novembre 1956 : À l’Est, le démon aidé de ses satellites déploie les plus grands efforts pour anéantir les peuples qui sont pour la liberté et la foi. « Je laisse frapper l’Église pour la purifier. » Je priais pour les victimes de la persécution et pour la conversion de leurs persécuteurs. Jésus me dit : « Dis aux prêtres qu’ils doivent réciter l’exorcisme contre les ennemis de la sainte Église ! Si les prêtres savaient quelle puissance je leur donne par cet exorcisme, ils pourraient éloigner de l’Église l’Ennemi. » Dimanche dernier, quand j’eus communié, Jésus me dit : « Ma petite âme, chaque fois que tu Me reçois, Je te donne Mon divin Cœur. Je désire pouvoir t’en faire présent sans restriction. » Il me dit cela parce que Son désir est d’être reçu souvent par Ses âmes qu’Il aime tant, pour pouvoir les rendre heureux, les guider et les transformer.

10 mars 1957 : Aujourd’hui, notre chef spirituel a présidé le premier exercice du Carême. Il a prêché sur la messe. Il a répété plusieurs fois que, même si l’on célèbre à la fois plusieurs messes, c’est le même sacrifice. Sur ce point il va se faire contredire par beaucoup de personnes pieuses. Car il n’y a que peu de monde à la messe dite tôt le matin à la paroisse ; mais beaucoup vont chaque jour au couvent des capucins, où plusieurs messes sont célébrées simultanément [1].

Ces paroles du curé m’ont donné à réfléchir à moi aussi, non pas à cause de moi, mais à cause des gens. Car beaucoup vont venir chez moi, me demander ce que j’en pense.

Aujourd’hui 11 mars 1957, j’ai posé la question à Jésus, qui m’a donné Son Cœur sacré et demeure toujours en moi, Son néant. Jésus m’a dit : « Si une âme offre à Mon Père céleste le Saint Sacrifice avec le prêtre et par lui, avec un vrai esprit d’immolation, elle participe à toutes les grâces de ce sacrifice. Si elle assiste à la fois à plusieurs messes, en offrant Mon saint Sacrifice par plusieurs prêtres, elle obtiendra plus de grâces parce que plusieurs prêtres offrent pour elle. Si elle assiste à une seule messe, mais en ayant dans son cœur le désir d’offrir souvent au Père céleste le Saint Sacrifice, et que dans cette pure intention elle s’unisse à tous les prêtres de la Sainte Église, pour offrir avec eux Mes souffrances, Ma Mort, par cette perpétuelle offrande, elle obtiendra perpétuellement des grâces. Cependant, si une âme, ayant l’occasion d’assister à plusieurs messes dans une église, assiste par amour pour Moi, et par obéissance, à la messe dans l’église paroissiale dont le chef spirituel tient Ma place, Je ferais descendre sur cette âme des torrents de grâces. A cause de son obéissance, Je veux accepter son sacrifice comme parfait parce que J’ai été obéissant à Mon Père jusqu’à la mort sur la croix. Avec Ma grâce, cette âme s’unira à toues les messes célébrées dans le monde entier, et sa vie deviendra une perpétuelle union de sacrifice avec Moi et en Moi. » Mieux vaut donc assister à une messe et s’uni en même temps à toutes les messes qui se célèbrent partout que d’aller, par entêtement, en dehors de sa paroisse.

28 mars 1957 : Un vendredi de carême, je voulus aller à la messe du soir. Je demandai à Jésus quelle était Sa sainte Volonté. Or, il voulut que je vaque à es travaux nécessaires chez moi. Le soir, j’en éprouvais du regret. Je dis à Jésus que j’aurais pu Le recevoir dans la sainte communion. Mais Jésus me répliqua : « J’estime davantage ton obéissance. »

Avril 1957 : Il y a six semaines environ, mon confesseur m’a défendu de distribuer mes Révélations. J’ai obéi et je continuerai à obéir.

16 juillet 1959 : Aujourd’hui mon confesseur est venu chez moi ; il m’a dit que je devais continuer à offrir, prier et me taire. Oh oui, je veux le faire, parce que je ne veux jamais offenser Dieu de propos délibéré.

7 mars 1961 : Comme je priais, Jésus me dit : « Donne-Moi des âmes, mets-les toutes dans Mes saintes Plaies, Je veux les laver une fois encore dans Mon Sang ! C’est pourquoi Je te dis : donne-Moi des âmes ; c’et pour cela que Je t’ai montré Mon Cœur ensanglanté. »

10 février 1962 : Le soir, je récite la prière pour la Sainte Église. C’est alors que le Sauveur m’a dit dans mon cœur : « Regarde-Moi donc, Ma petite âme, et non pas toi ! Vois Mon Cœur débordant d’un amour infini ! » Je Lui dis : »Que voulez-Vous que je fasse ? » Jésus répondit : « Donne-Moi le monde entier, l’humanité entière ! Tu peux en sauver autant que tu en mets dans Mes saintes Plaies. Car J’aime chaque âme en particulier d’un amour infini. » Et à ces mots, je vis en esprit Son très saint Cœur enflammé d’amour.

25 mars 1962 : J’ai assisté aujourd’hui à la messe du soir parce que la fête de l’Annonciation n’est pas de précepte. Vers le matin, je vis en rêve le ciel ouvert. Dans le ciel, parmi les anges et les saints, c’était une exultation indescriptible, une armée d’esprits en vagues exultantes, qu’on ne saurait décrire. Et sur terre, partout résonnait le Te Deum (« Grand Dieu nous Vous bénissons »). C’était une jubilation, un chant où se mêlaient le ciel et la terre. Je m’éveillai, le cœur encore exultant et rempli de joie. Et je reconnus que cette jubilation fera retentir le ciel et la terre quand la fête de l’Annonciation sera célébrée par tous les hommes. Car depuis que cette fête a été supprimée, l’enfer se réjouit. Nous sommes passés au crible et quiconque n’a pas choisi Marie vraiment comme Sa Mère céleste est livré à la puissance du Mauvais [2].

20 avril 1962 : J’ai résolu, dans l’aridité spirituelle, de faire, chaque matin, une lecture dans un livre de prières. C’est devenu pour moi, par la suite, une habitude qui m’est chère. Aujourd’hui je n’en ai pas trouvé le temps et j’ai dit à Jésus que je ferais cette prière plus tard. Alors, dans mon cœur, j’ai entendu ces mots : « J’ai gardé encore beaucoup de grâce en réserve pour toi ; tu ne les a pas encore reçues, parce que tu Me cherchais ailleurs que dans ton cœur. Tu as pourtant expérimenté que Je suis en toi. » J’allais communier dans la froideur spirituelle. Je priai Jésus d’enflammer mon cœur de l’amour qu’Il donne aux âmes qui ne L’offensent plus. Jésus dit : « Crois-tu que J’aie pour elles un si grand Amour ? Mon Amour s’adresse aussi bien aux pécheurs, c’est pourquoi Je Me suis sacrifié pour eux. Toi, Ma chère, donne-Moi des âmes ! »

Le 2 juin 1962 je fis avec un monsieur et sa femme le voyage chez Thérèse Neumann, la stigmatisée de Konnersreuth. A notre arrivée, elle ouvrit les bras et nous souhaita la bienvenue. Ce fut pour moi comme si je rencontrais une amie ; ce fut davantage même : je sentis, par elle, la rencontre avec Jésus. Je contemplai avec respect les stigmates aux plaques de sang coagulé qu’elle avait sur les mains et je fus forcée de me dire : qu’elle doit être plus grande — beaucoup plus grande que moi — aux yeux de Dieu, par ses souffrances mystiques ! Je ne suis en comparaison qu’un petit néant, incapable de souffrir avec et pour le Christ. Le monsieur qui m’accompagnait causa avec Thérèse Neumann et lui montra une photo en couleurs de moi et de mon domicile. Elle s’écria alors : « Oh oui ! je le crois et c’est vrai, c’est Elle la Mère de la divine Justice. J’aimerais y aller une fois, moi aussi. » Ainsi dit-elle en joignant les mains pour prier. Bien que Thérèse Neumann ne vive que de la sainte communion depuis nombre d’années, elle est toute rondelette et vraiment en bonne santé. Au bout d’un certain temps, nous la quittâmes et prîmes le chemin du retour.

Janvier 1963 : Je dois à la neige épaisse et au froid rigoureux de n’avoir plus de visites en ce moment. Je considère comme n bienfait de pouvoir être de nouveau seule. Je veux profiter de ce temps pour penser davantage à la saint Présence de Dieu. Chaque jour, je prie notre Mère céleste de daigner, par chaque prêtre et avec chaque prêtre dans le monde entier, offrir au Père céleste le Saint Sacrifice de Jésus, pour qu’il devienne un perpétuel sacrifice d’action de grâces et d’expiation pour les miens, pour mes péchés et ceux de tous les hommes ; un perpétuel sacrifice de demande aussi, pour la conversion de tous les pécheurs, pour la grande unité de la sainte Église. Et pour que Marie daigne offrir le précieux Sang du Christ pour les pauvres âmes du Purgatoire !

Mère spirituelle d’un prêtre

En automne 1962 déjà, un étudiant en théologie vint me demander si je pouvais être sa mère spirituelle. Je voulais refuse, car il me semblait que cela ne convenait pas que moi, inconnue de sa parenté, je sois sa mère spirituelle. Mais lui et sa marraine insistèrent. Et Jésus me fit connaître que je devais répondre à ce désir. Il me dit aussi que je serais la mère spirituelle de beaucoup de prêtres et deviendrais une grande mère de prêtres. Jésus et Marie veulent se servir de moi pour former de bons et saints prêtres mariaux. Ce futur prêtre m’écrivit dans la suite, qu’il voulait m’avoir comme mère spirituelle a sens tout à fait spirituel du mot. Jésus lui a donc inspiré la même pensée qu’à moi [3].

17 avril 1963 : Je n’ai malheureusement pas trouvé de temps pur écrire. Je veux donc, maintenant, revenir un peu en arrière pour dire ce que Pâques a été pour moi. Il y avait, au premier plan, la première messe de mon fils spirituel. Sa marraine de baptême et mon mari me poussaient à assister à la solennité de la première messe. J’ai demandé à mon directeur spirituel ; j’espérais qu’il désirerait que je reste sur la réserve et n’y aille pas. Mais il me conseilla, lui aussi, d’y prendre part. Je sentais cependant, dans mon cœur, que Jésus souhaitait que j’en fasse le sacrifice. Mon fils spirituel reçut la permission de venir chez moi et de célébrer sa seconde messe dans notre chapelle. Il m’écrivit donc qu’il arriverait le lundi soir. Plus le jour de sa première messe approchait, plus je me sentais poussée à offrir et à prier en union avec lui lors de ses prémices. Le saint jour de Pâques fut pour moi une lutte entre ce désir et la voix intérieure qui me disait : « Fais-en le sacrifice ! » L’après-midi, j’étais cependant sur le point d’aller à la première messe. Je m’occupais de mon billet de chemin de fer quand j’entendis le bruit d’une voiture : un de mes fils était arrivé avec sa famille. La mère allait-elle faire faux-bond à ses propres enfants ? Force me fut d’accomplir mon devoir d’état, au prix d’un lourd sacrifice.

Lundi de Pâques. Ah ! Si je pouvais voler ! Mais en pensée et de cœur je fus à la première messe tandis que je m’occupais des petits, pour que mes fils pussent aller à la messe. J’assistais ensuite à la messe de 11 heures. A la consécration, je dis : « Le grand sacrifice est accompli, par amour pour Dieu. » Ce n’est qu’alors que mon âme put, avec une très grande joie, recevoir et adorer le Christ ressuscité. L’après-midi vint une voiture : des Autrichiens. Je pus les amener pleinement à la Mère de Dieu. Quand il me fut possible, le soir, de saluer mon fils spirituel et de recevoir sa bénédiction de nouveau prêtre, mon âme fut comblée d’une telle joie pascale, que je ne saurais l’exprimer. Il sembla n’avoir encore jamais éprouvé une joie pascale aussi extraordinaire qu’en ce mardi de Pâques, quand mon fils spirituel célébra la messe que je pus offrir en union avec lui. J’ai dit à ceux qui y assistaient : « A qui, uniquement par amour de Dieu et des âmes, répond à la demande de Marie, Elle donne plus que nous ne pouvons attendre ! » Ces heures et ces jours, où il m’a été donné pour la première fois, d’héberger un nouveau prêtre, d’offrir avec lui le saint Sacrifice et de recevoir de sa main fraîchement consacrée notre cher Sauveur, furent pour moi des instants de paradis. Je ne pus faire aucune prière, sinon remercier l’incommensurable Amour divin.

Échange des Cœurs

2 septembre 1956 : Je suis allée aujourd’hui me confesser et communier. Le très saint Cœur de Jésus se présenta de nouveau devant les yeux de mon âme, si absolument creux, si vidé de Son Sang, tel qu’Il m L’avait déjà fait voir. Je priai Jésus de daigner vider ainsi mon cœur et de le débarrasser de toutes les choses terrestres auxquelles je suis attachée, de sorte que Lui seul vive et demeure en moi. Il se passa alors quelque chose que je sui incapable de décrire comme je l’ai vécu. Jésus se tint vraiment debout près de moi et me dit : « Je te donne Mon Cœur : toi donne-Moi le tien. » Je Lui répondis : « Oh, le mien n’est rien ! » Il me dit : « Mais Je veux être tout petit, par amour pour vous. Et maintenant tu peux M’aimer avec Mon Cœur. Tu es maintenant Mon épouse ; Je veux être pour toi un Époux, un Père et un Frère. » Je demeurais encore presque incapable de réaliser ce qui m’arrivait : c’était quelque chose de si inexprimable ! En moi, Jésus vivait, Jésus pensait, priait ; en moi c’était Jésus qui aimait Son Père céleste ! C’était pour moi, réellement, comme si l’on m’avait retourné le cœur. A l’intérieur de moi-même, j’étais remplie de Dieu à un tel point qu’on ne saurait l’exprimer. Ce n’est que le lendemain, durant mon travail, tandis que continuait cette bienheureuse présence de Jésus, que je compris l’inexprimable réalité qui avait dû se produire. Maintenant, je ne veux plus vivre que par Lui, en Lui ; je veux tout placer dans Son Cœur très saint. J’ai compris et réalisé que c’était une réalité : Jésus m’a donné Son Cœur pour être aimé avec Son propre Cœur  Lui. Je ne pouvais plus que pleurer devant Lui. Ce bonheur de posséder pleinement Son Cœur ne dura que trois jours. Vint alors ne forte tentation sensible. Je luttais contre elle : Jésus devait demeurer en moi. Quand le combat fut terminé, j’éprouvai grande peine. Je craignais d’avoir offensé Jésus et d’avoir perdu Son divin Cœur. Mais Jésus me dit: « Vois combien il faut peu pour tomber : il suffit d’y consentir ! Pense à notre jeunesse, qui est si faible et qui est exposée à tant de tentations ! » Je souffrais de nouveau de ces tentations. Jésus me dit : »Je t’ai donné Mon Cœur. Aie donc aussi part à Mes souffrances. »

26 novembre 1956 : Dimanche passé, quand j’eus communié, Jésus m’a dit : « Ma petite âme, chaque fois que tu Me reçois, Je te donne Mon Cœur, et Je désire pouvoir t’en faire richement cadeau. » Il a dit cela parce qu’Il désire tant être reçu souvent par Ses âmes qu’Il aime infiniment : pour pouvoir les rendre heureuses, les guider et les transformer, afin de vivre en elles et être glorifié par leurs faits et gestes, cela pour que les hommes reconnaissent que Son Règne leur arrive et que ce n’est qu’en Lui qu’ils auront la paix.

19 mars 1957 : Jésus m’a dit : « Petite âme aimée, par Mon Sang toutes les âmes peuvent être sauvées. Offre-Le sans cesse à Mon Père céleste. »

2 juillet 1957 : Aujourd’hui, je suis allée communier. Tandis que j’adorais Jésus dans mon cœur, Il m’a montré Son Cœur tout entouré d’épines. Elles y pénétraient profondément ; une grande épine Le transperçait de part en part. Je Lui demandai : »Mon Jésus, qu’est-ce qui Vous enfonce ces grandes épines dans le Cœur ? » Jésus a répondu : »Ce sont ceux qui, tout en prétendant M’aimer, haïssent et calomnient leur prochain. » J’avais grande peine à comprendre cela, car je croyais que c’étaient ceux qui passent leur vie dans l’impureté. Jésus me dit encore une fois : « Ma chère petite âme, toute méchanceté à l’égard du prochain blesse Mon Cœur Tu peux arracher ces épines de Mon Cœur par des actes d’amour pour Moi. » J ne peux dire à personne ce que je ressentis en mon âme.

27 mars 1960 : Je demandais à Dieu de m’éclairer, de me bénir s’Il m’avait appelée. Après la communion, Jésus me dit : « J’ai dit aussi : Donne-Moi des âmes. J’aime tous les hommes et Je veux les sauver tous. Aime-les donc toi aussi comme Je les aime, et prends-les en charge comme tes enfants spirituels ! Bénis-les comme tu bénis tes enfants ! C’est ainsi que tu dois répandre Mon amour. »


[1] Il ne s’agit pas ici de concélébration, mais de plusieurs messes individuelles célébrées simultanément à divers autels. (Note du traducteur

[2] Dans le message de Marienfried, la Mère de Dieu a dit : « Le démon recevra tant de force, que tous ceux qui ne sont pas fondés solidement en Moi se laisseront tromper. Partout où les hommes n’ont pas confiance en Mon Cœur Immaculé, le démon a du pouvoir. Mais là où les hommes mettent Mon Cœur Immaculé à la place de leur cœur pécheur, il n’a pas de pouvoir. »

[3] En Suisse, tout aspirant à la prêtrise se choisit une « mère spirituelle », qui l’aide sur le chemin de la prêtrise, spirituellement et matériellement. N.B. En Suisse romande, on l’appelle, dans le peuple, « marraine de première messe ». (Note du traducteur.)

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