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LIVRE TROISIÈME Chapitre II Second fruit des larmes : La crainte des peines de l’Enfer. Le second effet des larmes est celui que produit ordinairement la considération des supplices éternels. Car comment faire une sérieuse réflexion sur la grandeur et sur la durée de ces peines, et n’en être pas effrayé? Cette vérité est si claire, qu’elle n’a pas besoin de preuve, et d’ailleurs nous l’avons prouvée assez au long dans le second Livre, par l’autorité de l’Écriture, et par divers témoignages des Pères, auxquels on peut joindre ceux des quatre plus fameux Docteurs de l’Église. Saint Ambroise dit que les Martyrs étaient comme entre deux craintes, l’une des bourreaux, l’autre de l’Enfer; et que par la crainte de l’Enfer, ils surmontaient celle des bourreaux. Saint Jérôme disait de lui : La crainte que j’ai de l’Enfer, est cause que je me suis condamné moi-même à cette prison. Ce qu’il appelait prison, était la cellule étroite où il s’était enfermé dans le Désert de la Palestine. Saint Augustin et saint Grégoire ne font pas difficulté de mettre au nombre des sept Dons du Saint-Esprit, la crainte du feu éternel. Cela supposé, nous avons ici deux choses à expliquer : la première en quoi consiste cette crainte; la seconde, quelles sont les utilités qu’on en peut tirer. Pour ce qui regarde la première, les Théologiens distinguent cinq sortes de craintes, la naturelle, l’humaine, la servile, la filiale, et celle qu’ils nomment en leur langage, l’initiale. La crainte naturelle se trouve non seulement dans les hommes, mais dans les bêtes. A la regarder par rapport aux mœurs, elle n’est ni bonne ni mauvaise : mais de sa nature elle est bonne, et elle ne sert pas peu à éviter ce qui peut nuire. La crainte humaine, qu’on appelle aussi respect humain, appréhende moins le péché que la peine du péché, et apporte beaucoup plus de soin à se garantir des maux qui passent que de ceux qui durent toujours. Celle-ci est condamnable, parce qu’elle renverse le bon ordre, et quelle est cause d’une grande négligence dans l’affaire du salut. La crainte service redoute la peine, surtout la peine éternelle, et l’appréhension qu’elle en a, lui fait haïr le péché; sans cela elle n’aurait pas assez de force pour s’en abstenir. Cependant elle vient de Dieu, et est bonne, quoiqu’elle ne soit pas incompatible avec la volonté de pécher si le péché pouvait demeurer impuni. Car elle n’est ni la cause, ni l’effet de cette mauvaise volonté, au contraire elle s’y oppose, elle la réprime, et empêche au moins qu’elle n’éclate au dehors, et ne scandalise le prochain. C'est même une disposition à la piété et à un parfait changement de vie, suivant ce mot du Psalmiste : La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse. La crainte filiale, que les Pères nomment aussi crainte chaste, crainte respectueuse, surpasse en mérite et en dignité toutes les autres. Aussi est-elle un des plus grands Dons du Saint-Esprit, et ceux à qui le Saint-Esprit la communique craignent tellement le péché, qu’il n’est rien qu’ils n’endurassent plutôt que d’offenser Dieu, et que quand même ils le pourraient offenser impunément, ils ne le feraient jamais. On l’appelle crainte filiale, parce qu’elle est propre des enfants; ou crainte chaste, parce qu’elle convient à l’épouse chaste et fidèle; ou crainte respectueuse, parce qu’où il y a deux amis de différente condition, celui qui est d’un rang inférieur doit toujours avoir pour l’autre un respect qui tient de la crainte. Tout cela se trouve dans nous. Car premièrement, nous sommes enfants de Dieu, et ses héritiers légitimes, par la grâce de l’adoption que le Sauveur nous a méritée. Secondement, toute âme sainte est épouse de Jésus-Christ, et saint Paul nous en assure par ces paroles : Je vous ai unis par un mariage spirituel à l’unique Époux, afin que vous viviez en sa compagnie avec une pureté virginale. Enfin nous sommes véritablement ses amis; et ce qu’il disait à ses Apôtres, il le dit à tous les Justes : Je ne vous donnerai plus le nom de serviteurs, mais le nom d’amis. La crainte filiale ne prévient donc pas la piété, comme la crainte servile; elle l’accompagne et va toujours avec elle; et ce sont comme deux sœurs nées de la même mère, qui est la parfaite charité. De là vient que dans l’Écriture la crainte de Dieu et la piété sont des noms qui assez souvent ne signifient que la même chose. David les confond lorsqu’il dit : Heureux l’homme qui vient le Seigneur, il désirera sur toutes choses d’accomplir ses Commandements. Et où Isaïe, selon la Vulgate, marque sept dons du Saint-Esprit, et distingue la piété de la crainte, le Texte Hébreu n’en marque que six, ou du moins il met deux fois le nom de piété, pour faire voir que la piété n’est pas différente de la crainte. Pour ce qui est de cette autre crainte que les Théologiens appellent initiale, c'est un mélange des deux précédentes, parce qu’elle a pour objet la coulpe et la peine, mais la peine bien moins que la coulpe. On l’appelle ainsi, parce que ceux qui l’ont acquise, ont déjà quelque commencement de la charité parfaite; mais ils ne sont pas encore arrivés à ce haut degré du pur amour qui chasse la crainte, suivant ces paroles de saint Jean : Celui qui craint n’est pas encore consommé dans la charité; car la charité parfaite bannit la crainte; et elle bannit la crainte, parce qu’elle s’attache tellement à Dieu, qu’elle oublie ses intérêts propres, et que d’ailleurs elle a tant de confiance en lui, que la seule chose qu’elle craint, c'est de lui déplaire. La sainte Vierge, saint Jean-Baptiste, les Apôtres, et quelques grands serviteurs de Dieu, sont parvenus à cette sublime perfection : mais communément les justes ont eu quelque appréhension de l’Enfer, et beaucoup de Saints l’ont appréhendé, comme il paraît si clairement par les témoignages de saint Basile, de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Grégoire, de saint Bernard et de plusieurs autres Pères, que nous avons allégués ailleurs. Le Prophète Roi disait : Seigneur, j’ai redouté vos jugements. Et Job s’écriait : Que ferais-je, quand Dieu viendra me juger? Enfin si Notre-Seigneur conseillait à ses Apôtres, qu’il savait devoir un jour être Martyr, de craindre celui qui a le pouvoir de précipiter dans l’Enfer, l’âme et le corps; qui osera dire qu’il n’a que faire d’appréhender la damnation éternelle? Pour venir donc au principal point de notre question, quand on demande quelle est la crainte qui suit ou qui accompagne les gémissements et les pleurs que cause la vue des supplices de l’Enfer, il est aisé de répondre que c’est la servile et l’initiale, qui sont bonnes toutes deux. Examinons maintenant les utilités qu’on ne peut tirer. En voici quatre : Premièrement la crainte servile, quoique la dernière de toutes celles qui sont louables, est le commencement de la vraie sagesse, avantage si considérable, que si elle se vendait au prix de l’or, on devrait donner tout ce qu’on a de plus précieux pur l’avoir. Mais pourquoi David, Salomon et l’Ecclésiastique conviennent-ils qu’elle est le principe de la sagesse? C’est parce qu’un homme commence à montrer qu'il est sage, qu'il se sert de sa raison, qu'il juge sainement des choses, lorsqu'il commence à estimer celles qui sont grandes, et à faire peu de cas de celles qui sont petites. Quelles sont donc ces grandes choses, qui demandent toute notre application, sinon celles qui n’ont point de fin, la béatitude éternelle, et le malheur éternel? Quelles sont les choses petites et indignes de nos soins, sinon celles que nous ne pouvons posséder longtemps, les richesses, les honneurs du monde, et les plaisirs de la chair? Écoutons l’Ecclésiaste là-dessus : Le cœur du sage, dit-il, est à sa droite, et le cœur de l’insensé est à sa gauche. Ceux qui attachent leur cœur aux biens éternels, représentés par la droite, où seront placées les brebis, c’est-à-dire, les Élus, au grand jour du Jugement, ceux-là sont véritablement sages ; mais ceux qui ont le cœur attaché aux biens temporels, marqués par la gauche, où les boucs, c’est-à-dire, les Réprouvés seront rejetés, pour qui doivent-ils passer, sinon pour des fous? Croirait-on qu’un homme eût de la raison, si ayant un fort grand voyage à faire ou sur mer ou dans des contrées désertes, il ne portait avec lui pour sa nourriture que des choses qui ne fussent pas de garde, et s’il fallait même qu’il les achetât bien cher : peut-être n’en serait-il pas moins estimé par des gens qui ne sauraient point son dessein, ou qui n’auraient jamais voyagé : mais tous les autres le blâmeraient de son imprudence, et ses amis lu représenteraient la nécessité de se pourvoir de toutes choses pour longtemps. O folie! O aveuglement des hommes! Ils doivent vivre éternellement, et dans le lieu où ils doivent vivre, ni l’or, ni l’argent ne sont d’aucun usage ; tout leur trésor sera le mérite de leurs bonnes œuvres : et néanmoins ils sont si aveugles, qu’ils ne songent qu’à amasser des richesses périssables, des biens qu'ils n’emporteront point avec eux, des trésors que les voleurs savent déterrer et que la mort leur enlèvera : mais de faire quantité de bonnes œuvres, d’acquérir beaucoup de mérites, c'est de quoi ils se soucient aussi peu que si dans un corps mortel ils n’avaient pas une âme immortelle. Comme donc saint Paul se plaignait que parmi les Chrétiens plusieurs se vantaient de connaître Dieu, mais que par les œuvres ils le renonçaient : de même il s’en trouve une infinité dont on a sujet de se plaindre, parce que faisant profession de croire l’immortalité de l’âme, ils se gouvernent d'une manière qui dément absolument leur croyance. Il est donc vrai que la crainte, même servile, est d’une grande utilité, puisque de la gauche elle fait passer le cœur de l’homme à la droite; qu’elle le guérit d’une folie qui sans elle serait incurable, et qu’enfin elle le dispose à la justification, suivant cet axiome du Sage : La crainte de Dieu bannit le péché; car celui qui est sans crainte, ne peut être justifié. Quant à la manière dont elle dispose l’âme à la justification, et ouvre la porte à la charité, saint Augustin nous l’explique par une comparaison fort naturelle prise de l’aiguille et du fil. Pour coudre il faut une aiguille et du fil; mais l’aiguille passe la première, et le fil sans elle ne pourrait passer. Elle entre donc dans l’étoffe; mais ce n’est pas pour y demeurer : car si elle n’en sortait, le fil n’y entrerait point. Il en est de même de la crainte et de l’amour. La charité, la justice, et la piété sont des vertus qui n’entrent pas aisément dans un cœur dur et accoutumé à n’aimer que les plaisirs de la chair; il faut que la crainte leur ouvre un passage; c’est à elle de piquer et de percer ce cœur endurci; mais quand une fois l’aiguille est entrée, elle en sort pour faire place à la charité, qui est le lien de la perfection, et qui ne sait ce que c’est que de trembler à la vue des plus grandes peines, quand elle est parfaite. Mais elle ne pique pas seulement l’aiguille, elle frappe et brise comme la foudre, tout ce qui lui fait résistance. Figurez-vous donc une assemblée de gens qui rient, qui se divertissent, et que tout à coup il se forme un grand orage, qu’il vient un éclair, qui est suivi d’un terrible éclat de tonnerre : aussitôt chacun se tait, on prend la fuite, on va se cacher; plusieurs saisis d’épouvante, rentrent en eux-mêmes, font le signe de la croix, et se recommandent à Dieu. il arrive quelque chose de pareil à des pécheurs qui ne sentent plus les remords de leur conscience, qui ne cherchent qu’à passer agréablement le temps, et qui enivrés par l’amour et la volupté, n’appréhendent point les peines de l’autre vie. Si Dieu par son infinie miséricorde, vient à leur dessiller les yeux; s'il leur fait comprendre ce que c’est que l’Enfer où ils vont tomber, alors la peur les saisit, ils tremblent de même que s’ils avaient vu la foudre tomber à leurs pieds, ils songent à fuir la vengeance dont ils se voient menacés, ils retournent promptement à Dieu avec de grands sentiments de componction, et font pénitence. Voilà comme la crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. Le second effet de cette crainte initiale est non seulement d’expier les fautes passées, mais d’empêcher que l’on n’en commette de nouvelles. Les Pères expliquent ceci par diverses similitudes. Saint Basile compare la crainte de Dieu aux clous qui tiennent un homme si fortement attaché à une croix, qu’il n’oserait se remuer, de peur que ses plaies ne se dilatent, et que ses douleurs ne s’augmentent par le mouvement. De même celui qui est cloué, pour ainsi dire, à la Croix de Jésus-Christ, par la crainte du Jugement et de l’Enfer, n’ose ni étendre les mains, ni ouvrir les yeux, ni prêter l’oreille, soit pour faire, ou pour regarder, ou pour entendre quelque chose qui puisse lui salir l’esprit et le cœur. C’est ce qui faisait dire au Prophète : Percez ma chair de votre crainte; car j’ai redouté vos jugements. Du moment donc que la tentation se fait sentir, la crainte s’élève et la réprime aussitôt par le souvenir de ces flammes vengeresses qui sont allumées pour les pécheurs endurcis. Saint Chrysostôme la compare à un soldat bien armé, qui garde la porte d’un palais, et n’y laisse entrer ni ennemi ni voleur. D’autres lui donnent la propriété du sel, qui est d’empêcher que la chair ne se corrompe. Enfin le Saint-Esprit même, dans les Écritures, la loue en tant de manières, qu’il semble qu’elle renferme toutes les vertus, et qu’elle fasse ici-bas toute la félicité de l’homme. La crainte du Seigneur, dit Job, est la vraie sagesse. Heureux, dit David, est l’homme qui craint le Seigneur. Heureux, dit le Sage, est celui qui craint toujours. La crainte de Dieu est la plénitude de la sagesse. Enfin l'Esprit Saint voulant nous dépeindre Judith, comme une femme accomplie en toute vertu, fait tout son éloge en disant qu’elle craignait beaucoup le Seigneur. Ce n’est pourtant pas que cette vertu contienne effectivement toutes les autres, ni qu’on y trouve toute la perfection de la sagesse, ni qu’elle fasse tout le bonheur de l’homme en ce monde; mais ce qu’on ne peut nier, c’est qu’elle donne commencement à toutes ces choses, qu’elle les conserve, et que si elle venait à manquer, elles tomberaient bientôt. Le troisième effet de la crainte, même servile, c’est qu’elle étouffe une autre crainte vicieuse et mondaine, fondée sur le seul respect humain. C’est peut-être ici de toutes les faiblesses de l’homme, la plus commune, et en même temps la plus incurable. Il naît avec elle, et il n'y a que la mort qui l'en puisse délivrer les enfants à peine ont-ils l’âge de la raison, qu’ils commencent à mentir pour éviter quelque légère réprimande; et les grands joignent au mensonge le parjure, plutôt que de rien avouer qui leur attire quelque confusion. Le respect humain dissimule les défauts d’autrui, et est cause de la flatterie. Pourquoi tant de gens sont-ils si sensibles à la moindre injure, qu’ils ne sauraient supporter une parole de mépris, et qu’ils en poursuivent la vengeance jusques à l’extrémité, si ce n’est parce qu’ils craignent qu’on ne leur reproche qu’ils n’ont point de cœur? Pourquoi plusieurs font-ils des dépenses excessives en habits, en meubles, et en festins, si ce n’est parce qu’ils ont peur de passer ou pour avares, ou pour trop modestes et trop gens de bien, comme si la frugalité, la modestie, et la piété étaient des vices, et non des vertus? Que fait donc la crainte de Dieu? Elle réprime cette crainte humaine, qui est un mal si universel et si dangereux. Car de même que le Serpent de Moïse dévora ceux des Magiciens de Pharaon : de même une forte crainte en étouffe une moins forte. La crainte du feu éternel et de cette horrible confusion, que les pécheurs doivent souffrir au jour du Jugement, en présence de tous les Anges et de tous les hommes, l’emporte sur celle d'une douleur et d’une humiliation passagère. On ne dit plus, comme auparavant : Que pensera-t-on, et que dira-t-on de moi, si je fais cela, ou si je ne le fais pas? Enfin, qu’est-ce qui a fortifié les Martyrs parmi les supplices les plus honteux et leur a fait mettre leur gloire dans l’opprobre de la Croix? Qu’est-ce qui les a soutenus tandis que l’on disait d’eux tout le mal possible, et que tout le monde les haïssait? N’est-ce pas la crainte d’être condamnés un jour à une éternelle ignominie, en comparaison de laquelle toutes celles de ce monde ne sont rien? Le quatrième et dernier fruit que produit en nous la crainte de Dieu, lorsque nous en sommes pénétrés, c’est qu’au milieu d’une infinité de périls qui nous environnent, elle nous sert de frein pour nous détourner du vice, où nous nous portons naturellement, et d’aiguillon pour nous exciter à la vertu, que nous n’embrassons qu’avec répugnance. C’est pour cela que le Sage assure qu’heureux est celui qui craint toujours, qui en tout temps et en tout lieu a peur de faillir, soit par la pensée, soit par la parole, soit par les œuvres. Il faut donc que chacun sentant sa faiblesse, tache de croître et de perfectionner de jour en jour en cette vertu, jusqu’à ce qu’il en soit rempli, selon ce mot d’Isaïe : Il sera plein de la crainte du Seigneur. Il faut qu’elle se répande dans ses yeux, dans ses oreilles, dans sa langue, dans ses mains et dans ses pieds, dans son cœur, dans son esprit, dans toutes les facultés de son âme, et dans tous les membres de son corps, et qu’il puisse dire avec Job : Quelque chose que je fisse, je n’étais jamais sans crainte.
Finissons tout ce discours par cette Sentence de l’Ecclésiaste
qui finit par-là son Ouvrage : Craignez Dieu et gardez ses commandements;
car c’est ce qui fait toute la perfection et tout le bonheur de l’Homme.
Et de vrai, un homme, pour peu de raison qu’il ait, regarde sa fin, et
pense aux moyens d'y arriver. Sa fin est la vie éternelle, et le
moyen qui y conduit est l’observation exacte de la Loi de Dieu. or il n’y
a rien de plus efficace pour le porter à garder la Loi de Dieu,
que la crainte dont nous parlons. C’était la pensée de David,
lorsqu’il s’écriait : Heureux est l’homme qui criant Dieu; il n’aura
point de plus grand plaisir que d’exécuter ses Commandements. C’est
donc être homme, c'est être vraiment heureux, que de conserver
et dans son cœur cette crainte salutaire.
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